Saturday, October 9, 2010

INFORMATIONS DE TAILLE A NE POINT MANQUER

COTE D'IVOIRE - INTERVIEW - Avant sa mort, les verités de BALLA à un journal Burkinabè

Pourquoi BEDIE m'avait limogé. Compaoré est le meilleur disciple d'Houphouët (L'Inter -- Lundi le 5 Aout, 2002)

-- Interview : Cheick Ahmed Retranscription : B. Alex B. SOURCE L'OPINION --

Qui est Balla Keïta monsieur le ministre ?
Balla Keïta (B.K.) : Je tiens à remercier le journal "L'Opinion" pour l'occasion qu'il m'offre de pouvoir m'adresser au peuple frère du Burkina Faso et à tous mes frères et sœurs, lecteurs de votre journal.
Je suis Balla Keïta, je suis né à Korhogo le 26 juillet 1938. Je suis, de par mon père, malinké descendant de la dynastie des Soundjata Keïta et, de par ma mère, de la grande chefferie traditionnelle sénoufo-bambara des Coulibaly de Korhogo.
On vous décrit comme un grand érudit!
B.K. : J'ai fait mes études primaires et mes études coraniques et obtenu le CEPE à Korhogo. J'ai fait le Cours Normal de Bouaké, l'école normale de Dabou d'où normalement je devais sortir comme instituteur ordinaire comme on l'appelait à l'époque. Il y avait un concours en classe de 3e pour poursuivre les études. On prenait les 15 meilleurs. Je me suis présenté et j'ai été admis et je suis allé en France où j'ai fait mon BAC M première partie et deuxième partie; BAC Mathématique élémentaire et préparation des grandes écoles vétérinaires. Et, dans le cadre de la diversification des sources de formation, Houphouët n'a pas voulu que je fasse ces études en France. Il a demandé que j'aille en Allemagne parce qu'il y avait une bourse accordée par le gouvernement allemand à la Côte d'Ivoire. En Allemagne, j'ai fait le cours des langues à l'institut de Munich. Après les six mois de langue allemande, j'ai passé un concours pour rentrer à l'université, à la Faculté de médecine vétérinaire de Gissen où je suis resté près d'une dizaine d'années, après avoir réussi l'examen probatoire vétérinaire, l'examen de langue latine, parce qu'on suppose qu'un vétérinaire comme un médecin doit pouvoir délivrer les ordonnances dans toutes les langues ; l'examen éliminatoire vétérinaire... et puis un doctorat d'Etat en science vétérinaire. Après le doctorat d'Etat, je me suis spécialisé à l'institut de médecine vétérinaire en zootechnique et pour "m'amuser" j'ai fait une petite spécialisation dans la gestion et l'administration de la recherche scientifique dans les pays en voie de développement.
Comment avez-vous été accueilli dans votre pays ?
 B.K. : Je suis rentré en Côte d'Ivoire et j'ai été affecté au ministère de la production animale, lequel m'a envoyé dans le Grand Nord comme médecin vétérinaire et inspecteur vétérinaire pour les départements de Touba, Odiénné et Séguéla. C'est là-bas que j'étais quand le Président Houphouët, dans le cadre de la réduction des disparités régionales a demandé à chaque fonctionnaire de dire ce qui n'allait pas dans son secteur. Au cours du Conseil national, j'ai abordé le problème fondamental de la transhumance, c'est à dire l'opposition entre les bergers peuls et les agriculteurs. Je me suis fait rabrouer par mon ministre de l'époque Monsieur Dicko Garba et les autres, qui disaient que j'avais l'esprit du jeune médecin qui vient de sortir. Malheureusement pour eux, lorsque le Président Houphouët a commencé sa visite dans le nord, dans chaque village on ne parlait que de çà. Alors cela l'a énervé et au bout de la visite, il a dit que c'était le jeune médecin que j'étais qui avait raison et a traité tous les autres de menteurs. Il m'a dit ceci: "On m'a dit que tu as fait une spécialisation dans la recherche scientifique ; viens à Abidjan me reprendre mon secteur de la recherche scientifique ; l'avenir appartient à la science et à la technique pour le développement". C'est ainsi qu'il m'a fait venir à Abidjan. J'ai été nommé sous-directeur au ministère de la Recherche Scientifique. Là encore j'ai eu des problèmes avec mon patron. Il m'a appelé et m'a dit, : "Tu avais été grand militant du PDCI et du Mouvement des élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (MEECI), en Allemagne comme en France... mais je ne veux pas que tu deviennes ministre". C'est mon ministre qui m'a dit cela ! Je lui ai dit : "mais je ne sais pas comment on fait pour devenir ministre, je suis fonctionnaire". Donc pour cela on m'a mis au carreau pendant six mois. Et après quand le blanc qui était directeur des affaires scientifiques, M. Christian Duplessi, licencié en sciences naturelles et moi docteur d'Etat, devait rentrer, il m'a demandé si je savais ce qu'on appellait programmation de la recherche scientifique. Je lui ai dit que c'était mon travail puisque c'est ce que j'ai appris. Donc j'ai fait des propositions dans ce sens qui ont été très appréciées par mon patron. Immédiatement après on m'a mis directeur des affaires scientifiques. Et c'est là-bas que ma carrière va commencer. On dit que votre carrière riche est pleine de péripéties?
B.K. : J'ai organisé complètement la recherche scientifique. Je suis passé de la philosophie post-coloniale à une nouvelle. Au lieu de mettre la recherche uniquement sur les produits d'exportations (café-cacao), j'ai élargi le domaine. J'ai fait en sorte qu'à la base de chaque plante il y ait un institut de recherche. Ces instituts avaient pour objectifs le développement de la variété culturale en laboratoire et la promotion des résultats de la recherche scientifique. Ensuite la vulgarisation au niveau du monde rural. Les sciences humaines n'étaient pas en reste. Ainsi j'ai crée le groupe de recherche sur la tradition orale (GRTO) pour recueillir toutes les pensées et les traditions orales avant qu'elles ne disparaissent. J'ai pris aussi chaque faculté au niveau de l'université et j'ai créé des centres de recherche et des Instituts (Droit, Histoire, Mathématique, etc) Bref, dans chaque faculté, il y avait un institut de recherche pour que la recherche universitaire serve au développement. Ensuite j'ai été recruté comme expert des Nations-Unies basé à la Commission économique des Nations-Unis à Addis-Abeba. C'était en 1977. j'ai été là-bas de 1977 à 1979. A la Commission économique des Nations-Unis, il y avait un expert pour l'Afrique et c'était moi, un pour l'Europe, un pour l'Asie et un pour l'Amérique Latine. Donc j'ai préparé pour les 50 pays d'Afrique la Conférence mondiale sur l'utilisation de la science et de la technique pour le développement. La conférence a eu lieu le 15 août 1979 à Vienne en Autriche. Ça a été un succès. Le secrétaire général des Nations Unies m'a alors demandé d'aller à New York. J'y suis parti et j'ai été recruté par les Nations-Unies après un test où j'ai été retenu premier sur 500 personnes. Et on m'a nommé directeur pour le Fonds des Nations-Unies pour la science et la technologie. Je voyageais alors un peu partout : Afrique, Asie, Europe pour aider à apporter la science au niveau des plus démunis. Cela a duré de 1979 à 1981. Et le Président Houphouët m'a fait revenir en Côte d'Ivoire. Il m'a dit, "écoute, ce que tu peux faire pour le monde entier où tu fais la fierté des noirs, viens le faire en Côte d'Ivoire". Je suis alors revenu au pays et le 2 février 1981 j'ai été nommé ministre de la Recherche scientifique de la Côte d'Ivoire. Là encore, en tant que ministre de la recherche scientique, j'ai donné une impulsion nouvelle à la recherche en essayant par exemple de donner des bourses à tous les Africains qui venaient parce que je pensais avec Houphouët, que la science, c'était l'avenir de l'Afrique. J'ai alors regroupé les instituts de recherche et développé la coopération avec les pays africains qui n'avaient pas eu la chance d'avoir des structures de recherche et de développement. C'est dans ces conditions que j'étais quand en 1983. Il y a eu la crise universitaire et le ministre de l'Education nationale à l'époque était le frère Paul Akoto Yao. Le Président Houphouët ayant estimé qu'il ne faisait plus son affaire après que je sois allé résoudre un problème à l'université (15 000 étudiants qui s'étaient levés contre Houphouët) et quatre jours après, on m'a ajouté l'Enseignement primaire, secondaire et Supérieur. Donc je devenais ministre de l'Education nationale et de la Recherche scientifique de 1983 à 1986. Donc, je gérais à peu près 5 millions de personnes (élèves, étudiants, professeurs). Et sur le plan strictement politique.
On dit que vous êtes un des pères fondateurs de l'houphouëtisme?
B.K. : Il faut dire que je suis fils d'un militant du PDCI. Mon père fut un des héros de l'indépendance. Il a été directeur de campagne de Houphouët dans le Nord avec le fils de Gbon Coulibaly. En tant que fils de militant, j'ai commencé à militer très tôt ... A Paris, j'étais avec la FEANF (Fédération des Etudiants d'Afrique Noir) et l'Union générale des Etudiants de la Côte d'Ivoire. En Allemagne j''ai créé l'Union générale des étudiants de Côte d'Ivoire que je dirigeais de 1965 à 1970 et ensuite le Mouvement des Etudiants et Elèves de Côte d'Ivoire (MEECI) de 1970 à 1973. J'étais le président d'Europe de ce mouvement. Ce qui m'a amené au congrès du PDCI en 1971. Et le 16 juillet 1971 à la maison du Congrès à Treichville, je définissais pour la première fois "l'houphouëtisme". Après l'affront de l'université, avec la crise, on pensait que seul le communisme et le socialisme pouvaient sauver l'Afrique. Et nous, nous étions contre toutes les idées destructrices de l'unité nationale avec la lutte des classes etc... Et j'avais dit qu'on parlait de marxisme-léninisme, de Mao, alors pourquoi pas l'houphouëtisme? Et, pour nous, l'Houphouëtisme c'est l'humanisme africain où, au centre de toute action, se trouve le respect de l'homme. L'homme est à la fin et au début du développement. Il en est à la fois l'artisan et l'objet. Nous partagions le point de vue d'un libéralisme éclairé, pas le libéralisme sauvage des anglosaxons, mais un libéralisme éclairé sous contrôle de l'Etat qui aboutirait à un socialisme hardi c'est-à-dire mieux nourrir l'Ivoirien, mieux l'habiller, mieux le soigner et cela dans un cadre bien défini, où la justice, l'équité, la solidarité, la fraternité ne sont pas des bruits de l'esprit mais une réalité concrète. J'ai secoué la classe politique à l'époque. Quand je suis devenu fonctionnaire, j'ai mis un peu d'eau dans mon vin, mais après le congrès du PDCI, j'étais devenu membre du Comité directeur de 1975 à 1980 et de 1980 à 1985 membre du bureau politique. En 1990 toujours membre du bureau politique et de 1995 à maintenant je suis devenu membre du Comité des sages. Autrement dit j'ai fait tout le circuit. Et maintenant je postule au poste de président du PDCI et la boucle sera bouclée... De 1976 à 1980 j'ai été aussi nommé membre du Conseil économique et social où j'étais rapporteur général des affaires sociales et culturelles. Avec mon ami Frédérico Mayor (Directeur général de l'UNESCO) nous avons proposé la création du prix Félix Houphouët Boigny à la communauté internationale qui l'a adopté. Donc j'ai pensé que dans la pensée du donner et du recevoir la race Noire ne devait pas aller les mains nues. Il fallait qu'on propose quelque chose. C'est le prix Félix Houphouët Boigny. On voit donc le prix Nobel qui est d'origine européenne, le prix Gandi qui est asiatique, le prix Bolivar qui est d'origine Latino-Américaine. Il fallait montrer quelque chose de nègre et c'est le prix Houphouët. D'autre part, je suis pour l'intégration et j'admire un pays comme le Burkina Faso et en particulier le frère Blaise Compaoré. J'admire le Burkina Faso dans sa Constitution, je crois que ce sont les articles 146 et 147 qui disent que le Burkina Faso est prêt à perdre tout ou partie de sa souveraineté en s'associant avec n'importe quel Etat africain. Alors que c'etait tout le contraire de chez nous, avec un Président Bédié faisant de l'exclusion, de la marginalisation et de la chasse aux sorcière en mettant tout le mal sur les étrangers, en transformant la société ivoirienne en rang inférieur. Pendant ce temps, donc, il y a des pays qui pensent à l'intégration africaine qui est d'ailleurs l'un des objectifs des pères fondateurs de l'OUA en 1963. Et quand j'étais expert des Nations Unies, nous avions élaboré le plan d'action de Lagos et l'objectif était de faire en sorte qu'il y ait de grands marchés africains et pour aller vers la monnaie unique. Et il est dommage que les petits Bonaparte comme Bédié s'amusent à jouer aux autocrates.
Qu'avez-vous fait contre ce courant puisque vous êtes un des ténors du parti qui était au pouvoir?
B.K. : J'ai dénoncé au sein des instances du parti, et en dehors des instances du parti puisque la presse du parti m'était interdite. Alors c'est la presse de l'opposition qui s'est offerte à moi et j'ai donc dénoncé le parti puisque je n'aimais pas la dérive droitière fascisante que la direction actuelle du parti faisait subir au pays. Mais on ne m'a pas écouté. Vous savez que le PDCI a été créé le 9 avril 1946 à "l'Etoile du Sud" à Treichville et le RDA le plus vaste mouvement émancipateur d'Afrique noire pour la liberté le 18 novembre 1946 à Bamako. Houphouët qui était un visionnaire et un génie -c'est pas comme les Bédié qui sont des comptables- et même de petits comptables, Houphouët donc avait prévu dans la Constitution à l'article 6 qu'il ne faut pas créer des partis à bases ethniques ou religieuses, et à l'article 7 qu'à tout moment on pouvait rompre le consensus qui faisait du PDCI un parti unique. C'est ainsi qu'en 1990, les gens ont demandé à rompre et on est allé au multipartisme. Avant cela, en 1985 en tant que "super" ministre de l'Education nationale j'avais constaté que le multipartisme devenait obligatoire. Et Houphouët m'a demandé ce qu'il fallait alors faire. J'ai dit qu'il fallait se préparer parce que quand on sent venir le vertige, il faut s'accroupir. J'ai alors introduit l'hymne du PDCI à l'école, l'histoire de la lutte émancipatrice pour que les enfants apprennent qu'il y a aussi l'éducation civique et morale, le respect des institutions, des lois républicaines, l'amour du prochain, etc. Tout ça pour préparer la mentalité des jeunes aux secousses qui devaient venir. Donc j'ai préparé secrètement avec Houphouët Boigny de 1985 à 1990 le passage de l'ordre ancien du parti unique à l'ordre nouveau plus démocratique du multipartisme. J'ai imposé l'uniforme pour qu'il n'y ait pas de signes de richesse à l'école. Il n'y avait pas de fils de ministres, fils de parents de pauvres, tout le monde porte la même chose du Nord au Sud et de l'Est à l'Ouest . A l'époque je me suis fait taper sur les doigts par les syndicats, mais j'ai tenu bon et aujourd'hui je suis très heureux que cela continue. Donc, créer cette commune volonté de vivre ensemble. Avant moi la bourse était accordée en grande majorité aux enfants des "grands types". Quand je suis arrivé et que j'ai constaté que l'intelligence était inversement proportionnelle aux portefeuilles, j'ai dit que les bourses seront accordées désormais aux enfants des familles économiquement faibles mais méritants. Moi je ne peux pas accorder des bourses de 40 000/mois à quelqu'un qui reçoit de son père 50 000/semaine pour aller en boîte prendre des whisky. Et j'ai ouvert les recrutements parallèles pour donner une nouvelles chance à ceux qui sont renvoyés de l'école, non pas parce qu'ils sont nuls mais parce que le père n'a pas payé la scolarité ou bien que l'enfant n'a pas pu avoir tout son matériel pour l'école. Un père de famille qui a 22 enfants et qui a 40 000/mois ne peut pas payer 200 000/an pour 5 enfants. Alors pour toutes ces raisons, j'ai ouvert les portes de l'école et j'ai donné la chance à tous les enfants de pauvres et j'en suis très heureux. A partir des recrutements parallèles, beaucoup d'enfants de pauvres sont de grands cadres aujourd'hui. Quant à la coopération régionale, j'ai pensé que si les grands pays accordent des bourses aux pays pauvres, le développement étant une maison à étage, certains sont au 6e étage comme le Brésil, d'autres sont au 10e comme la Côte d'Ivoire mais d'autres au sous-sol comme le Bangladesh. C'est ainsi que sous mon impulsion, le Président Houphouët a accordé des bourses à beaucoup de pays africains, et leurs étudiants sont venus ici en Côte d'Ivoire. Je cite entre autres : le Cap Vert, Les Comores, l'Angola, le Burkina (ex-Haute Volta), le Mali, la Guinée... Donc je suis heureux puisque j'ai contribué à former de grands cadres dans ces pays ; J'ai été aussi pour la renaissance africaine, c'est-à-dire une prise de conscience pour ce troisième millénaire. Donc en 1990 nous étions préparés contrairement à certains partis uniques qui se sont écroulés un peu partout. Nous, nous étions préparés en Côte d'Ivoire. Malheureusement, ceux qui sont venus après Houphouët n'ont pas été à la hauteur, en particulier notre frère Bédié. C'est vraiment un incapable notoire. Il a tout foutu en l'air, il s'est comporté comme un phacochère dans un magasin de porcelaine, il a tout cassé et s'il y a eu le coup d'Etat, si on peut appeler ça ainsi, moi j'appelle ça une révolution. Ce qu'on appelle les mutins, moi je les appelle les sauveurs d'une République en danger. La société ivoirienne est une société en mutation, une société de métissage qui s'est formée au fur et à mesure des migrations dans le temps et dans l'espace et dans l'histoire. Les premières vagues sont arrivées dès l'empire du mandingue dans les années 1230 avec Soundjata Kéita. Ces vagues sont venues à la recherche des noix de colas et du sel marin. D'autres sont arrivées de l'Est après la guerre Osei Tuta avec à la tête la reine Pokou , ce sont les Agni, les Baoulé... Et puis à la création du Libéria qui devait être une terre d'accueil pour les anciens esclaves des USA et des Antilles anglophones en 1848 une autre vague est arrivée, ce sont les Bété, les Guéré et les Wobè. Et c'est seulement en 1895 que l'administration coloniale a regroupé tout cela en un ensemble cohérent appelé Côte d'Ivoire. Donc, si vous voulez, la Côte d'Ivoire a un fondement de peuplement comme le Brésil ou les USA. Donc, la Côte d'Ivoire ne peut pas être comparée aux autres Etats. Elle est la résultante de gens qui sont venus de toutes les régions d'Afrique. C'est ce qu'on a voulu maintenir en Côte d'Ivoire avec notre hymne national l'Abidjanaise : "Côte d'Ivoire pays de l'hospitalité, de la fraternité..."
Malheureusement, celui qui est venu après Houphouët n'a rien compris. Et pour se maintenir au pouvoir, il a fait de la démagogie. Il a stratifié la société ivoirienne en Ivoiriens pur sang, en demi-Ivoirien, en 3/4 d'Ivoirien, en Ivoirien qui peut être président, en Ivoirien qui ne le peut pas etc. C'est cette dérive fascisante qui a conduit à ce que vous savez. Il faut ajouter à cela le fait que le PDCI était un parti de masse et de rassemblement de toutes les forces vives de la Côte d'Ivoire. Avec Bédié et Fologo, on a transformé cela en un minable cercle privé de petits copains arrogants pour ne pas dire d'affairistes nauséabonds. Avec tout cela, la population était exaspérée. Et nous avons souhaité vraiment le changement. Dieu merci, l'armée est venue apporter ce changement. Il vaut mieux parfois une fin effroyable qu'un effroi sans fin. Heureusement que les militaires qui sont des démocrates et des républicains sont venus faire une opération chirurgicale au laser sans effusion de sang mais en éliminant la vermine, les prédateurs. Et moi je les salue au passage, parce que l'armée ivoirienne, contrairement à ce qui s'est passé au Niger ou en Egypte, n'a assassiné personne. On a dit merci à M. Zueba. Il est en exil, il est en train de vociférer là-bas, mais le rêve est permis. On lui a dit d'être en congé du PDCI mais il se considère comme président. Vous savez, quand on rêve debout, on tombe. Mais pour nous Houphouëtistes, il n'est plus président du PDCI, il n'est plus président de Côte d'Ivoire. Il n'est plus rien, c'est le citoyen de Daoukro en exil. Il a été surtout sur le programme de 1995 où il a parlé des12 chantiers de l'éléphant d'Afrique. C'était beau, on a applaudi, moi-même j'ai fait la campagne pour lui. On voulait que le successeur d'Houphouët soit un grand bâtisseur, un baobab surtout qu'il est resté très longtemps dans l'anti-chambre du pouvoir depuis 1965. De 1965 en 1989, il faut vraiment être un incapable pour ne pas savoir diriger le pays après tout ça. Bedie pouvait être un très grand président. On n'a jamais vu un président préparé comme lui l'a été. Voyez, sur le continent, nombreux sont les Présidents par
effraction.
Bedie a été préparé : un universitaire avec un impressionnant curriculum vitae : Ambassadeur de Côte d'Ivoire à 27 ans à Washington DC, ministre de l'Economie et des Finances, père du miracle économique ivoirien, conseiller de la Banque mondiale, président du Parlement ivoirien, etc. Tout ça pour accoucher d'une souris. Tout ça pour aboutir à un Président médiocre.
Alors pour ça, on est très heureux que le "père Noël" Gueï Robert soit venu avec ses troupes nous débarrasser de cette vermine.
Aujourd'hui le CNSP est entrain de rendre propre la vie politique par l'opération "mains propres".
Il y a des enquêtes, des audits et ceux qui ont détourné des milliards vont répondre devant la nation et il y a en a beaucoup. Il y a beaucoup de milliards qui ont été volés, plusieurs milliers de milliards qui sont en Europe, en Asie, au Luxembourg, à Hong-Kong, au Canada, en Russie... Avec parfois des maisons en France plus jolies que la maison du Président de la République française. Tout ça c'est une honte pour les patriotes ivoiriens. D'autre part, Bédié nous avait habitués à une Constitution qui était faite à la mesure de l'individu. Bedie a été élu sur un programme, les 12 chantiers, mais, paradoxalement, son programme était devenu: " IVOIRITE ". L’ivoirite n’a pas nourrit son homme et n’a pas règle les problèmes des Ivoiriens, problème de santé, de scolarité des enfants, etc.
Alors le programme pour lequel on l'a élu, et puis l'éléphant d'Afrique que devait être la Côte d'Ivoire sont devenus le margouillat de Daoukro qui continue de grimper sur tous les murs. élections pour donner à la Côte d'Ivoire un visage nouveau pour la deuxième République où les Ivoiriens feront ce que Houphouët a toujours cultivé c'est-à-dire la paix à l'intérieur des familles, la paix à l'intérieur du pays, la paix entre les Ivoiriens et les autres Africains, c'est-à-dire créer la Nation, la commune volonté de vivre ensemble. Mais avec Bédié on s'acheminera toujours lentement, mais sûrement, vers l'implosion tribale.
La CI s’est réconciliee avec quelqu'un qui a maltraité toute une partie de la population, qu’il a humiliée. Bedie n’a pas reconnu pas son tort et grace a Gbagbo on a pu mettre en place le forum de la reconciliatio.
On doit faire de la Côte d'Ivoire nouvelle un partenaire pour les autres pays de l'Afrique de l'Ouest dans le cadre de l'UEMOA, de la CEDEAO, de l'OUA... et aussi des autres pays de l’afrique.

Il est dommage qu'au moment où les autres Pays parlent de mondialisation, de globalisation, Bédié nous a conduit à la clanisation du débat politique, vers la tribalisation et l’exclusion.
Avec Laurent Gbagbo on parlera plus de l’espoir si le programme pour lequel il a ete elu pur sa mise en place est. On tendra vers l'harmonie, comme on l'a connue, avec Houphouët Boigny, faire la paix entre nous et entre la Côte d'Ivoire et ses voisins, le Burkina, le Mali et tous les autres pays.
Au passage, je présente des excuses à tous les frères africains qui ont été humiliés en CI dans la période Bédié.
A sa suite, en tant que patriote nationaliste ivoirien, je présente mes excuses à tous ceux qui ont été vexés par les lois discriminatoires de Bédié. Ce qui s'etait passé à Tabou etait une honte, une honte quand on a chassé les Maliens et parqué, brûlé leurs maisons comme Milosévic l'avait fait en Albanie.
C’est inadmissible, quand on voit la famille d'Houphouët a l’ere Bedie qui a été utilisée, Madame Thérèse qui a consacré toute sa jeunesse à la Côte d'Ivoire n'avait plus droit au salon d'honneur, la famille d'Houphouët était réduite à sa plus simple expression. La plupart de la vie politique de Bedie a débuté par la corruption, par une politique oligarchique.  Bedie croyait qu’il etait sorti des fesses de Jupiter, il n'écoutait plus personne. Pour lui,  il se suffisait à lui-meme.  Bédié  n’a jamais ecoute quelqu’un. Il a ete toujours sourd aux cris du peuple et à ses aspirations. Lorsqu'il avait voulu aller parquer les Dozo dans la région forestière, pour qu'ils pillent les plantations des gens d'origine burkinabè, malienne ou baoulé et dioula, des gens comme Balla Keita se sont opposé et on l'a limogé.  Ce n'est pas tout le monde qui a la notion de la dignité. Les militaires nous avaient simplement rappele ces quelques petites notions: fierté, unité nationale, respect de la chose publique, dignité, respect des institutions, partage équilibré du progrès de la nation à tout le monde et le refus de la fracture sociale.

Lettre ouverte a Alain Bambara PDG de Cosmivoir

Vous faites parti vous aussi du reseau internationnal qui endeuil notre pays

Le mercredi 13 octobre 2004 - [751 mots]

Cher Monsieur, Je vous ecris cette lettre ouverte non pas parce que j`ai une relation particuliere avec vous. Je vous ecris cette lettre ouverte parce que maintes fois, je vous ai vu vous diriger certaines soirees a pied vers le sous-sol de l`immeuble Chardi ou mon cousin Oule Georges etait le planton d`une societe secrete qui y avait etabli son siege. Mais qui est Oule Georges. Pour etre plus bref, je pourrai dire que Georges Oule est le neveu de Colonnel Oule decede en 1998. Il etait d`abord couturier specialise dans la confession des ensembles vestes avant de se retrouver comme par enchantement planton de votre societe secrete. C`est des visites rendus a lui que je me suis rendu compte que bon nombre de cadres africains a cet monstre qui n`est pas inconnu du reseau Chirac et par la meme occasion Zadi Kessie l`inamovible PDG de la sodeci et de la CIE.Mon cousin georges apres avoir servi plusieur annees avec comme pour salaire 50.000 francs cfa, a decide au grand dam de son employeur de faire cuire ses carrottes ailleurs. Il se reconverti en chaffeur de taxi. C`est que commenceront ses meseaventures. Georges sera implique dans dans une histoire de meutre qu`il n`a jamais commis. IL sera incarcere pendant plus de 5 ans dans les maisons d`arret d`Abijan et cela sans jugement. Meme l`intevention du colonel Oule est restee vaine...IL a fallu que ses aines directs, Oule Bertin planteur dans une region de Sassandra et Oule Gono martin chef du village de Dinegouine qui est aussi mien vendent une partie de leur plantation de cafe pour payer une caution pour la liberation provisoire de mon cousin Oule georges. Depuis lors ce dossier a ete classe. Apres le depart de Oule Georges, vous avez decide de deplacer le siege de votre societe secrete de l`immeuble Chardi au plateau pour un autre immeuble en Zone 4 ou vous vous etes specialises dans les assainats politiques. Cette societe secrete qui pour renforcer le pouvoir de Felix Houphouet Boigny a invente en 1963 le complot du chat noir qui a vu l`incarceration des personnalites politiques tels: Charles Donwahi, Jean Konan Banny, Jean Baptiste Mokey etc.. C`est encore cette societe qui a planifie la mort de Boka Ernest dans la fameuse prison d`assabou de la region de Yamoussokro. C`est cette meme societe secrete qui planifie l`accident qui emporte Jean Baptist Mokey alors qu`il etait en desaccord politique avec Houphouet. C`est encore cette societe secrete qui a planifie l`arrestation et la disparition De Kragbe Yamgbe de la region de Gagnoa. C`est cette meme societe qui a prepare le descente aux enfers de Emmanuel Dioulo pour laisser voire libre a Henri Konan Bedie le Dauphin constitutionnel. C`est cette societe secrete qui a planifie les evenements du 18 fevrier 92. C`est cette meme societe qui a programme la mort de docteur Benoit Dacoury. C’est Cette meme societe secrete qui a ses tentacules a travers le monde qui a soutenu les separatistes Casamancais au Senegal quand la parti socialiste etait au pouvoir... C`est cette meme societe secrete qui a chasse Pascal Lissouba du pouvoir au Congo Brazaville alors qu`il voulait voir un peu plus clair dans la compagnie petroliere de la France ELF Aquitaine. C`est cette meme societe secrete qui intervu aupres de Monseigneur Bernard Agre alors eveque du Diocese de Man pour que je sois chasse de seminaire alors que je revenais tout malade du grand semiraire de Sebikhotane au Senegal. C`est cette societe secrete qui a fait boycotter la campagne anti-goitre par les autorites politiques et adminitratives de la ville de Man. Cette campagne etait fiancee par l`UNICEF. C`est cette socite qui a fait suprimer de la grille de Radio Man, l`emission politique que je produisait sur cette chaine. C`est cette societe secrete qui a mis fin a la correspondance de presse que j`assurais avec differents organes de presse en Cote d`IVoire: le jour, fraternite-Matin, Ivoir`soir etc... C`est cette societe secrete qui me poursuit encore aujourd`hui aux Etats-Unis avec peronnes interposees. Mais malheureusement pour eux que Les Etats-Unis sont un pays ou La Liberte individuelle, l`entreprise individuelle et la justice sociales sont garanties. Oui! Monsieur Alain Bamara, la liste de vos crimes est longue. Je pourrai continuer et en ne pas finir. Mais sachez que la verite est tetue. Elle finit toujours par faire surface. Un jour ou l`autre, vous et les autres membres de votre societe secrete repondrez devant le tribunal de l`histoire et cela pour permettre a ceux qui sont partis prematurement dans l`au-dela repose en paix.


BI-HEBDOMADAIRE DU PDCI-RDA

MARDI 20 JUILLET 1999
M. Abdoulaye Koné (Ancien Ministre ivoirien de l'Économie et des Finances)
"Je l'ai décoré en 1982 comme Voltaïque à Abidjan"
DEVANT DIEU ET DEVANT LES HOMMES...
Pour l’histoire de l’évo-lution pacifique et har-monieuse de notre belle Côte d’Ivoire, voici ce que nous rapportons de notre bref entretien le Mardi 22 Juin à Abidjan avec M. Abdoulaye Koné, ancien ministre de l’Economie et des Finances: "J’ai décoré en 1982 Alassane Dramane Ouattara à Abidjan en sa qualité de fonctionnaire Voltaïque à la BCEAO. C’est vrai qu’il y avait plusieursrécipiendaires et que je ne suis pas allé fouiller dans son dossier.Mais une chose est sûre: Alassane Ouattarace jour-là (Mercredi 22 Décembre 1982) a été présenté sous la nationalité Voltaïque". Voilà le témoignage sans appel que nous a fait brièvement le ministre Abdoulaye Koné, acteur vivant,actuel PCA de la CAA. En sa qualité de ministre de l’Economie et des Finances de la Côte d’Ivoire ceMercredi 22 Décembre 1982, c’est le ministre Abdoulaye Koné, lors du 10è anniversaire dl’UMOA (Union Monétaire Ouest-Africaine) qui a remis sa décoration à M. Alassane Dramane Ouattara de la Haute Volta. A l’époque, il venait  d’être promu comme Vice-Gouverneur (Poste qui revient toujours selon les statuts de la BCEAO à la Haute Volta). En même temps que M. Patrice Kouamé de Côte d’Ivoire alors Directeur des Opérations bancaires à la BCEAO, Alassane Dramane Ouattara, Voltaïque, a reçu les insignes de Chevalier de l’Ordre National de Côte d’Ivoire des mains de M. Abdoulaye Koné, acteur vivant qui nous a fait la brève déclaration plus haut citée. Le compte-rendu de cette cérémonie a été publié dans "Fraternité-Matin" du Lundi 27 Décembre 1982 à la page 3 sous la plume de Ladji Sidibé (Journaliste vivant) qui ne peut être taxé d’intoxication puisqu’il est aujourd’hui lui-même un militant du RDR. Nous publions à nouveau les photos et le compte-rendu de cette historique cérémonie de décoration. Comme le reconnaît et l’affirme le ministre Abdoulaye Koné, il est bien indiqué que ce Mercredi 22 Décembre 1982 à Abidjan, Alassane Dramane Ouattara était bien présenté sous sa nationalité voltaïque. Avec le ministre Abdoulaye Koné qui présidait la cérémonie et d’autres acteurs tout aussi vivants (Séri Gnoléba, Yaya Ouattara, Amadou Thiam, etc), nous reviendrons sur ces faits précis et constants qu’aucun témoin sérieux ne peut contester.

Yao Noël
Côte d’Ivoire

Une guerre civile… néocoloniale et française

Par Jean Nanga
Commencée en septembre 2002, ayant entraîné la partition de fait du pays entre un Nord et un centre contrôlés par la rébellion des Forces nouvelles (FN) et le Sud au mains des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI), loyales au président Laurent Gbagbo, la guerre civile ivoirienne est entrée dans une nouvelle phase début novembre 2004, lorsque l’armée française a détruit l’aviation des FANCI.
Faisant fi des accords de Linas-Marcoussis (janvier 2003) et d’Accra III (juillet 2004), Laurent Gbagbo a lancé le 4 novembre l’opération " Dignité ", une offensive aérienne et terrestre contre les positions des Forces nouvelles. Malgré une " guerre sans limites " promise par Guillaume Soro, chef des FN, cette offensive n’avait pas rencontré de résistance véritable au cours des deux premiers jours. Mais au cours de l’opération l’aviation des FANCI a bombardé un campement militaire français, à Bouké, au centre du pays et en zone contrôlée par les Forces nouvelles. Déployée dans le pays dans le cadre de l’opération " Licorne ", l’armée française y jouit également d’un mandat de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), en tant que " force d’interposition ". Le bombardement a fait neuf morts parmi les soldats français, un mort civil états-unien et une trentaine de blessés. En réaction immédiate l’armée française a détruit les avions ayant commis le forfait, puis, sur ordre du chef de l’État français, son aviation a détruit l’ensemble de la flotte aérienne militaire ivoirienne. Cette " riposte " disproportionnée a provoqué à Abidjan une mobilisation des partisans de Gbagbo : violences antifrançaises et anti-opposition, marche vers la base permanente française du 43e Bataillon d’Infanterie de Marine, vers l’aéroport et vers l’Hôtel Ivoire (situé à 500 mètres de la Résidence présidentielle !) occupés par l’armée française. Un face-à-face meurtrier entre l’armée française, qui a ouvert le feu, et les manifestants conduits par les " Jeunes Patriotes ", sous le regard des FANCI. Bilan officiel ivoirien : une soixantaine de morts et plus d’un millier de blessés ivoiriens, victimes des soldats français. Une " guerre franco-ivoirienne ".
Réunis d’urgence à Abuja (Nigeria), les chefs d’États de l’Union africaine ont adopté une résolution condamnant la violation du cessez-le-feu par les FANCI et l’attaque du campement militaire français et confiant au Sud-africain Thabo Mbeki — absent et n’ayant même pas dépêché sur place une représentation — la mission de pourparlers avec les protagonistes… ivoiriens. Le 15 novembre c’est le Conseil de sécurité de l’ONU qui adoptait à l’unanimité la résolution 1572, proposée par la France, par laquelle " il impose un embargo sur les armes à la Côte d’Ivoire et envisage le gel des avoirs financiers et une restriction des déplacements à l’étranger à toute personne menaçant le processus de paix et de réconciliation nationale dans ce pays ". En France, une campagne de propagande était déclenchée par le chef de l’État lui-même, reprise massivement par les médias (1). Des plumes africanistes de la grande presse française en ont profité pour rappeler l’inexistence de la Françafrique, depuis longtemps enterrée, selon elles. Inefficacité de cette invocation face aux faits, réputés têtus. Disparition de la superbe affichée concernant l’invasion états-unienne de l’Irak. Retour des tics de l’ethos impérialiste, des habitus coloniaux, de la supériorité ontologique " blanche " ou française, de la grande presse à la droite gouvernante et à la social-démocratie oppositionnelle, en passant par l’exhibition musculaire de l’un des secteurs de l’avant-garde colonialiste, et encore nostalgique du temps des colonies, la Grande Muette Républicaine : " On ne tue pas impunément des Français ". Doit-on tuer impunément des Africains ? Aucune compassion pour les familles des victimes civiles ivoiriennes de l’Armée française , dont l’existence a eu de la peine à être évoquée. Les biens pillés des familles et entreprises françaises d’Abidjan ont bénéficié de plus d’attention que les Ivoiriens victimes de l’Armée républicaine française. Celle-ci, par la voix de son porte-parole ne se gênant pas (sur RFI le 10 novembre 2004) pour attribuer ces morts aux FANCI, après que leur Chef d’État-major ait fièrement parlé de ses troupes qui avaient pu " blesser ou tuer quelques personnes " en " faisant preuve d’un très grand sang-froid et d’une maîtrise complète de la violence ". Version assumée par la ministre de la Défense, ajoutant que la foule ivoirienne était " armée de kalachnikovs et de pistolets " (2), " Il y a sans doute eu quelques victimes ; nous ne le savons pas avec précision, car lorsque les choses se passent la nuit, il est extrêmement difficile de savoir ce qui se passe ". La nuit noire, avec ces Noirs dont on pouvait néanmoins distinguer les " kalachnikovs " et les " pistolets "... La partie française a pu aussi parler si fièrement de ses " soldats au service de la paix ", sûre que nous vivons une époque d’informations vite passées à l’ardoise magique : l’Armée Française a déjà tiré, sans sommation, sur des manifestants gbagbistes désarmés en novembre 2003 à M’Bahiakro, faisant trois blessés graves. La morgue affichée aux sommets de l’État français n’est pas sans relents coloniaux. Pour le ministère français de la Défense, le soir du 6 novembre " nous étions dans une situation insurrectionnelle "… en Côte d’Ivoire. Les insurgés étant, faut-il le rappeler, les partisans du pouvoir ivoirien ! Propos de nostalgique du temps des colonies, dans lequel s’était aussi embarqué le Chef de l’État français, Jacques Chirac, s’adressant à des étudiants marseillais dans la bonne tradition de l’ethnologie coloniale, version négrophile : " Les Africains sont joyeux par nature. Ils sont enthousiastes. Ils ont le sourire. Ils applaudissent. Ils sont contents... " (3).
Crise " ivoirienne " ? Crise " franco-ivoirienne " ? Crise " françafricaine " ou crise de la domination française en Afrique, comme le laissent entendre des réactions, telles la lettre ouverte à Koffi Annan des intellectuels burkinabé dénonçant la France, ou la lettre ouverte du Comité d’Initiative des Intellectuels Sénégalais à l’Ambassadeur de France au Sénégal (" La France se comporte comme un troisième belligérant ") et autres réactions panafricanistes (4) ?

Le produit de Linas-Marcoussis

Ce qui s’est passé est l’un des effets logiques de la solution apportée à la crise ivoirienne, par l’État français, cautionné par l’Union Africaine, puis l’ONU, à Linas-Marcoussis. Des Accords devenus dogme pour la réconciliation nationale. Alors qu’ils portaient en eux le ver de la conflictualité. Qu’on nous permette de rappeler qu’au lendemain de la signature des dits Accords de Réconciliation nationale, nous les considérions opposés aux intérêts du peuple ivoirien et disions qu’ils risquaient de " rendre la Côte d’Ivoire plus cauchemardesque " (5). Car le but de la manoeuvre était apparent : sous prétexte d’opposition, légitime et nécessaire aux conséquences de l’idéologie de " l’ivoirité ", ces accords étaient un instrument de pression sur la fraction Gbagbo, dont il fallait stopper surtout l’entreprise de restructuration de la dépendance (la " Refondation ", dans la terminologie des gbagbistes) aux dépens de la tradition françafricaine.
La Résolution 1464 (4 février 2004) du Conseil de Sécurité de l’ONU en entérinant l’opération " Licorne " et en lui subordonnant logistiquement, par la suite, la MINUCI, puis l’ONUCI, au lieu de favoriser la mise sur pied d’une force d’intervention non impliquée dans les affaires ivoiriennes, a contribué à la préparation de l’épisode actuel. Forcé ainsi à accepter la présence française, Gbagbo en a profité pour réorganiser son armée. La trêve est un moment classique de réarmement. Après le non-respect de l’Accord de Défense de 1961 — qui dans le cas présent aurait dû conduire l’armée française à prêter main-forte à Gbagbo contre la rébellion — les marchands d’armes français ont fini par livrer le matériel commandé par l’Armée ivoirienne, redoutant les conséquences de la diversification du partenariat militaire entreprise par Gbagbo. La France n’entendant pas pousser les extrémistes de la fraction Gbagbo à demander le démantèlement de la base du 43e BIMA et s’appuyant sur la sympathie de certains officiers des FANCI jouait la réconciliation en envoyant plus d’une fois la Ministre de la Défense, Michelle Alliot-Marie, en Côte d’Ivoire, même pendant les fêtes de fin d’année 2003. En cadeau de nouvel an 2004, Gbagbo l’avait faite Commandeur de l’Ordre National Ivoirien. Le réalisme de Gbagbo pour desserrer la pression a conduit la France à lancer des rappels à l’ordre, médiatisés, à la rébellion. Mais sans aucune pression véritable pour le respect du programme de Désarmement-Démobilisation-Réinsertion. Avec cette surprenante symétrie, de la part d’hommes d’États bourgeois, parfois établie, entre l’armée ivoirienne et la rébellion, en matière de désarmement. Ce changement a produit des frictions entre les Forces nouvelles et l’armée française, avec mort de soldats français (alors " des bavures "…).
La réorganisation des FANCI accomplie, Gbagbo a actionné le retour à la solution militaire. Avec pour première démonstration de force la criminelle répression de la manifestation de mars 2003. Les Forces nouvelles ne pouvaient désarmer, même en cas d’amendement à l’article 35 de la Constitution devant permettre l’éligibilité de Ouattara et de bien d’autres victimes de " l’ivoirité ". Il y a eu ainsi double violation des Accords d’Accra III : d’une part, évocation par le camp Gbagbo d’un référendum sur la révision constitutionnelle, de l’autre, non-respect de la date du 15 octobre, pour le désarmement (6). La mutation politique des Forces Nouvelles n’étant pas effective, elles ne pouvaient se suicider et perdre ainsi leur principal instrument de " légitimité ". De plus, le contrôle du Nord et du Centre du pays est une situation rentière : au-delà des revenus ministériels et du hold-up de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (7), trafics très rentables de diverses matières premières minières, par exemple l’or (8), mais aussi des produits agricoles... L’offensive des FANCI — qui a aussi fait des victimes ivoiriennes et suscité de nouveau le déplacement des populations — ne devait pas surprendre les chancelleries occidentales. Les États-Unis ont installé à Abidjan, dans le quartier du palais présidentiel, le relais africain du système d’écoute des communications Échelon.... Le Canard enchaîné (du 10 novembre 2004) a évoqué l’appel téléphonique de Chirac à Gbagbo, au cours duquel le premier mettait en garde le second sur le respect des intérêts français. Ce qui peut laisser penser que l’attaque du campement est une prophétie auto-réalisée. Dans ce cas, c’est Gbagbo qui aurait négligé cette mise en garde, tout gonflé qu’il était par l’imminence du succès de l’opération dite de reconquête de l’intégrité territoriale, qui le mettrait en position de force jusqu’aux élections d’octobre 2005. De son côté, en ordonnant les représailles, Chirac avait sous-estimé le patriotisme que susciterait cette manifestation de l’arrogance impérialiste — pouvant rappeler la répression coloniale de Dimbokro en 1950 (9), dans une sous-région ayant une partie de l’élite assez panafricaniste, même si les intellectuels tant burkinabé que sénégalais n’ignorent nullement la politique de l’" ivoirier " menée par Gbagbo. Ainsi, à l’Élysée, le réflexe françafricain l’a emporté sur l’ambigu mandat onusien de l’opération " Licorne ". L’Élysée a trouvé son Oussama Ben Laden en la personne de Laurent Gbagbo. Avec cet avantage sur la Maison-Blanche, que Gbagbo est localisable : des chars français du 43e BIMA, peuvent même se tromper de route et se retrouver devant sa porte.

Morte, la Françafrique?

Le Rapport de la Commission d’enquête internationale sur les allégations de violations des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire du 19 septembre au 15 octobre 2004, malgré son origine marcoussiste et onusien, confirme, dans un langage certes prudent, l’enjeu économique de la crise ivoirienne. On peut y lire, par exemple : " La Commission a reçu des témoignages faisant état d’événements qui peuvent faire croire à un certain optimisme quant à l’avenir économique de la Côte d’Ivoire. Il serait notamment question de découvertes de puits de pétrole dont la réserve serait proche de celle du Koweït et qu’ainsi, la Côte d’Ivoire pourrait devenir le deuxième producteur africain de pétrole après le Nigeria. Au surplus il serait question, toujours selon ces témoignages, du pétrole "vert ", très prisé. A côté du pétrole, on aurait également découvert, selon des témoignages, du gaz entre San Pedro et Sassandra : la réserve en permettrait l’exploitation pendant un siècle. D’autres ressources existeraient aussi tels l’or, les diamants, outre des métaux rares actuellement utilisés dans la fabrication des satellites ". Il s’agit là de sources de barbarie capitaliste néocoloniale. Ledit rapport ne l’évoque pas, mais d’après l’Annexe II de l’Accord de Défense entre les Gouvernements de la République Française, de la République de Côte d’Ivoire, de la République du Dahomey et de la République du Niger, du 24 avril 1961, la France serait privilégiée dans l’acquisition de ces " matières premières classées stratégiques ". En effet, selon l’art. 2, " la République Française informe régulièrement la République de Côte d’Ivoire (…) de la politique qu’elle est appelée à suivre en ce qui concerne les matières premières et produits stratégiques, compte tenu des besoins généraux de la défense, de l’évolution des ressources et de la situation du marché mondial .". Selon l’art. 3 " La République de Côte d’Ivoire [et les deux autres] informent la République Française de la politique qu’elles sont appelées à suivre en ce qui concerne les matières premières et produits stratégiques et des mesures qu’elles se proposent de prendre pour l’exécution de cette politique ". Et pour finir, l’art. 5 : " En ce qui concerne ces mêmes produits, la République de Côte d’Ivoire [et les deux autres], pour les besoins de la défense, réservent par priorité leur vente à la République Française après satisfaction des besoins de leur consommation intérieure, et s’approvisionnent par priorité auprès d’elle ". La réciprocité entre les signataires, faut-il le rappeler, est faussée par l’inégalité des rapports réels, de domination, entre la puissance coloniale ayant, dans le cas de ces pays, organisé l’" indépendance " quelques mois auparavant (en août 1960).
Cette posture privilégiée de la France est confirmée par la commission onusienne : " Les témoignages recueillis ont aussi permis de savoir que la loi de 1998 portant code rural et foncier serait liée à la position dominante que la France ou les intérêts français occupent en Côte d’Ivoire. Selon ces sources, les Français posséderaient 45 % de la terre et, curieusement, les sièges où se trouvent la Présidence de la République et l’Assemblée Nationale ivoirienne feraient l’objet d’un bail conclu avec des Français. Ces derniers contrôleraient les secteurs de l’eau et de l’électricité qui représentent une somme de 10 milliards de francs CFA par mois ".
Le rapport ne donne pas de détails sur cette position dominante des intérêts français qu’il n’est pas inutile de rappeler, en ces temps de propagation du mythe injurieux de l’action généreuse du Capital occidental en Afrique. On y trouve de nombreux premiers de la classe capitaliste française:
— Bolloré (leader des transports maritimes français en 2003), principal opérateur du transport maritime avec Saga, SDV et Delmas, est quasiment maître du port d’Abidjan, le premier port de transit dans la région ouest-africaine et le second port à conteneurs d’Afrique, dont le principal terminal à conteneurs, celui de Vridi, a été récemment acquis par Bolloré de façon scandaleuse d’après les autres opérateurs portuaires français et ivoiriens confondus. Il est aussi maître du chemin de fer ivoiro-burkinabé, Sitarail. S’il s’est récemment replié du cacao, il s’est par contre maintenu en leader dans le tabac et le caoutchouc...
— Bouygues (leader du bâtiment et des travaux publics en France, aussi présent comme Vinci, second des Travaux Publics en France), y est depuis l’indépendance le traditionnel n° 1 du BTP (on y rencontre aussi Colas, troisième des travaux routiers en France). Il a aussi, par la privatisation-mise en concession, le contrôle de la distribution de l’eau courante (Société des Eaux de Côte d’Ivoire), de la production et la distribution de l’électricité à travers la Compagnie Ivoirienne d’Électricité et la Compagnie Ivoirienne de Production de l’Électricité. Il est aussi présent dans l’exploitation récente du pétrole ivoirien...
— Total (première entreprise de France) est détenteur du quart des actions de la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR, n°1 des entreprises de Côte d’Ivoire) et propriétaire de 160 stations de distribution des hydrocarbures.
— France Telecom (septième entreprise de France et leader des télécommunications), est le principal actionnaire de Côte d’Ivoire Telecom et de la Société Ivoirienne des Mobiles (environ 85 % du capital ), depuis leur mise en concession, dans le cadre de la privatisation des entreprises publiques.
— Dans le secteur des banques et des assurances, sont présents la Société Générale (sixième banque de France, Société Générale des Banques de Côte d’Ivoire, 55 agences), le Crédit Lyonnais, BNP-Paribas, AXA (seconde entreprise de France et leader du secteur des assurances, présente en Côte d’Ivoire depuis la phase coloniale).
— La doyenne des entreprises françaises est le Groupe Compagnie Française de l’Afrique de l’Ouest de Côte d’Ivoire (CFAO-CI, principale entreprise " françafricaine " de l’empire colonial français en Afrique subsaharienne, équivalent colonial privé d’ELF), multicarte (automobile, pharmacie, nouvelles technologies... après avoir longtemps monopolisé l’exportation, la grande distribution...) dont la rentabilité (pas une seule année de perte, de sa création en 1887 à 2003) en a fait récemment une propriété du Groupe Pinault-Printemps-La Redoute (10). C’est le n° 9 des entreprises de Côte d’Ivoire, après session de sa filière bois dans laquelle elle a été très présente pendant des décennies.
— A tout seigneur, tout honneur, nous ne pouvons arrêter cette liste indicative, sans l’évocation de la présence du chef du patronat français, le baron Ernest-Antoine Seillères, à travers Technip (dans l’équipement du secteur pétrolier) et Bivac (attributaire, en mai 2004, du scanner du port d’Abidjan).
Cette présence du Capital français, témoigne de la rentabilité capitaliste de la Côte d’Ivoire. Et bien que les investissements directs français n’y excèdent pas 3,5 milliards d’euros — l’acquisition des ex-entreprises d’État les plus rentables relevant souvent de la braderie — les profits tirés annuellement sont énormes. Comme l’a si clairement rappelé l’ex-sénateur français Jean-Pierre Camoin (du Groupe Bolloré et Président du Cercle d’Amitié et de Soutien au Renouveau Franco-Ivoirien, créé en février 2004) : " les industriels ne sont pas des philanthropes. Une entreprise n’existe que si elle fait des bénéfices, si elle progresse ; sinon elle disparaît " (11).

Derrière " l’ivoirité ", des enjeux capitalistes

Il est paradoxal qu’en ces temps de dénonciation spectaculaire de la marchandisation du monde, la compréhension des crises qui affectent la partie de l’humanité la plus victime du rouleau compresseur néolibéral ait de la peine à échapper au culturalisme, à la sous-estimation de leurs ressorts économiques. Le génocide des Tutsis, couplé au massacre des démocrates Hutus au Rwanda en 1994, est régulièrement utilisé (en évacuant souvent le massacre des démocrates Hutus) pour légitimer ce culturalisme. Ainsi, dans la crise ivoirienne, " l’ivoirité " est présentée comme sa cause majeure, au lieu de la comprendre comme une réponse réactionnaire à la crise structurelle du néocolonialisme (au même titre, par exemple, que les résultats électoraux du Front National en France sont l’expression de l’insécurité sociale). La relation entre la progression du néolibéralisme et la poussée de la xénophobie, du chauvinisme et autres formes d’exclusion, d’altérophobie semble pourtant évidente. Ce qui ne signifie nullement l’absence de précédents ni d’autonomie relative de la conscience raciste, xénophobe. Dans le cas de " l’ivoirité " les ingrédients ont été produits par le système colonial, puis par la phase ascendante du néocolonialisme, colonialisme indirect ou réformé dont la Côte d’Ivoire a bien été le " modèle "
La demande publique de distinction entre Ivoiriens et non-Ivoiriens est exprimée en 1990, durant " l’ouverture démocratique ", à la veille des premières élections multipartistes de la Côte d’Ivoire dite indépendante, par le candidat à la présidence Laurent Gbagbo, adversaire de l’autocrate Houphouët-Boigny. Cette " ouverture démocratique " est une réponse à la contestation socio-politique des effets de la crise structurelle du néocolonialisme, caractérisée, entre autres, par les difficultés de trésorerie. La distinction entre Ivoiriens et non-Ivoiriens est l’une des sources possibles de renflouage des caisses de l’État, par l’instauration de la carte de séjour pour les étrangers. Une mesure préconisée aussi par Alassane Dramane Ouattara (alors premier ministre de Houphouët-Boigny), qui va aussi décider de l’instauration de la carte d’identité nationale infalsifiable. Ces mesures ne sont pas une spécificité ivoirienne. Alassane Ouattara, ex-Directeur Afrique du Fonds monétaire International, a sillonné l’Afrique subsaharienne durant les années 1980 pour expliquer aux États surendettés et soumis ou candidats à l’Ajustement Structurel qu’il leur fallait désormais réduire les budgets sociaux et élargir les recettes de l’État. L’instauration (ou le renchérissement) de la carte de séjour pour les résidents africains a été aussi à l’ordre du jour dans d’autres pays africains que la Côte d’Ivoire, du Nigeria à l’Afrique du Sud post-apartheid. C’était tout à fait en phase avec la politique menée en la matière par les États capitalistes développés.
La tentative de théorisation de " l’ivoirité " par l’intelligentsia organique de la fraction Bédié après la victoire de Konan Bédié sur Ouattara, dans la guerre de succession à Houphouët-Boigny, était non seulement une opération de légitimation de l’hégémonie patrimonialiste-capitaliste de cette fraction du Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI, ex-Rassemblement démocratique ivoirien, le parti-État de Houphouët-Boigny) mais aussi une légitimation de la tradition françafricaine houphouétiste, sectoriellement menacée par le néolibéralisme orthodoxe et intéressé de l’ex-Directeur Afrique du FMI. Ses années de Premier ministre chargé d’appliquer le Programme d’ajustement structurel (PAS), sous l’autorité d’Houphouët-Boigny — veillant malgré tout aux intérêts sacro-saints de la Françafrique, par exemple en freinant les ambitions de Cargill, dans la filière cacao — étant considérées comme l’avant-goût de la néolibéralisation sous son éventuelle présidence. L’alliance Gbagbo-Ouattara contre Bédié, sous forme de Front Républicain qui a boycotté l’élection présidentielle de I995 (Ouattara en était exclu pour nationalité considérée douteuse), était aussi basée sur le projet anti-houphouétiste du Front populaire ivoirien (FPI) de Gbagbo. Le recours à " l’ivoirité " ou sa critique, apparaît ainsi plutôt instrumental à la lumière des tragiques épisodes Guéi — auteur du coup d’État en 2000 pour soi-disant mettre un terme à " l’ivoirité " et ayant fini par s’en draper, pour exclure Ouattara de la course à la présidence — et Gbagbo, voire de la rébellion. Car le rapport de la Commission onusienne confirme l’existence de charniers dans la zone sous contrôle des Forces nouvelles, marque d’un chauvinisme à rebours.
Cette " ivoirité " est en fait rythmée par les enjeux capitalistes néolibéraux que représente le contrôle de l’appareil d’État. La première offensive anti-Ouattara, menée par Bédié, avant la mort d’Houphouët-Boigny, fut l’obstruction qu’il a organisée, en tant que Président de l’Assemblée Nationale, à la privatisation de Côte d’Ivoire Telecom (CIT). Bouygues était prêt à cueillir le CIT, après avoir hérité de la Société des Eaux de Côte d’Ivoire, en acquérant la SAUR au début de la privatisation, au milieu des années 1980, et obtenu, en 1990, la concession pour quinze ans de l’Énergie Électrique de Côte d’Ivoire, par un scandaleux gré à gré, sous-évalué, ficelé par Alassane Ouattara. En bon haut fonctionnaire de la Finance internationale, Ouattara est aussi un grand entrepreneur. L’acquisition par son ami Bouygues de CIT (finalement concédé à France Telecom par Bédié devenu Chef de l’État ivoirien) aurait accru sa puissance en Côte d’Ivoire : " En 1991, le continent noir a représenté 7 milliards de francs de volume d’affaires dont 2 milliards pour la seule Côte d’Ivoire... Si l’Europe dépasse légèrement l’Afrique avec 7,7 milliards de francs dans les activités du groupe, l’Amérique et l’Asie arrivent loin derrière avec respectivement 3,4 milliards de francs et 2,1 milliards de francs " (12). Il aurait aussi davantage profité à Alassane Ouattara, qui ne privatisait pas que pour les autres, selon les autres barons du PDCI-RDA, ses rivaux, menacés ou détrônés de leurs fiefs rentiers par la privatisation, menée hors de leur contrôle.
Ce qui est considéré comme un programme de braderie du patrimoine public, passe aussi dans l’opinion, conditionnée, pour " un acte antipatriotique ". De quoi s’interroger sur la nationalité de son responsable. Le Premier ministre, Ouattara, a ainsi servi dans ce cas de fusible à l’intouchable Président Houphouët-Boigny. Ouattara, qui avait de plus étudié et travaillé hors de son pays, qui par ailleurs avait envoyé la troupe contre les étudiants, était dans une situation semblable à celle de Kengo Wa Dondo, Premier ministre de Mobutu, au Zaïre, dont le zèle à appliquer l’ajustement structurel avait induit la remontée en surface, dans l’opinion, de ses filiations polonaise et tutsie. Le conditionnement nationaliste conduisait à croire, qu’un " Zaïrois authentique " ne l’aurait pas fait…
Pour la Françafrique conservatrice, Ouattara était celui qui avait favorisé la pénétration, dans la filière café-cacao, du capital états-unien. L’autocrate ivoirien, francophile, n’en voulait pas, n’ayant historiquement fait exception que pour Nestlé. Et pour cause, au-delà de la francophonie, il avait des biens immobiliers, des comptes et des actions en Suisse. Les multinationales intéressées par le cacao ivoirien — Archer Daniel Midland (ADM) et Cargill — étaient les principales du secteur au niveau mondial. Impossible de leur fermer la porte en période d’ajustement structurel organisé par les institutions de Bretton Woods, dans lesquelles les États-Unis détiennent un veto. La porte leur avait donc été entrebâillée. Ainsi, sous Bédié, ADM s’était retrouvé en partenariat minoritaire avec l’un des majors de la filière, la SIFCOM, dont Bédié détenait près de 12 % des actions. Ce co-actionnariat ne pouvait être dépourvu de quelque attente de soutien politique, pour l’ancien ambassadeur de Côte d’Ivoire aux États-Unis, avant d’être ministre de l’Économie et des Finances, conscient des relations états-uniennes de son rival aux prochaines élections présidentielles de 2000. Est-ce une simple coïncidence si Bédié, qui tout en accentuant " l’ivoirité " avait rendu moins défavorable la concurrence pour ADM et Cargill, ait été renversé par les mutins de décembre 1999, ayant servi dans la Mission des Nations Unies en République centrafricaine sous les ordres de l’Armée française, et que ces derniers aient porté à la tête de l’État Guéi, l’ancien Chef d’État Major de Houphouët-Boigny, qui s’est révélé par la suite très françafricain ?
Bien que le putsch eut été assez bien accueilli pour sa dénonciation, le Gouvernement de transition n’a pu régler le problème de " l’ivoirité ". Car le discours ivoiritaire couvrait l’accumulation particulière réalisée par les " vrais Ivoiriens " de Bédié. La privatisation des entreprises d’État et la libéralisation des marchés est une phase particulière d’accumulation et de mutation de parvenu en capitaliste. Ainsi, dans l’unité nationale retrouvée (sans Bédié, exilé en France), la transition a été en Côte d’Ivoire l’occasion de recadrer le processus de privatisation et de libéralisation des marchés que la fraction Bédié avait manigancé avec ceux qui sont présentés comme des " généreux-investisseurs-volant-au-secours-d’une-Afrique-non-rentable ", les puissants corrupteurs que cache la médiatisation des seuls corrompus. Vu la composition du dit gouvernement de transition, avec pour forces politiques principales le Rassemblement des Républicains (RDR, parti de Ouattara) et le Front Populaire Ivoirien (FPI, de Gbagbo), l’accord sur le sort de ces manigances ne pouvait se limiter qu’à la suspension de leur exécution. Si la part belle faite aux entreprises françaises (Bouygues, France Telecom, Total...) dans ces combines ne pouvait convenir au Ministre du Budget, puis de l’Économie et des Finances, par ailleurs, conseiller économique de Gbagbo, Mamadou Koulibaly (13), l’autre libéral (Ouattara) ne se serait pas opposé aux faveurs préparées, par exemple, pour son ami Bouygues par l’équipe Bédié. Autrement dit, le gouvernement de transition devait " assainir " la gestion de la chose publique malmenée par le régime Bédié et laisser aux vainqueurs des futures élections la relance de la privatisation et de la libéralisation. Les deux candidats provisoirement alliés — Ouattara et Gbagbo — partageant fondamentalement le programme des institutions de Bretton Woods, la course au pouvoir politico-économique n’a pu se passer du discriminant anti-Ouattara, " l’ivoirité ". Les ambitions du Général Guéï lui ayant fait perdre le soutien de certains anciens putschistes, plutôt liés à Ouattara, la bataille de " l’ivoirité " allait désormais se mener aussi par la violence armée. Il est plus d’une fois arrivé dans l’histoire que la crise de légitimité politique s’accompagne d’une perte du monopole de la violence. Ainsi, " l’ivoirité " était devenue aussi paramilitaire, chaque camp se préparant pour la fin de la transition. La bataille constitutionnelle — de père ivoirien " et ", ou bien " ou ", de mère ivoirienne — relative à l’éligibilité, s’est terminée aux dépens de Ouattara, exclu des élections, alors qu’il avait appelé à voter " oui " au référendum constitutionnel, sûr de son " ivoirité " prouvée par l’état-civil. La transition s’est terminée par le charnier de Yopougon, au nom de " l’ivoirité " : des partisan/es de Ouattara, assassinés par des gendarmes partisans de Gbagbo, considéré vainqueur après la tentative de putsch électoral de Guéï enrayée par la manifestation des partisans de Gbagbo, suivie de la répression d’une manifestation des partisan/es de Ouattara en ayant profité pour demander la reprise de l’élection à laquelle ils n’avaient pas participé.
Les opérations de " réconciliation " entreprises par Gbagbo ne pouvaient aboutir tant qu’elles n’étaient pas accompagnées d’une volonté de redistribution équitable, pour ses adversaires, des rentes de situation de la privatisation, de la libéralisation des marchés, de la réforme de la propriété foncière pénalisant les allochtones dans un pays où la part de production de l’agriculture est si dominante. La volonté de réaliser la " refondation ", version néolibérale du nationalisme africain, dans un climat de déchirement du tissu national, symbolisé par l’existence des milices partisanes, principalement celle du pouvoir, ne pouvait que favoriser l’entrée en scène d’une rébellion cristallisant les frustrations de toute une partie de la population, subissant les exactions des sbires du pouvoir et le climat d’insécurité sociale. Si tout laisse penser que la rébellion a été co-organisée par le régime burkinabé (14), devenu le relais militaire de la Françafrique dans la région après la mort d’Houphouët-Boigny, le terreau était fécond.
Au regard des charniers découverts dans la zone sous contrôle des Forces nouvelles, des témoignages recueillies par la Commission onusienne sur leurs rapports avec certains régimes de la sous-région dont celui du tyran togolais Eyadéma (15), il est presque évident que la forme choisie pour combattre " l’ivoirité " — aussi par son manque d’originalité : tentative de putsch, puis rébellion armée, censée conduire le chef politico-militaire des rebelles au pouvoir selon la méthode éprouvée au Liberia (Charles Taylor), au Congo-Brazzaville (Sassou Nguesso), en Centrafrique (Bozizé) — était motivée plus par des intérêts traditionnels que par la passion démocratique. Que les discriminations anti-burkinabé soient importantes, que soient importants leurs transferts financiers (des dizaines milliards de francs CFA par an, pouvant se tarir en cas d’expulsion…) n’aurait sans doute pas suffi pour motiver la déstabilisation de ce pilier de l’économie ouest-africaine et de la zone Franc CFA, qu’est la Côte d’Ivoire. Pour cela il fallait des raisons plus traditionnelles ou au moins l’aval de la métropole françafricaine.

Conservation du " pré carré " français en Afrique

L’implication, sous prétexte humanitaire, de l’État français dans la crise en Côte d’Ivoire, ne déroge pas au principe de la conservation du contrôle de ce qu’elle considère son " pré carré " en Afrique subsaharienne. La fibre humaniste n’est sensible qu’en cas de remise en cause substantielle des intérêts considérés historiques et inébranlables de la France, comme métropole néocoloniale, portés par ses grandes entreprises. Chaque fois qu’un régime a essayé de remettre en question les fondamentaux de cette domination, même sans être porteur d’une alternative révolutionnaire socialiste, il en a, d’une façon ou d’une autre, fait les frais ; le peuple en pâtissant toujours plus que le régime déchu. L’Afrique " indépendante " des coups d’État est un héritage de la politique coloniale avec ses fraudes électorales organisées, ses changements de majorité dans les assemblées territoriales par corruption, aboutissant déjà à des conflits dits ethniques.
Il est symbolique que le premier putschiste meurtrier de la zone CFA — le Togolais Étienne Eyadéma — soit encore au pouvoir et aussi qu’il soutienne le chef de la rébellion en Côte d’Ivoire, Guillaume Soro. A titre de rappel, déjà en 1963, il s’agissait d’une mutinerie des soldats, démobilisés de la guerre d’Algérie, contre le président togolais Sylvanus Olympio. Que reprochait-on à ce dernier ? D’avoir demandé en 1958 l’indépendance du Togo, sous mandat franco-onusien. Puis, une fois l’indépendance acquise en 1960, de vouloir réviser le contrat d’exploitation du phosphate togolais, considéré léonin, en faveur du capital français ; d’avoir entrepris la diversification du partenariat économique avec d’autres États occidentaux, dont l’Allemagne, ex-métropole coloniale qui devait aussi le soutenir dans la création d’une monnaie nationale, en sortant de la Zone Franc... La mutinerie au cours de laquelle Olympio va être assassiné a lieu, comme par hasard, quelques jours avant la sortie officielle du Togo de la Zone Franc. Sylvanus Olympio n’était pas un brin socialisant, mais un bon libéral, qui avait même subordonné la " justice sociale " à l’établissement des " équilibres macro-économiques ", proposant aux soldats togolais de l’armée coloniale en Algérie une reconversion plutôt qu’agrandir les rangs d’une armée togolaise non-productive de quelque trois cents soldats.
D’autres putschs et tentatives de putsch — parfois à l’aide de mercenaires, ces " corsaires de la République ", suivront. Dont celui contre Hamani Diori, activiste avéré de la Francophonie, co-signataire avec Houphouët-Boigny de l’Accord de Défense d’avril 1961, qui dispose, en annexe, de la fourniture prioritaire des matières premières stratégiques à la France ; de l’uranium nigérien, en l’occurrence, exclusivité de la COGEMA, que Diori, au grand dam du général De Gaulle, a voulu mettre à la disposition des autres puissances occidentales aussi préoccupées par la puissance nucléaire (16), afin que le Niger tire plus profit de cette — nocive — ressource naturelle, en période de forte demande sociale de la jeunesse nigérienne. Il avait aussi mis à l’ordre du jour la fin de la base militaire française au Niger. Marien Ngouabi (Congo-Brazzaville) va être assassiné en 1977, quelques heures avant la rencontre franco-congolaise, à Paris, portant sur la révision du contrat pétrolier, également considéré léonin en faveur d’ELF par la partie congolaise. Révision dont il n’a plus été question pendant une décennie.
La liste est longue. Comme le disait Mitterrand, qu’on peut suivre à ce propos, il ne s’agit pas de pratiques passées : " En Afrique le fonctionnement gaulliste demeure aujourd’hui identique. Le personnel a changé mais les méthodes restent. Le RPR est actuellement maître de toutes les représentations d’ELF en Afrique. Les hommes du RPR sont aussi des agents du SDEC (…) Ce genre de pratique continue de nos jours (…) Foccart continue. Il travaille aujourd’hui pour Chirac " (17).
Ainsi, sans être le moins du monde anticapitalistes, voire des anti-impérialistes — Gbagbo, ayant oublié ses convictions socialistes sur le chemin de la " démocratisation " de l’Afrique — ni des démocrates avérés, mais plutôt un capharnaüm oligarchique de " nationalistes " néolibéraux, de manipulateurs de l’ethnicité, de pentecôtistes-affairistes branchés sur leurs frères et sœurs " born again " de la classe dirigeante états-unienne, les " refondateurs " ivoiriens ont eu l’outrecuidance de remettre en question certains intérêts inébranlables de la domination française dans la zone Franc. Ils l’ont fait en surestimant leur légitimité et leur habileté à manœuvrer. Que la France ait choisi de ne pas actionner l’Accord de Défense d’avril 1961, malgré la demande de Gbagbo, ne s’explique nullement par quelque principe de non-ingérence dans une crise faussement présentée ivoiro-ivoirienne. L’implication du régime burkinabé ne pouvait échapper à la surveillance militaire française de la région. L’Accord ne pouvait être actionné parce que dans la conception néocoloniale française, Gbagbo, qui avait choisi de conserver cet accord néocolonial, était coupable de l’avoir violé. La rébellion comme prolongation du putsch avorté devait alors servir de moyen de pression sur Gbagbo, et non d’une grotesque installation au pouvoir d’une équipe de rechange. La France — " troisième belligérant, sinon le belligérant de l’ombre " selon le Comité d’Initiative des Intellectuels Sénégalais — pouvait même jouer le rôle d’obstacle à la marche de la rébellion sur Abidjan. Ainsi, de Lomé à Linas-Marcoussis, il s’agissait de ramener à l’ordre, à travers un Gouvernement de " réconciliation nationale ", les divers intérêts politico-économiques de la puissance métropolitaine et ceux des différentes fractions de la " classe politique ivoirienne " confondue avec le capital ivoirien.
Car la " refondation " gbagbiste néolibérale était coupable d’avoir rouvert les dossiers des privatisations et concessions suspendus pendant la transition, de les soumettre à des appels d’offre en " bonne et due forme ". Avec pour conséquence le fort probable risque pour certaines multinationales françaises — ayant bénéficié des faveurs d’Houphouët-Boigny, Ouattara, Bédié — de ne pas bénéficier d’un renouvellement de juteuses concessions arrivant à terme sous le régime Gbagbo. De ne pas se voir attribuer de gré-à-gré les juteuses entreprises à privatiser. De ne pas bénéficier des plus juteux marchés publics, sur lesquels, contrairement à l’idée d’un retrait irremplaçable des entreprises françaises, il y a la concurrence des entreprises chinoises, sud-africaines, états-uniennes et de bien d’autres dont la présence sur le marché ivoirien n’est pas dépourvue d’ambitions monopolistes (18).Vu qu’en " période de récession, l’Afrique ne peut survivre qu’en situation de monopole " (19).
Le cas d’ADM et de Cargill dans la filière cacao a prouvé la plus grande efficacité des multinationales états-uniennes en matière de " libre concurrence ". De la fin de la décennie 1990 aux premières années de la décennie 2000, elles sont passées de la situation de partenaires minoritaires ou d’entreprises secondaires au leadership, absorbant au passage certaines filières de leurs anciennes partenaires majoritaires, poussées à un déficit astronomique. Comme l’écrivent la Banque Africaine de Développement et l’OCDE : " des évolutions remarquables se sont produites en termes de destination des produits ivoiriens au sein même de l’Union Européenne. Par exemple, alors que la France et les Pays-Bas représentaient respectivement 15,2 % pour cent et 9,8 % des exportations ivoiriennes en 2000, la première ne comptait plus que pour 13.9 % en 2001 contre 14,1 % pour les Pays-Bas. Ceci s’explique par le fait que le cacao domine les exportations ivoiriennes, cacao dont la transformation est dominée par des multinationales qui ont connu de profondes mutations en termes de propriété du capital. Cette mutation s’est opérée en faveur de groupes tels que Cargill, ADM, Callebaut qui ont une tradition de transport en vrac, plus avancée qu’en France, en vue de gagner en efficacité et d’économiser sur les coûts liés à la logistique de transport. De plus les ports disposant d’une meilleure logistique pour la réception en vrac du cacao sont les ports d’Amsterdam et de Hambourg où se situent des filiales industrielles importantes appartenant à ces grands groupes " (20). La percée du capital états-unien dans cette filière a, par exemple, poussé Bolloré à se débarrasser de sa filiale, pourtant l’une des majors…

Impérialisme secondaire, intérêts divergents

La sophistication des tentatives métropolitaines pour ramener à l’ordre le président Gbagbo — un choix imposé à l’Élysée par les rapports de force mondiaux —, tout comme la pression de la concurrence, a mis aussi à jour les divergences au sein du capital colonial français. Pour la préservation de leurs intérêts d’une part et devant l’affaiblissement du soutien français à la rébellion d’autre part, des patrons français ont créé, avec des patrons ivoiriens plutôt proches de Gbagbo, le Cercle d’amitié et de soutien au Renouveau Franco-Ivoirien (CARFI), présidé par l’ex-sénateur UMP Jean-Pierre Camoin (groupe Bolloré) et ayant parmi ses membres bienfaiteurs... Laurent Gbagbo. Le réalisme capitaliste de l’entreprise est exprimé par le président du CARFI : " Tout le monde s’attendait à ce que cette économie s’effondre avec un pays coupé en deux, une circulation entravée. Malgré cela, la Côte d’Ivoire a prouvé qu’elle pouvait vivre toute seule, sans aide, payer des fonctionnaires, faire fonctionner l’électricité, l’eau (...) On peut se poser la question pourquoi cette situation s’est aggravée ? Je crois intimement que les générations passées ont fait un travail immense, ont su construire la Côte d’Ivoire ; mais actuellement, la jeune génération est là avec des jeunes formées dans les grandes écoles, qui ont envie de prouver ce qu’ils savent faire. Cette jeune génération est celle qui nous intéresse. Que veut-elle cette jeune génération ? Elle veut un partenariat basé sur l’égalité, un vrai partenariat où il n’y a plus une France tutélaire qui vient donner des leçons à la Côte d’Ivoire pour développer son industrie, pour développer toutes ses exportations. Il y a de l’autre côté, une Côte d’Ivoire adulte avec des élites formées qui ont besoin de la France pour pouvoir également développer leur pays, ce grâce à un partenariat avec un pays dont on partage la langue, la culture et pour tout dire pour qui on a une certaine affection (…) Notre intérêt c’est l’entreprise. Que ce soit M. Gbagbo ou M. X ça ne nous intéresse pas ! Ce que nous voulons c’est que le candidat et ensuite le Président tienne compte de notre avis. " (21)
Comme par hasard, fin 2003 et premier semestre 2004 sont marqués, en plus de l’achat des armes françaises par Gbagbo, par l’acquisition française de marchés : Alcatel, Technip et Bivac (baron E-A Seillères)… et surtout la scandaleuse concession à Bolloré, pour quinze ans, du Terminal à conteneurs de Vridi, au Port Autonome d’Abidjan dont le directeur général, Marcel Gossio, est le vice-président du CARFI. Une opération publiquement contestée par Jean-Louis Billon, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire (manutentionnaire comme Bolloré, chargeur de cacao SIFCA, co-actionnaire de Bédié, sous la présidence de celui-ci et non partisan du CARFI). Bolloré a ainsi obtenu une situation de quasi-monopole sur le deuxième port africain, après celui de Durban (Afrique du Sud). Ainsi, " le jeudi 24 juin dernier, Marc Rose, directeur d’exploitation de la SETV [Société d’Exploitation du Terminal à conteneurs de Vridi] a adressé une note à Jacques Remy de la Sivom [entreprise de J-L. Billon] dans laquelle il écrivait ceci : "Nous ne prendrons plus les conteneurs Sivom au terminal à l’exception des lots devant être chargés sur nos navires..." " (22). La Banque Mondiale n’a pas manqué de critiquer cette enfreinte à la liberté des affaires : " La procédure qui a été suivie remet en cause les efforts déployés par la Banque et les autres bailleurs de fonds pour aider la Côte d’Ivoire à créer un environnement propice au développement du secteur privé, entre autres en garantissant une concurrence loyale. Le résultat obtenu est que les intérêts du pays n’ont pas été sauvegardés et que le partage des risques et bénéfices est très inéquitable entre le pays et la SETV en faveur de cette dernière pour une période d’au moins quinze ans. " (23) Ainsi, pour la stabilisation du front " extérieur ", Gbagbo a recouru aux procédés traditionnels de la Françafrique.
Cette scandaleuse attribution, rappelant celle de l’électricité offerte à Bouygues par Ouattara, s’accompagnait d’un partage très inéquitable des directions d’entreprises d’État, considéré comme une des causes du blocage dans l’application de l’Accord de Marcoussis. Parmi les points à l’ordre du jour des rencontres entre Gbagbo et ses opposants figurait pendant cette période la répartition équitable et concertée des postes de direction, c’est-à-dire des situations rentières. Privilège que Gbagbo n’entendait pas céder, soucieux de confier les entreprises les plus rentables et les plus en rapport avec les opérateurs étrangers — source possible de manigances économico-politiques — à ses proches. S’étant ainsi constitué un lobby dans la Françafrique, Gbagbo s’est permis de réprimer dans le sang la manifestation de l’opposition, les 25 et 26 mars 2004, après la sortie du gouvernement des ministres contestant la nouvelle donne économico-rentière. Déboussolés par la réaction française, dans les villes sous contrôle des Forces nouvelles, les partisans de celles-ci ont manifesté leur colère contre les soldats français, en leur criant, à Korhogo par exemple : " Vous êtes des calculateurs comme Gbagbo, quittez notre ville ! " (24). La violation du cessez-le feu de novembre 2004 — dont avaient été prévenues, par Gbagbo, l’ONU et les autorités françaises — s’inscrit bien dans cette dynamique de réconciliation avec des secteurs du capital français. Car la division de la Côte d’Ivoire dessert aussi les entreprises ayant d’importantes activités (canne à sucre, coton...) au Centre et au Nord et ne pouvant aisément acheminer la production vers les marchés du Sud. Le climat de guerre étant aussi favorable à la " concurrence déloyale " des marchandises frauduleusement introduites des pays voisins. Ainsi, par exemple, en fin avril, le " très influent et discret président du groupe Castel-BGI, Pierre Castel, spécialiste du vin et des brasseries, a demandé au président ivoirien, Laurent Gbagbo, une lutte plus sévère contre les fraudes récurrentes et massives constatées dans le domaine sucrier. Chaque année, la branche ivoirienne de son groupe, la BGI-Solibra et ses différentes unités perdent 15 milliards de FCFA selon M. Castel " (25). Mais il s’agissait bien d’une réconciliation sectorielle et non d’un alignement de Gbagbo sur les intérêts français. Et l’écrasement de la rébellion, tenté par Gbagbo en novembre, n’était pas prévu à l’ordre du jour élyséen. D’où la réaction brutale de Chirac et sa décision de bombarder l’aviation de Gbagbo.

Enjeux pétrolier et financier

Du point de vue métropolitain, il y a un enjeu plus important que les affaires de M. Castel. Il s’agit du champ pétrolier. En Côte d’Ivoire, les pétroliers français accusent un retard sur les États-Unis et le Canada. De 2000 à 2003 la production pétrolière a triplé, le pétrole devenant ainsi le second produit d’exportation de la Côte d’Ivoire. Sans Total, se contentant de ses 25 % dans la Société Ivoirienne de Raffinage — dont il n’est pas sûr de remporter la mise en concession suspendue en 1999-2000, pour non-respect de la procédure — et de son parc de stations-service. De surcroît, les réserves se révèlent au fil du temps plus importantes qu’annoncées au départ.
Le régime Gbagbo ne semble pas prêt à dévier de la trajectoire anglo-américaine prise et, fort probablement, asiatique dans le futur. Évitant ainsi d’augmenter l’emprise française sur l’économie et — à la lumière des précédents historiques dans le Golfe de Guinée — sur la politique ivoirienne. Les dispositions annexes de l’Accord de Défense d’avril 1961, citées précédemment, ne sont pas respectées. Ailleurs, où il était question de révision du monopole français dans l’exploitation pétrolière, ont eu lieu putschs et milliers de morts, en période de " démocratisation " néolibérale. Comment le pays " modèle " de la Françafrique échapperait-il à cette " règle " consignée ici par l’Accord de Défense ?
La participation multinationale au capital de Total ne change rien à l’affaire. Ce que prouvent aussi bien la position française sur l’Irak que l’état actuel des relations franco-angolaises, entre autres. N’est-ce pas aussi en rapport avec les intérêts pétroliers qu’a été décidée l’annulation de la procédure judiciaire dite des " disparus du Beach " par la Cour d’appel de Paris, le 22 novembre 2004, concernant la disparition de trois centaines de jeunes Congolais confiés aux autorités congolaises ; " une décision sans précédent " d’après Me Patrick Baudouin, avocat de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme ? Une affaire au cours de laquelle la prétendue " séparation des pouvoirs " caractéristique de " l’État de droit " a été mise à mal par la très vespérale audience de week-end, vers 1 heure du matin, le 4 avril 2004, afin de libérer et renvoyer au Congo le directeur général de la police congolaise mis en examen pendant un séjour d’agrément dans la région parisienne. Avec pour conséquence le déplacement vers un autre tribunal du juge d’instruction de Meaux l’ayant incarcéré. Pratique de république bananière en plein pays de Montesquieu qui ne peut surprendre que ceux et celles qui ne veulent rien entendre des pratiques de corruption réciproque entre dirigeants politiques françafricains de la métropole et des territoires africains. L’association coup d’État/guerre-pétrole/minerais est plus rationnelle que l’association coup d’État/guerre-cacao.
Au nom de la " Refondation " libérale les partisans de Gbagbo, tel Mamadou Koulibaly, n’entendent pas perpétuer la dépendance à l’égard de l’ancienne métropole au travers de la Communauté Financière Africaine et de sa " zone Franc CFA ". La dévaluation du Franc CFA annoncée par la France en 1994, avant convocation des Chefs d’État de la zone CFA, a été vécue comme un humiliant rappel de la facticité de l’" indépendance " ou de la " souveraineté nationale ". Une monnaie nationale, régionale ou continentale est pour bon nombre d’économistes africains un projet à réaliser. Les performances économiques capitalistes de la Côte d’Ivoire, plus importantes que celles d’autres pays africains pourvus d’une monnaie nationale, le permettraient. En 2003 la Côté d’Ivoire a en effet produit 38,5 % du PIB et 45 % de la masse monétaire des huit pays de la sous-région Union Économique et Monétaire de l’Ouest Africain (UEMOA) de la Communauté Financière Africaine. D’où le récent rappel de Gbagbo à ses pairs soutenant la rébellion : sans la Côte d’Ivoire il n’y a pas d’UEMOA. Ce qu’il avait déjà méchamment démontré en retardant sa contribution en 2003, grippant ainsi la Banque Centrale des États de l’Afrique Occidentale (BCEAO, dont Ouattara a été Gouverneur, poste réservé à la Côte d’Ivoire).
Cette importance économico-monétaire de la Côte d’Ivoire est aussi la raison pour laquelle ce projet de " souveraineté " ne peut être accepté par la métropole monétaire qui a conservé, malgré le passage à l’euro, la garantie du Franc CFA par le Trésor français. Cette tutelle monétaire assure le contrôle des économies de la zone et garantit les bénéfices des capitaux français en assurant la convertibilité illimitée, la parité fixe avec l’euro et surtout la liberté des transferts. Le mécanisme de tutelle est assuré par la centralisation des réserves de change. " Elle apparaît à deux niveaux puisque les États centralisent leurs réserves de change dans chacune des deux grandes banques centrales tandis qu’en contrepartie de la convertibilité illimitée garantie par la France, les banques centrales africaines sont tenues de déposer au moins 65 % de leurs réserves de change auprès du Trésor français, sur le compte d’opérations ouvert au nom de chacune d’elles " (26).
Il s’agit d’un instrument de domination que la France n’entend pas céder. Ainsi, le projet piloté par le Nigeria d’une monnaie régionale de tout l’Ouest Africain, programmé en 1992 pour 1994, n’avait pu être réalisé. Les deux banques centrales régionales n’ayant pas par la suite été réceptives aux arguments du courant anti-Zone Franc CFA exprimés lors du colloque sur le Franc CFA organisé par la principale institution panafricaine, non-gouvernementale, le Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociales en Afrique, à Dakar en 1998. L’un des animateurs n’était autre que l’actuel n° 2 de l’État ivoirien, Mamadou Koulibaly, qui en économiste monétariste ne démord pas sur la question. Que Gbagbo, comme Olympio en son temps, ait entrepris la préparation d’une sortie de la Zone Franc ne serait pas surprenant, vu le développement des relations avec l’Angola, l’un des rares États africains dont la monnaie nationale (kwanza) est liée au dollar. Ainsi, ce hasard du calendrier aussi relevé par le Comité d’Initiative des Intellectuels du Sénégal " nous avons du mal à croire que, seulement une semaine après la Conférence Internationale d’Abidjan pour la Réforme de la Zone Franc, l’armée française ouvre le feu sur les symboles visibles de la souveraineté de la Côte d’Ivoire de manière violente et barbare, haineuse et sanguinaire ".

Barbarie ou…?

Le langage des armes dans une ambiance d’ethno-confessionalisation, relative certes, des clivages, en un temps où l’espérance révolutionnaire active a encore du mal à se relever des décennies d’escroquerie sur le socialisme, rend plus difficile la situation des partisans d’une réponse anticapitaliste à cette crise du néocolonialisme et des organisations radicales du mouvement social. Ainsi, les organisations révolutionnaires ivoiriennes, victimes aussi des milices de Gbagbo, n’ont pas manqué de rappeler la nature réelle de ce conflit, franco-ivoirien dès le départ, dans lequel, comme d’habitude, le peuple est l’herbe sur laquelle se battent les éléphants, pour leurs intérêts oligarchiques.
Par malheur, le sort du peuple ivoirien, comme celui des immigrés ouest-africains, libanais, syriens, français… dépend des co-gestionnaires de l’ordre établi, au niveau international, de ceux qui ont co-organisé Linas-Marcoussis et Accra : de Chirac à Mbeki en passant par Eyadéma, de l’ONU à l’Union Africaine en passant par la CEDEAO et la Francophonie.
La paix civile qui pourrait être restaurée ne va pas mettre un terme à la violence économico-sociale de la néolibéralisation (implicitement inscrite dans l’Accord de Marcoussis par la participation des institutions de Bretton Woods au suivi du dit Accord), sur laquelle ne s’opposent pas substantiellement les tenants de " l’ivoirité " et leurs comparses prétendument anti-ivoirité, bien qu’ils aient voté le très " ivoiritaire " Code foncier et se soient montrés aussi habiles en charniers humains. Dans ce pays à l’État si endetté depuis le temps du père de la dépendance néocoloniale risque de s’accentuer la déscolarisation des enfants — les filles surtout —, le travail des enfants, la prostitution, le chômage… Bref, l’insécurité sociale, humus du chauvinisme, de la violence du lumpen-prolétariat… Ainsi, la paix civile, au-delà des élections, choix entre deux maux — maintenir Gbagbo ou le remplacer par l’un de ses rivaux néolibéraux - devrait être mise à profit pour l’unité des luttes des exploités, opprimés de Côte d’Ivoire, au-delà des différences d’appartenance ethnique, régionale, nationale, confessionnelle, ou de genre.
Poumon économique de la région, la Côte d’Ivoire pourrait aussi devenir l’un des pôles de la construction d’une dynamique anticapitaliste régionale, favorisée par la présence dans plus d’un cas des mêmes multinationales dans le voisinage (Ghana, Liberia, Nigeria… " anglophones " compris), par l’existence d’organisations régionales néocoloniales contre lesquelles devrait se construire une dynamique de solidarité régionale des peuples exploités et opprimés. De la région au continent, du continent à l’intercontinental, tous et toutes ensemble contre l’ordre criminel capitaliste.
         
ALASSANE OUATTARA: DE LA HAUTE VOLTA A LA COTE D’IVOIRE, HISTOIRE D’UN PARCOURS CONTROVERSE
 
(Afrique Education du 16 au 31 décembre 2004)
Autant il est difficile à l’historien, contemporain des évènements, d’être objectif dans la présentation des faits auxquels il fut partie prenante, autant il est impossible au journaliste ayant participé ou intéressé aux évènements de les relater sans parti pris et avec une appréciation proche de la vérité.
Appuyées sur des foules passionnément dévorées par des préoccupations à courte vue et les réactions irréfléchies de leurs rivaux, soutenues par d’autres foules fanatisées aux yeux rivés sur des intérêts spécieux, toutes aussi mal informées et manipulées que les premières, les ambitions personnelles débridées de politiciens ivoiriens ont vite fait d’obscurcir le débat sur la juste détermination de la nationalité ivoirienne, préalable à la refondation nécessaire de l’Etat ivoirien et à la véritable modernisation industrielle de la société ivoirienne.

Telle que se présente actuellement la situation politique générale un peu partout en Afrique et spécialement en Côte d’Ivoire, le déchaînement des passions ne doit pas faire perdre raison : les drames angolais, burundais, congolais, libérien, sierraléonais, somalien, soudanais et surtout la tragédie rwandaise obligent de proclamer contre vents et marées ce qui est vérité pour apaiser les rancœurs, rapprocher les cœurs et prévenir et éviter tout nouveau génocide sur le terre africaine.

I : DES VERITES HISTORIQUES INCONTESTABLES.
N’en déplaise aux falsificateurs de l’histoire, l’ancien premier ministre Alassane Dramane Ouattara a beau naître, en 1942, sur le territoire de la Côte d’Ivoire actuelle. En 1960, année de l’indépendance de la Haute-Volta, actuel Burkina Faso, et de la Côte d’Ivoire, il était sans conteste aucun ressortissant voltaïque et se reconnaissait tel jusqu’en 1985. N’a-t- il pas fait, jusqu’à cette date fatidique ses études primaires et secondaires, ses études supérieures aux Etats-Unis et entrepris sa carrière de fonctionnaire comme citoyen voltaïque jusqu’à occuper, au titre de la Haute-Volta, le poste de vice-gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ?

Refusant en cette année, pour des raisons insoupçonnées, de mettre ses compétentes au service de la révolution burkinabé lancée par le bouillant capitaine Thomas Sankara, il dut abandonner son poste de vice-gouverneur à la BCEAO pour être récupéré par le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny (FH-B) qui n’entendait pas laisser la révolution s’installer en Haute-Volta et faire irruption dans son pays, la Côte d’Ivoire et aux alentours.

Viscéralement hostile à la révolution burkinabe et ennemi juré du Capitaine Thomas Sankara, l’ancien citoyen voltaïque, titulaire du passeport diplomatique voltaïque, se retrouvait, par la bienveillance du père de l’indépendance ivoirienne, nanti du passeport diplomatique ivoirien et fonctionnaire au Fonds monétaire international (FMI). Puis, à la mort brusque, en 1988, de l’Ivoirien Abdoulaye Fadiga, gouverneur de la BCEAO, le président ivoirien, fort de son influence auprès de ses pairs de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) et piétinant les dispositions statutaires de la BCEAO pour une direction tournante, imposait par le forcing son poulain Alassane Dramane Ouattara comme nouveau gouverneur à l’étonnement et au grand dam des ses homologues notamment le Béninois Mathieu Kerekou qui avait son propre candidat en la personne de Baba Moussa, son ministre du Plan.

Et, sans être nullement indisposé par la nationalité imprécise du nouveau gouverneur de la BCEAO, le président FH-B, sur les conseils voire sous les pressions des dirigeants des institutions financières internationales notamment le FMI et la Banque mondiale, l’appelait, en tant que technocrate, à prendre en mai 1990 la direction du gouvernement ivoirien.

Les réticences voire les sentiments d’hostilité exprimés à cette occasion par la quasi-totalité de la classe politique et de l’opinion ivoiriennes furent vite contenus par le rappel de la vieille pratique éprouvée du président ivoirien, panafricaniste pragmatique, nommant à des postes politiques des cadres africains non ivoiriens pour leur compétences reconnues, par la crainte d’une punition sévère de la part d’un président à autorité réfractaire à toute contestation et surtout par les rumeurs selon lesquelles l’intéressé fut choisi sur indication expresse des bailleurs de fonds, uniquement pour redresser la situation économique : ce qui sous-entendait qu’il devait se garder de porter ombrage au successeur constitutionnel du président de la République, le président de l’Assemblée Nationale, en l’occurrence Henri Konan Bédié (HKB).

Mais, c’est oublier que « la nature humaine est insondable » et compter sans les ambitions insoupçonnées des hommes.

Une fois hissé au poste de premier ministre chargé de redresser la situation économique du pays, le technocrate Alassane Dramane Ouattara, qui ne s’était jamais frotté à la politique, s’est vu pousser aussitôt de grandes ailes politiques. Fort des succès à lui reconnus par d’aucuns dans la mise en œuvre en Côte d’Ivoire de la politique de réajustement économique et social préconisée par les institutions de Bretton Woods, il lui est vite venu à l’esprit l’idée qu’il pouvait aspirer valablement à la magistrature suprême en cas de disparition du président de la République de Côte d’Ivoire : il se transmuait en ADO pour des centaines de milliers de partisans, subjugués par son charme flamboyant.

Dès lors, les dix-huit derniers mois de l’existence du président FH-B, malade, hospitalisé voire agonisant à l’étranger, furent alors propices à diverses intrigues, manœuvres et manigances ténébreuses qui n’ont pas manqué de laisser dans la classe politique locale des ressentiments indélébiles caractérisés par des inimitiés profondes et des rancoeurs tenaces entre les prétendants à la magistrature suprême du pays.

Premier ministre assurant l’intérim du chef de l’Etat indisposé, ADO par des actes déplorables pour le moins inexplicables, s’aliéna maladroitement.la quasi totalité des ténors d’une classe politique ivoirienne aux aguets depuis des années pour la succession du père de l’indépendance : par manque de courtoisie à plusieurs occasions à l’égard de HKB, président de l’Assemblée Nationale et successeur constitutionnel du chef de l’Etat, il eut le culot, avide du pouvoir, de tenter une révision constitutionnelle, assimilée par d’aucuns à un coup d’Etat constitutionnel, bloquée grâce à la ferme opposition du général Robert Gueï, alors ministre de la Sécurité, en suggérant le remplacement de la disposition constitutionnelle stipulant que le président de l’Assemblée Nationale termine le mandat du président décédé ou dans l’incapacité reconnue d’exercer ses fonctions par un amendement imposant une élection présidentielle après un intérim limité à soixante jours.
Pour les partisans de Henri Konan Bédié, tout près d’investir l’Etat, plus que de l’imposture et de la forfaiture, c’était une tentative d’usurpation qui relève du crime de lèse-majesté.

DE LA RESPONSABILITE DES APPRENTIS-SORCIERS DE LA POLITIQUE.

Apparues comme une offre publique d’achat (OPA) lancée par un premier ministre à la nationalité indéterminée et de surcroît novice en politique sur la présidence de la République au détriment des prétendants de longue date, les ambitions présidentielles d‘ADO firent exploser les relents de xénophobie qui somnolaient chez des groupements ethniques se voulant les premiers occupants du sol ivoirien : dans ce pays aux données démographiques peu fiables avec des communautés étrangères représentant près de la moitié de la population totale, l’engouement fanatique des immigrés de seconde et troisième génération et de beaucoup de résidents étrangers pour ADO, devenu leur recours, ne fit que renforcer le sentiment de répulsion des Ivoiriens de souche à l’endroit des allogènes. Il est reproché à ces derniers qu’en plus des emplois volés aux autochtones, ils veulent désormais leur ravir la présidence de la République.

En effet, avec la bienveillance de l’administration coloniale française et du gouvernement du président Félix Houphouët-Boigny, outre des Européens et des Levantins, de nombreux Ouest-Africains (Béninois-Dahoméens, Burkinabè-Voltaïques, Ghanéens, Guinéens, Mauritaniens, Maliens, Nigériens, Nigérians et Togolais), s’étaient rués en Côte d’Ivoire pour participer à sa mise en valeur. Après l’indépendance, la volonté du président FH-B de développer son pays lui imposait le recours massif à une main-d’œuvre disponible dans les pays limitrophes et en Afrique de l’Ouest.

Mais, depuis les temps coloniaux, les Ouest-Africains, indispensables comme main-d’oeuvre corvéable, n’étaient acceptés comme résidents que du bout des lèvres : une Association de défense des autochtones vit le jour dès 1934 et, en 1958-1959, à l’instigation de la Ligue des originaires de Côte d’Ivoire, des milliers de Dahoméens et de Togolais devenus indésirables et victimes de brimades et d’exactions au cours d’un pogrom, durent rentrer les mains vides dans leur pays.

D’ailleurs, ils furent indemnisés par les soins du président FH-B qui, en panafricaniste pragmatique jouant ainsi l’apaisement, sut vite recréer les conditions de paix et de sécurité qui firent revenir en masse les travailleurs ouest-africains, créateurs de la prospérité. Sur cette lancée et sûr de lui, le père de l’Indépendance, tout en veillant à une répartition quelque peu équitable ethniquement, régionalement et confessionnellement des pouvoirs, honneurs et richesses, FH-B par solidarité africaine fit des descendants les plus compétents des tout premiers immigrés des dirigeants des grands corps de l’Etat, des services publics, des entreprises publiques, semi-publiques et parapubliques voire des ambassadeurs et des ministres.

Ainsi, quoique fort perceptibles, les inégalités économiques et les injustices sociales sur les bases raciale, ethnique, régionale et religieuse ne revêtaient pas une ampleur antagonique et conflictuelle avérée : le père de l’indépendance put même octroyer à des résidents étrangers le droit de vote qui ne fut supprimé qu’en 1994, au lendemain de sa mort. Néanmoins, chaque fois dans les années 1960, 1970 et 1980, qu’il voulut donner la nationalité ivoirienne à ses chers résidents étrangers, des hostilités tenaces se manifestaient chez les groupements ethniques autochtones. C’est confronté à une situation interne ivoirienne frappée au milieu des années 1980 par la régression économique et par de vifs ressentiments des autochtones à l’égard des étrangers taxés de voleurs d’emplois que le président FH-B dut affronter la révolution burkinabé du Capitaine Thomas Sankara.

Mais, à vouloir éviter le Charybde de la révolution burkinabé, le père de l’indépendance ivoirienne fit échouer le navire ivoirien sur le Scylla des ambitions d’ADO dont le capitaine Blaise Compaoré, le Bonaparte du Burkina Faso, n’a pas su mesurer les inconvénients pourtant perceptibles au regard des réalités socio-politiques ivoiriennes : manifestement les ambitions présidentielles d’ADO, fermement soutenues par de petits ambitieux locaux tapis dans l’ombre et couvertes, pour des raisons inavouées, par le chef de l’Etat burkinabé sûrement averti de la complexité de la nationalité du prétendant, étaient appelées à déstabiliser la Côte d’Ivoire et les pays de la sous-région.

De fait, au lieu d’une ivoirité intégrative, le président Henri Konan Bédié, revanchard et rancunier à l’égard d’Alassane Dramane Ouattara, usurpateur potentiel, en fit un instrument d’exclusion, endossé avec empressement par son successeur le général Robert Gueï et, de façon subreptice, par le président Laurent Gbagbo voire par les élites des ethnies et tribus se proclamant autochtones en Côte d’Ivoire : le code foncier de 1998 et les dispositions constitutionnelles relatives aux conditions d’éligibilité à la magistrature suprême en portent la marque.

Jamais les ambitions présidentielles d’un seul individu n’ont autant pesé sur le devenir d’un pays, la Côte d’Ivoire et celui d’une sous-région, l’Afrique de l’Ouest. Déchaînant les passions au point d’empêcher toute réflexion sereine, cela met à rude épreuve le nationalisme patriotique, l’idéologie de refondation de l‘Etat et d’une société industrielle moderne et ouvre la voie à des dérives incontestablement ethno-chauvines et xénophobes inacceptables.
DU NATIONALISME A L’ETHNO-CHAUVINISME : L’ETAT-NATION EN QUESTION

Entre le nationalisme patriotique, fondement idéologique de toute juste politique de libération et d’indépendance nationales, de modernisation de l’Etat et d’industrialisation de la société dans l’intérêt de l’ensemble du peuple, et l’ethno-chauvinisme xénophobe, fauteur de guerres pour le malheur de tous, la conscience universelle impose la dénonciation et le rejet du second partout dans le monde, notamment en Côte d’Ivoire pour sauver les peuples de l’Afrique de l’Ouest d’un cataclysme aux conséquences effroyables.

Parce que les nations industrielles avancées, impérialistes impénitents, fondent en réalité la politique actuelle de mondialisation sur des valeurs ethno-chauvines avérées comme le font les conquérants anglo-saxons et hébreux, la dénonciation de la dérive ivoirienne ne saurait épargner ceux qui, se proclamant faussement démocrates et défenseurs des droits de l’homme, en donnent l’exemple dans leur comportement de dominateurs et d’envahisseurs incorrigibles.

Au regard de l’histoire et de la sociologie politique, la règle veut que, dans tout pays, la nation ne se conçoit pas sans que les forces structurelles que sont les ethnies, les classes et couches sociales ne se soient muées en une véritable communauté de destin avec un dessein collectif déterminé sous l’égide d’élites nationales. Et les vieilles nations constituées partout dans le monde ne sont-elles pas œuvres d’hommes d’Etat rassembleurs d’ethnies et nationalités diverses en de puissantes communautés épanouies par la modernisation industrielle ?

Sans nullement biffer leurs origines raciale, ethnique, régionale et leur croyance religieuse qui restent des données ineffaçables, ces élites gouvernantes s’affirmaient des nationalistes authentiques parce qu’ils incarnaient jalousement les intérêts collectifs de l’ensemble de leur communauté sans distinction aucune. Une disposition d’esprit essentielle que les gouvernants africains arrivent difficilement à se donner.

En effet, ils ont beau se proclamer nationalistes : une fois parvenus au pouvoir qu’ils tiennent à conserver ad vitam, non pour assurer le développement du pays et y réduire les inégalités sociales mais pour jouir de ses délices, l’instinct ethnique voire tribal l’emporte sur tout dessein national : transmuée en nation et objet de toutes les préoccupations, l’ethnie ou la tribu de l’élite gouvernante devient le bouclier de la conservation du pouvoir, quitte à anéantir les autres ethnies et tribus promues ennemis et, du nationalisme qui exige le dépassement de soi et de son ethnie ou tribu pour l’intérêt de tous et le bien collectif de toutes les ethnies et tribus, le passage à l’ethno-chauvinisme est vite fait.

A l’ombre d’une pareille idéologie réductrice, se manifestent, non des méthodes de type fasciste mais plutôt des pratiques sauvages qui refusent à l’autre, l’étranger, voleur de la terre ou voleur de l’emploi, le droit à la terre, le droit au travail et donc, le droit à la vie.
EN GUISE DE CONCLUSION.

Les dérives idéologiques condamnables de certains gouvernants ivoiriens actuels ne doivent surtout pas pour autant faire la part belle aux affidés de l’ethno-tribalisme qui ont lancé une OPA toute aussi inacceptable sur la Côte d’Ivoire.

Comme tout pays indépendant et souverain, la Côte d’Ivoire se doit de déterminer dans la sérénité les critères et les valeurs qui fondent une ivoirité intégrative des communautés appelées à créer une nation ivoirienne forte et prospère et à déterminer les conditions d’éligibilité aux fonctions électives, à commencer par la magistrature suprême.

Le soutien voire la compromission, pour des raisons inavouées, des dirigeants africains ou des forces et puissances étrangères dominatrices à la gâchette facile avec des usurpateurs potentiels ne fait que compliquer l’état d’une société ivoirienne malade des exactions de tous genres et qui mérite plutôt un sursaut salvateur sous l’égide d’une nouvelle équipe dirigeante acceptable pour le peuple ivoirien tout entier sans distinction de race, d’ethnie, de région et de religion.

Atsutsè Kokouvi AGBOBLI.

reponse poste par: Historien sur abidjan.net


" Houphouet avait recuperé Dramane apres sa brouillle avec Sankara pour en faire le Pr voltaique en remplacement de Sankara dans un futur immediat. Puisque Blaise s'est empressé a materialiser le plan en eliminant Thomas le 15 Octobre 1987, il a fallu utiliser Ado ailleurs, voila la source de vos malheurs. Et Blaise sera toujours disposé a fournir les "preuves" que Ado n'est pas de chez nous. "

Houphouet, le patron de la francopholie etait un destabilisateur. Bongo a depuis, pris sa place. Tout est clair.

COTE D’IVOIRE
L’adroite exploitation des rentes du café et du cacao avait permis à Houphouët-Boigny et son entourage d’édifier des fortunes considérables, avec la bénédiction intéressée de ses " correspondants " français (143). Le Quid dressa jadis le palmarès de ces fortunes ivoiriennes : sept notables du régime ivoirien disposeraient de plus d’un milliard de FF - à commencer par l’ancien Directeur des Douanes (et nouveau Président de la République), Henri Konan-Bédié, qui disposerait de quelque 2,5 milliards de FF Ces personnages avaient, tels les fermiers généraux d’avant 1789, été placés à des postes stratégiques de pompage des ressources privées et publiques (distinction largement théorique). Point n’est besoin d’insister sur les facilités offertes par les Douanes : l’administration " oublie " de réclamer la moitié des droits à l’importation. Konan-Bédié, lorsqu’il était ministre de l’Economie et des Finances fut éclaboussé dans l’affaire, énorme et exemplaire, de la surfacturation des " complexes sucriers ". Et les meilleurs serviteurs du régime se voyaient gratifiés d’un royal " bénéfice " : un poste de quotataire (les 45 intermédiaires exclusifs de la commercialisation du café et du cacao).
On a évalué la fortune du premier de ces quotataires, Félix Houphouët-Boigny, à quelque 60 milliards de FF : plus que le PNB ivoirien, six fois la plus grosse fortune française. Même si ce chiffre est surestimé, plusieurs indices étayent son ordre de grandeur - à commencer par les cagnottes des courtisans. H.-B. a mobilisé sans peine, " sur sa cassette personnelle ", les 740 millions de FF qu’a coûté la basilique de Yamoussoukro. Le journaliste Philippe Madelin (144) a dressé un inventaire (sans doute très partiel) des intérêts et propriétés du " vieux sage ", en Côte d’Ivoire, certes (par exemple, l’essentiel des terrains de Yamoussoukro), mais aussi en France et en Suisse : " Quel est l’homme sérieux dans le monde qui ne place pas une partie de ses biens en Suisse ? " a lancé un jour H.-B. aux enseignants en grève... Une voie d’accumulation parmi bien d’autres : H.-B. produisait plus de 30 000 tonnes d’ananas par an, un tiers de la production ivoirienne, avec des ouvriers payés par le budget de l’Etat !
Cela n’empêchait pas la Côte d’Ivoire d’être le premier bénéficiaire de l’aide au développement française en Afrique noire. Il fallait d’abord combler les trous d’une gestion-passoire des finances publiques (145) (une libéralité alimentant largement les cagnottes de ses ordonnateurs), puis financer des projets " très beaux, très chers, très commissionnés ", au taux de retour prodigieux (146).
Cette " belle époque " est en grande partie révolue, comme le patrimonialisme paternaliste d’Houphouët. Les temps sont durs, et les méthodes se sont durcies. Mais les réseaux restent très présents en ce pays-clef, épousant les dérives de ses responsables politiques. H.-B. était resté fidèle à Jacques Foccart - son confident de tous les instants. Il se débarrassa de la plate-forme de " communication " proposée par le réseau Jean-Christophe Mitterrand (Adefi-International), mais se laissa pourtant séduire par le montage financier que ce même réseau, associé à Sucden, lui proposa pour le stockage du cacao (147). Bouygues est omniprésent : Université et cathédrale de Yamoussoukro, concession des principaux services publics. Après la mort d’H.-B., la Françafrique a choisi Konan-Bédié. Elle lui a fait l’ascenseur dans la course à la succession. Lui aussi est tenté par le dérivatif ethnique (à l’encontre des musulmans du Nord).
L’on apprend, à propos de l’énorme dossier de fausses factures instruit par le juge Halphen (dossier dans lequel sont impliqués Michel Roussin, la mairie de Jacques Chirac et le département de Charles Pasqua) que les fonds transitaient, entre autres, par les sociétés ivoiriennes d’un très curieux personnage, Yanni Soizeau - décédé depuis lors. Colonel à la retraite, ancien mercenaire (au Cabinda, notamment), " noceur " invétéré, il avait fini par se fixer à Abidjan, d’où il exerçait une " pluriactivité " considérable : renseignement (DGSE), trafic d’armes (via une société suisse, la SIG), joint-venture dans la banane avec le directeur ivoirien des Douanes, relations suivies avec la nièce d’Houphouët et Konan-Bédié, domiciliation enfin d’un " bureau d’études " d’où il multipliait les fausses factures envers des entrepreneurs français du BTP, leur ouvrant de fructueux contrats de travaux à Euro-Disney, la GMF ou le GAN... Avec un point commun à presque tous les acteurs et intermédiaires (de droite et de gauche) de ce gymkhana financier : l’appartenance maçonnique. Au final, Yanni Soizeau sortait en liquide l’argent des fausses factures, dans une agence parisienne du CCF (148). Bref, à lui tout seul, une synthèse de la Françafric Connection, et un atlas de ses circuits !
24 janvier 2005
Source: L'Express du 06/04/2000
Corruption
Main basse sur l'aide européenne
par Jérôme Dupuis, Jean-Marie Pontaut
En tout, c'est 180 millions de francs versés par Bruxelles pour la santé et la préparation des élections qui ont disparu entre 1992 et 1997. Mais pourquoi la Commission européenne a-t-elle mis si longtemps à s'en rendre compte?Où ont disparu les 180 millions de francs que l'Union européenne a versés à la Côte d'Ivoire? Cette aide, destinée essentiellement au programme de santé, a été systématiquement détournée entre 1992 et 1997, comme l'attestent plusieurs audits récents de la Commission européenne et un rapport accablant de l'Inspection des finances ivoirienne, dont L'Express a pris connaissance. Ce scandale est d'autant plus choquant qu'il porte sur des fonds qui devaient alimenter la lutte contre le sida et la mortalité infantile ou encore participer à l'amélioration du système hospitalier. Une autre partie des subventions, prévue pour accompagner l'organisation d'élections démocratiques en 1995, a, elle aussi, mystérieusement disparu. Certes, la corruption n'est pas un phénomène totalement nouveau en Afrique; mais, cette fois, ce sont des dizaines de millions octroyés par les instances européennes qui se sont évaporés au nez et à la barbe de l'administration de Bruxelles et des fonctionnaires européens détachés à Abidjan. Sans même que les députés européens en soient informés. La France est tout particulièrement concernée, dans la mesure où elle fournit à elle seule un quart des subventions européennes attribuées à l'Afrique.

Cette affaire, demeurée dans l'ombre, vient de rebondir spectaculairement en Suisse. A la faveur du récent changement de gouvernement en Côte d'Ivoire - le général Gueï a remplacé l'ancien président Konan Bédié en décembre 1999 - une dizaine de comptes bancaires attribués à des proches de l'ancien pouvoir ont été bloqués, à la mi-mars, à Genève, Zurich et Lugano. L'actuel gouvernement ivoirien espère bien retrouver dans les coffres des banques helvètes une partie des 180 millions disparus. Un édifiant circuit Bruxelles-Abidjan-Genève. Ou comment convertir des millions d'euros en francs CFA et les transformer en anonymes francs suisses.
Tout commence avec les conventions de Lomé en 1975: les Communautés européennes décident de soutenir l'économie et le développement de 71 Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. L'enveloppe globale est réajustée tous les cinq ans. La plus récente, qui porte sur la période 2000-2005, s'élève à 90 milliards de francs (13,5 milliards d'euros). A elle seule, la France verse un quart de cette somme (soit 22 milliards de francs) au titre des relations historiques qui la lient à l'Afrique - en clair, en tant qu'ancienne puissance coloniale. Une partie de ces subventions est distribuée par le Fonds européen de développement (FED), qui dépend directement de la Commission européenne de Bruxelles. En 1992, cet organisme a versé 400 millions de francs à la Côte d'Ivoire pour soutenir la politique de santé, la décentralisation et l'organisation d'élections. C'est 40% de cette aide - soit 180 millions de francs - qui seront détournés dans des conditions souvent extravagantes. Mais il faudra cinq ans aux responsables de la Commission européenne pour s'en apercevoir.
Un rapport confidentiel de l'Inspection générale des finances ivoirienne, remis au ministre de l'Economie le 19 novembre 1999, détaille ce pillage des subventions de Bruxelles. Pour effectuer cette enquête, des équipes de contrôleurs ont sillonné la Côte d'Ivoire et visité hôpitaux, dispensaires, orphelinats et pouponnières. Plus de 500 dossiers ont été examinés. Les principaux détournements proviennent de surfacturations de matériel médical: ainsi, un pèse-bébé d'une valeur de 202 francs est facturé 4 900 francs; une «boîte d'accouchement» vendue normalement 500 francs apparaît sur les comptes pour la somme de 4 850 francs; une boîte à suture à 247 francs revient, elle, à 6 885 francs; un tensiomètre à 87 francs est facturé 1 960 francs; enfin, un stéthoscope évalué à 85 francs est payé 2 885 francs! Au total, ces surfacturations se sont élevées à 4,9 millions de francs.
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Surfacturations et évaporations Plus simple encore: une partie du matériel payé n'est tout simplement pas livrée. Le centre médico- scolaire d'Abidjan attend toujours, par exemple, des fauteuils dentaires d'une valeur de 116 000 francs; l'hôpital d'Adiaké n'a pas reçu un générateur évalué à 148 500 francs; ne parlons pas des tabourets et des instruments d'anesthésie - de 2 000 à 8 000 francs - qui n'ont jamais été reçus par l'hôpital de Grand-Bassam; un appareil de radiographie (104 000 francs) n'est jamais arrivé à l'hôpital général de Danané; de même, du matériel chirurgical (130 000 francs) aurait été livré en 1995 à l'hôpital de Dankono, alors que le bloc opératoire n'a été inauguré qu'en 1999...

A l'intérieur du pays, les méthodes sont parfois ubuesques: ainsi le centre social de Becedi-Anon aurait reçu du matériel médical pour 115 000 francs. Seul problème: l'adjoint au chef de village a expliqué aux enquêteurs qu'il n'existe pas de centre social dans sa commune... Même scénario à Damé. Coût de la facture fantôme: 131 000 francs. Au total, ces fournitures payées, mais non livrées, s'élèvent à 2,9 millions. Parfois, les matériels sont bien livrés mais «confisqués» par une personnalité locale: ici, c'est une cuisinière à gaz qui se retrouve chez un député; ailleurs, du matériel de dentisterie a été troqué contre de la nourriture... Les exemples de travaux non réalisés dans les hôpitaux du pays abondent: climatiseurs non posés dans des pouponnières, fenêtres absentes dans l'un des instituts pour aveugles, chauffe-eau non livrés dans une maternité. Au total, près de 2 millions alloués par l'Union européenne se sont évaporés sous forme de matériels inexistants ou de travaux fantômes.
Le Planning familial ivoirien détient le record de détournements. Selon l'Inspection des finances, 92% des crédits européens se sont volatilisés - soit 1,7 million de francs. L'argent de Bruxelles n'est jamais parvenu à cet organisme mais a été directement versé sur un compte bancaire au nom du ministre de la Santé de l'époque (compte n° 7012167 à la CAA). La nouvelle directrice du Planning familial ignorait même qu'une subvention européenne lui avait été allouée! Sur le compte du ministre apparaissent des dépenses peu en rapport avec la politique de natalité: 950 000 francs de tee-shirts, retrait en espèces de 716 000 francs, 94 000 francs de carburant... D'autres factures ont permis de payer des cours de formation à Dakar, au Togo («cours de formation de formateurs en information, communication, éducation») ou encore à Lyon. «Les pièces justificatives présentées par le Planning familial et qui peuvent être jugées acceptables s'élèvent à 170 155 francs et ne représentent que 8,3% de l'appui de l'Union européenne, conclut l'Inspection des finances. Ce pourcentage, comme on peut le constater, est loin du seuil de confiance...»
Même les fonds attribués à la lutte contre le sida sont dilapidés sans contrôle. L'Union européenne a versé 7 millions de francs entre 1995 et 1997 pour lutter contre ce fléau qui décime l'Afrique - et particulièrement la Côte d'Ivoire: à ce jour 420 000 personnes sont mortes du sida et l'on estime à 700 000 le nombre de séropositifs. L'utilisation des fonds est accablante. Par exemple, la fabrication de 3 000 affiches, sur lesquelles on peut lire: «Sida menace notre pays», entre mars et mai 1997, a fait l'objet de factures d'un montant de 540 000 francs. Or les paiements ont été fractionnés en trois fois pour contourner l'obligation de recourir à des appels d'offres. Par ailleurs, l'organisme qui gère ces subventions a pris en charge, pour des médecins, des frais d'hébergement et de restauration «estimés luxueux». Sur le terrain, le ministère de la Santé n'aurait pas informé les responsables de la lutte contre le sida de l'existence d'une aide européenne. Conclusion sans appel des enquêteurs de l'Inspection générale ivoirienne: «Le programme de lutte contre le sida n'a jamais élaboré de budget. Les fonds sont dans un panier et utilisés dans tous les sens sans documents ni pièces de contrôle jusqu'à leur épuisement.»
 
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16 millions de francs en espèces Ces détournements massifs des aides de santé, aux conséquences humaines dramatiques, ne constituent, hélas, qu'une partie du scandale. L'autre volet important du soutien européen concerne l'organisation d'élections libres en Côte d'Ivoire. Mais, loin de servir au processus démocratique, les millions d'euros sont, là encore, soit «confisqués» par des hauts fonctionnaires ou des politiques, soit encaissés par quelques grandes familles qui détiennent un monopole de fait dans certains secteurs économiques. Le récit des élections municipales, législatives et présidentielle de 1995 et 1996 est particulièrement édifiant. L'Europe a versé 1 milliard de francs CFA - soit 10 millions de francs français - mais seule l'utilisation de la moitié de ces sommes semble «justifiée» par quatre factures aux intitulés très vagues.
Les principales surfacturations portent sur la fourniture de matériel électoral: urnes, tampons encreurs, affiches... En Côte d'Ivoire, tout électeur qui met son bulletin dans l'urne doit tremper son doigt dans une encre indélébile, pour éviter qu'il ne vote deux fois. La facture globale d'encre présentée à l'Union européenne s'est élevée à 2,3 millions de francs. L'enquête a révélé que l'encre est fournie par trois sociétés et que le prix du litre varie étrangement de 32 à 120 francs. Pourtant, ces trois entreprises appartiennent à la même famille...
Ce groupe, dirigé par Mme Koua, détenait le quasi-monopole sur l'encre indélébile, les tampons encreurs et les bâtonnets de cire. De son côté, la société Spiral a fourni la totalité des urnes sans le moindre appel d'offres. Ces deux structures ont récolté à elles seules pour 2,6 millions de francs de commandes sans passation de marché.
L'ensemble des crédits alloués aux élections fait d'ailleurs l'objet d'étranges manipulations.
 
Des sommes colossales ont été retirées du compte bancaire «spécial élections» pour être transférées sur un autre, appelé «opération déclaration hors délai». Un homme avait la haute main sur ce compte: Djobo Esso. Il a effectué des retraits en espèces pour un total de 16 millions de francs.
 
Officiellement, cet argent aurait été utilisé pour les frais de restauration des assesseurs et des fonctionnaires du ministère de l'Intérieur, pour acheter du «petit matériel électoral» ou payer, assez copieusement, les forces de sécurité. De plus, en 1995, sur les 2,6 millions de francs prévus pour couvrir les frais de vote des Ivoiriens à l'étranger, 1,7 million seulement serait parvenu aux ambassades...
Programme de santé, lutte contre le sida, aide aux élections: ce sont donc au total 180 millions de francs fournis par l'Europe qui ont été détournés à tous les niveaux: politique, administratif et médical.
Comment l'Union européenne a-t-elle pu ne pas remarquer une gabegie si criante? N'exerce-t-elle aucun contrôle sur les subsides qu'elle verse aux pays africains? Bruxelles dispose pourtant d'une délégation permanente de 25 personnes à Abidjan.
Dirigée par une fonctionnaire allemande, Mme von Brochowsky, celle-ci comprend notamment un ingénieur en génie civil, un économiste, un agronome et un responsable de la décentralisation. On pourrait imaginer que cette équipe veille attentivement à la bonne utilisation des fonds européens. «On ne peut pas mettre un fonctionnaire de la Commission derrière chaque directeur d'hôpital ivoirien, se défend Michel Arrion, assistant du directeur général du développement à Bruxelles.
Notre délégation a plutôt une mission macroéconomique mais n'exerce pas de contrôle comptable.» C'est pourtant elle qui, à la fin de 1997, constatera des irrégularités dans le financement du système de santé. Deux missions du siège bruxellois débarquent donc à Abidjan et réalisent des audits, en novembre 1998, puis en avril 1999. Leurs conclusions, accablantes, déclenchent l'enquête de l'Inspection générale des finances ivoirienne. D'ailleurs, ces inspections conduiront finalement la Côte d'Ivoire à «rembourser» l'Union européenne fin janvier 2000. 
Ou, plus exactement, l'Etat ivorien s'est remboursé lui-même, le ministère des Finances mettant à la disposition du système de santé 180 millions de francs...

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Il aura tout de même fallu cinq ans à la Commission européenne pour découvrir l'ampleur des malversations. De plus, Bruxelles n'a alerté les Etats membres qu'en janvier 1999, sous le sceau de la confidentialité absolue. Les députés européens, eux, devront attendre le 21 septembre 1999 pour que le commissaire européen au développement, Poul Nielson, alerte la présidente de la commission de contrôle budgétaire, la députée allemande CDU Mme Theato. Un long silence qui a indigné Thierry Jean-Pierre, député européen français, habitué à traquer les fraudes européennes: «Il est scandaleux que les députés européens n'aient pas été informés de ces détournements, qui concernent des secteurs aussi sensibles que la santé. Je ne comprends pas que la délégation sur place et les quatre experts du Fonds européen de développement détachés auprès de l'administration ivoirienne n'aient rien vu. Cela pose un problème de compétence. A moins qu'il n'y ait d'autres explications...» L'ancien magistrat s'est d'ailleurs rendu à Abidjan le 11 janvier dernier, en compagnie de Me Vergès. Le célèbre avocat venait rendre visite à une vieille connaissance, le général Gueï, nouveau président de la Côte d'Ivoire. Dans ce contexte agité, l'affaire du détournement des fonds européens est devenue un enjeu de politique intérieure ivoirienne. Par un mandat daté du 11 janvier, le général Gueï a donné pouvoir à Me Vergès d' «engager toute poursuite en Suisse et dans tout autre pays contre l'ancien ministre de la Santé, Maurice Guikahué, l'ancien ministre de l'Intérieur, Emile Bombet, et Mme Henriette Bédié», épouse de l'ancien président. Un mois plus tard, un second mandat élargit les recherches à Konan Bédié lui-même. Le 20 février, Guy Koizan, frère de Mme Bédié et directeur général de la Banque internationale de l'Afrique de l'Ouest Investissement, avait en effet été interpellé par la police ivoirienne. Depuis de longs mois, un juge ivoirien, Sansan Kambire, enquête sur les détournements des fonds européens: 63 personnes - dont 17 fonctionnaires du ministère de la Santé et 32 entrepreneurs- ont été arrêtées.
Mais c'est de Suisse que pourraient venir les révélations les plus spectaculaires. A la demande de la Côte d'Ivoire, le procureur de Genève, Bernard Bertossa, a bloqué un certain nombre de comptes bancaires à Zurich, Genève et Lugano. Parallèlement, une instruction judiciaire pour «blanchiment» a été confiée au juge genevois Marc Tappolet. Accompagné de Me Jacques Barillon, le ministre de la Justice ivoirien a remis un rapport à ce magistrat il y a deux semaines.
Une dizaine de comptes numérotés auraient été identifiés - dont deux ont été signalés «spontanément» par des banquiers, en vertu de la nouvelle loi sur le blanchiment. «Le président Bédié ne redoute nullement ces procédures», assure son avocat suisse, Michel Halperin.
Cette traque financière internationale autour de la corruption en Côte d'Ivoire pourrait néanmoins inquiéter d'autres régimes africains.
D'autant que les subventions de l'Union européenne ne représentent que 10% de l'aide totale perçue par l'Afrique. La Banque mondiale, le FMI et l'Etat français sont les autres bailleurs de fonds. «Selon le commissaire au développement bruxellois, assure Thierry Jean-Pierre, ces pratiques ont cours dans d'autres pays africains.» En effet, certains d'entre eux sont dans le collimateur de l'Union européenne, notamment la Guinée et le Ghana. Le cas ivoirien pourrait n'être que la première étape d'une opération mains propres en Afrique.
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POINT DE VUE:

Ce rapport vient porter par des preuves que l'ancien président de Côte d'Ivoire Mr Henri Konan Bédié (19993-1999) n'est pas un example de la bonne gouvernance. Le scandale du détournement honteux des 18 milliards de l'aide de l'UE accordés à la Côte d'Ivoire a éclaté sous le pouvoir de Bédié. Son ministre de santé d'alors Kakou Guikahuié est au sommet du PDCI avec les Djédjé Mady. C'est cette ancienne équipe qui continue d'infester le ciel politique de la Côte d'Ivoire en s'alliant à la rebellion pour exiger la mise de la Côte d'Ivoire sous tutelle de l'ONU. La suspension de la Constitution Nationale. La suspension de l'Assemblée Nationale. Le transfert du pouvoir exécutifs du Président de la République élu démocratiquement, à un premier ministre Banny imposé par la France pour servir ses intérêts en achevant le coup d'Etat manqué depuis la nuit du 18 septembre 2002.
Rappel: du temps où Bédié était le tout puissant ministre des Finances de feu Félix Houphouet Boigny, il avait était limogé pour mauvaise gestion (surfacturation des complexes sucriers). Pour narguer le peuple ivoirien dont la pauvreté contrastait avec la grande bourgeoisie des tenants du pouvoir, le jeune ministre avait fêté avec faste ses 7 milliards. Vous comprendrez mieux l'homme dans ses gestions au sommet de l'Etat.
Ministre des Finances (surfacturation), Président de la République (surfacturation). Peut-il honnêtement donner des leçons d'être un modèle de "Bonne Gouvernance"? Je vous laisse apprécier de vous même comment les Africains eux-mêmes sont les ennemis de leurs propres populations, les fossoyeurs de leurs parents, les humiliateurs des Etats africains. C'est vrai, les blancs ont pillé l'Afrique, ont fait l'esclavage, les travaux forcés, des massacres, ont tué nos leaders, entretiennent des coups d'Etat, des rebellions...la liste de leurs atrocités est longue. Mais entre nous frères Africains détourner l'argent de ces blancs destiné à soigner nos populations atteintes du SIDA, est tout simplement abominable, criminel.                                          
 
ACTUALITES - Vie Politique - Dossier spécial
22/11/2007 - 10:26   
Détournement de fonds, surfacturation, trafic de diamant…
Gros plan sur les comptes de Bédié à l'étranger
En dépit de ses efforts pour cacher la vérité sur ses avoirs hors du territoire ivoirien, des investigations montrent que Henri Konan Bédié détient la plus grosse fortune ivoirienne à l’extérieur. Une richesse acquise en grande partie de façon illicite et gardée, comme il est de coutume chez les dirigeants africains, dans les paradis fiscaux.

Des trois personnalités dont nous avons enquêté sur les avoirs dans les banques étrangères, notamment dans les paradis, Henri est sans contexte le plus cossu. Les soupçons d'enrichissement personnels à la suite de détournements de fonds publics dont il s'est rendu coupable datent des années 70, même si l'ancien n'a jamais été inquiété ni en Côte d'Ivoire ni à l'extérieur du pays. A la différence des anciens premiers ministres Alassane Ouattara et Charles Konan Banny qui ont fait leurs classes à la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), Aimé Henri Konan Bédié a évolué exclusivement dans le giron du pouvoir PDCI. Successivement, il occupera les postes de ministre de l'Economie et des Finances, puis ambassadeur de Côte d'Ivoire aux Etats-Unis, ensuite président de l'Assemblée nationale (dauphin constitutionnel), avant d'accéder à la magistrature suprême du pays. Le 7 décembre 1993, Houphouët Boigny décède ; sonne alors l'heure de gloire pour Henri Konan Bédié. Mais le natif de Daoukro qui a occupé le poste de ministre de l'Economie et des Finances de 1963 à 1977 n'a pas attendu la dernière décennie du 20ème siècle pour faire fortune. Déjà en 1970, alors que la Côte d'Ivoire connaissait le premier boom économique de son histoire, le jeune ministre de l'Economie et des Finances fêtait sa fortune estimée à 7 milliards FCFA. A l'époque, c'est en fait à lui que le président Félix Houphouët Boigny confiait toutes ses affaires qui se confondaient avec celles de l'Etat ivoirien. Au point qu'à son décès, ses avoirs qui s'élevaient à plus 11 milliards de dollars, selon le Quid, reviendront en partie à l'Etat de Côte d'Ivoire. Ses héritiers se battront pour conserver la propriété de quelques biens immobiliers, notamment l'hôtel particulier, rue Massaran et les tableaux de maîtres (Van Gogh, Pierre Bonnard, Bernard Buffet) ainsi que du mobilier estimé à près de 7 millions d'euros (4 milliards 550 millions FCFA). Alors qu'il avait toute la confiance du ''vieux'', Konan Bédié profitera pour faire mettre un certain nombre de biens à son nom. Fin légaliste, il fera toute en sorte de ne pas éveiller les soupçons de Houphouët Boigny. Des biens immobiliers et des comptes ouverts au nom de l'Etat de Côte d'Ivoire - des fonds énormes à l'ère du miracle ivoirien - sont ainsi virés dans des comptes dont la plupart portent aujourd'hui les noms de ses proches. Il s'installe à Paris, à la rue Beethoven où la taille de sa résidence contraste avec son statut. En effet, s'il s'est dévoilé comme étant le propriétaire de cette résidence, la plupart des immeubles situés rue Cergy Pantois ne sont pas moins à son nom. Des proches comme Nyamien N'Goran se sont ainsi vus attribués des biens, avec des titres qui trahissent leur condition réelle. Etudiant, planteur ou simple fonctionnaire, ces derniers servaient de prête-nom à Bédié. Ici même en Côte d'Ivoire, il fait croire que la résidence qu'il habite en ce moment est une propriété de celui qui fut son ministre de l'Economie et des Finances. Une supercherie digne des montages qui se font au quotidien dans les paradis fiscaux, puisque cette résidence est bel et bien une propriété de Bédié. Limogé de son poste après que le Président Houphouet Boigny d'alors a découvert le pot aux roses, il écope juste d'une sanction disciplinaire : son limogeage du gouvernement et sa nomination au poste d'ambassadeur de la république de Cote d'Ivoire aux Etats-Unis. Une aubaine pour le jeune milliardaire de mieux intégrer les milieux mafieux de la haute finance et jouir en toute tranquillité de ses avoirs. Il prend goût aux paradis fiscaux et investit dans de nombreux pays de la Françafrique.

Ses comptes dans les paradis fiscaux et judiciaires
Des investigations ont en effet permis de savoir que le président du PDCI dispose de fonds énormes dans plusieurs banques occidentales, en précisément e Suisse. Ainsi de la Banque cantonale de Génève (BCG) où il tient l'un de ses comptes secondaire, ouvert seulement en 2002 dans l'agence de la banque de Lugano. Sur ce compte, on note d'incessants mouvements tant en numéraire qu'en espèces. Des versements mais aussi des retraits d'importantes sommes ont été enregistrés aux guichets. En fait, ce compte n'est que la face visible de l'empire Bédié. Il est destiné certainement aux opérations qui ont dans l'ensemble un caractère légal et vise à détourner l'attention de nombreux autres comptes de l'ancien chef d'Etat planqués dans les paradis fiscaux. Comme Ouattara et Banny, l'empire de Bédié a ses racines hors du territoire ivoirien. Au Sénégal où il entretenait d'excellentes relations avec l'ancien président Abdou Diouf, il est le propriétaire de nombreux biens de nature diverses. Il a surtout fait de nombreuses affaires avec un ami de Houphouët Boigny du nom de Djiriba N'diaye. A la mort du premier président ivoirien, le Sénégalais offrira ses services à son successeur. Avec ce monsieur qui fixait les quotas sur le café-cacao, Bédié fera de bonnes affaires jusqu'à son éviction du pouvoir par le général Guéi en décembre 1999. Justement, c'est au lendemain du coup d'Etat perpétré à quelques jours du nouveau millénaire que sont apparus officiellement les traces des avoirs de Bédié dans les paradis fiscaux. Il connaissait alors des ennuis avec la junte militaire qui voulait lui faire rembourser les 18 milliards de l'Union européenne qui avaient été détournés par son pouvoir. Ce qui avait sapé les relations avec l'institution européenne. Saisie par le général Guéi Robert, la justice ivoirienne avait ainsi émis une demande d'entraide judiciaire pour bloquer les comptes de l'ancien président à travers le monde. En Suisse où il garde ses avoirs comme nous l'avons signifié, les comptes de Bédié ont été gelés le 8 mars 2000 par l'Office fédéral de justice. Mais vu la complexité du système de gestion des paradis fiscaux seulement 5 à 7 millions suisses, soit entre 2000 et 2800 milliards de francs CFA,furent bloqués dans neuf banques où des comptes à son nom ont été découverts. Avec le temps, Guéi Robert qui voulait prendre le contrôle du PDCI en vue des élections de 2000, alors que l'entraide judiciaire avait été accordée à l'Etat ivoirien, décidera d'abandonner les poursuites. Alors que la junte avait délivré un mandat d'arrêt international contre Henri Konan Bédié, qui résidait alors en France. Il ne fut inquiété depuis par justice de son pays. N'empêche, cette action en justice a montré que le président du PDCI a au moins une dizaine de comptes bancaires en Suisse. Des comptes dans lesquels sont gardés d'importants fonds une grande partie est d'origine illicite.

Une gestion scabreuse à la tête du pays
A preuve, les nombreux scandales financiers qui ont émaillé d'abord son passage à la tête du ministère de l'Economie et des Finances. Les malversations dans la gestion des sociétés d'Etat telles qu'AGRIPAC, DISTRIPAC, Chaine Pac et Chaine Avion, des milliards engloutis dans la construction de l'usine de traitement du cacao en Chine sans résultats probants et la création de sociétés fictives et autres magouilles sont les preuves qu'il a appris très tôt à casser du sucre sur le dos de l'Etat. La surfacturation des complexes sucriers du nord en 1977 est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Des années après lorsqu'il revient aux affaires, cette fois en tant que chef de l'Etat, il remet le couvert avec ces pratiques. ''Chasser le naturel, il revient au galop'', dit l'adage. Des pans entiers de l'économie nationale sont confisqués au profit de sa famille. L'exportation de riz à son fils Patrick, le transport à son épouse… les scandales financiers se succèdent, sans compter la mainmise sur la filière café-cacao à travers la CAISTAB où il avait coopté des amis. Des fonds importants lui sont versés à sa demande, et sans la moindre trace, pour la réalisation de ses chantiers pharaoniques de Pepressou et Koukourandoumi. A Pepressou, son village natal, c'est tout un pèlerinage aujourd'hui que de visiter le chantier arrêté brutalement depuis le coup d'Etat. Ce que Bédié ne dit pas à ce sujet d'ailleurs, c'est que dans le tunnel long de trois kilomètres qu'il a construit en dessous de son palais, il gardait une importante quantité de lingots d'or et des diamants issus de ses trafics avec les rebelles angolais, libériens et sierra-léonais. C'est cette importante fortune en nature que le général Guéi et ses hommes ont emporté à l'issue de la visite que le chef de la junte au pouvoir avait initiée sur le chantier. Une visite, on s'en souvient, qui avait fait l'objet d'un reportage de la télévision nationale. Avant même le coup de force, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, c'est le scandale financier portant sur les 18 milliards de l'Union européenne. Concernant le secteur pétrolier, il faut dire que c’est sous Bédié que l’exploitation des ressources nationales a débuté. Mais à ce jour point de trace de cette période dans les livres de compte de l’Etat. La gestion du pétrole ivoirien échappait à l’Etat. Par ailleurs, l'ONG Servir, classée d'utilité publique, était en réalité un gouffre financier. Il servait à faire sortir d'importantes sommes d'argent des caisses du trésor public. C'était donc une structure écran dont le but essentiel était de permettre de pomper l'argent du contribuable de la façon la plus légale qui soit. A part ces faits, il faut dire que la dévaluation du franc du franc CFA au lendemain de la mort d'Houphouët Boigny lui a profité énormément. C'est le jour même de son inhumation, se souvient-on, que la décision portant dévaluation du Cfa a été signée par les chefs d'Etat qui avaient effectué le déplacement. Que gagnait donc Bédié dans cette opération ? A dire vrai, beaucoup de choses. Sachant que la mesure était inévitable, il avait placé hors du pays d'importantes ressources. Une fois la dévaluation effective, son pouvoir d'achat s'accroissait ainsi considérablement quand les Ivoiriens pleuraient. Et que le panier de la ménagère perdait considérablement de sa superbe. Aussi, des opérations effectuées sur le marché informel au moment du passage du franc français à l'euro lui ont rapporté des devises considérables.
Le trafic de diamant et d’or
En dehors des malversations dont il s'est rendu coupable d'abord en tant que ministre de l'Economie et des Finances, puis président de la république de Côte d'Ivoire, il faut dire que N'zuéba doit en partie sa fortune au trafic de diamant. Une activité illicite à laquelle le pouvoir PDCI s'est adonné en violation des résolutions de l'ONU portant sanctions contre l'UNITA de Jonans Savimbi. Un rapport de l'ONU datant de 2000, rédigé par une commission d'enquête créée par la résolution 864 prise en 1993, souligne en effet que ''l'UNITA a traditionnellement pu exercer ses activités officiellement en Côte d'Ivoire.'' Tant sous Houphouët Boigny que sous Henri Konan Bédié. Les hauts représentants de l'UNITA, c'est un secret de polichinelle, ont longtemps bénéficié de la protection du pouvoir et voyageaient même avec des passeports diplomatiques ivoiriens. Selon les rapporteurs de l'ONU, Savimbi s'était quelque peu brouillé avec le président Bédié entre 1998 et le premier trimestre de 1999 parce que le chef de l''Etat ivoirien avait confisqué ses avoirs déposés auprès de la présidence de la république. Des fonds provenant de l'échange d'importantes quantités de diamants et qui devaient servir à entretenir la famille du chef de guerre angolais et les représentants de son mouvement à Abidjan. Le président Bédié avait ainsi décidé de mettre la main sur une importante quantité de diamants en sa possession. Avant cet incident, c'est régulièrement que des proches de Bédié recevaient le sieur Marcelo Moises Dachala dit Karriça, l'envoyé de Savimbi dans la sous région pour la commercialisation des diamants de guerre angolais. Un commerce illégal qui a rapporté énormément au président du PDCI. Ajouter à cette cagnotte les énormes quantités d'or en provenance du Liberia ou de la Sierra que Bédié rachetait par des circuits détournés, cela donne un chiffre à couper le souffle.
Les paradis fiscaux comme moyen de chantage
''Je n'ai aucun compte à l'étranger et je ne compte pas en avoir tant que je serai président de la République de Côte d'Ivoire'', ainsi avait répondu Laurent Gbagbo à des journalistes de la RTI première chaine et de la radio nationale auxquels il avait accordé une interview. Ce n'est pas le cas de ses principaux opposants que sont Henri Konan Bédié et Alassane. Mais aussi de l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny, un autre fidèle élève de la France pour avoir dirigé, comme l'a fait avant lui Alassane Ouattara, la Banque des Etats de l'Afrique de l'Ouest. Une institution qui contribue à garder nos Etats de la sphère francophone de la sous-région sous le joug de l'impérialisme français. Vu que la devise dont nous nous vantons d'être la nôtre n'est qu'un démembrement du franc français, qui n'existe plus officiellement depuis l'entrée en vigueur de l'euro. Dans le microcosme politique ivoirien, il est de notoriété que les trois personnalités dont nous avons ainsi prouvé l'existence de comptes et avoirs importants dans les paradis fiscaux et dans les pays de la françafrique sont bien celles dont la France se sert pour conserver son influence en Côte d'Ivoire. Aujourd'hui, il est vrai que le Quai d'Orsay et l'ambassadeur de France ne peuvent plus dicter des ordres au chef de l'Etat ivoirien, comme il était de coutume avant l'accession au pouvoir de Laurent Gbagbo. Mais la puissance coloniale reste bien présente dans le jeu politique national à travers ces politiciens qu'elle tient par la barbichette. En effet, outre le fait que la France se sent moralement obligée de soutenir des personnalités qui ont des biens importants sur son territoire, et contribuent donc à la bonne marche de son économie, les comptes dans les paradis fiscaux constituent un énorme moyen de pression sur ces derniers. Ils subissent le chantage des autorités françaises qui n'hésitent pas à les menacer de révéler l'existence de leurs avoirs colossaux dans les paradis fiscaux quand ils refusent les consignes de l'Elysée. En contrepartie à leur activisme contre ''Laurent l'atypique'', la France les assure de sa protection. Cela, même quand elle est sollicitée dans le cadre d'une procédure judiciaire d'entraide. Pour les organismes de lutte contre la corruption qui mènent souvent des investigations dans le domaine, le pays de Nicolas Sarkozy est incontestablement l'un des Etats qui font le plus de difficultés pour lever le secret bancaire sur les comptes des dirigeants soupçonnés de s'être enrichis de façon illicite. Ce sont Tansparency international, International compétence centre on Asset recovery (centre international sur le recouvrement de biens mal acquis), le Commonwealth secrétariat and Chathan house anti corruption conférence… Selon un récent rapport du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), la France avait ainsi facilité en son temps le transfert vers d'autres destinations des fonds appartenant au dictateur nigérian Sani Abacha logés dans les banques françaises.

Bédié, Ouattara et Banny : des acteurs du néo-colonialisme
Les paradis fiscaux et judiciaires sont au cœur du pillage des pays en développement. Ils sont dotés de systèmes très complexes qui ont pour but d'empêcher la localisation des fonds d'origine illicite. Ces institutions tolérées contribuent à les blanchir et quand les détenteurs des comptes bancaires en question sont traqués, elles leur offrent une voie de repli idéale. Toute une ingénierie financière que seuls maitrisent les professionnels de la finance a été élaborée à cet effet. On comprend bien que Bédié, Ouattara et Banny qui ont fait leurs classes dans le milieu s'y trouvent à l'aise, eux qui en maitrisent parfaitement tous les rouages. Sociétés écrans, trusts et autres entités garantes d'opacité, changement d'identité monétaire et juridique, diversification des '' placements'' dans des produits financiers etc. Les astuces ne manquent pas pour offrir aux élites corrompues un havre de paix. Elles construisent ainsi leur empire financier frauduleux avec l'appui logistique des banques, mais surtout d'experts comptables ou d'avocats largement rémunérés pour leurs services. C'est le cas de l'avocat soudanais (dont nous avons parlé dans la première partie de notre dossier) qui s'occupe des affaires de Banny à Dubaï. Il est clair que les personnalités concernées nieront être les détenteurs des comptes dont nous avons pu suivre la trace pour savoir qu'ils leur appartiennent. Mais on sait aujourd'hui comment Sani Abacha recrutait des agents dans les iles vierges britanniques ou au Bahamas pour lui servir de prête-nom. Comme eux, l'ancien chef d'Etat nigérian avait ouvert par ce procédé une société internationale anonyme, elle-même possédée par une société d'investissement créée par lui dans une institution plus respectable. Abacha a choisi, lui, une banque de l'île de Man. La société des iles vierges ouvre alors un compte par internet dans une banque en Lettonie, au Lichtenstein ou à Dubaï. C'est ce compte qui désormais traitait, pour le compte de la société des iles vierges, avec les principales banques à New York, Londres, Hambourg, Paris et Zurich. Cela, grâce à des comptes de correspondants. En fait, le système offshore, soit plus de 70 paradis fiscaux et judiciaires (dont la Suisse, la City de Londres, Monaco ou les iles rattachées à la Couronne britannique) dont la législation, qui n'existe parfois que de nom, permet l'implantation de sociétés écrans et l'ouverture de comptes numérotés, pour blanchir les fortunes mal acquises comme c'est le cas pour ces trois personnalités ivoiriennes. Véritable eldorado, ces territoires détiennent plus du quart des capitaux mondiaux et recèlent plus du tiers des bénéfices des multinationales à travers le monde. A tel point que lors d'un forum international sur le crime financier qui s'est tenu à l'université de Cambridge en Grande Bretagne, la minuscule principauté du Liechtenstein avait été présentée par un expert comme étant ''un bordel financier dans lequel tout criminel peut trouver un lit''. Et dire que c'est dans ces institutions reconnues pour être des lieux où se font les montages les plus divers pour cacher et faire fructifier de l'argent du contribuable que Bédié, Ouattara et Banny ont choisi de garder leurs avoirs. Une calculette ne pourrait suffire pour comptabiliser les fonds appartenant à ces trois personnalités. Elles préfèrent les garder loin des yeux du contribuable ivoirien, dans les paradis fiscaux où les Occidentaux qui en sont les principaux bénéficiaires tirent les fonds qu'ils prêtent aux Etats africains. Des mannes qui suivent le chemin inverse plus tard et vont grossir malheureusement les avoirs des mêmes dirigeants, valets des pouvoirs occidentaux, dans les paradis fiscaux. Un véritable cercle vicieux dont la conséquence majeure est de maintenir l'Afrique dans le sous développement et sous la domination des puissances coloniales. Et dire que ces fonds pouvaient leur servir surtout à créer des emplois en Côte d’Ivoire!
COTE D’IVOIRE
L’adroite exploitation des rentes du café et du cacao avait permis à Houphouët-Boigny et son entourage d’édifier des fortunes considérables, avec la bénédiction intéressée de ses " correspondants " français (143). Le Quid dressa jadis le palmarès de ces fortunes ivoiriennes : sept notables du régime ivoirien disposeraient de plus d’un milliard de FF - à commencer par l’ancien Directeur des Douanes (et nouveau Président de la République), Henri Konan-Bédié, qui disposerait de quelque 2,5 milliards de FF Ces personnages avaient, tels les fermiers généraux d’avant 1789, été placés à des postes stratégiques de pompage des ressources privées et publiques (distinction largement théorique). Point n’est besoin d’insister sur les facilités offertes par les Douanes : l’administration " oublie " de réclamer la moitié des droits à l’importation. Konan-Bédié, lorsqu’il était ministre de l’Economie et des Finances fut éclaboussé dans l’affaire, énorme et exemplaire, de la surfacturation des " complexes sucriers ". Et les meilleurs serviteurs du régime se voyaient gratifiés d’un royal " bénéfice " : un poste de quotataire (les 45 intermédiaires exclusifs de la commercialisation du café et du cacao).
On a évalué la fortune du premier de ces quotataires, Félix Houphouët-Boigny, à quelque 60 milliards de FF : plus que le PNB ivoirien, six fois la plus grosse fortune française. Même si ce chiffre est surestimé, plusieurs indices étayent son ordre de grandeur - à commencer par les cagnottes des courtisans. H.-B. a mobilisé sans peine, " sur sa cassette personnelle ", les 740 millions de FF qu’a coûté la basilique de Yamoussoukro. Le journaliste Philippe Madelin (144) a dressé un inventaire (sans doute très partiel) des intérêts et propriétés du " vieux sage ", en Côte d’Ivoire, certes (par exemple, l’essentiel des terrains de Yamoussoukro), mais aussi en France et en Suisse : " Quel est l’homme sérieux dans le monde qui ne place pas une partie de ses biens en Suisse ? " a lancé un jour H.-B. aux enseignants en grève... Une voie d’accumulation parmi bien d’autres : H.-B. produisait plus de 30 000 tonnes d’ananas par an, un tiers de la production ivoirienne, avec des ouvriers payés par le budget de l’Etat !
Cela n’empêchait pas la Côte d’Ivoire d’être le premier bénéficiaire de l’aide au développement française en Afrique noire. Il fallait d’abord combler les trous d’une gestion-passoire des finances publiques (145) (une libéralité alimentant largement les cagnottes de ses ordonnateurs), puis financer des projets " très beaux, très chers, très commissionnés ", au taux de retour prodigieux (146).
Cette " belle époque " est en grande partie révolue, comme le patrimonialisme paternaliste d’Houphouët. Les temps sont durs, et les méthodes se sont durcies. Mais les réseaux restent très présents en ce pays-clef, épousant les dérives de ses responsables politiques. H.-B. était resté fidèle à Jacques Foccart - son confident de tous les instants. Il se débarrassa de la plate-forme de " communication " proposée par le réseau Jean-Christophe Mitterrand (Adefi-International), mais se laissa pourtant séduire par le montage financier que ce même réseau, associé à Sucden, lui proposa pour le stockage du cacao (147). Bouygues est omniprésent : Université et cathédrale de Yamoussoukro, concession des principaux services publics. Après la mort d’H.-B., la Françafrique a choisi Konan-Bédié. Elle lui a fait l’ascenseur dans la course à la succession. Lui aussi est tenté par le dérivatif ethnique (à l’encontre des musulmans du Nord).
L’on apprend, à propos de l’énorme dossier de fausses factures instruit par le juge Halphen (dossier dans lequel sont impliqués Michel Roussin, la mairie de Jacques Chirac et le département de Charles Pasqua) que les fonds transitaient, entre autres, par les sociétés ivoiriennes d’un très curieux personnage, Yanni Soizeau - décédé depuis lors. Colonel à la retraite, ancien mercenaire (au Cabinda, notamment), " noceur " invétéré, il avait fini par se fixer à Abidjan, d’où il exerçait une " pluriactivité " considérable : renseignement (DGSE), trafic d’armes (via une société suisse, la SIG), joint-venture dans la banane avec le directeur ivoirien des Douanes, relations suivies avec la nièce d’Houphouët et Konan-Bédié, domiciliation enfin d’un " bureau d’études " d’où il multipliait les fausses factures envers des entrepreneurs français du BTP, leur ouvrant de fructueux contrats de travaux à Euro-Disney, la GMF ou le GAN... Avec un point commun à presque tous les acteurs et intermédiaires (de droite et de gauche) de ce gymkhana financier : l’appartenance maçonnique. Au final, Yanni Soizeau sortait en liquide l’argent des fausses factures, dans une agence parisienne du CCF (148). Bref, à lui tout seul, une synthèse de la Françafric Connection, et un atlas de ses circuits !
Les révélations d’un spécialiste du terrorisme
11 septembre: pourquoi la CIA ne savait rienNouvel Observateur jeudi 28 février 2002

Minée par la crainte de nuire aux pays amis et l’obsession du «politiquement correct», la CIA est devenue une bureaucratie lourde, paresseuse, routinière, tout juste capable, dans les montagnes afghanes, de se livrer à une guerre bidon destinée à entretenir son mythe et à obtenir davantage d’argent du Congrès. C’est ce qu’affirme un ancien agent, Robert Baer, dont le livre*, qui a fait sensation aux Etats-Unis, paraît ce jeudi en France
Le Nouvel Observateur. –Vous avez travaillé plus de vingt ans à la CIA, jusqu’à votre démission en 1997. Spécialiste du monde arabo-musulman et du terrorisme, vous étiez, dit-on, l’un des meilleurs officiers traitants de l’agence. Aujourd’hui, vous attaquez très violemment votre ancien employeur. Selon vous, la CIA était totalement incapable de prévoir les attentats du 11 septembre. Pourquoi?
Robert Baer. – Comment aurait-elle pu savoir ce qui se tramait dans les groupes terroristes? Depuis plusieurs années, la CIA était aveugle et sourde. Avant le 11 septembre, elle n’avait aucune source sérieuse en Afghanistan – vous avez bien entendu: aucune. Ce n’est pas tout: l’agence n’avait aucune source d’importance en Arabie Saoudite, là où en coulisse tout s’est joué et se joue encore. Aucun agent dans la famille royale, aucun dans les mosquées intégristes, ni parmi les financiers de l’islamisme. Et bien entendu l’agence n’avait infiltré personne dans la communauté musulmane d’Allemagne, à Hambourg notamment, où les chefs des commandos suicides ont préparé leur opération… Bref, ce 11 septembre 2001, la «toute-puissante» CIA était totalement démunie.
N. O. – Elle avait les écoutes de la NSA…
R. Baer. – Oui, mais ces interceptions, parfois très utiles, ne sont jamais suffisantes, surtout quand l’ennemi est très méfiant et organisé, comme Al-Qaida. Croyez-moi, dans ce genre d’affaire, rien ne remplace les sources humaines, les agents infiltrés, et, aussi incroyable que cela paraisse, l’agence n’en avait pas.
N. O. – Pourquoi une telle défaillance?
R. Baer. – Après la chute de l’Union soviétique, la CIA a vécu, en quelques années, une incroyable décadence. Elle est devenue une bureaucratie lourde, paresseuse, routinière, craintive aussi. Le recrutement des sources, pourtant métier de base de l’espionnage, n’a plus été considéré comme la mission première des hommes de terrain. Avant, pendant la guerre froide, si vous parveniez à «retourner» un gradé soviétique, à en faire un agent, votre carrière était assurée jusqu’à votre retraite. Tous les officiers ambitieux avaient donc une seule obsession: recruter des sources. Mais, au début des années 90, tout a changé. Nombre de ces officiers qui savaient faire du recrutement «agressif» ont été envoyés en «formation» ou mutés dans des services administratifs, autrement dit on les a «placardisés».
N. O. –Pourquoi?
R. Baer. – Du haut en bas de la hiérarchie, le nouveau mot d’ordre a été: pas de vagues! L’action de la CIA ne devait en aucun cas risquer de nuire aux relations diplomatiques des Etats-Unis avec les pays amis. En Europe par exemple, nous avons réduit nos activités au minimum, en particulier après l’affaire Plagnol [NDLR: en 1995, «le Monde» a révélé que la CIA avait tenté de recruter un conseiller du premier ministre Edouard Balladur, Henri Plagnol, et que le gouvernement avait demandé le départ des officiers américains impliqués]. Après cet «incident», nous n’avons plus eu le droit de tenter en Europe la moindre opération un tant soit peu risquée diplomatiquement. Alors qu’en 1990 j’avais essayé de «retourner» un responsable du FIS à Lyon, après l’affaire Plagnol ce type d’approche est devenue impossible, aussi bien en France qu’en Allemagne. Et voilà pourquoi, même s’ils y avaient pensé, les patrons de la CIA n’auraient pas cherché à recruter des agents dans la mouvance islamiste à Hambourg.
N. O. – A vous entendre, tous les problèmes de la CIA venaient de la frilosité du Département d’Etat et de la Maison-Blanche…
R. Baer. – Non, cette frilosité n’est qu’une partie de l’explication. Il y a aussi des causes internes à la décadence de la CIA, et ce sont peut-être les plus graves.
N. O. – De quoi s’agit-il?
R. Baer. – Le règne du «politiquement correct» a miné l’Agence de l’intérieur .
N. O. – Qu’entendez-vous par «politiquement correct»?
R. Baer. – D’abord, il a fallu coûte que coûte promouvoir les femmes, que celles-ci soient compétentes ou non. Au milieu des années 90, il est devenu plus important à Langley de savoir si, dans l’organigramme de la CIA, la parité hommes-femmes était respectée que d’avoir de bonnes informations sur les groupes terroristes islamiques.
N. O. –Vous n’exagérez pas?
R. Baer. – Pas du tout! Vous voulez un exemple? Femme au foyer pendant des années, l’épouse d’un officier a, un jour, demandé un job à mi-temps à l’Agence pour arrondir ses fins de mois. Langley lui a alors proposé de mettre en forme les rapports de son mari. Quand celui-ci est parti à la retraite, elle a été engagée à temps plein. Aujourd’hui, elle est l’adjointe du patron de la division chargée de l’Arabie Saoudite et de l’Afghanistan. C’est elle qui dit aux officiers sur le terrain à Kandahar ou à Kaboul ce qu’ils doivent faire, alors qu’elle n’a jamais «traité» un agent, jamais, ni mis les pieds dans cette région du monde. C’est insensé, non?
N. O. –Le «politiquement correct» a fait d’autres dégâts, écrivez-vous dans votre livre.
R. Baer. – Oh oui! En 1995, sous la pression du Congrès, la CIA s’est débarrassée de tous ses agents ayant un «passé trouble» – c’est-à-dire 60% du stock… Les services spéciaux ne sont pas des organisations de boy-scouts, mais après tout c’était peut-être une bonne chose d’en finir avec certaines pratiques, de ne plus avoir à traiter avec certains personnages, criminels ou tortionnaires. Mais la notion de «passé trouble» a été trop floue: figurez-vous que nous avons dû aussi rayer de nos listes tous les agents de nationalité américaine qui avaient fraudé… le fisc! Par exemple, nous ne pouvions plus faire appel à un Afghan naturalisé américain qui avait des contacts à Kaboul si, un jour, celui-ci avait eu maille à partir avec les polyvalents! C’est incroyable, non? Et c’est pourtant ce qui s’est passé. Vous voulez un autre exemple des dégâts du «politiquement correct»? A la direction des opérations de la CIA, il y a deux sortes d’officiers, ceux de la catégorie B, qui sont envoyés à l’étranger, et les C, qui font leur carrière à Washington. Eh bien, toujours dans cet esprit d’«égalitarisme», les patrons de la CIA ont décidé que les uns et les autres recevraient le même salaire. Résultat: plus personne n’a voulu partir en mission! Il y a quelques années, j’étais en poste à Douchanbé au Tadjikistan. J’avais approché un officier russe qui disait faire partie d’un groupe désireux de renverser Boris Eltsine. L’homme était peut-être un affabulateur, mais cela méritait tout de même une enquête approfondie. J’ai donc demandé à Langley de m’envoyer un spécialiste de l’armée russe parlant parfaitement la langue, afin de débriefer cet officier. Eh bien, ils n’ont trouvé personne. Les russophones étaient soit en vacances, soit en formation, soit Dieu sait où…
Un dernier exemple, plus grave encore? Toujours au Tadjikistan, des centaines de réfugiés afghans franchissaient chaque jour la frontière pour fuir la guerre civile. Je pensais qu’il était important que nous les interrogions pour savoir ce qui se passait en Afghanistan, et essayer de recruter des sources dans toutes les factions – cela aurait été bien utile quelques années plus tard… J’ai donc demandé la venue à Douchanbé d’un officier de la CIA parlant pachtoune pour faire le tour des camps de réfugiés. Mais au siège on m’a répondu qu’il n’y en avait pas et qu’on ne trouverait aucun volontaire pour suivre une formation dans cette langue. Pourquoi? Parce que celui qui parle pachtoune passe forcément une partie de sa carrière à Peshawar, et que désormais personne à la CIA ne veut s’installer dans un bled où l’on risque d’attraper des diarrhées… Six mois plus tard, le QG m’a rappelé. Ils m’ont dit qu’ils allaient m’envoyer quatre personnes. Des spécialistes en pachtoune? Non, une équipe chargée de nous expliquer les nouvelles règles en matière de harcèlement sexuel…
Le résultat de cette politique désastreuse? Voyez ce qui se passe aujourd’hui en Afghanistan! Dépourvus de bonnes sources, traitées depuis des années, les commandos américains sur place ne savent pas où se cachent les hommes d’Al-Qaida et les chefs talibans, ni qui ils sont. Ils tuent donc des innocents, par erreur. Et entretiennent la haine, terreau du terrorisme…
N. O. –Autrement dit, vous ne croyez pas au succès de cette guerre contre le terrorisme.
R. Baer. – Mais tout cela n’est qu’un show, qui rapporte des millions de dollars à certains. Un show fait de morts innocents et de mensonges. On nous dit que des paramilitaires de la CIA, surentraînés et suréquipés, font le coup de poing dans les montagnes afghanes. C’est totalement faux! Je connais les paramilitaires de la CIA, ils sont comme moi, ils ont la cinquantaine bedonnante et ne sont plus capables de combattre, ce sont des spécialistes de la logistique, c’est tout. Cette prétendue guerre secrète à 5000 mètres d’altitude, c’est du bidon, de la manipulation pure et simple. Le but: entretenir le mythe de la CIA et ainsi obtenir encore plus d’argent du Congrès – qui s’est laissé berner.
N. O. –Dans votre livre vous dénoncez un autre pouvoir occulte: le lobby pétrolier.
R. Baer. – Les compagnies pétrolières disposent, au sein du pouvoir américain, d’une puissance que vous ne soupçonnez pas. Les majors du pétrole ont, par exemple, obtenu que nous ne travaillions pas en Arabie Saoudite. Et c’est pour cela que nous n’avons pas de sources dans ce pays clé pour le terrorisme islamique. Mais je ne peux pas en dire plus. La CIA qui, comme le prévoit la loi sur les services de renseignement, a relu mon livre, m’a d’ailleurs fait supprimer tous les passages concernant ce pays.
N. O. – Qu’avez-vous dû taire aussi dans votre ouvrage?
R. Baer. – Tout ce qui concerne mon travail de liaison avec des services spéciaux étrangers, mes communications avec certains groupes terroristes aussi. Je ne devais également rien révéler de nos couvertures et de nos capacités techniques.
N. O. – Ces capacités sont-elles aussi incroyables qu’on le soupçonne?
R. Baer. – Certaines sont effectivement sidérantes .
N. O. –Un exemple?
R. Baer. – Nos services techniques sont capables d’enregistrer notre conversation à une distance de 2 kilomètres, de numériser votre voix, de la reconstituer et de réaliser une bande magnétique vous faisant dire l’inverse de ce que vous m’avez effectivement dit… Vous imaginez l’utilité d’une telle technique dans certaines manipulations…
N. O. –Dans quel camp vous classez-vous politiquement?
R. Baer. – Dans aucun. A la dernière élection présidentielle, j’ai voté pour l’écologiste Ralph Nader.
Propos recueillis par Vincent Jauvert
(*) «La Chute de la CIA. Les Mémoires d’un guerrier de l’ombre sur les fronts de l’islamisme», par Robert Baer, traduit par Daniel Roche, Editions Jean-Claude Lattès, 396 p., 20 euros.
Robert Baer, 49 ans, a travaillé à la CIA de 1976 à 1997. Arabophone, il était officier à la direction des opérations clandestines. Il a été notamment en poste au Liban, en Irak, en Asie centrale et à Paris. Il est aujourd’hui consultant. Son livre pourrait être adapté au cinéma par Steven Soderbergh.



1993
Les difficultés de la succession du Président Félix Houphouët-Boigny
1.1 Les années de gestion d’Alassane Ouattara : un bilan économique désastreux

1.2 L’épreuve de force engagée par Alassane Ouattara et son comportement anticonstitutionnel
1.1     Les années de gestion d’Alassane Ouattara : un bilan économique désastreux
1993 restera comme une année dramatique dans l’histoire de la Côte-d’Ivoire. Le premier ministre Alassanne Ouattara choisi en 1990 par Félix Houphouët-Boigny, pour tenter de redresser la situation économique a complètement échoué. Son bilan économique et désastreux et les tensions sociales qui en découlent l’obligent à promulguer une loi anti-casseur et à réprimer sévèrement l’opposition. Au même moment, la maladie, puis la longue agonie du Président Houphouët-Boigny, exacerbent les intrigues et les ambitions, et accroissent l’angoisse au sein de la population.
Jeune Afrique N° 1559
14  Novembre 1990
Alassane Ouattara, l’homme de la situation en Côte d’Ivoire?
« Le Vieux  n’a que mépris pour nous. Non content d’avoir sorti, plus ou moins intact, son régime des turbulences de mars-avril, et conservé ses principaux collaborateurs, il nous impose un Burkinabé comme Premier Ministre »… Tels sont les propos mi-badins, mi-désabusés qu’on entend depuis quelques temps dans les « maquis », ces sortes de bars-restaurants populaires des quartiers périphériques d’Abidjan. Dés qu ‘en avril 1990, Alassane Ouattara (puisqu’il s’agit de lui) fut chargé par le Président Félix Houphouët-Boigny de présider le « comité interministériel chargé de l’élaboration et de la mise en application du programme de stabilisation et de relance économique », les mauvaises langues se déchaînèrent. Qui pour exprimer son scepticisme quant aux aptitudes du gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) à juguler la crise économique à laquelle est confrontée la Côte d’Ivoire. Qui pour souligner qu’ « il n’est pas un vrai ivoirien ».

Le Quotidien
13 décembre 1990

Le malaise
Un nouveau Premier ministre qui ne dissipe pas le malaise. Pour la première fois dans l'histoire de la Côte-d'Ivoire, les salaires des fonctionnaires ont été payés avec retard. Un phénomène presque banal dans beaucoup de pays voisins, mais qui a véritablement traumatisé les Abidjanais.
Dans son dernier discours de Premier ministre, Alassane Ouattara a prévenu que les prochains mois risquent d'être encore plus difficiles. Les caisses de l'Etat sont vides et les bailleurs de fonds étrangers exigent des mesures d'austérité draconiennes, faute de quoi ils cesseront toute aide. N'ayant pas réduit en proportion son train de vie, l'Etat se retrouve affligé d'une fonction publique qui engloutit en salaires les deux tiers de son budget de fonctionnement. C'est ce que les bailleurs de fonds lui demandent de rectifier.
Houphouët-Boigny ne s'y est pas résolu de crainte des retombées sociales. Son successeur n'y échappera pas.
Le Figaro
22 février 1992
Le Premier Ministre ivoirien au Figaro

Alassane Ouattara :" il n'y a pas d'état d'urgence. Les arrestations de membres de l'opposition et les mesures de sécurité ont pour objectif de calmer les esprits".
Le Figaro -  Pourquoi avoir interdit toutes les manifestations ?
AO : Les manifestations n'ont pas été interdites, mais suspendues pour la sécurité de tous. Les esprits sont surchauffés, ils doivent se refroidir. On a suffisamment reproché au gouvernement de manquer de fermeté. Nous ne voulons pas que la violence l'emporte, notre rôle est de calmer les esprits.
Le Figaro - L'arrestation des leaders de l'opposition ne risque t-elle pas , au contraire, de rallumer la contestation ?
AO - Les gens arrêtés ont été pris en flagrant délit. Ils sont aux mains de la justice, ce n'est plus l'affaire du gouvernement. La Côte-d'Ivoire est un Etat de droit, je n'ai pas d'instructions à donner à la justice. Les manifestants contestent cet Etat de droit.
Le Figaro -  Aucune sanction n'a été prise contre les responsables de "l'expédition punitive" sur l'université de Yopougon? N'y a-il pas une justice à deux vitesses ?
AO - Le chef de l'Etat est le chef de l'armée. A lui d'apprécier les sanctions à prendre. La commission d'enquête n'a pas révélé ce que l'armée a subi. Grâce à son travail d'enquête néanmoins, les faits ont été établis, mais le rôle de la commission s'arrête là.
C'est au chef de l'Etat de prendre les décisions au regard de l'armée et de la nation. On ne peut pas se substituer à lui. Il a été élu démocratiquement.
Le Figaro - Le processus d'ouverture est-il interrompu?
AO -  Le multipartisme continue. M.Wodie, l'un des leaders de l'opposition, a été relâché. J'ai reçu par ailleurs un autre chef de parti. Les libérations vont se poursuivre. Nous respecterons strictement la procédure judiciaire. Si, d'ici une semaine, la justice décide de relâcher Laurent Gbagbo, c'est très bien. Je suis très respectueux du droit et surtout celui du droit des citoyens. Nous n'avons pas à promouvoir Gbagbo, ni à le punir. Il est chef de parti, il a commis des actes, il appartient à la justice de le juger.
Le Figaro - Ces interpellations ne remettent-elles pas néanmoins en cause le dialogue?
AO -  Je ne connais pas de pays africain où le dialogue est plus présent. Le président de la République parle à tout le monde, reçoit tout le monde. Nous ne voyons aucun intérêt à l'affrontement. Les conséquences seraient dramatiques pour l'économie. Notre recherche de dialogue est permanente. On est démocrate ou on ne l'est pas. Il faut aller jusqu'au bout.
Le Figaro -  Sans la pression de l'opposition, ne vous sera t-il pas difficile de poursuivre vos réformes ?
AO -  L'Assemblée nationale m'a donné son feu vert pour le programme de réforme. Je considère que nous avons un soutien populaire pour poursuivre. L'opposition a joué et joue son rôle, c'est vrai, mais nous avons un calendrier que nous respecterons. Nous sommes conformes à nos engagements.
Le Figaro - La validité juridique de l'ordonnance "anti-casseurs" qui va servir de base pour juger les personnes interpellées est très discutée.
AO -  L'idée de cette ordonnance nous est venue après les manifestations de novembre. Nous nous sommes inspirés des lois anti-casseurs votées en France et au Sénégal. Le texte a été adopté par le parlement en début d'année. Je suis parti à Paris samedi pour faire le point avec le président Félix Houphouët-Boigny. Il a signé l'ordonnance. Je suis rentré dans la nuit. Je veux bien qu'on me critique, mais il faut être intelligent pour le faire. Tous les délais de procédure seront respectés.
Le Figaro -   La Côte-d'Ivoire n'est-elle pas, de facto, sous un "état d'urgence" ?
AO - Non, il n'y pas d'état d'urgence. Dès que la situation sera stabilisée, les choses reprendront leur cours.
Jeune Afrique Economie N° 162

Décembre 1992

Côte d’Ivoire, l’enlisement
Nous sommes chaque jour un peu plus nombreux. Massés le long du trottoir à l’entrée de l’office de la main d’œuvre de Côte d’Ivoire (OMOCI), en plein cœur du Plateau, le centre financier et administratif d’Abidjan , les compressés voient leur rang s’élargir avec inquiétude. Cadres ou agents de maîtrise, tous licenciés économiques, ces chômeurs attendent chaque jour en vain depuis des mois, voire des années, d’hypothétiques offres d’emploi. Il n’y a plus rien. Pas une seule embauche. Les entreprises continuent de dégraisser. Nous sommes maintenant près de 6000 dans la même situation à Abidjan » indique l’un deux.
« Depuis l’arrivée d’Alassane Ouattara à la primature, notre situation s’est encore aggravée », dénonce un autre. « Nous ne sommes même plus indemnisés régulièrement. Pendant plusieurs mois, nous n’avons rien touché, bien que la cotisation de 1% sur les salaires ait continué à être perçue. Où va l’argent ? » bien des compressés ont aujourd’hui du mal à cacher leur colère à l’égard du gouvernement. « En 1991, le ministre de l’Emploi et de la fonction publique avait annoncé publiquement la prochaine création de 56000 emplois. Nous n’avons toujours rien vu venir. Le plan de relance, c’est bidon ». Deux ans jour pour jour après l’accession à la tête du gouvernement d’Alassane Ouattara, l’heure est bien à la désillusion dans la capitale ivoirienne.(…)
Dur retour à la réalité pour Alassane Ouattara qui affirmait, lors de son accession à la primature, pouvoir remettre l’économie ivoirienne sur les rails en l’espace de trois ans seulement. (…)
Comme le remarque un diplomate : « le problème d’Alassane Ouattara est simple ; c’est un homme seul dans un pays où rien ne compte plus que les réseaux et les relations. Il est perçu par la classe dirigeante comme un étranger, sans légitimité pour bousculer les habitudes. » Isolé des « élites » traditionnelles, le premier ministre est aussi de plus en plus coupé de la population. « C’est un technocrate qui ne connaît pas la Côte d’Ivoire » affirme un chef d’entreprise, traduisant un sentiment très largement partagé. « Il n’y a jamais vécu. Il a toujours été en poste à l’étranger. Imposé par le FMI et la banque Mondiale à Félix Houphouët-Boigny, il a débarqué avec son équipe d’experts et ses schémas tout faits. Il ignore les problèmes du pays. »
Libération
29 novembre 1993

Détérioration situation mondiale.  Mécontentements et manifestations durant maladie du président. Bataille pour la succession d'Houphouët-Boigny.
Pendant l'agonie du chef de l'Etat ivoirien, la classe politique s'affronte sur la question de l'intérim. Cette agitation politique au chevet du"Vieux"s'accompagne d'une multitude de conflits sociaux. De nombreux fonctionnaires attendent encore leur salaire d'octobre. Le personnel hospitalier refuse toujours de re prendre le travail, et le corps enseignant a annoncé qu'il se mettait en grève afin que les salaires des deux derniers mois leur soient versés avant le 5 décembre. Un délai dont le chef de l'Etat ne bénéficiera sans doute pas.
La Croix
9 décembre 1993
Bilan Ouattara
La dure crise économique que traverse le pays exacerbe les tensions. Endettée, boudée par le FMI et la Banque mondiale, la Côte-d'Ivoire ne se relève pas de la chute des cours du cacao et du café, ses principales sources de richesse.
Dans les mois à venir, le gouvernement aura des difficultés certaines pour payer ses fonctionnaires, alors que les retards de salaires exaspèrent déjà la population. "Le pays est gâté, Abidjan est moisie", ne cessent de répéter les Ivoiriens. C'est dans ce climat tendu et incertain qu'Houphouët a laissé "ses enfants". Et les messages de paix du président, diffusés en permanence par les images d'archives de la télévision, ne suffisent plus à rassurer des Ivoiriens déboussolés.
Monde diplomatique
11 janvier 1994
Un énorme endettement
Dans les années 70, les économistes classiques vantaient le "miracle ivoirien". Ce n'est plus qu'un lointain souvenir: entre 1986 et 1991, les cours du cacao et du café- les 2/3 des exportations ivoiriennes- ont chuté respectivement de 59% et 72%. Le PIB par habitant a baissé de 8,9% en 1990, de 4% en 1991, de 4,9% en 1992 et de 6,2% en 1993 (estimation). Evaluée à une vingtaine de milliards de dollars, la dette a explosé ces dernières années, faisant de la Côte-d'Ivoire le pays au niveau d'endettement par habitant le plus élevé au monde.
Cet endettement est original par son ampleur (10% de l'encours de la dette de l'Afrique subsaharienne), la part de la dette privée (30%), celle de la dette multilatérale (20%), l'importance de la dette souscrite à des taux d'intérêt élevés, la prépondérance de la dette à taux flottants (50%) et l'importance des créances libellées en dollars (40%).
Si la Côte-d'Ivoire honorait la totalité du service de sa dette, il lui faudrait y consacrer les 3/4 du produit de ses exportations. En raison de son insolvabilité depuis 1991, les sources de financement internationales lui sont coupées, à l'exception des crédits de la Banque mondiale, la France ayant jusqu'ici réglé directement les échéances dues à cette institution.
Un nouveau plan d'ajustement structurel doit être négocié avec le FMI avant la fin du premier trimestre de cette année, pour tenter de renflouer l'économie.
1.2     L’épreuve de force engagée par Alassane Ouattara et son comportement anticonstitutionnel.
En cas de décès du chef de l’Etat, les modalités de sa succession sont clairement définies par l’article 11 de la constitution qui stipule que le Président de l’Assemblée nationale doit assurer les fonctions de chef de l’Etat jusqu’au terme du mandat en cours, c’est à dire jusqu’en décembre 1995.
Méprisant totalement ces dispositions, Alassane Ouattara va engager une véritable épreuve de force, contestant la légitimité du Président Henri Konan Bédié, le successeur naturel, refusant de présenter sa démission et manœuvrant pour rallier l’armée et notamment son chef d’Etat major, le général Gueï. Face à un comportement bafouant aussi ouvertement les règles et les principes démocratiques, la presse occidentale mais aussi les responsables politiques marquent leur très vives réprobation envers le comportement d’Alassane Ouattara qui, totalement désavoué, finira de mauvaise grâce par s’incliner, laissant à ses successeurs une situation financière, économique et politique, que beaucoup d’observateurs décrivent comme irréparable et inextricable.
 Libération
9 décembre 1993
Crise constitutionnelle, le Premier Ministre se pose en successeur de Houphouët. Alassane Ouattara conteste la légitimité de Henri Konan Bédié, qui s'est autoproclamé président mardi.
En dépit du deuil national proclamé mardi à l'occasion de la mort du"Père"de la nation ivoirienne et de la déclaration du président de l'Assemblée nationale, Henri Konan Bédié, s'arrogent la fonction de président de la République, le Premier ministre, Alassane Ouattara, son rival de toujours et candidat à la succession, refuse de déposer les armes. Hier matin, le chef du gouvernement convoque dans la plus grande discrétion son ministre de la Défense et le chef d'Etat-major des armées, qui l'auraient, affirme t-on à la primature, assuré de leur entière loyauté. La veille déjà, il avait saisi la Cour suprême, réclamé qu'elle constate officiellement la vacance du pouvoir et, au terme du délai nécessaire, installe un nouveau président de la République.
Selon un diplomate occidental visiblement inquiet, cette manœuvre , tout en donnant l'impression de respecter la loi fondamentale, permet à Ouattara d'ignorer le nouveau"président" et de conserver sa qualité de Premier ministre. Plus qu'un simple défi à l'héritier constitutionnel, Ouattara vient d'engager un bras de fer politico-éthnique aux conséquences imprévisibles. Originaire du Nord, musulman et membre de l'ethnie Sénoufo, Alassane Ouattara réunit aussi sous sa bannière les industriels ivoiriens et occidentaux.
Le Monde
9 décembre 1993
Crise de succession - Une succession problématique
La disparition du doyen des chefs d'Etat africains laisse la Côte-d'Ivoire "orpheline", a fait remarquer M. Ouattara. Elle ouvre aussi une période d'incertitude pour l'un des rares pays africains à n'avoir jamais connu de tentative de coup d'Etat.
Les modalités de la succession sont théoriquement garanties par l'article 11 de la Constitution, qui stipule que le président de l'Assemblée nationale doit assurer les fonctions de chef de l'Etat jusqu'au terme du mandat en cours, c'est-à-dire jusqu'en septembre 1995.
Mardi soir, Henri Konan Bédié, le président de l'Assemblée nationale, s'est lui-même investi dans ses nouvelles fonctions, sans autre forme de cérémonie. "La constitution me confère dans cette dramatique situation les responsabilités dont je mesure le poids, les responsabilités de chef de l'Etat. Je les assume dès maintenant. Le pays sera gouverné par tous les Ivoiriens et étrangers vivant sur notre sol", a déclaré M. Bédié, un avocat de cinquante neuf ans.

Henri Konan Bédié, président de l'Assemblée nationale et dauphin constitutionnel, et donc, théoriquement, président de la République depuis le dernier soupir du"Vieux".
Mais à cette heure précise, rien n'est joué. Bédié sait qu'il faut se battre encore pour entrer en possession du fauteuil, et Ouattara ne désespère pas que les choses se passent autrement que se qui est prévu par la Constitution. Depuis que la maladie du Chef de l'état a pris une tournure irréversible, il s'est peu à peu instauré dans le pays un grand débat, ouvertement encouragé par le Premier ministre , qui tend sinon à remettre en cause les dispositions constitutionnelles relatives à la vacance du pouvoir, du moins à en donner une interprétation suffisamment large pour empêcher que le Président de l'Assemblée nationale hérite du solde du mandat de Félix Houphouët-boigny.
Le Figaro
9 décembre 1993

La bataille de succession
Après l'auto proclamation du nouveau "président" Konan Bédié, le premier ministre Ouattara n'envisage pas de démissionner.
Mardi dans la nuit, le dauphin constitutionnel a reçu le corps diplomatique: les ambassadeurs de France, des Etats-Unis, d'Autriche, de Mauritanie et du Gabon. Peu avant, un message de François Mitterrand, adressé au"président Bédié" , avait été lu à la télévision.
Bien avant la mort d'Houphouët, Paris n'avait jamais caché sa préférence en faveur de la stricte application de la Constitution. En réagissant aussi rapidement, les Français semblent avoir  toutefois quelque peu troublé le jeu. De sources très bien informées, il apparaît que le premier ministre Alassane Ouattara, n'envisage à aucun moment de présenter la démission de son gouvernement. Hier, dans la matinée, le chef du gouvernement a d'ailleurs reçu le chef de l'Etat major, Robert Gueï, le commandant de l'armée de l'air, le général Coulibaly, le ministre de la Défense, Léon Konan Koffi, et le général commandant  de la gendarmerie. Ceux-ci l'auraient assuré de leur "loyauté".
En fin de matinée, le porte-parole d'Henri Konan Bédié mettait à nouveau les choses au clair : "Il est d'usage, affirmait-il, quand un nouveau président arrive au pouvoir, que le gouvernement présente sa démission ».
Une heure plus tard, on mimait l'étonnement à la Primature: "Nous ne sommes pas au courant, assurait un proche, nous attendons une décision de la Cour suprême". Pour l'heure, la confusion est importante. Des négociations tous azimuts sont engagées, quoique difficile, un compromis de la dernière heure est toujours possible. Une délégation du FMI devait arriver, hier à Abidjan, pour entamer des négociations cruciales.
Aujourd'hui, la Côte-d'Ivoire n'a guère le choix. Le pays n'est pas en mesure de se payer une crise politique.  Crise de succession - La démission du premier ministre semble mettre fin à la querelle de succession.Pour avoir voulu jouer un rôle politique, l'économiste, ancien directeur du FMI et ex-gouverneur de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), appelé à la rescousse en novembre 1990 par un président ivoirien confronté à une grave crise économique, se voit donc écarté de la scène.
Il s'était retranché sur des positions qui ne semblaient guère "tenables": son rival avait pour lui la Constitution, dont le très contesté article 11 fait du président de l'Assemblée nationale le successeur du chef de l'Etat, en cas de vacance du pouvoir, jusqu'à la fin du mandat entamé (en l'occurrence septembre 1995). Le futur gouvernement aura en effet fort à faire pour gérer le pays s'il ne bénéficie pas de la confiance de la population.
Les caisses sont vides: depuis trois mois, l'Etat racle les fonds de tiroirs pour payer les 100 000 agents. Certaines catégories professionnelles n'ont toujours pas perçu leurs salaires en novembre. Et ce , bien que la Côte-d'Ivoire ait bénéficié cette année de contributions françaises pour un montant de deux milliards de francs.
Or, l'aide de Paris devrait faire défaut l'an prochain, à la suite de la décision du gouvernement Balladur de ne plus aider que les Etats Africains qui auront conclu des accords avec le FMI et la Banque Mondiale, ce qui n'est pas le cas de la Côte d'Ivoire. Qui plus est, Abidjan ne pourra renouer avec les institutions monétaires internationales qu'en adoptant un plan d'austérité draconien, nécessairement générateur de tensions sociales.
Crise de succession
Bédié rassure Ouattara , mais perçoit comme un profond mépris le fait que le Premier ministre n'a pas daigné aller lui présenter sa démission, préférant la " jeter sur la place publique". Ouattara est convoqué chez Bédié. Il demande que la presse n'assiste pas à cette rencontre. Et arrive en bras de chemise, ce que le chef de l'Etat perçoit comme une forme supplémentaire de mépris, non pour sa personne, mais pour la République.
Dr Allassane Dramane Ouattara:
Dans la vie politique, l’acharnement contre un homme peut enfoncer et souiller considérablement l’image d’un pays. Dans les moments forts de l’affaire Ouattara, nous fumes de ceux qui ont exposé publiquement que le
Dr Allassane Dramane Ouattara, est un ivoirien, avec tous les droits et devoirs liés à cette nationalité.
De même que la Chine ne nommera jamais un indien comme son premier ministre, l’Ethiopie non plus ne nommera jamais un Algérien comme premier ministre de son gouvernement. La Turquie non plus de nommera jamais un Grecque comme premier ministre à Ankara.
Personne ne peut imaginer un ghanéen premier ministre du Niger. La Côte d’Ivoire ne pouvait donc pas nommer un Burkinabé comme son premier Ministre. contester aujourd’hui la nationalité ivoirienne au Dr Allassane Dramane Ouattara, est non seulement ridicule, mais injustifiable devant le droit et le bon sens.
Sur la base de ce principe simple de cohérence qui existe sur la terre. Nous disons ici avec sérénité que le Dr Ouattara, a été premier ministre de la République de Côte d’Ivoire, il est ivoirien et notre position a été confirmé par une des résolutions du Forum ivoirien de réconciliation nationale.
Cela étant dit le Dr Ouattara doit apprendre qu’en politique la patience est la meilleurs des attitudes. La politique est un domaine de la vie ou se précipiter est la meilleure façon de se fragiliser et d’hypothéquer son propre avenir. De tous les politiciens ivoiriens, ADO est celui qui a eu trois grandes chances de sauver la Côte d’Ivoire. Il a dilapidé ses chances car il n’a pas su voir loin.
La première fut les manœuvres dilatoires qu’il a orchestré au sommet de l’Etat à la mort du Président Houphouët-Boigny, le 7 décembre 1993 il savait très bien qu’en cas de vacances du pouvoir par décès du président de la République , c’est le président de l’assemblée nationale qui assure l’intérim de la présidence de la République.
Ce type de disposition existe au USA, ou dès la mort constaté du président Kennedy le 22 novembre 1963 à dallas le Vice-président Lyndon Bob Johnson, prêtait serment immédiatement comme le président des USA. En France il n’y a pas eu de manœuvres dilatoires à la mort du président Pompidou. Car les dispositions de la constitution font du président du Sénat M. Alain Poher, l’homme qui doit assumer la fonction présidentielle en cas de décès du chef de l’Etat.
Pourquoi ces choses simples qui existent partout deviennent compliqués chez nous ? pourquoi nos peuples africains doivent-ils faire les frais des ambitions personnelles des uns et des autres ? Si ADO avait accepté les dispositions constitutionnelles, il serait un recours indispensable pour les ivoiriens devant la médiocrité de l’insignifiant Henri Konan Bédié. Ce fut la première chance ratée.
La seconde chance dilapidée est sans aucun doute son refus de participer aux dernières élections législatives ivoiriennes. Le résultat fut désastreux car c’est ce parlement qui siège encore aujourd’hui, c’est ce parlement qui a court-circuité les accords de Linas Marcoussis.
ADO doit apprendre qu’en politique, laisser la chaise vide est la pire des politiques. C’est une attitude de vide politique toujours contre productive. Si son parti le RDR avait participé aux législatives, il aurait pu envoyer suffisamment de députés au parlement pour modifier la loi électorale sans recourir à une guerre stupide et insensée qui a plongé le pays qu’il veut gouverner dans un bain de sang inutile.
La troisième chance, est son refus de se désolidarisé de la rébellion. Lorsque les rebelles ont dit publiquement qu’ils avaient pris les armes pour que ADO soit le président de la Côte d’Ivoire, il aurait du démentir fermement tous liens avec eux. Mais ses rencontres avec les rebelles et les exigences de la rébellion qui coïncident curieusement avec les revendications de son parti.
Sans oublier l’appel fait par ADO depuis la tribune du dernier congrès du RDR, pour que les membres de la rébellion rejoignent son parti. Tout cela fait dire aux ivoirien qu’ADO est à la base de la rébellion et de la guerre sanglante que le pays a connu. Nous constatons, chez lui une précipitation dans les actes, un manque d’analyse dans les stratégies à long terme et surtout une méconnaissance des ivoiriens.
Nous lui rappelons ici que lorsque le Colonel Antonio Tejero, avait pris les armes en attaquant le parlement espagnole le 23 février 1981, les militaires rebelles se proposaient de sauver la monarchie espagnole, c’est donc en tenue de capitaine général de l’armé espagnole que le Roi Juan Carlos de Bourbon y Bourbon est apparu à la télévision, pour rejeter ces minables puschistes avec fermeté, et inviter l’armée espagnole et les nostalgiques du franquisme à respecter l’Etat de droit, la transition démocratique, le royaume d’Espagne et sa constitution.
C’est ce jour là que tous ceux qui en Espagne n’étaient pas monarchistes ont basculé dans le camps de la monarchie en reconnaissance pour ce Roi démocrate qu’est Juan Carlos 1er. C’est ce jour là que les espagnols ont découvert la vrais dimension de ce monarque homme d’Etat de son temps et sincèrement amoureux de son pays. Allassane Ouattara à raté une belle occasion similaire d’avoir la reconnaissance des ivoiriens, pour le reste de sa vie.
Sa propension à crier sur tous les toits qu’il est majoritaire, que les autres sont incompétents, qu’il va normaliser les relations avec la France , qu’il n’y a que lui pour bien gérer la Côte d’Ivoire, le fait de lier son destin à son parti, le fait aussi qu’il ne se voit dans aucune autre fonction que celle de président de la Côte d’Ivoire, fait de lui celui qui souffrira le plus en cas d’échec électoral.
Ses amitiés dans les milieux d’affaires français font de lui un des pions de la France dans le marigot politique ivoirien. Les ivoiriens ne lui pardonneront jamais la privatisation des entreprises nationales de l’eau et de l’électricité au groupe français Bouygues sans appel d’offre. Quand ses compatriotes disent qu’un vrais ivoirien n’aurait pas fait une chose pareille, c’est de cela qu’il s’agit.
<< Le jours viendra ou je frapperais ce gouvernement moribond et il tombera comme un fruit mure.>>
Les ivoiriens n’aiment pas qu’on profère des menaces contre eux. Ils méprisent celui qui porte la menace sur la place publique. Si le Dr Ouattara veut diriger un jour la Côte d’Ivoire, il doit sortir des menaces, des assignations ethnico politiques et ethnico religieuses pour apprendre qu’en politique on ne force pas le passage, on crée les conditions d’une adhésion populaire porteuse d’un projet qui permet de contourner les difficultés.
Après tout le général De Gaulle n’est-il pas revenu au pouvoir en 1958, grâce à sa patience, aux l’incohérences de la IVe République et à la versatilité de la classe politique de son temps. C’est en gagnant les cœurs et les esprits de ses compatriotes que le Dr Ouattara pourra aider à la reconstruction d’une Côte d’Ivoire juste, fraternelle, digne et prospère au profit de tous les ivoiriens. Toutes autres voies de sa part ne seront que souffrances et supplices pour tous les ivoiriens.



Pourquoi Alassane Dramane Ouattara (“ADO”) ne devrait pas être Président de la Côte D’Ivoire
Le Grin de Sel d’Une Ivoirienne Au Coeur meutri

Le jeudi 6 mars 2003 - [7559 mots]  

“ADO” Août 1984 par l’hebdomadaire 'Jeune Afrique' aujourd’hui 'Jeune Afrique l’intelligent' (vous pouvez consulter les archives les si vous avez des doutes à moins que vous ne sachiez pas lire) 'Alassane Ouattara de nationalité Voltaïque (Burkinabé) de père et de mère voltaïques immigrés en Côte d'Ivoire, vient d'être nommé Directeur du Département Afrique du FMI'.
“ADO” Juin-Juillet-Août 2002 en Côte D’Ivoire aux militants du RDR:
'S'ils veulent qu'on mélange le pays, on va le mélanger'
'Allez aux élections avec n'importe quel document d'identité. Si un seul militaire s'avise de tirer sur vous, il se trouvera, je vous assure, d'autres militaires pour lui tirer dessus'. “Je rendrai ce pays ingouvernable !”
'Si Vous Voulez Que L'On Brûle La Côte D'Ivoire, On La Brûlera'

“ADO”, une version modifié de la chanson “Still Going Strong “, de Glen Washington, illustre ce que je crois Mère Côte D’Ivoire aimerait vous dire à la suite de vos actions de 1990-2003. Ayant étudié aux Etats-Unis vous n’aurez pas de problèmes à la comprendre. Bien que les patriotes Ivoiriens ont écrit depuis le début de la crise pour condamner cette aggression, votre fan club et vous restez obstinés :

“Oh Yeah still going through…So touched and torned…Rejected and worned…
My children and I have been used and abused and so wrongly accused but we’re still going through...You back stabbed us and always are fighting us still we’ll go through But we know one day you’ll realized that it is the mercy’s of God that keep us alive...We will sing a new song for justice...“ADO”, You’ve slipped and now you are sliding and from God you can’t hide, since you have no love in your heart for my children, you will have to be punished … Although you and your rebels keep fighting us down we get stronger and stronger... We will be always around because we are rooted and grounded for justice… After all the words are said and done, that’s when the King of King should reigned...Proclaiming judgement on each and everyone, there will be justice and my children and I will rise again… For more than 12 years you took my children happiness away with the help of France, my jealous neighbors, some of my selfish politicians and religious leaders which caused them to suffer but we fight to survive for justice and still going strong... All the evil games that You and your wicked men play, You can’t touch us “No way”…Our current problems, that you have again created, like the others will fade away…Strong and united we will stay .”

Je n’arrive pas à comprendre pourquoi ces atrocités, ceux qui les ont commisent, ceux qui les défendent et justifient ces atrocités à travers les médias nationaux, internationaux, l’internet, leurs partisans etc.. , ceux qui supportent ces assassins. Ceux qui accusent les victimes ou offre le tapis rouge à ces terroristes. C’est pour cela je dis:

Pauvre Côte D’Ivoire…Yako…Yako..Depuis les années 90s ta vie paisible a été interrompue par un faussaire!!
Je me sens obligée d’apporter “Mon Grin De Sel” à cette mauvaise sauce d’injustice.” Oui, je suis pour toi, pour ton Président, pour ton intégrité territoriale, pour ton Armée et pour ton peuple et contre tous ceux qui de près ou de loin ont atteint á ta souvereineté. Mon journal sera long mais je tiens à te le présenter dans son intégrité, je ne vais pas non plus mâcher mes mots car mon coeur est meurtri. Il me semble que l’égoisme et le matérialisme de certains de tes enfants ont l’air de leur faire perdre la raison au lieu de s’unir pour te libérer de ces terroristes et imposteurs. Ceux qui demanderont des preuves pour ce qui va suivre devraient faire leurs propres enquêtes nous sommes au 21e siècle rien n’est aujourd’hui tabou.

Revisons Ensemble Ceci:

As-tu été agressée lâchement dans la nuit du 18 au 19 Septembre 2002? Oui! Est-ce qu’ un membre de ton gouvernement légal a été assasiné? Oui! Est-ce que des officiers supérieurs, sous offficiers etc.. de ton armée ont été lâchement assassinés? Oui! Est-ce que des milliers d’innocents Ivoiriens ont été violés, assinés et continue de l’être? Oui! Est-ce que le mpci, mpigo, mpj sont des mouvement légaux vis á vis de ta constitution? Non! Est-ce que les musulmants Ivoiriens de ton Nord et Sud ont été pratiquement décimés comme les Guêbiers, les abbeys, etc..? Non! Est-ce que les étrangers sont traités comme au Gabon, en Lybie, au Nigéria, en France etc…? Non! (la preuve, ils constituent près de 30% de ta population). Alors pourquoi es-tu au banc des accusés? N’est-ce pas que tes enemis tentent en vain de câcher LA VERITE et surtout déplacé cette injustice que tu subie? OUI! Est-ce que ta Constitution est pire que ceux de tes voisins ou même du reste du monde? Non! Est-ce que tout étranger vivant sur ton sol n’est-il pas libre de le quitter quand il le veut? Oui! Est-ce que ces étrangers n’ont-ils pas d’abord été attirés par tes richesses naturelles et ne se sont-ils pas enrichis? Oui! Est-ce ce que ces étrangers n’ont-ils pas rappattrier dans leur pays tout ce qu’ils ont reçu de toi depuis ton indépendence? Oui! Est-ce que tes richesses et ton peuple n’ont pas servi la France alors qu’elle impose des visas d’entrés à tes enfants en retour? Oui! Est-ce que tes fils ne se sont pas sacrifiés pour défendre cette même France devant l’armée d’Hitler á deux reprises au 20e siècle? Oui! N’est-ce pas qu’Alassane Dramane Ouattara n’était connu d’Adam ni d’Eve comme Ivoirien ou homme politique sur tout l’étendue de ton territoir avant 1990? Oui! Est-ce qu’Alassane Dramane Ouattara n’a pas été imposés aux Ivoiriens en 1990 tout comme Messieurs Savadogo, Thiam, Diawara etc.. avant lui? Oui! Est-ce que ta Constitution n’a pas été adoptée démocratiquement à 86% par ton peuple en Juillet 2000? Oui! Est-ce que Alassane Dramane Ouattara n’avait pas même une case dans ta ville de Kong depuis ton independence jusqu’à la fin du 20e siècle? Oui! Est-ce qu’Alassane Dramane Ouattara le divorcé de 1990 n’aurait pas pu prendre une de tes filles dans un de tes villages s’il t’aimait et te connaissait autant que d’en prendre une dans un supermarché c’est à dire importe comme lui? Oui! Alors à quel niveau se trouve le problème? Pourquoi t’en veut-on autant si ce n’est pas de l’ingratitude, la jalousie, la pure haine et surtout pour tes richessses naturelles? Vraiment tes enemis ne savent plus à quel démon se livrer après avoir tout essayer pour te salir sur le plan international, hier c’était la Xénophobie dans les années 90s, puis le charnier de Youpougon en 2000, ensuite c’était les enfants du sahel esclaves dans tes champs de café et cacao en 2001 (au point oú un député corrompu par tes enemis avait demandé au Congrès Américain d’émettre une loi interdisant leurs consomations sur le territoir américain mais comme Dieu ne dort pas les terroristes d’Al Quaieda avec leurs actions ont tourné le vent américain en ta faveur) maintenant c’est l’escadron de la mort en 2002-2003. De quoi t’accusera t-on d’ici 2004 car il y aura la fin des échéances de tes gros contracts. Ce qui m’amuse dans cette histoire, c’est l’action des Nations Unies, incroyable, cette organisation qui est reputée pour sa lenteur bureaucratique, son ineptie à résoudre les conflits internationaux, est d’une efficacité extraordinaire lorsqu’il s’agit de toi . En une semaine son représentant a pu enquêter sur toutes les atrocités que tu as subie depuis le 19 Septembre 2002 mais sortir un dossier complet et une Résolution légitimant l’occupation de la France sur le plan international. Si tu te souviens elle a aussi réagi similairement durant le charnier et cette histoire d’esclavage d’enfants. Tandis que cette même organisation traine les pieds sur les atrocités commises au Soudan, en Erithrée, en Ethiopie, en Angola, au Rwanda, au Zimbabwe, en Sierra Leonne, au Congo Brazaville, au Libéria, en République Democratique du Congo pour ne citer que cela en Afrique (il faut aussi rappeller qu’elle n’avait pas levé le petit doigt durant l’Apartheid Sud Africain). Sur le plan international, celles de l’ancienne Yougoslavie, l’Irak , l’Israël et la Palestine qui restent toujours sans conclusion. elle vient d’être chassée de la Corée du Nord, mais jusqu’à ce jour n’a réussi à resoudre aucun conflits au contraire sa présence empire toujours les situations. Je trouve aussi intéressant que les premiers à s’écrier sur toutes ces accusations viennent d’Alassane Ouattara et son entourage auquels s’ajoutent maintenant leurs branches armées comme ils l’ont exactement fait pour le charnier. Les accusations dans le rapport ressemblent curieusement à ceux qu’Alassane Ouattara portait contre l’entourage du Président Gbagbo en 2000 à propos du charnier sur les antennes de BBC, CNN etc “The dead are all my people, the soldiers were from Laurent Gbagbo, Bete ethnie and were asking people if they were people from North and take them away to be killed…A priori I am supported by more than 60% of the population..” (encore une fois les archives de ses organisations peuvent être consultées). Il s’est avéré comme tu le sais que ce fameux charniers n’était qu’un gros montage par Alassane et son entourage pourquoi parce que la plupart de ces morts avaient de l’eau dans leurs poumons (ce qui était clairement du à la noyade) au lieu de sang sur ton sol de Youpougon. Il accusait en 2000 les soldats Bété, ce sont encore les mêmes qui sont accusés en ce moment avec pratiquement les mêmes mots. Ma chère Patrie examinons ensemble cette histoire “d’escadron de la mort”dont tes ennemis inclus la France de Chirac “Le Menteur” veulent que la communauté intenationale mette tes enfants au banc des accusés du Tribunal Pénal International (TPI), jusqu’à ce jour l’escadron a été officiellement accusé d’avoir tué moins de 100 personnes tandis que les rebelles-terroristes ont tué par milliers et continue de tuer. Ah pauvre de toi..! Mais comme les autres accusations celle-là aussi s’en ira d’elle même dans tous les cas tes ennemis savent qu’ils ont tout perdu. Avec cette histoire d’escadron ils veulent se servir des soldats Français pour faire pressions sur ton Président (qui ironiquement leur a fait appel initialement) afin que les intérêts français et les traîtres Ivoiriens soient protégés, ne t’en fait pas tes enfants sont désormais très vigilants.
J’accuse aussi de complicité tous ceux qui insistent sur l’application intégrale des accords Marcourssis alias “Racourcis”. Si les accords de Lomé qui étaient beaucoup plus légitimes parce qu’ils avaient le support de l’Etat, les FANCI, tous les partis politiques, la Société Civile et les rebelles-terrorists n’ont pas été respectés pourquoi Marcourssis qui est équivalent à un coup d’état constitutionel devrait l’être?

Sincèrement après le discours apesant du Président Gbagbo, les débats sur Marcourssis-kébler devraient en principe être clôs mais voilà que tous ceux qui s’étaient éclipsés durant les premiers mois des hostilités on maintenant le ventre en poupre, continuent avec leurs campagnes mensongères, les insultes du 1er couple Ivoirien et du peuple de Côte D’Ivoire. Vous pouvez insulter, mépriser le Président Gbagbo mais vous ne pouvez pas l’accuser de ne pas aimer son pays, ses frères et soeurs Ivoiriens car il n’a jamais lèvé le petit doigt contre qui que ce soit malgré tout ce que sa pauvre famille et lui ont subi pendant au moins 30 ans (“Il faut remettre à César ce qui est à César”, si vous avez des preuves, présentez les). Il est l’un des rares sinon le seul leader au monde qui s’est déplacé pour convaincre les leaders de l’opposition de rentrer dans leur pays. Respectant toujours la Constitution ils ont été traités comme des petits rois. Il s’est battu et continu de se battre avec son verbe pour défendre les intérêts de la Côte D’Ivoire et de son peuple, c’est pour cela que tous les ennemis de la Côte D’Ivoire se sentent “roulés dans la farine” mais “c’est ça qui est la vérité”. Si le ridicule pouvait tuer..! Comme on dit que la vérité finie toujours par triompher qui vivra verra. La Côte D’Ivoire a vu ses enfants tués, violés, déplacés, pillés et même drogués avec la complicité des leaders de ses parties politiques et certains leaders religieux.

Ce complot est très flagrant, chers enemis de la Côte D’Ivoire cette campagne psychologique toute comme votre campagne armée ne fera pas long feu. Les ennemis de la Côte D’Ivoire peuvent manipuler les médias internationaux, insulter ou ridiculiser ceux qui la défendent avec des preuves à l’appui ou fournissent des arguments intellectuels (comme Mr Ahua Jr ), une chose est sûre aujourd’hui tout Ivoirien est un homme averti, demain si Laurent Gbagbo Koudou n’est plus il y aura un autre similaire qui le remplacera car comme vous l’avez constaté tous les politiciens ivoiriens ne sont pas corrompu (Pr Coulibaly ou Mr Donald Fologo). Nous avons des intellectuels comme Pr Amoa qui seront prêts à utiliser leurs verbes pour défendre leur patrie. Le Président Gbagbo l’a d’ailleurs recommandé à tous malheuresement vos journaux confondent les insultes au journalisme ou à la liberté d’expression. Vous ne pourrez pas non plus compter sur l’armée Ivoirienne actuelle pour faire votre sale besogne car la pourriture que vous avez pu corrompre s’en est allé ce qui ne représente -3% de son effectif. La preuve les dirigeants de la branche armée de tes enemis ne peuvent pas se comparer aux officiers ni aux sous-officiers des FANCI car rien qu’entendre leur Porte-Parole le Lieutenant-Colonel Yao Yao Jules on imagine déjà leurs niveaux intellectuels. Vous avez entendu les chefs rebelles? C’est pourquoi ils ont choisi un Soro Guillaume…

Alassane Dramane Ouattara, vos revendications de Marcourssis, ont finalement devoilé au yeux des communautés Ivoirienne et étrangères vos vrais intentions à propos de la Côte D’Ivoire et surtout votre vraie identité. Je ne sais pas si vous souvenez du discours de Maître Yacouba Sylla après les évènements de l’an 2000, la phrase suivante me revient souvent “On brûle une maison lorsqu’on ne sait pas comment elle a été bâtie”. Comment pouvez-vous dire que vous êtes un Ivoirien qui se bât pour l’injustice faite aux Ivoiriens musulmans du Nord et vous signez un document qui ne prend en compte que les intérêts des étrangers vivants en Côte D’Ivoire (ou sont donc passé le Général Guéi pour qui votre mpigo continue de tuer dans l’Ouest et la population musulmane Ivoirienne du Nord avec le mpci au Nord et au Centre?). Pourquoi pensez-vous que dans tous les pays du monde favorisant la démocracie il y a une constitution? Mais c’est pour éviter à n’importe qui d’être Président de la République afin que les biens de ce pays soient protégés (vous souvenez vous de Mr Fujimori du Pérou oú se trouve t-il après les injustices comisent au pauvre peuple Péruvien? Au Japon d’oú ses parents sont originaires) ou bien encore le cas de votre parrain Bongo qui favorise plutôt ses frères Congolais au “Grand Dam” du peuple Gabonais. Mr Ouattara il est grand temps que vous disparaissez de la scène politique de Côte D’Ivoire, votre branche armée a échoué, vous pouvez négocier ou tuer comme vous voulez mais la Constitution de Côte D’Ivoire ne pourrait être modifier sans un referendum . Vous avez fait du tort au peuple Ivoirien en générale et à la pauvre population Ivoirienne du Nord en particulier. Vous avez montré que vous êtes un opportuniste qui n’a aucune conviction morale, vous n’êtes loyal qu’aux plus offrants au mépris du pauvre peuple Africain. Hier c’était en tant que Voltaïque que vous avez su profiter de ce pays pour vous offrir des études gratuites et avoir facilement accès aux institutions internationales. Aujourd’hui c’est la Côte D’Ivoire que vous voulez détruire parce que vous n’avez pas obtenu gain de cause. A propos pourriez vous expliquer au peuple Ivoirien et à la communauté internationale pourquoi vous n’avez pas fait toutes ces revendications de 1990 a 1992 lorsque le Président Houphouet qui vous a introduis aux Ivoiriens était encore lucide? Vous avez même dit que vous n’étiez pas venue pour faire la politique mais aider à relancer l’économie, c’est de là que vous avez tiré le pseudonyme de “technocrate” n’est-ce pas? Les archives de la RTI ont toujours vos conférences de presse comme vous avez une mémoire très courte. Au contraire vous avez introduis la carte de séjour pour distinguer les ivoiriens des étrangers! Umhmm…!! Vous rôdez maintenant autour du Président Bongo, fériez-vous la même chose au peuple Gabonais à sa disparition? Les marches de la première semaine de Février 2003 ont dû vous faire comprendre que votre future à la Présidence de la République de Côte d’Ivoire à le même pourcentage de chance que la réapparition du feu Président Houphouët en 2005 même si vous aviez une fois encore essayé de divertir l’opinion publique en tuant le comédien H (était-ce un test pour savoir le nombre de supporters que vous aviez dans le Sud?), tout comme vous avez tué le Dr Dakoury Tabley durant Lomé. En effet votre entourage et votre machine médiatique a voulu sensionalisé cela pour ternir une fois de plus l’image de la grande majorité des Ivoiriens après l’écrasant succès de la marche du 1er Fèvrier 2003 (soutenez vous toujours que plus de 60% de la population Ivoirienne vous supporte?...Ah!.). Tout comme Octobre 2000 après, les évènements historiques que je ne vais pas détaillé, avec votre ridicule charnier-genocide à propos où se trouve votre fameux Belge? Va t-il faire un film sur Mr Bogua Doudou, tous les officiers de l’armée Ivoirienne et ces pauvres civiles qui ont été si lâchement assinés? Oh pauvre de toi Marcellin Yacé! Cher Monsieur j’ai supporté votre cause lorsque vous étiez Premier Ministre mais sachez qu’aujoud’hui en Côte d’Ivoire vous pouvez être Ivoirien naturalisé puisque vous en fait la demande mais vous n’êtes pas éligible à la Présidence de la République de Côte D’Ivoire donc arrêter votre folie, tuer parce que vous perdez du terrain et maintenant c’est chose faite vous ne serez jamais Président... Votre branche armée qui vocifère à qui veut l’entendre d’être plus forte n’a t-elle pas échoué lamentablement depuis le 19 Septembre 2002? Elle ,comme des poltrons, fumistes et des hypocrites, a surprise et tué des personnes qui dormaient. Après tant de préparations et d’investissements elle s’est seulement cantonnée dans les zones arides et sèches de la Côte D’Ivoire puisqu’elle ne contrôle que 10% de l’économie de Côte D’Ivoire. La guerre psychologique est bonne mais que votre branche de tueurs sâche que les Ivoiriens sont sur le qui vive 24h sur 24. Ceux qui refusent de se rendre à l’évidence peuvent toujours perdre leur temps avec vous car l’avenir est avec le Président Gbagbo, les forces loyalistes, l’Etat Ivoirien et son peuple. Vos musulmans Ivoiriens et ces étrangers au nom desquels vous avez tué par milliers (inclus mes parents à Bouaké et à Korogho), détruit des millions de familles et leurs biens, oú sont-ils? Pourquoi il n’y a pas de mouvements massifs de ces populations vers les zones que vos bandits de grands chemins occupent si les Ivoiriens étaient aussi mauvais que cela? Au contraire tous les jours que Dieu ou Allah fait ce sont des mouvements Nord – Sud que nous apercevons. Une chose est certaine, vous avez débarrassé Abidjan de tous ces drogués que vous avez infiltré pour créer l’instabilité dans cette belle localité, maintenant qu’ils sont avec les rebelles ou allez vous déverser tout ce monde lorsque la paix reviendra en Côte d’Ivoire? Oui, croyez-moi elle reviendra, tout comme votre associé la France il vous faudra trouvé un moyen pour remettre le “Génie dans la bouteille”. Ah j’ai oublié peut-être que votre ami Koffi Annan, sa femme, votre femme et Sarkozy trouveront une solution..!! Les jeunes fanatiques de Yopougon dont vous minimisez la détermination, ils se souviennent encore des horreurs commises sur leurs camarades étudiants endormis par feu General Guéi avec votre accord en tant que premier ministre. De ce fait il savent de quoi vous êtes capable. Cher monsieur les articles suivants de la Constitution Ivoirienne fait de vous un imposteur:
le Code de la Nationalité est claire qui dans son article 6 ( Loi n° 61-415 du 14 décembre 1961 portant Code de la Nationalité ivoirienne modifiée par la loi n° 72-852 du 21 décembre 1972) stipule que : « Est ivoirien un enfant légitime ou légitimé, né en Côte d’Ivoire, sauf si ses deux parents sont étrangers …. »
Art- 7 « Est ivoirien l’enfant légitime ou légitimé, né à l’étranger d’un parent ivoirien … »
Art- 36 : « Celui qui demande la réintégration doit apporter la preuve qu’il a eu la qualité d’ivoirien ».
Art- 53: « Perd la nationalité ivoirienne, l’ivoirien, qui remplissant un emploi dans un service public d’un Etat étranger ou dans une armée étrangère le conserve nonobstant l’injonction de le résigner qui lui aura été faite par le Gouvernement ivoirien ».
Art. 31 __ La souveraineté appartient au peuple.Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice.

Encore une fois, vous aurez dû écouter Maître Yacouba Sylla sinon si vous étiez Ivoirien à cette époque vous auriez su comme l’écrit ce lecteur sur Abidjan.net Que “ Rien ne justifie la prise des armes comme nous le connaissons actuellement dans notre pays.Au temps d'Houphouët,il y a eu des milliers de morts (on parle de 4000 morts) dans la région de Gagnoa(l'affaire des Guebiés).Mais malgré celà ni Gbagbo,ni un autre bété n'a fait un coup d'état contre Houphouet.Gbagbo a été victime de beaucoup d'injustices et il n'a jamais dit qu'on le traite ainsi parce qu'il est bété. Je suis aussi du nord et je pleure souvent de voir des jeunes du ma région à la tête de la rebellion la 1ère dans l'histoire de notre pays.C'est une honte.Il ne faut pas être gené de le dire.Prendre les armes pour s'exprimer,c'est faire preuve d'incapacité à convaincre les autres.Si tout pouvais se regler de cette façon,toute la planète serait à feu et à sang.Il n'aurait plus d'être humain sur la terre.” (source Abidjan.net).
N’avez-vous pas emprisonné le Président Laurent Gbagbo lorsque vous étiez Premier Ministre?

Aux Chefs de parties politiques présents à Marcourssis exclus “ADO” (je vais m’excuser pour ce qui va suivre car vous etes les fils et filles de la Cote D’Ivoire mais il est temps qu’on vous disent la vérité - vous me donnez la nausée) :
Comment osez vous vous justifier aujourd’hui après avoir posé vos signatures sur ces accords humiliants pour la Côte D’Ivoire et ses resortissants. Je crois que c’est plutôt Affi N’Guessan qui a été corrompu par les rebelles et non l’inverse comme le disaient les titres sur Abidjan.net il y a quelque semaines. Le mois dernier Mr Bédié (ex-Chef d’Etat) ne se rendait pas compte de l’ampleur de ses actions il pleurnichait sur seulement les postes ministériels attribués á son parti qui depuis 1990 (le multipartisme existait) est responsable de ce qui nous arrive aujourd’hui, cher monsieur votre égoisme, votre esprit matérialist (souvenez-vous du scandal des années 70), votre complex d’infériorité et votre dédain pour le peuple Ivoirien ont encore eu raison de vous à Marcourssi. A tous ceux qui ont siegé et signé Marcourssi de grâce arrêtez de vous justifier et démissionner car Soro Guillaume déclarait avant la réunion des chefs d’Etats que le mpci avait l’intérieur et la défense pas après, si vous étiez sincères dans vos convictions vous auriez claqué la porte comme l’a fait notre Président de l’Assemblée Nationale le Pr Coulibaly ou encore restez fidèles aux déclarations que vous avez faite avant votre départ. Je me demande à combien c’est élevé l’enveloppe que chacun de vous a reçu? Le peuple Ivoirien demande des explications vous essayez de vous dérober en prétendant que vous avez endorsé autre chose dans l’intérêt du peuple. Heureusement comme le disait Ivoir Soir (le journal) “le Président Gbagbo a sauvé votre peau”. Tout ce qu’on vous demandait c’était d’être unis et parler d’une seule voie contre l’aggresseur car “le linge sale se lave toujours en famille”. Mais non pour vous c’était l’occasion rêvé de régler vos comptes personnels..C’est dommage vous avez perdu gros!! Actuellement c’est la Côte d’Ivoire qui souffre non Laurent Gbagbo Koudou uniquement, c’est pour cela que la France l’hypocrite s’est empressée d’ignorer Lomé et vous inviter à Paris car elle vous savait dans sa poche… Ah la corruption, la fausse bourgeoisie franco-africaine, c’est vraiment triste! De Grâce laissez le President travailler pour le peuple..Vous aurez vos chances en 2005!!

L’Adage qui dit “A quelque chose Malheur est bon” s’applique parfaitement a ce qui se passe en Côte d’Ivoire depuis le 19 Septembre 2002 et après Marcoussis-Kléber.

Je sais que les Ivoiriens sont lassés de la situation actuelle du pays mais soyons patients car il faut nettoyer la Côte D’Ivoire de sa gangrène qui est la corruption dans sa classe politique, religieuses et ses forces de l’ordre, peut-être que le nettoyage ne sera pas a 100% avec la situation actuelle mais ce n’est qu’un début. A mon humble avis les masques tombent petit à petit depuis le 19 Septembre 2002 car l’impatience gagne nos enemis qui s’attendaient à une victoire en 48h or voilà qu’ils sont à leur point départ après cinq mois. Sachez chers compatriotes que cette période difficile que nous traversons va nous conduire à notre second indépendence économique. A ceux qui pensent que ce sera la fin de notre pays si les étrangers et les français en particulier s’en allaient. Je dirai que la Côte D’Ivoire est à un point de non retour, si les français ne sont plus là croyez moi il y aura d’autres pays qui se feront le plaisir de les remplacer.L’enjeu économique est trop grande, notre dévélopment social est parmi les plus avancés en Afrique (elle représente 40% de l’economie de l’UEMOA). Nous ne serons jamais réduit à la Guinée des années 60 ni à l’Algérie car en matière de technologie et d’économie de dévélopment aucun domaine n’est tabou au 21e siècle. Le retard de l’Afrique en général est dû à la corruption de sa classe politique (en effet on trouve de nouveaux riches que dans les services publiques au lieu du secteur privée) que autre chose. Aujourd’hui toute l’Afrique nous regarde car notre courage historique depuis Octobre 2000, est non seulement une inspiration pour tous les Africains mais prouve que nous avons les moyens de notre dévéloppement. En moins de deux ans les réformes du Café-Cacao ont permi aux Planteurs Ivoiriens de payer une année scolaire à tous les universitaires..C’est vraiment historique!). Notre réaction à l’effort de guerre, la générosité de tout un chacun fait vraiment de nous un peuple exceptionel c’est pour cela que La Toubab (à qui je n’ose pas répondre car les patriotes s’en sont chargés) sur Abidjan-net le dit si bien : “quel autre pays d’Afrique peut égaler la Côte d’Ivoire ? Lequel peut se vanter d’être aussi complet, aussi évolué, aussi plein de ressources, aussi agréable à vivre ? Quel terre jouit de tant de richesses, de tant de complicité, de toute cette abondance fastueuse ?” (source Abidjan.net)

Pour finir je dirai que les commanditaires du complot et leurs complices sont les suivants:
Le gouvernement Français, les multinationales françaises, toute la presse Française, l’ONU et Koffi Annan, l’UA et Essy Amara, La presse internationale, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Muhamar Kadaffi de la Libye, Omar Bongo du Gabon, Toumani Touré du Mali, Charles Taylor du Libéria, Tandja Mamadou du Niger, Aboulaye Wade du Sénégal, Alassane Dramane Ouattara et tout son entourage, feu Guéi Robert, certains Imans Ivoiriens et membres du RDR, Lida Kouassi, toutes les personalités politiques Ivoiriennes présentent à la signature de Marcourssis, mpci (mpigo, mpj etc… sont les mêmes), certains officiers de notre armée, les forces de l’ordre Ivoirienne qui étaient responsables de nos frontières du Nord avant le 19 Septembre 2002 (j’espère que les miettes que vous avez reçu en échange vous ont rendu tres riches et protegent l’avenir de vos enfants et arrières petits enfants), certaines populations du Nord et du centre.

Héros et Gagnants
Président Laurent Gbagbo Koudou et Madame, feu Ministre Emile Boga Doudou,les officiers et soldats des forces armées Ivoiriennes tués depuis le 19 Septembre 2002,
le Président de l’Assemblée Nationale Mamadou Coulibaly, le Président Laurent Donald Fologo et toute sa Déléguation de Lomé. LE PEUPLE DE CÔTE D’IVOIRE surtout sa JEUNESSE et ses FEMMES, toutes Les Communautés Ivoiriennes à l’extérieur qui ont participé aux marchés contre l’aggression extérieur que subit la Côte D’Ivoire et les FANCI.
Les Avantages: Réveil du sursaut patriotiques des Ivoiriens maintenant tout le monde a compris que ce n’est pas une affaire de Laurent Gbagbo Koudou ou de Bété. L’Armée Ivoirienne par la voie de son Porte parole a finalement realisé que les enjeux de cette guerre étaient importants. Je suis contente de vous voir prendre vos responsabilités. Je voudrais que le Général Doué et ses officiers supérieurs sachent que je suis très fière d’eux. Ils ont réussi à faire comprendre aux FANCI que leur place n’est pas dans la politique mais pour la protection du peuple contrairement à ce que les désespérés rebelles veulent faire croire au reste monde. La Communauté Internationale par le biais de ses représentants a finalement compris que Le Président Laurent Gbagbo a le support du peuple libre de Côte D’Ivoire et non seulement de simple fanatiques ou du 1/4 de la population comme veut le faire croire le pauvre Alassane Dramane Ouattara.

Avant de Parler des Grands perdants je vous voudrais dire un mot à propos des attaques à l’encontre de la Première Dame Ivoirienne. En tant que femme Ivoirienne de naissance je suis très fière de notre première dame, de son parcours et de ses convictions au moins elle ne demande pas a son mari d’aller tuer des innocents pour accéder au pouvoir. En tant que femme je préfere être dans la peau de Simone Ggagbo Koudou que d’être dans celle de Chantal Terrasson Compaoré etc... ou moins Dominique Ouattara (qui au moindre incident cours pour se réfugier chez elle en FRANCE et laisse la pauvre population Ivoirienne mourir à sa place qu’elle poltrône c’est elle que vous voulez comme première dame de la C.I.?). Dominique “Foullereau” Ouattara, accuser Tapé Koulou ou le Capitaine Séka d’être en possession de vos biens montre votre légèrete d’esprit. Croyez-vous sincèrement que les Ivoiriens en général et en particulier ces personnes que vous accusez sont á une BMW ou une Safrane près? Mr Tapé Koulou a perdu des membres de sa famille et rien ne peut remplacer ces vies humaines. Arrêtez votre jeu machiavélique (c’est qui explique le comportement de votre mari), vous ne serez jamais Première Dame en Côte D’Ivoire parce que votre mari ne rempli pas les conditions suivantes de sa Constitution: Art. 35 __ Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n'est rééligible qu'une fois.
Le candidat à l'élection présidentielle doit être âgé de quarante ans au moins et de soixante quinze ans au plus.
Il doit être ivoirien d'origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d'origine.
Il doit n'avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne.
Il ne doit s'être jamais prévalu d'une autre nationalité.
Il doit avoir résidé en Côte d'Ivoire de façon continue pendant cinq années précédant la date des élections et avoir totalisé dix ans de présence effective.
En ce qui concerne Winnie Mandela elle a fait ce qu’elle devait pour sa propre survie, tout comme la Côte d’Ivoire se débarassera de tous ses traîtres pour sa survie.

Les Perdants: Ah les Grands perdants, pourquoi un grand “G”? Parce que leur ambitions pour la Côte D’Ivoire et leur complot ont lamentablement échoué

-La France: Vous vous êtes dévoilés, ah la pauvre France (“sa poule aux oeufs d’or lui échappe et maintenant elle veut la tuée”)!! Vraiment Chirac, Galouzeau de Villepin et Sarkozy vous avez cru qu’après Marcoussis-Kléber, l’armée Ivoirienne s’étant sentie humiliée allait faire un coup d’état, cela aurait été votre excuse pour envahir la Côte d’Ivoire afin d’imposer un corrompu favorable á vos intérets mais à votre grande surprise l’armée loyaliste et le peuple ont déjoué votre plan n’est-ce pas? Ne savez vous pas que nous sommes au 21e siècle c’est fini la colonisation…Vous n’avez absolument rien à offrir à l’Afrique particulièrement la Côte D’Ivoire. Vous êtes au dernier plan dans tous les domaines à part celui de la déstabilisation, regarder ce que vous avez fait de nos systèmes d’eau, d’électricité, de télécommunication sans compter notre domaine routier “ah Vianini qu’es tu devenu??”. Nous avons payés vos chômeurs, soutenu votre économie et votre sale politique (crée une classe de “bourgeoisie Africaine” au grand dam du reste de la population) pendant longtemps afin de protéger vos intérêts. C’est bien fini je crois que vous ne savez pas ce que c’est la “GLOBALISATION” de la planète. 2004 est très proche et on verra comment vous allez vous en sortir. Que vous éliminiez le Président Gbagbo (ce que je vous déconseillerai vivement) ou pas les Ivoiriens sont maintenant très informés, fini les attributions de projets au médiocres. Parlant de médiocrité Galouzeau de Villepin s’évertue à montrer du doigt les faiblesses des FANCI, mais c’est la France qui a formé et équippé à 75% cette même armée, ce qui montre encore une fois votre propre médiocrité. A propos de Marcoussis, lorsque vous insistiez uniquement sur la présence des leaders politiques (en éliminant l’Etat, l’Armée, la Société Civile) était-ce parce que vous aviez déja programmé leurs enveloppes? Je parie que vous ne vous attendiez pas à trouver des hommes comme les Présidents Gbagbo, Coulibaly et le peuple souverain déterminé sur votre chemin n’est-ce pas? Ah..La pauvre France que vous arrive t-il? Légitimer des terroristes et assassins c’est du jamais vú? Voilà je vous fais cette proposition lorsque vous arrêterez d’expulser les “Sans Papiers” Africains, permettre à tous les immigrés d’obtenir la nationalité française, aux rebelles Corses d’être ministres de l’intérieur et de la défense. La Côte d’Ivoire n’aura pas de problèmes avec ses immigrés et soient disant rebelles. Vous êtes incroyable, tout ce grand brouhaha à propos du fameux sommet Franco-Africains, légitimement boycotté par notre Président, pour seulement proposer d’être le porte parole des pays Africains auprès de L’Union Européene et la Communauté Internationale. Je crois sincèrement que vous êtes tombée bas, mais ces pays Africains ont tous des relations diplomatiques avec ces mêmes communautées! Aucun respect pour les Africains. A propos vous allez perdre aussi l’Irak ce n’est qu’une question de temps. Votre Marcourssis “Racourci est nul car notre Constitution dit ceci:
Art. 32 __ Le peuple exerce sa souveraineté par la voie du référendum et par ses représentants élus.
Les conditions du recours au référendum et de désignation des représentants du peuple sont déterminées par la présente Constitution et par une loi organique.
Le Conseil constitutionnel contrôle la régularité des opérations du référendum et de l'élection des représentants du peuple.
L'organisation et la supervision du référendum et des élections sont assurées par une Commission indépendante dans les conditions prévues par la loi.

Art. 41 __ Le Président de la République est détenteur exclusif du pouvoir exécutif.
Il nomme le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, qui est responsable devant lui. Il met fin à ses fonctions.
Le Premier Ministre anime et coordonne l'action gouvernementale.
Sur proposition du Premier Ministre, le Président de la République nomme les autres membres du Gouvernement et détermine leurs, attributions. Il met fin à leurs fonctions dans les mêmes conditions.

Blaise Compaoré: Lorsque vous remboursez à la Côte d’Ivoire tous ce que votre pays a reçu sans exception, inclus votre femme. La Côte d’Ivoire verra dans quelles conditions vos resortissants seront accommodés. Sachez que “celui qui tue par l’épée périra par l’épée”. Vous croyez vraiment que vous pouvez vous comparer à notre pays sans la complicité de la France? Comment s’annonce la famine au FASO?

Omar Bongo: Celui qui se veut le doyen des Africains mais vous êtes le plus corrompu de tous. Je vous préviens que votre pays connaîtra le même sort que la Côte d’Ivoire. Vous êtes entouré d’étrangers qui feront comme Ouattara qui d’ailleurs commence à prendre pied à terre chez vous “donc à bon attendeur salut” n’oublier pas de note sa présente nationalité et sa date d’arrivée. Mais avant de finir avec vous je dirai ceci la prostitution et l’ingratitude n’est pas une bonne chose. Alassane Dramane Ouattara a offert ses “fesses” pour accéder à tous ses postes, vous pouvez en profiter aujourd’hui mais il finira aussi la destruction de votre peuple que vous avez vous même entamé. La Côte d’Ivoire a formée la plupart de vos cadres et l’Université d’Abidjan continue d’en former. Lorsque vous éliminerez la carte de séjour, arrêterez de rappattrier les Ouests Africains comme ils sont identifies chez vous (maliens, sénégalais, burkinabés, béninois, togolais etc…) et permettre à tous les pères étrangers des enfants de mères gabonaises d’avoir les mêmes droits que vos citoyens. Vous pourriez en ce moment critiquer la Côte d’Ivoire. J’ai pitié d’un chef d’Etat qui méprise son propre peuple et qui se veut “plus blanc que le blanc” (c’est un complex…Michael Jackson pourra vous aider de ce coté...!)

Aboulaye Wade: Après avoir tourné autour du pot votre masque est enfin tombé. Ah le pauvre Wade, lorsque vous légitimerez la rebellion de la Casamance et leur permettre d’être à l’intérieur et la défense, la Côte d’Ivoire pourra peut être considérer vos suggestions. J’espère que vous savez que notre pays compte le plus large contingent de sénégalais expatriés en Afrique et même peut être dans le monde?
Toumani Touré: Comment progresse la famine et la dégradation de votre économie?
C’est triste. Pensez-vous sincèrement déstabiliser la Côte d’Ivoire en soutenant et légitimant la rebellion? Mais on tue pas la vache qui vous fournit le lait!!!

Charles Taylor: Sachez comme Blaise Compaoré “qui tue par l’épée périra par l’épée”. Souvenez-vous de Samuel Doh? Tous vos talents intellectuels ont quitté votre pays, les notres défient les imposteurs, alors vous voulez faire la même chose en C.I.. Je vous conseillerai de venir chercher vos refugiés au lieu de jouer à l’ingrat.

Tandja Mamadou: J’espère que la France vous sortira de votre pauvrété car offrir le tapis rouge à la rebellion ne vous donnera pas accès à l’eau de la Côte D’ivoire. A propos et la sécheresse s’annonce t-elle bien chez vous?

Autres chefs d’Etats Africains qui supportent ouvertement ou discrètement la Rebellion c’est très triste! Légitimé une rebellion, c’est ouvrir la voie à l’arnachie et c’est justement ce que veut la France pour elle vous devez toujours non seulement supporter son économie mais dépendre d’elle. Un autre problème c’est que la France ne contrôle plus ses tueurs à gages donc protéger bien vos frontières car vous serez leurs prochaines victimes.

Henri Konan Bédié: Pourquoi avez-vous peur de rentrer? C’est vraiment dommage!! Vous avez cru que quelqu’un de votre entourage aurait été choisie comme nouveau chef du gouvernement Ivoirien pour que vous ayez indirectement la gérance du pays n’est-ce pas? Vous vous n’êtes même pas préocupé de votre base, si vous en voulez autant au reste de la Côte d’Ivoire? Votre comportement ambigüe durant ces cinq derniers mois et finalement Marcoursis explique pourquoi les Ivoiriens en générale et votre propre base en particulier ne sont pas descendus dans la rue lors du putsch de Décembre 1999. A la différence du Président Laurent Gbagbo Koudou, vous avez pu le constaté en 2000 et maintenant après Marcourssis qu’il a le support du peuple Ivoirien, ce qui inclut votre base. Avez-vous compris que vous avez perdu vos chances présidentielles non seulement auprès des Ivoiriens mais surtout auprès de votre base? Votre journal et votre entourage peuvent écrire ou vous défendre sur l’internet cela ne changera pas le fait que vous avez trahi la Côte d’Ivoire et le peuple Ivoirien. J’espère que votre secrétaire général va arrêter de réclamer des simples postes ministériels, pendant que vos compatriotes sont assassinés, pillés, violés et drogués par des bandits de grand chemin. En effet le Nord, le Centre et l’Ouest n’étaient pas à majorité FPI? Mais n’ayez pas peur rentrez, vous serez en famille. Les Ivoiriens sont tolérants mais surtout tres généreux

Mr Essy Amara: Votre position ambivalente est très gênante en tant qu’Ivoirien qui doit son poste à la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui et son gouvernement. J’espère que ce n’est pas de l’égoisme?

Koffi Annan: fermé les yeux sur le financement de la rébellion en Côte d’Ivoire par les réseaux occultes et sur l’origine de votre ami Alassane Dramane Ouattara est un crime contre l’humanité. Le connaissant depuis plus d’une vingtaine d’année fait de vous un complice de ce qui arrive à notre pays car vous savez très bien au moment de votre première rencontre qu’il était originaire de la Haute-Volta aujourd’hui Burkina-Faso. Cher Monsieur et à tous ceux qui refusent de voir la vérité les articles suivants de la Constitution Ivoirienne font d’Alassane Dramane Ouattara un faussaire:

Art. 53: « Perd la nationalité ivoirienne, l’ivoirien, qui remplissant un emploi dans un service public d’un Etat étranger ou dans une armée étrangère le conserve nonobstant l’injonction de le résigner qui lui aura été faite par le Gouvernement ivoirien ».
Art. 82: «Tout individu peut intenter devant la juridiction compétente une action dont l’objet principal et direct est de faire juger qu’il a ou qu’il n’a pas la nationalité ivoirienne … ».
Art. 85: « Lorsque l’Etat est partie principale devant la juridiction civile, où une question de nationalité est posée à titre incident, il ne peut être représenté que par le Procureur de la République en ce qui concerne la contestation sur la nationalité ».
Art. 89: « La charge de la preuve, en matière de nationalité, incombe à celui qui, par voie d’action ou par voie d’exception, prétend avoir ou non la nationalité ivoirienne. Toutefois, cette charge incombe à celui qui par la même voie, conteste la qualité d’ivoirien à un individu titulaire d’un certificat de nationalité ivoirienne délivré conformément aux article 37 et suivants … ».

Affi N’guessan: Je suis très bien contente que vous ne soyez plus Premier Ministre, le FPI devrait se débarasser de vous à la première occasion. Vous vous justifiez après Marcourssis, c’est faire le médécin après la mort. C’est dommage, à combien c’est élevé votre enveloppe (rebelles + France)?. Ah la corruption!!

Lida Kouassi: Votre pavillon privée de Paris, Justifie-t-il ce que la Côte D’Ivoire endure aujourd’hui? Ce n’était donc pas pour défendre les intérêts du Peuple de Côte d’Ivoire que vous faisiez de la politique? Maintenant tout le monde sait que c’était pour vous enrichir. Je crois que vous devriez être jugé pour haute trahison.

Aux Imans: A moins que vous soyez d’origine étrangère, si vous aimez la Côte d’Ivoire et surtout vôtre communauté, de grâce dénoncer “ADO” et ses rebelles-terroristes, tout cet argent qui vous ont offert ne vaut pas ce que nous subissons aujourd’hui. Penser à Marcourssis..!!

A La population Ivoirienne du Nord: Il est grand temps que vous revenez à la raison, Marcourssis a dû vous faire comprendre que “Brave Chè” c’est seulement servit de Nous et cela á cause de notre niveau d’alphabétisation qui est tres bas. Nos regions dorénavant accummulerons un retard économique d’au moins dix ans car plus personne ne voudra s’y rendre , la confiance mutuelle s’est évaporée. Dans le reste du pays partout on trouve des Dioulaboukous ou Dioulakros etc.. Est-ce qu’on trouve chez nous des Baoulékros, agnikros, bétékros etc…Qui discrimine qui? Vous avez investi dans le Sud pourquoi ne pas dévélopper nos régions? “Brave Chè” et ses rebelles vont distribuer nos terres à tous les étrangers puisqu’ils ont détruit toutes les structures légales. Notre silence a fait de nous des complices directs ou indirects.

RDR: Trouver un autre leader, ou dissociez-vous sinon vous serez aussi accusés de complicité et de trahison. Reveillez vous… C’est un parti politique non est fan club!!

Aux Rebelles: Art: 34 de la Constitution: Le Président de la République est le Chef de l'État. Il incarne l'unité nationale. Il veille au respect de la Constitution. Il assure la continuité de l'État. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire, du respect des engagements internationaux.
Donc vous êtes des terroristes-imposteurs. N’avez-vous pas dit que c’etait une mutinerie comment ce fait-il que vous parlez de revendications politiques et sociales? C’est vous les faussaires et les terroristes. Si vous êtes fort respectés les lois universelles de guerre, ne vous déguisez pas pour attaquer, faites une déclaration de guerre.
Vous êtes terribles! Vous n’avez pas pu prendre Abidjan lorsque les gens dormaient c’est maintenant que vous allez le faire? (Comme on dit en Côte d’Ivoire si vous êtes garçons venez…) . Michel Gueu alias “Le Juda” dans un journal de la place vous avez fait cette déclaration: “S’il y a des techniciens pour la défense, c’est nous. On ne peut pas donner la défense à ceux qui ont battu en retraite.” En ce qui me concerne c’est vous qui avez battu en retraître sinon pourquoi êtes-vous coincé à Bouaké? C’est parce que vous avez échoué dans votre tentative après avoir piégé et fait décimé votre bataillon à Bouaké . Vous n’êtes que des assassins qui devraient passer devant la cour pénale pour haute trahison et crime contre l’humanité. Dans la plupart des pays démocratiques vous recevrez la peine mort pour cela. Sans l’aide de la France, le Burkina et le Libéria pourriez-vous honnêtement tenir ce genre de propos. Vous n’arrivez même à la cheville du Lieutenant-Colonel Yao Yao Jules et vous voulez être au-dessus du Général Mathias Doué…Cela est bon de rêver vous dites
du n’importe quoi parce que vous avez aussi la complicité de la presse internationale !!

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