Friday, October 8, 2010

l'HISTOIRE DE LA POULE ET DE L'OEUF

l'HISTOIRE DE LA POULE ET DE L'OEUF

De l'oeuf et la poule, qui est le premier ? Il faut un oeuf pour faire une poule. Il faut une poule pour faire un oeuf. Il y a des milliers d'années, qui a été le premier ? L'oeuf ou la poule ? Si c'est l'oeuf, qui l'a pondu ? Si c'est la poule, de quel oeuf est-elle sortie ?

En gros cinq réponses circulent :
C'est Dieu qui a créé la poule, lors de la semaine où il a créé le Monde. Il aurait pu créer l'oeuf d'abord. Mais l'Ancien Testament est formel : Dieu a créé les oiseaux. Donc ensuite ces oiseaux ont pondu des oeufs pour se perpétuer. La première poule, créée par Dieu, à pondu le premier oeuf. Ce premier oeuf a donné naissance à la poule suivante. (Monsieur Jean-Pierre Martin me fait remarquer que Dieu a forcément créé en même temps le premier coq, nécessaire pour féconder cette première poule. Cela rejoint le thème du Déluge ; les couples d'animaux embarqués par Noé. Si cette hypothèse est bien sûr la plus sensée, notons qu'elle a un biais : Dieu aurait aussi pu créer uniquement des poules mais qui portent en elles des oeufs féconds, dont au moins certains, après avoir été pondus, donnent naissance à des coqs. Dans cette hypothèse qui pourrait fâcher par son son analogie avec les Evangiles, la poule et l'oeuf ont été créés en même temps...)

D'après la tribu africaine des Tsoghos, a l'origine le Ciel et la Terre étaient collés ensemble, comme l'écorce d'un arbre plaquée sur le tronc de l'arbre. A l'intérieur rampaient les êtres, sous formes d'embryons et d'oeufs, un peu comme les insectes qui vivent à l'intérieur de l'écorce des arbres. Un jour le Ciel a été arraché de la Terre et est monté en haut, là où ne le voyons de nos jours. Alors les embryons et les oeufs se sont développés et sont devenus, les uns des hommes et des mammifères, les autres des oiseaux. Donc, d'après les Tsoghos, l'oeuf était là en premier, au sein du Ciel-écorce originel. Puis la première poule est issue du premier oeuf qui s'est développé.

Le Monde a toujours existé, immuable. Dès lors la question n'a pas de sens. Puisque le Monde n'a pas de début et ne change pas, les poules et les oeufs non plus n'ont pas de début. Aussi loin que l'on remonte dans le temps on trouve des oeufs qui ont été pondus par des poules qui sont sorties d'oeufs.

Le Monde tourne en rond. Il serait ainsi fait que l'an 100.000.000.000 ressemble exactement à l'an 0. Donc l'an 1 sera l'an 100.000.000.001. Et Ainsi de suite. A la fin de l'année 99.999.999.999 une poule pond un oeuf qui éclôt au début de l'an 0 qui est aussi l'an 100.000.000.000. On pourrait dire que donc l'oeuf est le premier. Mais non, parce que si on avait décidé que l'an 0 commence quelques semaines plus tôt, on aurait trouvé la poule qui allait bientôt pondre l'oeuf. De simples hasards de calendrier ne peuvent pas décider d'une question aussi importante. La date anniversaire de l'an 0 peut être choisie à n'importe quel moment de la boucle. On pourrait choisir arbitrairement un jour plutôt que l'autre et imposer la réponse. Si on choisit le jour où l'oeuf a été pondu, alors on décide de même que l'oeuf était le premier. Cela devient une vérité constitutionnelle. De même qu'on aurait pu imposer la poule. Malheureusement il n'y a pas une poule ou un oeuf au Monde mais plusieurs. A tout moment un grand nombre de poules et d'oeufs cohabitent. On trouve des poules de tous âges et des oeufs de tous les degrés de couvaison. Il est impossible de choisir une date de référence. Si l'Univers est cyclique, les oeufs et les poules existent de tout temps.

La cinquième réponse est assez récente. Elle est fournie par la Théorie de l'Evolution. Pour commencer cette théorie amène à la conclusion que les poules sont les descendantes des dinosaures. Ce n'est pas qu'un jour un dinosaure a donné naissance à une poule, non. Mais lentement, au fil des centaines de milliers d'années, un type de petits dinosaures s'est transformé en poules. Ils ne l'ont pas fait exprès. Ils se sont modifiés petit à petit et finalement cela les a menés à devenir des oiseaux. Chaque fois qu'ils ont eu une caractéristique de plus qui les rapprochait des poules, et bien cela leur a profité. Bon, cela ne répond pas à la question, puisque les dinosaures aussi pondent des oeufs. Du dinosaure ou de l'oeuf de dinosaure, qui est le premier ? Si on remonte encore dans le temps on arrive aux reptiles. Les dinosaures descendent des reptiles. Les reptiles aussi pondent des oeufs. Avant les reptiles, il y avait les poissons. Les reptiles sont des poissons qui ont eu de plus en plus tendance à sortir de l'eau, au fil de centaines de milliers d'années et qui ont fini par rester vivre sur la terre ferme. Plus un poisson ressemblait à un reptile, mieux cela lui profitait pour rester sur la terre ferme. Les poissons pondent des oeufs. Et avant les poissons ? Quels sont les ancêtres des poissons ? Ce sont de petits animaux rudimentaires qui vivaient dans l'eau des océans, comme les anémones... et qui pondaient des oeufs. Avant cela encore il y avait des organismes multicellulaires indifférenciés. La grosse différence entre les animaux rudimentaires et les organismes multicellulaires indifférenciés, c'est que l'animal rudimentaire est composé de cellules qui ont des fonctions différentes. Par exemple certaines cellules vont s'occuper de faire bouger l'animal. D'autres cellules vont s'occuper de digérer la nourriture... Dans l'organisme indifférencié par contre toutes les cellules sont les mêmes. C'est juste un agglomérat de cellules identiques, un petit paquet plus ou moins structuré. Cet agglomérat de cellules aussi pond des oeufs. Mais cette fois ci il y a une chose remarquable : un "oeuf" est simplement une cellule quelconque de l'agglomérat qui se détache et qui se multiplie pour reformer un nouvel agglomérat. Comment une cellule de l'agglomérat fait-elle pour se multiplier ? Elle se nourrit bien, elle devient grosse, puis elle se coupe en deux. Ces deux moitiés sont des copies conformes de la cellule initiale. Elles vont de nouveau bien se nourrir, devenir grosses, puis se couper en deux. Ce qui fait quatre cellules. Et ainsi de suite. Et quand le tas est fait d'un grand nombre de cellules, il en laisse échapper quelques unes pour qu'elle deviennent d'autres tas à leur tour en proliférant. Fort bien, mais ces tas de cellules identiques pondent des oeufs. Des oeufs qui ressemblent exactement à une cellule du tas, mais des oeufs quand même. Qu'est-ce qu'il y avait avant les agglomérats de cellules ? Et bien il y avait des cellules toutes seules, des unicellulaires. Une seule cellule vivante, qui se débrouille dans l'océan. Quand une telle cellule veut se multiplier, elle gonfle en mangeant, elle se coupe en deux et cela donne deux cellules identiques, qui vont à leur tour gonfler en mangeant. Cette fois-ci il y a quelque chose de fondamental : l'oeuf et la poule sont identiques. On peut dire si on veut que la poule est une cellule grosse et que les oeufs sont deux petites cellules issues d'une grosse cellule qui vient de se diviser. Mais ce sont des cellules, toujours les mêmes. On ne va pas discuter pour une différence d'embonpoint. Donc, l'oeuf n'est pas venu avant la poule ni le contraire. La réponse est que si on remonte assez loin dans le temps, l'oeuf et la poule deviennent identiques. Le premier, c'est l'oeuf-poule, c'est l'unicellulaire.
Cette cinquième explication est beaucoup plus fatigante que les quatre premières. Ce qui ne plaide pas en sa faveur. Mais elle a un gros avantage : quand on inspecte les rochers qui contiennent les fossiles des animaux et des unicellulaires qui ont peuplé la Terre depuis des centaines de millions d'années, ont voit que c'est cela qui c'est passé.

Bon, mais d'où viennent les unicellulaires ? Certains proposent qu'ils viennent d'une autre planète. Des rochers de cette lointaine planète auraient été arrachés par la collision d'un énorme astéroïde. Sur ces roches il y aurait eu des unicellulaires. Ils auraient été congelés par le froid de l'espace. Des millions ou des milliards d'années après ils auraient pénétré l'atmosphère de la Terre. On a prouvé que si le bout de rocher est assez gros des unicellulaires peuvent survivre à la friction de l'entrée dans l'atmosphère de la Terre ainsi qu'au choc de l'impact et arriver intacts dans les océans. Puis ils auraient proliféré sur Terre. Cela semble possible, mais cela ne fait que reculer la question : comment les unicellulaires sont ils apparus sur la planète initiale ? Venus d'une troisième planète ? Pourquoi pas. Et ainsi de suite, si on accepte que l'Univers a toujours existé et qu'il y a toujours eu des planètes avec de la vie, des unicellulaires. Mais cela ne semble pas être le cas. Tout porte à croire que notre Univers est apparu dans une gigantesque explosion il y a quatorze milliards d'années. Donc, il y a forcément une planète sur laquelle la Vie est apparue à un moment donné. Comment des unicellulaires peuvent-ils apparaître sur une planète, par exemple la nôtre ? Par hasard ? Les bonnes molécules passaient par là et puis patatras il y a eu un coup d'éclair et elles se sont soudées ensemble pour former un unicellulaire ? C'est impossible. Un unicellulaire est quelque chose de très compliqué, fait de milliers de molécules très différentes les unes des autres qui jouent chacune un rôle clé. Cela ne s'assemble pas par hasard. Il y a forcément quelque chose de plus simple qui a existé avant les unicellulaires. D'après les géologues, à l'époque où la Vie est apparue sur Terre il n'y avait pas de continents. La Terre était entièrement recouverte d'eau. Donc la Vie est apparue dans l'eau. Cette eau devait être une véritable boue chimique, brassée et enrichie par les cheminées volcaniques sous-marines. Toutes sortes de molécules existaient dans cette boue, même des molécules qui à priori ne peuvent pas se former naturellement, parce que la lumière du Soleil frappait la Terre et la violence des rayons ultra-violets peut forcer des réactions chimiques. Il y avait aussi des orages, dont les éclairs peuvent souder ensemble ou briser toutes sortes de molécules. Créer un être humain par une monstrueuse décharge électrique, comme le monstre du Docteur Frankenstein, c'est de la fiction. Mais il est bien possible que les simples premières molécules du vivant aient été le produit de décharges électriques. Toutes ces molécules chimiques brassées dans ce grand bain réagissaient ensemble. Elles s'associaient et se brisaient continuellement. De grosses molécules capturaient de plus petites. Et de très petites brisaient des grosses. Certaines molécules ne réagissaient pas ensemble mais s'agglutinaient l'une contre l'autre, formant d'infimes petits flocons. On peut y voir les ébauches inertes des premiers unicellulaires. Il y avait aussi un type particulier de molécules, qui sont les catalyseurs. Ce sont des molécules qui favorisent des réactions chimiques. Elles ne font pas partie de la réaction, mais leur présence la déclenche ou l'accélère. Par exemple supposons deux molécules A et B qui peuvent réagir ensemble pour former une molécule C. Et bien un catalyseur peut être une molécule D, qui a la propriété que quand elle rencontre une molécule A et une B, elle stimule leur réaction pour former une molécule C. La molécule D sort intacte de l'opération. Mais sans sa présence la réaction n'aurait probablement pas eu lieu. On suppose, schématiquement, qu'une de ces molécules catalyseur a eu la propriété de déclencher une réaction chimique qui produisait une copie d'elle-même. C'est à dire que quand une molécule A et une B rencontrent une C, la C sert de catalyseur pour faire se souder ensemble la A et la B et former une deuxième molécule C. Cette molécule C serait donc le départ de la Vie. Elle n'est qu'une simple molécule, mais elle se reproduit. Elle "mange" des molécules A et B pour former de nouvelles molécules C. Elle crée des copies d'elle-même. On ne sait pas encore à quoi ressemblait cette molécule C et on ne le saura peut-être jamais. Il est bien possible aussi que la réaction qui menait cette molécule à faire des copies d'elle-même soit plus complexe qu'une simple réaction A + B. Il y avait peut-être des réactions intermédiaires ou des interactions avec des agglomérats de molécules. Toujours est-il que cette faculté de souder des molécules ensemble s'est développée. Ces molécules qui se reproduisaient ont grandit en taille et se sont entourées à demeure d'un agglomérat de molécules. Pas à pas, les ensembles de molécules qui étaient les plus performants pour engendrer des copies d'eux-mêmes se sont développés, améliorés. Un nombre incalculable de ces petits agglomérats a peuplé l'océan qui recouvrait la Terre. Pendant un milliard d'années, si une petite différence survenue par hasard rendait une formule d'agglomérat un peu plus performante que les autres, elle les supplantait. Des familles d'agglomérats différents ont coexisté, se sont fait la concurrence. La complexification et la qualité des agglomérats est devenue telle qu'on pouvait parler d'unicellulaire. La molécule catalyseur centrale était devenue gigantesque. C'était de l'ADN. L'agglomérat autour était devenu une robuste parois cellulaire de molécules soudées ensemble. Une collection de petits mécanismes moléculaires faisaient fonctionner les entrailles de l'unicellulaire. On en est finalement arrivés aux unicellulaires complexes que nous connaissons actuellement : une membrane extérieure fermée, la présence d'organelles, de vacuoles, de pompes à ions... Il existe un nombre inimaginable d'unicellulaires différents, de tailles très diverses, qui "mangent" des choses très différentes ou qui mangent d'autres unicellulaires. Certains ne sont même pas capables de grossir et de se diviser eux-mêmes en deux copies identiques : ce sont les virus. Certains unicellulaires sont capables de fabriquer des molécules ou de vivre dans des circonstances impossibles pour d'autres. Toutes les combinaisons possibles semblent exister. Leur seul point commun est qu'ils sont capables de se dupliquer ou de se faire dupliquer. Il existe même une simple grosse molécule qui crée des copies d'elles-même dans les cellules qu'elle colonise : le prion, responsable de la maladie de la vache folle. Tout cela est la Vie. L'origine de cette vie est donc semble-t-il cette boue chimique en réaction dans l'Océan, alimentée par les gaz de l'atmosphère et des cheminées volcaniques sous-marines, il y a quelques milliards d'années. C'est là que sont nés les premiers unicellulaires-oeufs-poules ultra-rudimentaires, faits de quelques molécules seulement. De nos jours les unicellulaires continuent à proliférer et parsèment la Terre. Les animaux sont des unicellulaires qui se sont assemblés pour devenir leur propre petit océan auto-transportable. Ces mini-océans sont à leur tour peuplés d'autres unicellulaires. L'importance de cette Vie est telle qu'elle a changé la destinée géologique de la Terre. Elle a causé des sédimentations, créé l'oxygène, changé la température de la surface, changé la couleur de la planète vue de l'Espace...

La dernière variation en date de cette vie est l'Homme. En ce moment il bouleverse les cycles de réaction de la Vie et a un impact de plus en plus grand sur la Terre. Mais il ne dérange pas vraiment les unicellulaires. Et même il pourrait un jour les emmener dans ses vaisseaux spatiaux pour s'implanter sur d'autres planètes. Il pourrait créer de toutes pièces les océans dont ils ont besoin, sur d'autres mondes.

Dernière dépêche : un ami me fait remarquer qu'il existe une façon de voir les choses, compatible avec la Théorie de l'Evolution, qui répond à sa façon à la question. Les poules sont les descendantes des dinosaures, fort bien, mais les dinosaures ne sont pas des poules. Imaginons qu'on puisse observer au fil des millénaires la petite population de dinosaures qui a lentement évoluée vers l'identité de poule. Il est impossible de dire objectivement à quel moment précis ils sont devenus des poules. Les modifications se sont faites tellement lentement. On peut juste voir qu'ils ressemblent de plus en plus à des poules au fil des centaines de milliers d'années. Mais rien n'empêche, en toute sympathique subjectivité, de désigner un de ces animaux comme étant "miss poule" : le premier à vraiment donner l'impression d'être une poule. Peu importe quel animal on désigne et à quelle époque. On en désigne un. Il est la première poule. Ce qu'il est, était défini par son ADN dans son oeuf. Mais cet oeuf qui a donné naissance à la première poule, est-il un oeuf de poule ? A priori c'est difficile à dire. Si on pose qu'un oeuf de poule est pondu par une poule, ce n'est pas un oeuf de poule. C'est un oeuf de dinosaure. Par contre si on pose qu'un oeuf de poule est un oeuf qui donne naissance à une poule, alors c'est un oeuf de poule. Allons voir au dictionnaire, à "oeuf". Il est marqué : "Corps arrondi, [] que produisent les femelles des oiseaux []". Le dictionnaire est formel : ce n'est pas un oeuf de poule. C'est un oeuf de dinosaure. Il a été pondu par un dinosaure. Donc, le premier, de l'oeuf ou de la poule, c'est cette première poule. Ensuite elle pondra le premier oeuf de poule, d'où sortira la deuxième poule. La poule était là la première. Par contre si c'était un coq, il n'a pas pondu le premier oeuf de poule, bien sûr. C'est une de ses descendantes. Mais cela ne modifie pas le verdict.

La cinquième proposition et la dernière dépêche sont toutes deux scientifiquement et linguistiquement valables. A vous de décider laquelle vous plaît. Ne vous laissez influencer par personne dans votre choix. Vous pouvez aussi prendre une des autres explications, en fait, si vous en avez envie. Sauf à votre travail, si vous êtes médecin ou biologiste. Pour éviter de faire des bévues, vous devez travailler en fonction de la théorie la plus techniquement au point. C'est une responsabilité.

Hervé Daniel ( ) fait remarquer que les dinosaures ne sont pas devenus des poules. Ils sont devenus des oiseaux. Ensuite, une variété particulière d'oiseaux est devenue les poules. L'oeuf dont est issu la première poule a été pondu par un oiseau. Et non par un dinosaure. Cela rend le débat tendu. Si l'on utilise la définition stricte du dictionnaire, comme quoi les oeufs sont pondus par les femelles des oiseaux, alors l'oeuf était là avant la poule. L'oeuf d'oiseau contenait la première poule... Par pure mauvaise foi, essayons de garder notre approche de départ. Si on dit "un oeuf de grenouille", à quoi reconnaît-on le fait que c'est un oeuf "de grenouille". Au fait qu'il a été pondu par une grenouille, ou au fait qu'il donne naissance à un tétard qui deviendra une grenouille ? Il y a déjà là un embryon de réponse : l'oeuf donne naissance à un tétard, pas à une grenouille. De même l'oeuf d'oiseau (ou de poule) donne naissance à un poussin... Plus fort : imaginons que l'oeuf soit stérile, ou qu'on le modifie génétiquement pour qu'il donne naissance à un parcmètre. On continuera à l'appeler un oeuf de grenouille... Donc, l'oeuf d'oiseau qui contenait la première poule n'était pas un oeuf de poule... C'était un oeuf d'oiseau-non-poule. Donc la poule est la première. Question : que fait-on si on utilise une autre langue, peut-être le Chinois ou l'Apache, dans laquelle le nom de l'oeuf désigne ce à quoi il donne naissance ? Réponse scientifique : il faut faire des statistiques. Il faut compter le nombre de langues du premier type et du deuxième type. La majorité l'emporte. A condition que les peuples qui parlent ces langues respectent les Droits de l'Homme, bien sûr. Il faut donc que ce soient des gens de bonne foi.

Olivier Couture nous envoie le témoignage ci-dessous. Les vapeurs éthyliques n'ont pas un cote chamanique très élevée mais toute démarche visant à permettre une libre expression du subconscient doit être prise en compte :

SALUT ÉRIC, NOUS SOMJMES TOTALEMENBT SAOUL ET NOUS AVONS CONVENUS, ENTRE HUMAINS INTELLIGENTS, QUE l,OEligUF, EST VENU DU LÉZARD, QUI S’EST ÉVOLUÉ EN POULE, DONC, C’EST L’OEligUF QUI CONTENAIT LA POULE QUI A ÉTÉ PONDU EN PREMIER

ÀMEWRCI

Eric Brasseur
30 juillet 2002
au 12 mai 2007

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L'appel de la mort
Ou : un esclave ne se suicide pas




J'ai longtemps cru que les sacrifices humains étaient des actes immondes, propres aux populations arriérées. On sacrifie un individu par bêtise superstitieuse ou pour raison politique... On fait couler le sang pour impressionner la populace, pour lui donner des émotions... Je ne suis à présent plus si convaincu que le sacrifice humain soit un acte de stricte sauvagerie. Tout d'abord, beaucoup de tribus dites sauvages ne feraient jamais une chose pareille. Elles tiennent trop affectueusement à chacun de leurs membres. Ensuite, certaines personnes se suicident. On peut assimiler cela à un sacrifice humain volontaire. Le propos est douteux mais je trouve que le cérémonial dont se sont entourés certains suicidés rappelle les fastes des sacrifices humains que l'on reproche aux premières civilisations. On croit qu'une personne qui se suicide est désespérée et met fin à sa douleur. Oui... mais pas si simple... des intellectuels qui ont été tentés de se suicider racontent qu'il sentaient un véritable appel de la mort. La mort est séductrice. Dans certains cas, ces personnes n'avaient même aucune raison objective de se suicider, elles n'étaient pas désespérées. Il y a dans le cerveau humain un mécanisme qui à un moment donné rend la mort chaude et joyeuse, presque sereine.

Nous sommes les animaux de la création les doués pour apprendre et nous adapter à toutes circonstances. Un humain peut parfois changer radicalement de mode de vie en quelques heures, tout en développant des réflexes spécialisés extrêmement performants pour sa routine de tous les jours. Ces capacités ahurissantes se sont développées en seulement quelques millions d'années. C'est extrêmement court. J'ai l'impression que le cerveau humain est encore à l'état d'ébauche, de prototype. Nous sommes bourrés de bogues et de dysfonctionnement mais les capacités globales sont à ce point fabuleuses que nous avons survécu malgré tout. Nous étions condamnés à disparaître ou à dominer la planète. Un élément clé de notre capacité d'adaptation est la souffrance causée par les remords et les frustrations. Un humain névrosé souffre de ne pas être devenu ce dont il rêvait, tout comme une personne qui se sent coupable souffre de ne pas avoir fait ce qu'elle croyait devoir faire. En toute généralité, on souffre d'être dans des circonstances qui ne conviennent subjectivement pas, que cela soit organisé par soi-même ou par autrui. La souffrance n'existe que parce qu'elle doit entraîner une réaction. Elle pousse l'individu à progresser, à changer. Le changement en question dépendra des circonstances et des individus. Parfois une personne guérira de sa névrose en renonçant à devenir ce dont elle rêvait. On arrête de souffrir quand on a résolu son problème. Une personne tombée dans une crevasse arrête d'angoisser quand elle a trouvé le moyen d'assembler une corde et quelque chose qui peut tenir lieu de grappin. La solution la plus complexe à réaliser consiste à se changer soi-même. C'est aussi la solution la plus prometteuse. On se transmute en quelque chose de différent, de mieux adapté. Se transformer, c'est faire disparaître une partie de ce qu'on était avant. C'est tuer ce qu'on était avant, symboliquement parlant. Renoncer à ce qu'on était est une souffrance. On le fera si la souffrance que l'on subit est plus forte. Une fois la décision prise, une fois la mort symbolique acceptée, on se sent tout de suite mieux, voire on se sent même très bien. Quand une personne est harcelée de partout, quand elle ne s'en sort plus et tombe dans une profonde détresse, je crois qu'elle peut développer l'impression que sa mort physique, sa véritable mort, est la solution. Cette confusion entre la mort symbolique et la mort physique est surprenante. Le suicide semble alors une porte qui mène vers la satisfaction des aspirations de la personne. Elle a l'impression qu'elle va obtenir ce qu'elle désire en se suicidant. Je ne connais pas les raisons de ce mécanisme idiot. Est-ce purement un défaut de construction du cerveau ou bien l'évolution a-t-elle permis l'émergence de ce mécanisme parce qu'il a une utilité quelconque ? A certaines époques récentes en Europe ou dans le Japon Médiéval, une personne qui échoue dans ses ambitions pouvait se suicider. Elle rachetait son honneur, disait-on. La personne a-t-elle l'impression d'obtenir au travers de son suicide ce qu'elle a raté de son vivant ? Est-il utile à société que ceux qui échouent disparaissent ? Je ne sais pas exactement ce qu'il faut penser scientifiquement et moralement de cela mais je crois que c'est profondément en nous et que nous devons apprendre à composer avec. La vague de suicides après le suicide d'une personnalité donne l'impression qu'en quelque sorte elle a "montré le chemin". Nous devons nous méfier de ce mécanisme parce qu'il est un puissant levier pour nous manipuler. Un dresseur se contente souvent de développer chez l'animal un réflexe naturel. Je suppose que les gourous qui mènent des personnes à commettre des attentats suicide les entretiennent dans une atmosphère de désespoir, en les focalisant sur l'oppression de l'ennemi supposé. Ils font miroiter ce chemin vers un paradis halluciné. Pour leur armée les gaulois avaient développé une religion qui promettait une vie paradisiaque sur une île merveilleuse, après une mort valeureuse au combat. Les gaulois étaient des guerriers impressionnants mais passé l'effet de surprise et la terreur des premières attaques, les romains ont appris à les laisser venir s'embrocher...

Dans une tribu, l'entraide est un fondement. Chaque membre de la tribu est important. On se serre les uns contre les autres, pour se protéger de la Nature et des tribus ennemies. On trouve son réconfort dans la tribu. Si les chefs du village sont mauvais, on peut changer de village (c'est la démocratie externe : on vote avec ses pieds). Dans une civilisation primitive, quand on commence à construire des ville et des édifices, la donne change. Les individus sont davantage en concurrence. Les personnes que vous côtoyez dans les rues et dans les temples sont à la fois vos ennemis et des alliés potentiels. Il n'y a qu'une seule ville. Quand bien-même il y en aurait d'autres, elles sont aussi dures. Le pouvoir est une dictature. La pression est énorme sur les individus. Il y a sans doute un désespoir général de la population au sein d'une ville primitive. Quand les temps sont durs, il doit y avoir beaucoup de suicides... Dans cette atmosphère, si le pouvoir prend un individu en particulier et "le suicide", cela ne doit pas être vu comme un meurtre ou une exécution mais comme un privilège. "Suicider" une personne en grande cérémonie permet peut-être d'éviter que d'autres se suicident. Il part à leur place... On doit considérer le sacrifié comme un élu. Organiser cette cérémonie assoit le pouvoir des chefs et des prêtres. Ils s'affirment en gardiens des portes qui mènent au bonheur. Pour le sacrifié, l'autorité des prêtres et le cérémonial garantissent le succès de son "voyage" et témoignent de l'importance qui lui est donné... La victime part avec les aspirations et les bons voeux de tous, parfois chargée de messages pour les divinités. A priori il se passe exactement l'inverse lors de l'exécution publique d'une "sorcière" ou d'un "hérétique". La victime n'est pas consentante et elle part chargée de la haine et des frustrations de la population. Je crois que fondamentalement ces deux extrêmes se rejoignent. La sainte inquisition exécutait ses proies "pour leur bien" et les populations étaient calmées après. Quand les victimes ne sont plus consentantes, c'est que la civilisation est en progrès. La population elle-même acceptera de moins en moins bien les exécutions. Il deviendra de plus en plus difficile aux superstitieux assoiffés de pouvoir d'organiser des exécutions publiques. Ils devront déployer des stratagèmes et des subterfuges de plus en plus complexes et se contenter de victimes moins valorisantes.

S'il n'y avait pas la peur de souffrir, beaucoup de personnes se suicideraient tout de suite. Cette peur est un blocage pour ceux dont le désespoir n'est pas trop profond. Elle est également utilisée par les gourous. Une connaissance s'était persuadée que si l'on vit en obéissant à la religion, on aura une mort douce. Tandis que si l'on vit en désobéissant, on souffrira atrocement le jour venu. Fort de cette superstition et conscient de cette peur enfouie en chacun, il essayait d'effrayer ses interlocuteurs. Il se présentait comme la personne à même de leur enseigner la bonne religion... On aurait dit un enfant infect qui a trouvé une arme par terre et qui court vers une foule en jouissant à l'idée que tous vont le craindre et le respecter. Il n'y a qu'un seul remède à cette peur : mourir soutenu par une personne aimante. C'est peut-être pour cette raison que les enfants ont de meilleurs résultats scolaires quand ils reçoivent de la tendresse. Cela leur permet de mieux mourir tous les jours pour s'adapter à l'évolution des cours. Certains parents croient que s'occuper d'un enfant consiste à le menacer s'il ne ramène pas de bons résultats scolaires. D'autres croient qu'un enfant est intrinsèquement génial et qu'il suffit de le laisser vivre comme une plante pour qu'il s'épanouisse. Donner de la tendresse à un enfant, c'est lui prêter votre beau cerveau d'adulte tous les jours. Parfois ce prêt consiste à lui interdire des choses que vous vous interdiriez à vous-mêmes si vous aviez son âge, parfois lui apprendre des choses qu'il n'aurait pas apprises par lui-même, parfois simplement jouer à ses jeux, parfois ne rien faire mais ensemble... Si vous lui prêtez votre cerveau, il prendra en lui une partie de vos motivations, par osmose. Par exemple l'idée que l'école c'est important. Faire ses devoirs à sa place, ce n'est pas lui prêter votre cerveau. Pendant que vous faites les devoirs vos cerveaux ne sont pas en communication. Prendre le temps de lui expliquer les devoirs, par contre, est un prêt de cerveau fort utile.

Le suicide d'un jeune est sans doute particulièrement dur pour sa famille parce qu'elle sent qu'il ne l'a pas considérée comme une tribu accueillante où il aurait pu venir se réfugier. D'autres familles affirment voir les choses de façon opposée... le jeune qui a refusé de se plier à des règles s'entend dire "on aurait préféré que tu sois mort(e) !"

Dans la traite des esclaves, un élément fort est le suicide des individus capturés. Les méthodes employées font froid dans le dos, comme se gaver de terre pour déclencher une infection généralisée. Se suicider, c'est refuser l'esclavage. On se suicide quand on a compris qu'il est impossible de s'échapper. Cela devient la seule porte pour rejoindre ceux qu'on aime, ceux qui vous connaissent et vous comprennent. Tout au moins en a-t-on l'impression au fond du désespoir. C'est la dernière chose que l'on peut se donner à soi-même, la dernière tendresse. La mort des individus capturés fait partie du métier de marchand d'esclaves. Avant d'embarquer la "marchandise" sur les bateaux de transport, certains marchands les enchaînaient pendant quelques jours en plein air, exposés au soleil et aux intempéries. Ceux qui mourraient n'auraient de toute façon pas supporté la traversée... et ils auraient pu développer des maladies qui auraient contaminé les autres. Quand un individus capturé se suicidait, je suppose que les marchands considéraient qu'il n'était de toute façon pas viable pour l'esclavage. Il aurait posé des problèmes... Je suppose que dans certains manuels de la traite des esclaves on trouve des conseils à ce propos, comme empêcher un esclave de se suicider dans tel cas, par contre laisser faire dans tel autre cas... Les vieux routards devaient se moquer des débutants qui essayaient de garder un maximum d'individus en vie. Le métier, cela s'apprend... A mon avis, on devait interdire le suicide aux esclaves qui avaient déjà survécu un certain temps, qui devenaient rentables. Ainsi qu'aux individus nés en esclavage.

En Afrique les marchands d'esclaves avaient appris à ne pas perdre leur temps à s'attaquer à certaines tribus. Les personnes de ces tribus se laissaient mourir en captivité, en quelques jours, inexorablement. Ce n'était pas un acte de revendication ou une stratégie quelconque. Ils ne se suicidaient pas par un acte précis. Simplement ils restaient prostrés et ne mangeaient pas. Ils s'éteignaient...

Un homme libre est une personne qui choisit, donc qui change. Un esclave n'a plus de choix à faire. Il obéit à un maître. Pour une personne qui accepte l'esclavage, ce dernier changement, la vie peut devenir un long fleuve tranquille. Si le maître est raisonnablement humain et si on accepte sa condition, tout ira bien... L'abandon du statut d'homme libre implique de renoncer à sa famille. Les marchands séparaient les familles. Les propriétaires revendaient des esclaves nés dans leurs exploitations. Quand des lois sont votées par la métropole pour réguler puis interdire la séparation des familles, cela annonce la fin de l'esclavage. Un propriétaire qui n'est pas assez fort pour séparer les familles perd son statut. S'il se laisse attraper par l'émotion que les esclaves ont des sentiments familiaux, il est perdu. Un endoctrinement existe donc pour se persuader que les esclaves ne sont pas des humains, ni même des animaux. Même une poule ou une jument tient à ses petits... Un esclave est un outil. Un outil jetable, éminemment remplaçable... qui n'a donc aucun moyen de revendiquer quoi que ce soit. On retrouve cet endoctrinement encore de nos jours chez des descendants de coloniaux.

Si l'on traduit littéralement certains prénoms musulmans, ils signifient "Esclave de Dieu". Il ne s'agit pas d'une forme religieuse d'esclavagisme... Etre l'esclave de Dieu, c'est s'intégrer à l'oeuvre de Dieu, donc à la vie. C'est n'être l'esclave de personne d'autre : ni du diable tentateur, ni d'un maître humain. Cet état d'esprit est à rapprocher de l'idéal américain qui veut que l'individu soit autonome, libre et instruit, tout en étant un protecteur de sa communauté. On s'étonne de voir les israéliens et les palestiniens se déchirer alors qu'il y a tant de valeurs communes à leurs religions. Le paradoxe est le même dans l'affrontement larvé entre les USA et les pays musulmans. Ils sont beaucoup plus proches l'un de l'autre qu'ils ne le croient. C'est peut-être ce qui a contribué à les pousser à s'affronter... Ils ont les mêmes bases, tout en ayant fait des choix de vie superficiels différents. Ils se reconnaissent sans s'admettre... Si les américains et les musulmans avaient un niveau culturel plus élevé ils auraient pu accepter leur attirance réciproque et entamer un dialogue constructif. Revenons à l'esclavage. Dans le même esprit, une personne amoureuse peut ressentir un bonheur immense à se sentir l'esclave de l'être aimé. Cela veut dire qu'elle fait le choix supposé définitif de se consacrer à elle. Cette émotion est comparable à celle que ressent un musulman qui comprend sa religion et qui "s'approche de Dieu". Nul délire religieux dans mon propos : ce ne sont là que les instincts et les réflexes humains naturels. Nous sommes faits pour tomber amoureux, nous sommes faits pour tenir à notre communauté... Cela s'accompagne de sentiments forts, d'émotions et de choix... Certains en parleront avec les mots de la religion, d'autres avec des symphonies laïques... peu importe. Chez un esclave aussi ce sentiment de dévouement peut exister. Il est connu dans l'Antiquité que certains esclaves avaient un amour et un dévouement sans faille pour leurs maîtres. En général ce type d'esclave était privilégié, choyé en retour... On retrouve cela chez certains domestiques des 18ème et 19ème siècles européens. Notez que ce que j'écris ci-dessus à propos de l'Islam ne concerne que les vrais musulmans. Pour un intégriste, par contre, un croyant est sensé être soumis au commandement direct de Dieu. C'est en parfaite contradiction avec la parole de Mahomet (la Paix sur lui). Il a bien spécifié qu'il n'y aurait plus de prophètes après lui, donc plus de lien direct avec Dieu. L'intention diabolique d'un intégriste -quelle que soit sa religion- est de réduire son prochain en esclavage, donc l'éloigner de Dieu. Le fondamentalisme est parfois confondu avec l'intégrisme mais est en réalité très différent. Le fondamentalisme consiste à reproduire le mode de vie et de pensée d'une certaine époque. Pour des juifs, par exemple, cela consistera à reproduire le mode de vie des tribus juives originelles ou de certaines périodes clé de l'histoire juive. Pour des scouts cela consistera à vivre quelques jours suivant les règles énoncées par Baden Powell... C'est un excellent exercice historique, culturel, philosophique, religieux et identitaire. Cela vous rapproche de vous-mêmes, des autres et de vos ancêtres, donc de Dieu. Si on vit de façon fondamentaliste en permanence, sans plus aucune remise en question, cela devient de l'intégrisme...

Je crois que la majorité des gamins qui consomment régulièrement de la drogue le font parce que ces produits sont anxyolitiques. Ils souffrent des pressions que l'on exerce sur eux et qu'ils n'arrivent pas à satisfaire. On leur fait sentir en permanence qu'ils ne font pas ce qui est nécessaire, sans même leur donner les moyens de s'adapter, sans se demander s'ils pourraient s'adapter. Ils sont comme les esclaves parqués en plein air. Survivra, survivra pas... peu importe. Il y aura du déchet, le reste se montrera coopératif... La drogue permet de tenir le coup. Elle permet aussi de se sentir à l'aise en compagnie d'individus que l'on ne connaît pas réellement. Ils ne sont pas de votre clan mais en prenant de la drogue vous ressentez le bien-être et l'ouverture que l'on ressent quand on rencontre un membre de son clan. Vous n'avez pas de clan... vous n'en avez jamais eu... vous êtes né en esclavage... mais il y a ce besoin en vous de frayer. Vous ne le comprenez pas, parce qu'on ne vous a rien expliqué. Il n'empêche que c'est une pression importante sur vos choix... Les drogues qui permettent cela, comme l'alcool où la cigarette, sont en général tolérées dans les civilisations primitives. Elles détruisent l'individu mais elles le tiennent calme et favorisent son exploitation. Pour certains, la drogue a un rôle plus complexe. Elle est un instrument pour sonder l'esprit. Elle permet de découvrir des émotions inconnue ou de voir les choses sous des perspectives différentes. Elle est un moteur d'intelligence et de liberté, donc un aliment des choix. Dans les sociétés tribales cette fonction des drogues peut être relativement bien comprise et gérée correctement. Dans les civilisations primitives, par contre, il règne une confusion meurtrière. Des jeunes prennent de la drogue comme "médicament à changer sans souffrance". Cela n'a pas de sens. Ils se retrouvent dans un cycle, à reprendre sans cesse de la drogue, sans même être physiquement dépendants du produit. Ils vivent dans le mirage qu'après la prochaine dose les choses vont aller mieux, les bons changements se seront opérés... Insister sur le fait que la drogue peut les tuer n'est pas forcément une bonne idée, puisque l'idée de mort est justement associée à l'idée de changement, d'adaptation, de renaissance amélioré... Les éducateurs ne comprennent pas pourquoi ils sont en rage contre les étudiants qui se droguent, contre ce produit qui leur fait la concurrence ou qui les empêche d'exercer des chantages. Toutes ces personnes sont victimes de mécanismes simplement humains mais qu'elles ne comprennent pas, qu'elles subissent. Il s'ensuit des heurts et des pertes inutiles, des gaspillages monstrueux et des décès. Le rôle d'un véritable enseignement est de faire comprendre ces choses aux jeunes. Alors ils peuvent faire des choix plus intelligents et éviter de se faire détruire par la civilisation et par leurs propres instincts mal assumés.

Une amie m'a expliqué : "j'ai réussi a arrêter [la drogue] car j'ai des amis autour de moi qui m'ont aidée, j'ai trouvé une nouvelle famille en quelque sorte, de vrais amis qui ont été là dans les moment difficiles. Et surtout un homme qui a cru en moi, qui ne m'a pas jugée, qui m'a écoutée et qui m'a soutenue. Je pense que c'est ce tout qui a fait que je m'en suis sortie." Dans un registre plus sombre, le piège tendu aux jeunes par les mafias et les groupes de la rue est de leur faire croire qu'ils entrent dans une famille, plus humaine que leurs propres familles ou que les administrations. Aussi nuisible soit-elle, cette pseudo-famille tient parfois réellement ses promesses. Un homme de main qui respecte l'omerta sera mieux protégé en prison par sa "famille" que par l'administration pénitentiaire... On dit que la mafia recrute en prison. Ce recrutement se fait en grande partie en offrant aux personnes une sorte d'humanité, un environnement qui semble digne d'allégeance pour un esprit simple. L'héroïne fait des ravages en prison. D'après les critères moraux de notre civilisation, qu'est-ce qui est préférable : qu'une personne entre dans la mafia ou qu'elle soit détruite par une toxicomanie ?

Plusieurs phénomènes neurologiques contribuent à la superstition que la mort est un passage. Quand les fonctions vitales sont sévèrement endommagées et que le cerveau est en train de mourir, l'état de choc procure une sorte d'anesthésie et de bien-être. Les neurones de la vision meurent l'une après l'autre et donnent l'impression visuelle que l'on se trouve dans un tunnel. Quand le cerveau cesse de gérer la notion de temps, on peut avoir une impression d'éternité. Comme le cerveau est isolé du monde extérieur, il génère ses propres images en se servant des souvenirs. On peut alors croire revoir des parents décédés. Ce phénomène survient également dans une circonstance moins dangereuse : quand on prend un produit qui coupe le cerveau des sens. Une personne qui prend de la kétamine ou de l'iboga, par exemple, empêche son cerveau de recevoir les informations des oreilles, des yeux, du toucher... Ce phénomène est utilisé dans certaines religions africaines, qui utilisent l'iboga pour faire soi-disant visiter "le village des ancêtres" à leurs adeptes. (L'iboga serait un outil efficace dans le traitement contre les toxicomanies...) Tous ces phénomènes : l'euphorie de l'anesthésie, le tunnel, la perte de la notion du temps, l'impression de voir des personnes décédées... font que des personnes qui ont survécu disent en toute sincérité que la mort semble être un passage et qu'il y a un paradis paisible au-delà, où séjournent les ancêtres et les amis décédés.



Eric Brasseur - 3 juillet 2006 au 5 octobre 2006 [ homepage | MailAddress ]

Signez la petition pour soutenir le Dalai Lama chez AvaazJ'aime pas les mecs gentils




"J'aime pas les mecs gentils" me disait une amie.
Cela peut sembler paradoxal de la part d'une fille de ne pas apprécier la gentillesse. Pour comprendre ce qu'elle a voulu exprimer, il faut revenir à l'enfance :
Garçon ou fille, un enfant joue avec des poupées. Ces poupées peuvent être féminines, masculines, animales ou machines.
"Jouer à la poupée" est une activité fabuleuse. L'enfant rêve des situations, des histoires, que vivent ses poupées. Ces histoires sont simples : il donne à manger à sa poupée, sa poupée s'endort, il habille sa poupée, sa poupée rend visite à une autre poupée, sa poupée attaque une position ennemie, sa poupée vole dans les airs, sa poupée se marie, sa poupée habite une maison... L'enfant rejouera indéfiniment ces situations, avec des variations ou des combinaisons différentes.
A quoi servent les jeux de poupée ? Ils sont très importants ! Tous les animaux évolués ont dans leur cerveau une "représentation" du monde extérieur. Vous savez que à tel endroit se trouve tel objet. Vous savez que passé huit heures du soir il faut mettre un enfant au lit et vous savez quel rituel il faut suivre pour le faire. Mais, toutes ces choses que vous avez en tête demandent un certain travail de classement, de préparation, d'apprentissage. Il faut "malaxer" ces choses dans votre tête pour qu'elles prennent consistance. Les jeux de l'enfance sont un tel malaxage. Les poupées leurs servent de support palpable. Le jeu est un droit fondamental de l'enfant. Prendre à un enfant son droit de jouer, c'est l'empêcher de devenir un Etre Humain.
Le jeu a un point commun avec les autres activités vitales : il procure du plaisir.
Il y a une différence très importante entre les jeux purs et la vie réelle :
Quand un enfant agit sur des poupées, il est libre d'imaginer ce qu'il veut, vivre n'importe quel rêve.
Mais quand il interagira avec des personnes, il faudra qu'il tienne compte des particularités et de la situation propre de ces personnes.
La nuance est de taille.
Cela n'a pas de sens de donner à quelqu'un une chose dont il n'a pas besoin.
Cela n'a pas de sens de demander à quelqu'un une chose qu'il ne peut pas donner.
Connaître toutes les choses dont les autres pourraient avoir besoin. Etre à même de voir quand ils en ont besoin. Demander aux autres les choses dont nous avons besoin. Pour être capable de tout cela il faut être cultivé et avoir beaucoup de pratique. interagir avec les autres est un art majeur.
Ou est le problème ?
Le problème est total :
Une fois devenus adultes beaucoup de gens continuent à jouer à la poupée. Au lieu de jouer à la poupée avec des poupées en plastique ils jouent avec des poupées en chair et en os : avec d'autres personnes.
Les gens ne se "voient" pas les uns les autres. Ils ont leurs petits rêves dans leurs petites têtes et tentent d'utiliser les autres comme autant de poupées pour vivre ces rêves. Les rêves sont de toutes natures; ils rêvent de ce qu'ils vont donner à l'autre, ils rêvent de ce que l'autre va leur donner, ils rêvent de ce qu'ils vont faire ensemble... Cette situation est une atteinte aux Droits de l'Homme permanente. Il en résulte des conflits perpétuels et beaucoup de dégâts.
Nous sommes confrontés à une véritable toxicomanie. Les "drogués" peuvent se montrer ultra-violents avec leurs "poupées" si elles refusent de coopérer, si elles refusent de mettre les rêves en pratique.
Rares sont les personnes qui disposent du socle culturel et la souplesse d'esprit nécessaire pour percevoir et accepter les autres tels qu'ils sont. Donner à autrui ce dont il a réellement besoin... qui peut se targuer d'en être capable ? En d'autres termes : qui est capable d'aimer ? (Et plus humblement : qui, dans le doute, est capable de s'abstenir ?)
Nous pouvons maintenant revenir à cette amie qui "n'aime pas les mecs gentils". Il y a deux façons d'expliquer sa position :
Elle est dérangée par les hommes qui veulent l'utiliser comme poupée pour leurs rêves. Elle n'a pas envie de se faire servir et chouchouter par un rigolo qui en réalité ne fait que vivre ses fantasmes de vie de couple, sans réellement s'occuper d'elle.
Elle veut que ce soit elle qui joue à la poupée, et que ce soit l'autre qui serve de poupée. (Ceci est une très mauvaise raison.)
Voila, vous avez compris pourquoi, à mon avis, elle n'aime pas "les mecs gentils".

Voici quelques considérations pour broder sur le sujet :

Les joueurs ont toujours une très bonne opinion d'eux-mêmes. Ils sont très fiers, ils ignorent toute forme de remise en question. Si vous tentez de leur expliquer qu'ils font de grands dommages à leur poupée, ils se demanderont vraiment de quoi vous voulez parler. Ils en concluront que vous êtes jaloux ou que vous avez un problème quelconque. Le voile qu'ils ont devant les yeux est très épais. Devant leur troisième oeil, ce n'est pas un rideau mais une tôle de blindage antinucléaire vissée avec des boulons de 12.
L'identité des "poupées" est niée, effacée. Des civilisations entières ont institutionnalisé ces pratiques.
Le cas le plus pointu est sans doute celui des enfants que leurs parents considèrent comme leurs poupées. Alors que le rôle des parents est au contraire d'essayer de percevoir leurs enfants tels qu'ils sont. Et surtout de leur apprendre à percevoir les autres tels qu'ils sont, tels que sont leurs besoins, leurs préoccupations, leurs dons...
Il existe des joueurs qui ont conscience d'être des joueurs. Ils continueront à le faire, soit parce qu'ils croient que c'est cela la vie normale, soit parce qu'ils ont clairement, criminellement, décidé de vivre ainsi, aux dépends d'autrui. Attention, le fait d'être joueur peut cacher une grande détresse : certaines personnes ne savent tout simplement pas ce qu'elles pourraient ou devraient réellement faire avec leurs poupées. C'est un problème d'incompétence, de manque d'éducation et de culture. Avec ces personnes là, la manière forte serait déplacée. Mieux vaut simplement leur expliquer, leur donner les moyens concrets pour agir autrement.
Certains joueurs proposent leur poupée à d'autres joueurs. Ils la livreront avec le mode d'emploi. Par exemple ils vont parler de leur poupée en disant "Vous comprenez, elle est très fragile. Elle a des problèmes de personnalité. Parfois elle raconte n'importe quoi. Soyez patient, occupez vous bien d'elle." Les autres joueurs vont alors traiter la poupée de la même façon, comme si elle était un enfant irresponsable. Dans d'autres cas le joueur propose sa poupée pour qu'elle rende un service. Il allèche l'autre joueur en lui faisant miroiter tout ce que sa poupée-domestique va faire pour lui. Si la poupée ne joue pas le jeu l'autre joueur en sera offusqué. Il cautionnera toute représailles contre la poupée. Elle est manifestement folle !
Autant le joueur est dément dans son rêve, autant il peut être froid et précis quand il s'agit de défendre ses intérêts. Ses talents de manipulateurs seront mis à contribution. Si par exemple une personne lui fait remarquer que sa victime pourrait très bien se débrouiller seule dans la vie, il répondra "Est-on jamais vraiment sûr qu'une personne peut se débrouiller seule ?". Si on lui reproche d'avoir estropié sa victime, il répondra "Croyez-vous qu'elle est la seule personne estropiée au monde ?". Si on lui reproche de dicter sa conduite à la victime, il répondra "Mais vous-même, que sauriez-vous faire dans la vie si on ne vous avait jamais dit ce que vous devez faire ?". La majorité des personnes se contentent de ces réponses et vont même les répéter à la victime pour la convaincre du bien-fondé des intentions du joueur et affirmer que le critiquer n'est pas très constructif. "Mais enfin, ta maman est si gentille, pourquoi dis-tu ainsi du mal d'elle ?" Ces personnes n'ont pas le sens des proportions, sont subjuguées par l'aplomb du joueur et préfèrent les solutions de facilité. Elles deviennent les collaborateurs du joueur, elles glissent sur sa pente. Bientôt elles auront besoin du joueur pour continuer à gérer la situation, pour éclairer les choses. Elles dépendront de lui. Elles peuvent finir par considérer la victime comme leur ennemi, comme la source des problèmes.
Quand une poupée finit par fuir son joueur, le joueur en conçoit une grande amertume. Il se dit par exemple "Je lui ai donné tant de choses, regardez le résultat ! Quelle ingratitude. Le monde n'est fait que d'ingrats !"
Comme tout être humain, le joueur a des besoins. Des besoins à la fois vitaux et souvent très simples. Parfois, sa poupée serait tout à fait à même de lui donner ce qu'il lui faut. Mais il ne la laissera pas faire : dès l'instant où cela ne cadre pas avec ses rêves il cassera net toute tentative de sa poupée.
Dans les couples le jeu va souvent dans les deux sens. Chacun est en même temps joueur et poupée de l'autre. Jusqu'au jour où le jeu se brise, alors le refus de continuer à jouer est interprété comme une offense ultime méritant toutes les punitions.
Certains enfants développent une grande dextérité avec leur poupée. Ils savent la faire tenir en équilibre sur une arrête, ou ils savent comment lui faire tenir des objets divers... Les joueurs adultes peuvent parfois aussi faire preuve d'une dextérité particulière avec leur "poupée". En lui parlant, ils savent mettre leur poupée dans un état d'esprit bien précis ou lui faire faire des choses.
Parfois le joueur est perçu tout de suite comme un manipulateur par l'entourage de la victime. Mais généralement c'est le contraire : il sera très apprécié. On le louera pour sa gentillesse, sa générosité. Si la victime se plaint, on la regardera d'un air étonné.
Au final le joueur donne à sa victime moins qu'à une personne qui lui est indifférente. Voire il lui prend tout pour le donner à d'autres. Avec des personnes neutres, il peut avoir des relations relativement normales. Il peut par exemple prêter de l'argent, dont une personne a réellement besoin, et oublier d'en réclamer le remboursement. Mais il accordera difficilement un prêt à sa poupée et il ne manquera pas de s'en servir comme moyen de pression si nécessaire. Quand il est "généreux", c'est en donnant des choses dont il a rêvé et dont la poupée n'a en réalité pas besoin... Les "cadeaux" que le joueur fait à sa poupée sont toujours liés à ses rêves. La robe dans laquelle il aimerait la voir, un téléphone portable pour mieux la contrôler...
Les vrais besoins de la poupée sont considérés comme quelque chose d'impur, qui ne peut être nommé qu'avec dégoût. Certains joueurs sont néanmoins suffisamment manipulateurs pour feindre de prendre en considération les besoins de leur poupée.
Les prostituées sont des poupées professionnelles. Quelques-unes d'entre elles réussissent à sortir bénéficiaires du jeu : elles se font payer très cher et investissent intelligemment leurs gains. Hélas la majorité sont perdantes, comme toutes les poupées, parce qu'elles perdent leur argent aussitôt après l'avoir gagné. Parce que cet argent est de l'argent de poupée. Il n'a pas de valeur à leurs yeux, pas plus que la poupée ne se donne de valeur à elle-même.
Le harcèlement dans le monde professionnel est un exemple de jeu de poupées. On engage une personne parce qu'on rêve du travail qu'elle va fournir et des bénéfices qu'elle va engendrer. Si par la suite il s'avère que la poupée ne se conforme pas au rêve ou que le rêve était dès le départ mal pensé, on procédera comme tout mauvais enfant qui veut un nouveau jouet et à qui ses parents font remarquer qu'il en a déjà un : on casse le jouet. On va rendre la vie dure au jouet, on va le détruire psychologiquement par les actions les plus ignobles et les plus sournoises, pour qu'elle se suicide physiquement ou au moins professionnellement. Rares sont les entreprises où on dit simplement, naturellement, à une personne que son poste ne convient pas et qu'elle est licenciée avec des remerciements pour les services rendus et une bonne prime.
Souvent la poupée est pour le joueur le "complément" de sa propre personnalité. Il a besoin de la poupée pour se sentir lui-même, entier et complet. Il part du principe qu'il en va de même pour la poupée. Il est évident pour lui qu'elle a besoin de lui.
La poupée devient souvent dépendante du joueur. Il est une drogue pour elle. Il rêve la vie, il mène le jeu, il rend les choses plus simples, il prétend protéger, il a des témoignages "d'affection"... On a plus d'une fois vu une poupée revenir vers son joueur en rampant.
Un des trucs qu'un joueur peut utiliser pour garder sa poupée est de lui expliquer que le monde extérieur est méchant, que les gens sont mauvais. Il faut parfois plusieurs années à une poupée qui a échappé à son joueur pour comprendre qu'il existe des gens positifs dans le Monde. Elle comprend que l'enfer est le joueur et que le paradis existe, ailleurs et en elle-même.
L'outrance peut être le meilleur camouflage du joueur. Certains joueurs infligent des choses à ce point atroces ou inutiles que personne n'arrive à croire la poupée quand elle essaye d'en parler. La poupée elle-même n'arrive parfois pas à y croire. Les joueurs impunis sont ainsi aussi parmi les plus détraqués ou les plus criminels.
Le joueur est un rêveur. Un rêveur qui se paye le luxe d'un support en chair et en os pour ses délires. Le joueur rêve la vie de sa poupée et il rêve sa propre vie. Il est détraqué de la réalité, il ne perçoit pas les besoins et les souffrances qu'il n'a pas envie de percevoir. Tout se passe dans sa tête, où il se construit de belles images. C'est la raison pour laquelle les joueurs sont aussi convaincants et affirmatifs pour nier qu'ils auraient fait quoi que ce soit de mal à leur poupée. Ils rêvent qu'ils sont fiers et sans reproches et ils l'affirment. C'est ce même mécanisme du rêve perverti qui les fait abuser de leur poupée et qui leur permet d'être aussi "sincères" pour nier toute responsabilité et clamer leur intégrité.
Le viol est souvent le fait d'un joueur qui va un cran plus loin dans le passage à l'acte. Réciproquement, même s'il n'y a pas de viol physique le comportement d'un joueur est toujours un viol : une négation et une destruction de la personne que la poupée est.
Certaines situations de jeu de poupée ne peuvent trouver leur terme qu'en portant l'affaire en Justice. Beaucoup de joueurs sont incurables et ne cèdent que par la force. Même le fait de leur expliquer concrètement les choses et s'assurer qu'ils ont compris ne suffit pas : systématiquement, après quelques heures ou après quelques semaines, la machine néfaste se remet à fonctionner dans leur tête et ils repartent à l'attaque. Sans doute parce qu'il sont confrontés à une grande difficulté de vivre. Ils ont besoin du jeu de poupée pour survivre, comme des drogués.
Vous aurez certainement envie de faire en sorte que les gens autour de vous cessent de jouer à la poupée. Faites attention : tenez compte du fait qu'ils jouent peut-être à la poupée parce qu'ils n'ont pas eu l'occasion de le faire quand ils étaient petits. Ils ont un vide à combler. Il ne faut donc pas leur interdire de le faire, sous peine de les fermer sur un manque intérieur. Au contraire : il faut leur apprendre à le faire ! Ainsi ils pourront aller plus loin, dépasser le jeu. Je le dis toujours : "Si vous donnez 10 € à un enfant, qu'il les dépense d'un coup pour acheter des bonbons et qu'il se colle une indigestion avec, vous aurez dépensé 10 € et 24 heures pour lui apprendre qu'il faut savoir gérer l'argent. Les enfants apprennent très vite et pour pas cher. Mais s'il n'a pas eu l'occasion d'apprendre étant enfant, devenu adulte il lui faudra gaspiller 1.000.000 € de salaire, endurer 20 ans de problèmes et causer la faillite de 5 personnes avant de commencer à comprendre."
La littérature, l'histoire... nous fournissent la culture, la base nécessaire pour comprendre, pour rêver, pour vivre. Les arts nous apprennent à communiquer et à aller plus loin dans nos rêves, au delà de la réalité, pour mieux construire la réalité. Ils sont le véhicule de sentiments qui peuvent nous amener à faire des choses grandes. Jouer dans des pièces de théâtre amateur est une excellent thérapie sinon la meilleure pour les joueurs et les poupées. Mais qu'en est il des sciences exactes ? Certains croient qu'elles ne sont que des outils, des considérations pratiques secondaires. Ils se trompent lourdement. La Science est un enseignement, une initiation. Les physiciens sont statistiquement les maris les plus appréciés. Dans leur métier ils sont tous les jours confrontés à la nature "telle qu'elle est", mais en plus ils sont confrontés à des phénomènes très différents les uns des autres. Cela leur donne un bon entraînement en matière de souplesse d'esprit, sens des réalités et capacité d'adaptation. Offrir une boîte de chimie à un enfant est une grande idée. Les produits chimiques ne réagissent pas comme l'enfant veut qu'ils réagissent. C'est l'enfant qui devra s'adapter aux produits chimiques, apprendre à les connaître. Alors seulement il saura ce qu'il peut obtenir d'eux, imaginer des combinaisons réalistes.
La culture n'est pas un gage de sanité d'esprit. Je connais le cas d'une famille d'universitaires. L'un des parents a fait des études scientifiques, l'autre des études littéraires. Ils ont lus et ressassé des milliers de livres d'Histoire, de psychologie, de pédiatrie, de philosophie... Ils sont enseignants et en général fort appréciés. Mais quand ils ont eu un enfant et se sont tout de suite mis à fantasmer sur ses capacités, sur ce qu'il allait devenir plus tard. L'enfant avait réellement des capacités, mais son caractère le disposait plus à devenir un prêtre ou un poète qu'un universitaire. Alors ils l'ont torturé pendant toute son enfance pour le forcer à prendre "le droit chemin". Plus l'enfant souffrait, plus sa mère sentait ses rêves se réaliser. C'était sa drogue, sa forme de sexualité. Il a été passé à tabac, privé de nourriture deux jours par semaine pendant des années, avait la possibilité de dormir quelques heures par nuit les jours d'école, subissait des lavages de cerveau tous les jours... Il a fini par se comporter comme les enfants des rues. Il sniffait des sachets de colle pendant que ses parents regardaient distraitement. Après, pour éliminer les solvants de son sang il faisait de l'hyperventilation, retenait sa respiration et causait des chutes de tension en se levant brutalement, ce qui déclenchait des sortes de crises d'épilepsie. Personne dans l'entourage n'a compris la gravité de la situation. Quelques personnes se sont inquiétées sur base du peu de choses qui étaient apparentes et ont essayé de raisonner les parents. Leur réaction a été de rompre toute relation avec ces personnes. Devenu adulte l'enfant a commencé à raconter ce qui c'était passé. Les parents l'ont vécu comme une atteinte scandaleuse et répugnante à leur honneur et ont contre-attaqué. Avec certaines personnes ils se sont montrés des parents très aimants, préoccupés pour leur enfant qui semble un peu bizarre. Avec d'autres ils l'ont tourné en ridicule, ont fait en sorte qu'il ne puissent plus le voir sans pouffer de rire. Ils ont prévenu le reste de la famille : "On ne comprend pas ce qu'il a, il raconte des horreurs sur nous... essayez de l'écouter et de voir ce qu'il dit, on essayera de faire quelque chose.". Quelques personnes ont tout simplement été achetées. Elles ont reçu des avantages en échange de leur fermeture d'esprit. Soit des avantages en nature, soit la possibilité de profiter eux aussi de l'enfant, comme un esclave que l'on prête. Sur une trentaine d'amis, de grands-parents, d'oncle et de tantes, l'enfant n'a trouvé rigoureusement personne pour le comprendre. Il est simplement parti.
Certains joueurs utilisent des otages. Un ami me racontait le cas d'une amie héroïnomane. Dans l'absolu cette amie a une relativement forte personnalité est n'est pas du tout destinée à devenir toxicomane. Mais elle a eu une enfance avec une personne exceptionnellement toxique qui est sa mère. Lors de son adolescence elle a par exemple été attachée sur une chaise et brûlée avec des mégots de cigarette par sa mère et quelques membres de la famille. Elle aurait dû quitter ce milieu. Mais elle tient à son père. Régulièrement sa mère l'invite à un repas en famille. Elle y va, pour voir son père. Pendant le repas sa mère la détruit psychologiquement à coups de remarques et d'allusions. Quand elle rentre le soir chez elle, elle est réduite à l'état de loque. Son "petit ami", qui est dealer, passe alors la voir et lui propose une dose, qu'elle accepte. Elle prend de l'héroïne pendant plusieurs jours, le temps d'oublier un peu, puis va voir son médecin pour une cure de désintoxication. On peut presque dire qu'elle a fait autant de cures de désintoxication que de repas de famille. Sa mère n'a jamais été inquiétée. On aurait même plutôt tendance à la plaindre et à la féliciter. Après des années de galère cette amie a fini par un peu comprendre la dynamique orchestrée par sa mère et à prendre ses distances. Son corps, qui était superbe quand elle avait dix-huit ans, est une ruine.
Il y a des joueurs dans tous les milieux. Ce n'est pas une question de situation ou de classe sociale. Mais dans les milieux riches on a les moyens de cacher les choses. On parle souvent des pays pauvres où des enfants traînent dans les rues, vivent de façon précaire et se font abuser. Cette destruction des enfants existe aussi dans des pays riches. Mais elle est occultée. Il existe des pays riches où les enfants sont bien traités tout comme il existe des pays pauvres où on aime les enfants. C'est une question de niveau spirituel global des habitants du pays. L'argent et les technologies sont des moyens qui peuvent permettre la promotion de l'Humanité. Mais ils n'en sont pas des gages en soi. Ils peuvent tout aussi bien être utilisés pour obtenir l'effet contraire. Apprendre à aimer est d'abord un question de volonté.
Un joueur est une personne patriarcale qui mime un comportement matriarcal. Son mode de pensée est patriarcal puisqu'il établit une hiérarchie et il utilise des moyens de pression. Mais il prétend s'occuper de sa poupée et savoir ce qui est bon pour elle. Il essaye de s'approprier le bien-être du matriarcat.
Beaucoup de joueurs ne touchent pas leur poupée. Parce que le contact physique force à percevoir les émotions, les envies, les besoins et la personnalité de la personne que l'on prend dans ses bras. Ce que le joueur veut éviter à tout prix. Il veut continuer à rêver dans sa tête les émotions et la personnalité de son choix pour sa poupée. Donc il ne doit pas toucher sa poupée. Certains joueurs touchent leur poupée en public, mais c'est du théâtre, le joueur exerce sur lui-même un contrôle mental pour ne pas réellement toucher sa poupée. Il veut juste imposer aux autres une façade, une image de sa bonne entente avec sa poupée. Il veut aussi imposer cette façade à sa poupée. Il se sert du public pour enfoncer sa poupée dans son jeu, pour enlever à sa poupée la possibilité de se plaindre ensuite auprès de membres de ce public. Dans des cas extrêmes, quand le joueur est très fort et la poupée faible, un vrai contact physique peut avoir lieu. Il permet au joueur d'imposer son ordre à la poupée. C'est un contact unilatéral, du joueur vers sa poupée, pour travailler la poupée dans sa chair. Parmi ces contacts on retrouve les attouchements sexuels ou les coups et blessures. Les attouchements sexuels sont les plus destructeurs.
Le rêve n'est pas à proscrire des relations humaines. Au contraire : les amants imaginatifs sont les plus appréciés. Se faire imposer certaines choses, par moment, peut procurer énormément de plaisir. Rien n'est plus merveilleux qu'un rêve absurde emportant deux partenaires. Il n'y a plus d'Humanité sans poésie, sans imaginaire gratuit. Mais il importe que dans le passage à l'acte tout soit toujours adapté aux personnes qui en bénéficient.


Eric Brasseur
14 octobre 1997
au 25 mars 2003

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Hypnose et Suggestion



L'hypnose
L'hypnose est un état du cerveau où il "regarde" ce qu'il a en lui au lieu de regarder le monde extérieur. Passer en état d'hypnose, c'est un peu comme un gant que l'on retourne. L'intérieur du gant, qui était caché, devient le monde où l'on se déplace. Une personne en état d'hypnose est parfaitement consciente, mais elle est dans un autre monde : son monde intérieur. Elle n'a que peu ou plus de contacts avec le monde extérieur. En état éveillé on voit, sent et entend le monde extérieur mais on a peu ou pas conscience de ce qui se passe à l'intérieur du cerveau. En état d'hypnose, c'est l'inverse. L'état d'hypnose n'est pas du sommeil, même si cela y ressemble.

Pour entrer en état d'hypnose on recourt généralement à l'aide d'un hypnotiseur. Mais cela peut aussi arriver "par accident", quand les circonstances s'y prêtent. Voici par exemple les conditions nécessaires pour que je puisse passer en état d'hypnose. (Il convient à chacun de développer sa propre méthode mais l'expérience d'autrui est une source de renseignements et d'indications.) :
Avoir l'esprit à ça. Je "sens" quand je pourrais entrer en hypnose. C'est assez peu fréquent, une à deux fois par mois en moyenne. Toujours le matin tôt, peu après le réveil.

Pour que le passage vers l'hypnose soit possible, il faut s'isoler du monde. Il faut se mettre en isolation sensorielle. Par exemple dans un lit, en recouvrant l'entièreté du corps et en prenant la position la plus confortable possible. Il est indispensable pour moi de recouvrir la tête avec des coussins (tout en laissant un chemin à l'air). Il faut qu'il n'y ait aucun bruit (je mets des boules dans les oreilles, en veillant à ne pas sentir leur présence) et que mes yeux ne reçoivent aucune lumière (fermer les paupières ne suffit pas, je bande mes yeux ou je les recouvre d'un coussin). Certaines personnes utilisent une musique douce. D'autres utilisent un support visuel ; un objet ou une image, comme en méditation (mais avec une intention différente de la méditation : en méditation l'objet est là pour engendrer des pensées, le but est de laisser venir ces pensées comme des nuages et en prendre distraitement conscience, alors qu'en hypnose l'état d'esprit engendré par l'objet ou les images n'est qu'un accessoire utilisé pour passer en état d'hypnose). Je suis une fois passé très facilement en ayant les yeux entrouverts et en contemplant distraitement les reflets flous d'un peu de lumière sur le tissu du coussin.

Il faut se détendre, relâcher patiemment tous les muscles, se laisser aller, ne penser à rien. On peut se concentrer sur sa respiration (respirer calmement et profondément, sans forcer) ou sur les phosphènes (ces faibles formes jaunes qui dansent devant les yeux).

Il faut avoir l'intention d'entrer en état d'hypnose, avoir conscience du fait qu'on a est là pour ça. Mais essayer de forcer les chose ne sert à rien, cela bloque le processus. Il faut se laisser emmener.
Le passage est un peu comme un court et imperceptible tunnel noir, avec des moments d'inconscience. On "arrive" alors dans un monde imaginaire, un décor. Dans mon cas c'est souvent le jardin dans lequel j'ai vécu étant enfant, mais transformé : l'herbe est plus drue, les arbres ont une autre forme, parfois il y a de très grandes fleurs...

La première fois que je suis passé intentionnellement en état d'hypnose, j'ai eu affaire à deux "gardiens", un peu comme ces monstres que le héros des histoires fantastiques doit affronter pour arriver à l'endroit qu'il recherche (la série des Thorgal, par exemple). Le deuxième "gardien" a été le plus effrayant : j'ai "vu" quelqu'un entrer dans ma chambre et me mettre un sachet en plastique sur ma tête pour m'étouffer. C'est en gardant mon calme, en me disant que c'était faux et en "continuant ma route" que je suis arrivé dans le jardin.

Ce qui se passe en hypnose ressemble à un rêve. On se promène dans un décors changeant. On rencontre des choses que l'on connaît, on peut voir de très beaux paysages. On peut voler au-dessus d'une forêt d'automne éclairée par le soleil couchant. (La série Olivier Rameau et Colombe Tiredaile en est la meilleure visualisation que je connaisse.) Parfois les objets sont très bien reproduits, avec une quantité incroyable de détails, de textures, de parfums... Je me souviens d'un tableau au-dessus d'une cheminée : les méandres d'une rivières sous le couvert d'une foret tropicale, à l'aube ou au crépuscule. J'ai pu voir la scène en trois dimensions, comme si elle était réelle dans le tableau et percevoir l'humidité et la fraîcheur qui montent du sol. Parfois des parties du décors sont un peu floues, comme si le "générateur d'images" du cerveau se reposait.

Il ne faut pas vouloir décider ce qui se passe en hypnose. Il faut se laisser aller. Un contrôle de se qui se passe est possible, mais de façon feutrée. Toute volonté de contrôler fermement le déroulement des choses amène un retour instantané à la réalité, on est véritablement "éjecté". Si on a envie qu'il se passe quelque chose, on peut y penser ; "penser distraitement l'envie", et cela peut se "réaliser" un peu après. Je me souviens avoir voulu passer au travers d'une vitre comme un fantôme et finalement avoir rebondit après m'être un peu écrasé contre elle, parce qu'au dernier moment j'ai eu peur que cela ne fonctionne pas.

L'état d'hypnose présente plusieurs intérêts pour moi :
Un beau voyage.

La possibilité de voir les images que mon cerveau a mémorisées au cours de ma vie et les symboles qu'il utilise. C'est un peu comme une visite de musée.

Une sensation de détente et de bien-être après.

La possibilité de finaliser un processus de guérison. Prenons par exemple le cas d'une culpabilité. J'ai fait quelque chose de mal, que je regrette. J'ai eu le temps d'analyser mon erreur et de bien décider que cela ne se reproduirait plus. Pourtant je continue à souffrir de la culpabilité. C'est en étant en état d'hypnose que cette culpabilité va éclater comme une bulle. Je vais "pleurer" un bon coup et ensuite j'en serai définitivement débarrassé. De ce point de vue, l'état d'hypnose est un peu comme une voiture à l'arrêt dont on ouvre le capot pour régler de l'intérieur ce qui ne va pas.
Les sources que j'ai pu consulter tendent à montrer que l'hypnose est un vaste domaine, avec des états différents et des degrés plus ou moins avancés d'hypnose. Mon expérience personnelle se limite à ce que je raconte ici.

L'hypnose est utilisée dans divers domaines :
L'anesthésie. Une fois le patient en état d'hypnose, dans son monde intérieur, il ne perçoit plus ce qui se passe autour de lui et ce qui arrive à son corps. Il peut donc être opéré sans utiliser d'anesthésie générale. Les résultats de cette méthode sont très importants : le patient est en bien meilleure forme après l'opération et guérit mieux. J'ai pu expérimenter la chose : je m'étais une fois mis dans une position très confortable pour "passer", mais au "retour" un de mes bras me faisait un mal de chien. Je l'avais plié d'une façon où il devait forcément développer une crampe. Cette crampe était là depuis longtemps, mais je n'avais rien senti du tout. Ce n'est qu'au "retour" que j'ai poussé un "Haw !" douloureux.

La psychothérapie. Les possibilités de guérison intérieure que permet l'état d'hypnose sont un outil extraordinaire. Peurs, phobies, angoisses, tics, complexes, réactions somatiques... peuvent être définitivement résolus grâce à des passages sous hypnose. Il faut que le thérapeute et le patient abordent les problèmes d'abord en état d'éveil. Des passages en état d'hypnose permettront ensuite de finaliser certaines choses. Parfois il n'est même pas nécessaire de plonger jusqu'à l'hypnose. Il suffit de demander au patient de fermer les yeux quelques instants, de respirer calmement et de visualiser ce qu'il voudrait.

L'enseignement. Prenons par exemple un élève qui bute sans arrêt sur la même erreur. Mettons qu'il prononce "spychologie" au lieu de "psychologie". Il sait qu'il doit prononcer "psychologie", mais quand le mot vient dans la conversation il dit systématiquement "spychologie". Cette mauvaise prononciation est "câblée" dans son cerveau. Un passage sous hypnose peut permettre rapidement le "recâblage" adéquat : du jour au lendemain il se mettra à prononcer "psychologie" parfaitement, sans effort.

La police. Parfois une personne n'arrive plus à retrouver un souvenir (un visage, un renseignement...). La mettre en état d'hypnose lui permet d'avoir accès au "contenu" de son cerveau, "de l'intérieur".
Il existe plusieurs "états" possibles du cerveau. l'hypnose est l'un d'entre eux. On appelle ces états des "transes". Quelques exemples de transes :
Un danseur est totalement parti dans ses mouvements.
Un état d'intense méditation.
La fureur ou le "mode de combat" d'un guerrier.
Toute personne change un peu d'état d'esprit tout au long de la journée mais on ne parle de transe que quand il s'agit d'un état vraiment différent, avec des propriétés caractéristiques. Chaque transe implique une perception différente des choses. Par exemple la méditation implique un isolement par rapport au monde réel présent tout en amenant un travail approfondit, à la fois intuitif et logique, sur les souvenirs du monde réel. Le "mode de combat" implique un oubli de la douleur et des souvenirs mais une perception aiguë et accélérée du monde réel. L'hypnose implique un isolement total par rapport au monde réel et une déambulation dans un monde intérieur aux allures imaginaires. Chaque transe a sa motivation et ses rites. Pour me mettre dans la transe appropriée quand je dois faire un long travail répétitif, par exemple, je me mets à siffloter n'importe quoi.

Un ami me recommande une importante source de renseignements sur l'hypnose : les livres écrits par Carlos Castaneda. Cet auteur a été initié par un shaman indien d'Amazonie. Il décrit tout un apprentissage. Au début, il faut se contenter de se dire, avant d'aller dormir, que l'on voudrait se souvenir de ses rêves au réveil. Ensuite, au fil du temps, il faut souhaiter pouvoir se déplacer à volonté dans ses rêves, voir ses mains, voir son corps, pouvoir saisir des objets... On finit paraît-il par être capable d'aller dans la chambre où l'on est en train de dormir et de se voir en train de dormir.

J'ai pu aller dans un univers hypnotique un peu différent. Il n'y avait aucun décors, pas même de notion de dimension. J'étais dans le noir complet. Mais les idées, les concepts, étaient très présents. J'ai pu traiter des problèmes ardus avec une grande facilité et obtenir des réponses claires. J'ai fait cela en buvant une grande quantité de café avant d'aller dormir. L'intuition de procéder ainsi m'est venue après avoir lu la bande dessinée "âromm" de Pellejero et Zentner (Casterman). Ce qui s'est passé lors de cet état d'hypnose ne ressemblait pas à ce qui est raconté dans la bande dessinée, sauf sur un point : le fait d'obtenir des réponses.

Les sorciers africains disent circuler la nuit. Ils se réunissent, commettent des actes de magie, se battent... Après avoir lu le récit de ces nuits de sorciers, il me semble tout à fait qu'ils sont en état d'hypnose. Ces sorciers sont en réalité en train de dormir. S'ils arrivent à faire des choses ensemble dans ce monde hypnotique, c'est sans doute parce qu'ils partagent la même culture ou parce qu'ils en parlent entre eux avant d'aller dormir. La suggestion et l'auto-persuasion font le reste. Le monde hypnotique dans lequel ils évoluent a comme décor leur village et ses alentours. Ils ont conscience d'évoluer dans un monde parallèle calqué sur le monde réel. Ce qu'ils y font a des répercussions dans le monde réel. Réciproquement, les villageois n'hésitent pas à placer des pièges, un peu comme des tapettes à souris, pour blesser les sorciers qui se permettraient d'entrer chez eux. Ce petit univers de sorcellerie peut sembler amusant raconté ainsi. Le problème, c'est que les africains prennent cela au sérieux. Par exemple pour eux toutes les maladies ou autres inconvénients sont la conséquence des actes, batailles ou transactions que les sorciers font la nuit. La maladie d'une personne est due au fait qu'un sorcier est venu prendre son énergie la nuit, par un acte de vampirisme. Il s'ensuit des terreurs, des prises de pouvoir, des dépenses d'argent et de temps énormes... pour quelque chose qui en réalité n'existe pas. Les vraies causes des problèmes sont négligées. Dans ces histoires de sorciers africains j'ai pu reconnaître une anecdote qui m'est arrivée : un jeune garçon malade depuis longtemps mais dont les médecins ne comprennent pas la maladie. D'après les tests médicaux il est en parfaite santé. Conseillée par un médecin, sa mère demande l'aide d'un sorcier. Le garçon passe une nuit chez ce sorcier. Le lendemain il se sent beaucoup mieux, presque guéri. Officiellement parce que le sorcier s'est battu pour lui toute la nuit, contre les sorciers qui avaient pris son énergie. Une amie avait de gros problème avec un voisin. Elle était au bout du rouleau. Elle est venue dormir chez moi et le lendemain elle avait retrouvé toute sa vivacité. Je n'ai pas le moindre souvenir d'avoir posé de quelconques actes hypnotiques cette nuit là. Mais ceci montre que l'univers de la sorcellerie colle en apparence à des faits concrets que l'on peut rencontrer. Cela montre aussi que la maladie peut parfois être due davantage à des problèmes sociaux qu'à un véritable microbe.

Dans ce texte plusieurs utilisations de l'hypnose ont été citées. Etre en transe hypnotique permet de débloquer des traumatismes dans le cerveau ou d'aborder certains problèmes avec plus d'intelligence sous la main. Mais il me semble que l'hypnose à une importance plus fondamentale pour les êtres humains. Au fil de sa vie un humain connaît plusieurs mutations et évolutions. J'ai un peu l'impression que certaines transformations ou éclosions dans le cerveau ne peuvent se faire que lors de passages sous hypnose. Ce serait une explication du fait que l'on retrouve aussi souvent l'hypnose dans les rites initiatiques ou shamaniques. Mon expérience personnelle de la question est qu'après des passages sous hypnose je me suis découvert plus de souplesse d'esprit, plus de facilité à traiter certains problèmes, un plus grand confort intellectuel. Mais à aucun moment lors de ces moments d'hypnose je n'ai eu conscience d'être confronté à la question ou de pousser un quelconque interrupteur. En tout cas je n'en ai pas de souvenir. Il me semble aussi qu'on y gagne en maturité. On aborde le Monde sous un angle plus serein et responsable. Cet élément-là me semble très important. Le Monde Occidental est en partie basé sur le maintien des gens en enfance. La Consommation à outrance est un réflexe infantile. Ce n'est pas Freud qui me contredirait. Un certain nombre de choix politiques me semblent également faits par des gens infantiles ; imbus d'eux-mêmes et peureux. Je n'ai pas l'impression qu'actuellement cela soit voulu ou organisé par quiconque. Les gens immatures auront tendance à empêcher les autres de devenir matures, certes. Mais il n'y a pas quelque part sur la Planète un groupe de personnes ricanantes en train de se frotter les mains. Par contre je crois que dans le passé cela a été organisé, par exemple par certaines églises. Elles détournent à leur profit les connaissances dont elles disposent. L'enseignement que j'ai reçu à l'école me semble conçu de cette façon. Il me semble maintenent que cet enseignement est un traitement conçu pour empêcher l'hypnose chez les enfants. Durant toute mon enfance je me suis demandé à quoi pouvaient bien servir ces bon dieu de cours interminables dont les élèves ne retiennent quasiment rien. L'Ecole est une chose très importante. Elle fait la différence entre un paisible pays riche et un pays pauvre en guerre. Mais si on se limitait à la partie utile de l'école cela ne prendrait pas plus de quelques passionnantes heures par semaine. Si on prend l'école comme moyen de contrôle des esprits, alors tout ce que j'ai observé et subi me semble prendre un sens. Les mauvaises églises permettaient l'hypnose, mais de façon très contrôlée. Elles endoctrinaient d'abord les personnes avec leurs symboles et leur système de valeurs. Ensuite seulement elles permettaient un peu d'hypnose. Ainsi elles obtiennent des individus qui ont un certain degré de maturité et de responsabilité, mais entièrement dévoués à l'église, prêts à soutenir les thèse les plus aberrantes avec une grande conviction. Ce système a été cassé et c'est ce qui a permis l'essor de la Modernité et des Droits de l'Homme. Mais il serait malvenu de jeter le Petit Jésus avec l'eau du bain. L'hypnose n'est pas une technique de sectes mais c'est un outil important qui peut être détourné par les sectes. La meilleure parade, c'est d'apprendre l'hypnose à tout le monde. Séance chez l'hypnotiseur-shaman remboursée par la Sécurité Sociale. Libre Choix de ses pensées et préoccupations, sur base de catalogues dodus et pluralistes. Ainsi chacun pourra se développer dans toute la nature que Dieu lui a conféré (si les athées me pardonnent le bref usage strictement littéraire de ce symbole) et non dans les restrictions planifiées par une secte ou un gouvernement immature.

Il existe des pratiques violentes en hypnose. La façon d'entrer en transe consiste parfois à pousser le cerveau dans ces derniers retranchements, à le faire dérailler : par la douleur, les privations et l'épuisement. Par exemple chez les indiens d'Amerique du Nord on s'inflige des douleurs atroces, on se prive de nourriture pendant des jours ou on s'isole pendant des semaines. Sans parler de la consommation de substances diverses. Dans certaines tribus africaines on frotte du piment dans les yeux des candidats initiés. Des scientifiques suggèrent que s'il y a eu autant de grands initiés au Proche Orient et au Tibet, c'est parce que les conditions de vie y sont extrêmes : insolation, déshydratation, manque d'oxygène... La Nature vous impose l'initiation malgré vous. Je ne suis pas expert mais mon avis est que tout cela est inutile, dangereux et sous-productif. Ce qui est essentiel en hypnose, c'est d'avoir compris de quoi il s'agit et d'être d'accord. Alors il suffit de s'y laisser glisser, en tout confort. C'est l'idéal. Les tortures que l'on s'inflige dans les tribus servent en quelque sorte à obtenir cet accord du cerveau, par démission. Ce n'est pas très responsable et souvent les gens prennent ce qui s'est alors passé sous hypnose trop au sérieux. Dans une bonne pratique d'hypnose il peut y avoir un peu de travail, surtout au début. Si une personne est trop nerveuse il faut prendre le temps de la fatiguer un peu, en passant quelques heures avec elle. Il ne faut pas avoir mangé trop lourd. Un peu de lecture, de recueillement ou de méditation peuvent être indiqués. Si vous n'arrivez pas à entrer en hypnose, demandez l'assistance d'un professionnel : psychologue ou psychiatre. A la rigueur un père abbé amoureux des Droits de l'Homme ou un moine tibétain reconnu par les autorités du Tibet Libre. N'allez pas trouver un quelconque gourou qui irait vous imposer une pratique violente ou abuserait de vous. Vous risquez de vous retrouver avec une hépatite, des problèmes rénaux ou un quelconque handicap. Un exemple d'abus moins graves mais qui représentent tout de même une sérieuse perte de temps : les personnes qui prétendent vous mettre en hypnose simplement en vous faisant pratiquer par exemple le yoga. Il est évident que le yoga est un bon outil pour faciliter l'hypnose. Il est tout indiqué pour beaucoup de personnes. Mais le yoga en soi ne fait pas l'hypnose. Vous pouvez passer des années à faire du yoga alors qu'un psychologue formé vous mettrait en était d'hypnose en moins d'un quart d'heure.

Si Salvadore Dali a peint des oeuvres aussi extraordinaires, c'est peut-être parce qu'il passait du temps sous hypnose. L'hypnose produit des symboles. Réciproquement, les symboles ne peuvent être vraiment assimilés que sous hypnose. Il faudrait se mettre en hypnose après avoir contemplé une oeuvre de Dali. Ainsi un transfert s'opère de l'hypnose de Dali à la vôtre. Dans les viles comme Rome ou Jérusalem les hôpitaux sont habitués à recevoir des touristes complètement hébétés, mis dans un état second par ce qu'ils ont vu. (Il est bien dommage que les responsables israéliens et palestiniens soient hermétiques à cela. La paix serait signée depuis longtemps.) Un de mes amis s'est vivement intéressé aux symboles et aux choses de la foi. Mais il en a fait un usage plat et idiot. Il est devenu intégriste, autoritaire... Il était envahi par les symboles mais ne les a jamais assimilés. La clé de son problème est peut-être qu'il n'a jamais réussi à passer en hypnose. Il ne savait pas que c'est nécessaire. S'il l'avait su, je crois qu'il y serait arrivé. Au fil du temps il est devenu asocial, aliéné à la vie. Vivre était une souffrance pour lui.


La suggestion
La suggestion est la possibilité qu'a une personne de prendre le contrôle du cerveau d'une autre personne. Par exemple si je dis à une personne avec autorité et insistance que sa main est très froide, elle finira par réellement avoir l'impression que sa main est glacée.

Les possibilités de la suggestion sont très importantes : on peut rendre des parties du corps d'une personne insensibles à la douleur, on peut amener une personne à développer des maladies somatiques, on peut lui faire faire des choses spéciales comme commettre un vol, on peut la mettre dans un certain état d'esprit, on peut changer l'image qu'elle a d'elle-même... On "endort", "masque" ou "déconnecte" une partie du cerveau de la personne (son esprit critique, son centre de la douleur, ses souvenirs...) et on prend le contrôle d'autres parties. La personne devient une marionnette dont on tire une ou plusieurs ficelles. Il y a moyen "d'attacher une ficelle" à presque toutes les différentes parties du cerveau d'une personne : perception de température, vision, ouïe, décisions, état d'esprit, métabolisme, souvenirs... Les cas les plus spectaculaires seraient des personnes qui développent carrément des blessures par suggestion (?). Des brûlures au deuxième degré, par exemple, alors que rien ni personne n'a approché la zone "brûlée". (Je ne crois pas que la personne se soit réellement "brûlée elle-même de l'intérieur", je crois plutôt que son organisme a mis en route les mécanismes de réaction à une brûlure, suite à un ordre du cerveau déclenché par suggestion. Tout le processus de guérison d'une brûlure va donc se dérouler, même s'il n'y pas réellement de brûlure.)

La suggestion n'est pas nécessairement un acte violent. On peut aussi prendre le contrôle du cerveau d'une personne "en collaboration" avec elle. Cela peut être un acte d'amour. C'est souvent ce qu'un parent fait vis-à-vis d'un jeune enfant. (Un parent qui recoure à la violence, à la contrainte, parce qu'il n'arrive pas à utiliser la suggestion est un parent en échec : un parent qui ne comprend pas les besoins de son enfant, qui n'arrive pas à communiquer avec lui. Les résultats de la violence sont très mauvais.)

La suggestion peut être directe ou détournée. On peut explicitement formuler ce que doit faire le cerveau de la personne, comme dans l'exemple de la main froide ci-dessus. On peut aussi y aller par la bande : souffler des choses à la personne pour amener son comportement dans une certaine direction. Par exemple un employé habile peut amener son patron à avoir une bonne idée en lui donnant quelques renseignements bien ciblés. Le patron est convaincu que l'idée vient de lui, en réalité elle est strictement l'oeuvre de son employé, qui de surcroît a su implanter dans le cerveau du patron les pensées adéquates pour que cette idée en découle automatiquement. Il existe toute une panoplie de méthodes de suggestion, une véritable boîte à outils...

La suggestion peut aussi provenir d'une image, d'un objet. La publicité et la propagande sont basés la-dessus. C'est pour cela aussi que les personnes qui pratiquent la méditation attachent une grande importance à l'objet ou à l'image qui leur sert de support de méditation. Une image pieuse, un arbre, le reflet d'une bougie dans l'eau, un mandala, de la musique... ces objets amèneront des pensées et des émotions différentes. Il est par exemple comique de voir une personne qui médite vous dire que tel objet est "vide" (il ne suscite aucune pensée) ou qu'un autre est "mauvais" (il suscite des pensées négatives). Un artiste est une personne capable de fabriquer des objets ou des images "riches" (qui amènent beaucoup de pensées, des pensées très élevées, profondes ou des pensées très belles).

Les messes, les meetings politiques, les manifestations, les concerts, sont autant de "séances de suggestion collective".

Si la suggestion est à priori un acte d'une personne (ou d'un objet) vers une autre personne, il est également possible de se suggérer des choses à soi-même. C'est l'autosuggestion. Si l'on se répète avec insistance "il fait chaud", on finira par avoir réellement l'impression qu'il fait chaud. Une partie du cerveau prend le contrôle d'une autre partie du cerveau, d'une façon qui a priori n'était pas prévue par la Nature. Notre cerveau peut même pratiquer l'autosuggestion sans s'en rendre compte. Une personne qui sait qu'elle ne peut pas faire une chose peut en quelques heures ou quelques jours se convaincre inconsciemment qu'elle peut quand-même. C'est l'autosuggestion inconsciente.

La suggestion est le moyen de la manipulation, à bon escient ou à mauvais escient.

Les suggestions les plus nobles sont celles qui font jaillir notre richesse intérieure, qui nous amènent à créer ou mettre en route de nouvelles choses. (Que pensez-vous de cette suggestion ?)


Hypnose et suggestion
On fait souvent un amalgame entre l'hypnose et la suggestion. Ce sont en réalité deux choses qui n'ont rien a voir entre elles, comme vous avez pu vous en rendre compte au travers des deux chapitres précédents. L'hypnose est un état du cerveau alors que la suggestion est le fait de prendre le contrôle d'un cerveau.

Le seul rapport entre les deux est que l'état d'hypnose peut être amené par suggestion. Amener une personne en état d'hypnose fait partie des très nombreuses choses qui peuvent être faites par suggestion... C'est le rôle de l'hypnotiseur. Il prend le contrôle du cerveau de l'hypnotisé pour l'amener en état d'hypnose.

Il est également possible, toujours par suggestion, d'avoir un certain contrôle sur le monde intérieur que parcours la personne en état d'hypnose. C'est ce que va mettre à profit un psychothérapeute pour amener son patient à aborder concrètement le problème qu'il veut résoudre, une fois qu'il est en état d'hypnose.

Le fait qu'en état d'hypnose le cerveau d'une personne soit "à nu", qu'il y ait moyen d'y faire des changements en profondeur, le fait qu'il y ait moyen de contrôler l'hypnose d'une personne par suggestion, cela constitue évidemment un cocktail explosif. D'une façon générale, il ne faut accepter les suggestions que des personnes en qui on peut avoir confiance. Alors quand il s'agit d'hypnose... Il y a eu des cas de personnes ayant eu de sérieux problèmes à cause d'un hypnotiseur malintentionné ou gaffeur.

La déontologie de l'hypnotiseur moderne lui interdit tout autoritarisme vis à vis de son sujet. Son rôle doit se limiter à "proposer des suggestions".


Eric Brasseur
6 juin 2000 au
27 février 2005

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Nutrition





J'ai écrit de nombreuses versions de ce texte. Je vais essayer de résumer les points intéressants. Certaines parties du texte tournent un peu au discours de secte sur le rapport entre le corps et l'âme mais cela fait partie de mes observations.

Tout d'abord : il y a des différences entre les individus. Certaines personnes digèrent n'importe quoi et conservent une bonne forme. Pour d'autres l'alimentation est de l'équilibrisme et les chutes sont douloureuses.

Le point le plus important à mon sens est qu'il faut se méfier comme de la peste des "recommandations" que l'on vous donne. Surtout des recommandations officielles. Voici quelques exemples :
"Buvez du lait ! Mangez du fromage, c'est plein de calcium !". Plusieurs amis avaient de graves problèmes de maux de têtes. Ces migraines ont disparues le jour où ils ont arrêté de boire du lait et de manger des produits dérivés du lait. Seule exception : un ami qui avait des problèmes avec le lait peut continuer à manger certains fromages : ceux qui sont bien faisandés comme le camembert ou le fromage de Herve. On dirait que les bactéries ou les levures présentes dans ces fromages "digèrent" les molécules qui rendent mon ami malade. Un ami a fait une grave ostéoporose à 65 ans. Il l'attribue au fait qu'il a bu beaucoup de lait tout au long de sa vie ; le lait contient du lactose, qui se transforme en acide lactique et cet acide rongerait les os chez certains personnes... Plus généralement, beaucoup d'adultes ne sont pas capables de digérer le lait. Ils perdent cette faculté qu'ils avaient étant enfants. Souvent, le lait ne les rendra pas vraiment malades mais ils se sentiront moins bien que s'ils n'en avaient pas bu...
"Mangez une grande quantité de glucides le matin !" C'est peut-être vrai pour certaines personnes mais pas pour tout le monde. Un adolescent de mes amis avait de gros problèmes à l'école. Ils se sont fortement améliorés quand je lui ai recommandé ne plus manger de pain, de sucré ni de céréales le matin mais plutôt de la viande, de l'huile et des légumes. Il est reconnu que manger des protéines le matin a un impact sur l'humeur de la journée.
"Il faut manger un peu de tout. Un bon repas est constitué de viande, de glucides (pain, pâtes, riz...), de graisses (huiles, beurre) et de légumes !" Si je mange de la viande et des glucides au même repas j'attrape d'horribles angines et de je fais de graves crises d'allergie quand les arbres sont en fleur. Je suis obligé de manger les viandes et les glucides séparément, lors de repas différents.
"Evitez de manger des graisses !" Depuis que je ne me nourris presque plus que de graisses (ou plutôt de bonnes huiles végétales) j'ai arrêté de prendre du poids. Je ne dois plus faire de régimes. Par contre pendant une période j'ai évité les graisses et je me suis concentré sur les glucides : j'ai eu de graves problèmes de dépression et je prenais du poids comme une baudruche qui gonfle.
Ces recommandations officielles sont sans doute bonnes pour beaucoup de personnes mais certainement pas pour tout le monde. De même, les avis et les exemples que je donne sont à mettre en balance suivant les individus. Ce sont des choses qu'il faut essayer par soi-même, éventuellement aidé par un médecin ou un nutritionniste. Je mange un peu de tout, en écoutant mon instinct quand c'est possible, mais j'ai compris que je dois me tenir à certaines règles si je veux rester en bonne santé.

Lisez les étiquettes des produits dans les magasins. On trouve en gros trois sortes de substances dans les aliments :
Lipides : ce sont les graisses, les huiles... Le beurre, l'huile en bouteille, le gras du lard, la margarine, sont presque uniquement des lipides et un peu d'eau. On en trouve de grandes quantités dans les viandes grasses, les poissons gras, les noix, le chocolat...
Protéines : le symbole des protéines est la viande. On trouve des protéines en grande quantité dans le lait, les fromages, les noix et les noisettes (surtout les amandes), les oeufs...
Glucides : ce sont les sucres et les amidon. Sucre de fruits, sucre blanc, sucre de canne, le lactose du lait... Les amidons sont principalement dans le riz, le pain, les pâtes, les pommes de terre... On dit des amidons qu'ils sont des "sucres lents" parce que lors de la digestion ils sont transformés lentement en sucres.
La majorité des aliments contiennent ces trois types de substances.

Il faut distinguer les substances animales et les substances végétales. En gros, les lipides et les protéines animales sont plus difficiles à digérer et peuvent causer plus de problèmes de santé mais elles sont plus riches. Si vous faites un repas de viande et d'un peu de légumes, vous êtes sûr d'avoir absorbé la majorité des protéines et des vitamines nécessaires. Les protéines et les lipides végétales sont beaucoup faciles à digérer et risquent moins de vous rendre malade. Mais il faut s'y connaître pour faire des repas végétaux qui contiennent bien toutes les sortes de vitamines et d'acides aminés nécessaires. Une recommandation qui semble facile et qui donne de bons résultats consiste à manger moitié protéines animales et moitié protéines végétales. Pour les lipides je crois qu'il faut plus de végétales que d'animales mais ce n'est qu'une impression. Attention : il ne faut pas forcément manger ce rapport moitié-moitié sur un même repas.

Notez qu'il existe différentes sortes de graisses, différentes sortes de protéines et différentes sortes de sucres. Certaines graisses sont dangereuses si vous en mangez de grandes quantité, d'autres graisses sont nécessaires à votre santé... La sacharose est un sucre qui peut poser de gros problèmes de santé tandis que le fructose est moins nocif.

En dehors de ces trois grandes classes de substances, il y a des substances dont il faut manger très peu mais qui sont vitales pour être en bonne santé : les vitamines, les minéraux, les oligo-éléments, les antioxydants, les huiles essentielles... Un peu tout en contient mais avoir la panoplie complète il est essentielle de manger des légumes. Les fruits sont intéressants aussi.

Certaines personnes sont allergiques à certaines substances. Par exemple à la fraise, aux cacahuètes... Elles doivent alors éviter d'en manger. (Il existe des traitements pour diminuer les problèmes d'allergie dans certains cas.) Les aliments peuvent poser aussi d'autres problèmes que les allergies :
Cela dépend des personnes mais par exemple certains aliments irritent les intestins. Alors les intestins ne digèrent plus rien et se contentent d'éliminer ce qu'ils devaient digérer. On se sent faible. Après quelques repas irritants consécutifs on peut se retrouver sur les genoux. Exemples : le pain complet mal préparé, le chocolat, le jus d'orange...
Chez certaines personnes des aliments sont mal digérés et ils passent directement dans le sang. C'est par exemple le cas de la protéine de gluten du blé et de la protéine de caséine du lait. Une fois dans le sang, ces protéines agissent comme de la morphine sur le système nerveux. Cela a des conséquences lourdes. C'est assez difficile à admettre mais pour certaines personnes le pain ou le fromage sont presque une forme d'héroïne.
Les mauvaises fermentations. J'ai compris cela en essayant de décoder des textes sur les "Low Carbohydrates Regime" américains. Vous avez certainement déjà senti l'odeur de quelque chose qui pourrit. Votre nez vous a dit très explicitement que ce n'est pas sain. Quelque chose qui pourrit de façon "choisie", comme par exemple du camembert, sera excellent pour la santé. Mais quelque chose qui pourrit n'importe comment produira une grande quantité de toxines, c'est à dire des poisons. Chez beaucoup de personnes, si elles mangent du pain, des pâtes, du riz... cela va se mettre à pourrir dans les intestins et produira des toxines. Si en plus elles ont mangé de la viande, cette viande se mettra à pourrir aussi, à cause des glucides, et produira des toxines encore beaucoup plus dangereuses. C'est là raison, j'en suis presque certain, pour laquelle le fait de manger de la viande et des glucides me cause de graves problèmes immunitaires (angines...). Je ne serais pas étonné que cela contribue aux problèmes d'eczéma ou par exemple d'arthrite chez certaines personnes. Une bonne digestion, c'est un peu comme si vos intestins étaient une cave à vin ou à fromage où tout se passe bien.
Une autre chose qui j'ai apprise est que le système digestif a son propre système nerveux, son propre cerveau en quelque sorte. C'est un cerveau rudimentaire mais qui accomplit tout de même des tâches complexes. Il doit actionner les muscles des intestins, déclencher les glandes de sucs digestifs, etc... Tout ce qui assomme notre cerveau, assomme aussi ce cerveau de la digestion. Donc par exemple si votre digestion produit des toxines, non seulement cela vous rendra patraque mais cela rendra aussi patraque votre cerveau de la digestion. Il va donc moins bien gérer la digestion et elle produira encore plus de toxines. C'est un cercle vicieux. Il aura par exemple comme conséquence une mauvaise gestion de l'énergie donc un stockage massif de graisses (une prise de poids), ou au contraire un amaigrissement malsain. J'ai l'impression que le sucre, surtout la saccharose, a un effet assommant sur les systèmes nerveux. Chez les personnes chez qui le gluten et/ou la caséine ont un effet de morphine, l'effet assomant peut avoir des conséquences redoutables.

Il me semble que les glucides posent encore un autre problème : c'est une source d'énergie "facile". Il suffit de manger des glucides et quelques minutes ou dizaines de minutes après du glucose arrive dans le sang. Notre organisme peut s'habituer à cela et ne plus compter que sur cela. Chaque fois qu'il a besoin d'énergie il réclamera quelque chose de sucré ou du pain, des pâtes... Il utilisera ce dont il a besoin comme énergie et le reste il le stockera bêtement. Il se place ainsi dans un système où on ne peut que grossir. Les graisses au contraire sont beaucoup plus complexes à gérer par l'organisme. Elles doivent par exemple d'abord être transformées en glucose par le foie avant de pouvoir être utilisées par les muscles et les autres organes. Si on ne mange que des graisses, l'organisme doit s'habituer à les gérer. Il doit stocker la graisse puis la déstocker pour la transformer en sucre. Comme cela fait fonctionner la gestion des stocks de graisses, cela semble rendre l'organisme plus sérieux en ce qui concerne lesdits stocks. Il évite donc d'en stocker de trop... Quand j'ai fait l'expérience de ne plus manger que des graisses, au début je me suis trouvé assez faible, comme si les graisses ne m'apportaient aucune énergie. Mon organisme c'est habitué, il a réapprit assez rapidement à gérer les graisses, et maintenant je peux faire du sport ou des travaux lourds en n'ayant pourtant mangé aucune sorte de glucides. Cela se discute, je ne serais peut-être pas capables de performances extrêmes comme certains sportifs. Mais clairement les glucides ne me sont plus nécessaires et je m'en porte mieux.

Une chose semble pire que ne manger que des glucides : manger des glucides et beaucoup de graisses en un même repas. Cela semble impossible à gérer correctement pour l'organisme. Certaines personnes expliquent qu'elles sont incapables de manger du gras ou de l'huile, que cela les rend malades au point de les faire vomir. Je me demande si le problème ne vient pas plutôt du fait qu'elles mangent ce gras ou ces huiles en même temps que des glucides : pain, pommes de terre... Un changement radical de leur philosophie de nutrition pourrait peut-être leur permettre de manger beaucoup de bonnes huiles et de bonnes graisses... Note : le citron est un produit magique pour aider à digérer un peu n'importe quoi. Une heure avant le repas, pressez un citron dans un verre, remplissez le verre d'eau et buvez le tout.

Il y a poisons et contrepoisons. Les toxines peuvent être éliminées en prenant des dépuratifs. Par exemple du jus de radis noir. C'est très efficace. De même, certains produits comme le millepertuis ou le ginseng, qui soutiennent et régulent le système nerveux, peuvent être efficaces pour favoriser une meilleure digestion. (Le millepertuis est en vente libre mais c'est un puissant antidépresseur, il ne peut être associé à certains médicaments et il rend la peau plus sensibles au Soleil. Renseignez-vous, idéalement demandez conseil à votre médecin.)

Votre organisme a besoin d'un grand nombre de substances différentes : vitamines, minéraux, huiles essentielles, oligo-éléments... Pour cela il faut manger des légumes, des fruits, varier l'alimentation et préférer ce qui contient plus de bonnes choses comme par exemple les produits bio. Mais il ne faut pas tomber dans la paranoïa. On peut se rendre malade à vouloir manger sans cesse des choses inattendues. Tous les produits bio ne sont pas forcément meilleurs que les produits industriels.

La façon de cuire les aliments est importante. Pas cuits, les aliments contiennent plus de vitamines mais ils sont moins digestes. Les légumes crus, par exemple, contiennent une substance qui détraque la digestion. Un organisme normal s'y habitue mais par exemple une personne qui mange peu de légumes crus et qui soudainement en mange une grande quantité, peut en subir les conséquences. Inversement, certaines substances bénéfiques sembleraient être mieux assimilées si ce qui les contient a été bien cuit. Par exemple la tomate contient un puissant antioxydant et il s'assimile mieux si la tomate est bien cuite. On recommande la cuisson au wok parce qu'elle laisse certaines choses presque crues et d'autres seront presque brûlées. Cela fait un bon mélange... Un ami ne peut manger du porc que s'il a longuement été cuit à l'eau. Par contre il ne digère la viande de boeuf que si elle est crue ou presque crue...

Certains adultes ne digèrent pas les protéines du lait. Ces protéines sont des "caséines". Les haricots, le soya et d'autres graines contiennent des protéines qui sont chimiquement proches des caséines, pour beaucoup d'adultes ce sera un bon remplacement pour les protéines du lait. Mais certains adultes ne digèrent pas non plus les "caséines" végétales... Pour d'autres personnes encore, les caséines ne posent pas de problèmes de digestion ou d'allergie dans les intestins mais comme mentionné plus haut elles passent dans le sang et auraient un effet de "morphine" comparable à celui du gluten... avec des effets secondaires néfastes sur la digestion. Je me demande si ce n'est pas à cause de cet effet "morphine" que certaines personnes mangent de grandes quantités de fromage le soir. Avec des effets catastrophiques sur la ligne... C'est le soir que les angoisses et les dépression latentes remontent à la surface. (Il semblerait que la viande a aussi un effet antidépresseur, ce qui pourrait expliquer l'abus de viandes par certaines personnes.)

J'évite de manger n'importe quoi n'importe quand. Par exemple j'évite de manger (surtout des choses difficile à digérer) si mon estomac n'a pas finit de digérer le repas précédent.

L'inconvénient de beaucoup de produits industriels est qu'ils ne sont pas conçus pour être bien digérés. Ils sont fait à partir de fruits ou de légumes qui n'étaient pas murs, ils contiennent des additifs qui ont des effets sur les systèmes nerveux, etc...

Il faut prendre le temps de bien manger. Il faut se préparer à manger. Manger n'est pas simplement le fait d'absorber des nutriments. C'est toute une machinerie qui se met en mouvement pour les digérer correctement, avec des processus et des timings bien réglés. Il faut préparer le moment du repas dans les règles, comme pour aller dormir et faire de beaux rêves. J'ai appris à mastiquer ce que je mange pour le réduire au plus fin. Au début cela semblait une insupportable perte de temps, maintenant je ne peux plus m'en passer.

Je mange de tout, mais j'ai appris à ne pas manger n'importe quoi. Je sais par exemple que si j'ai fait un bon repas de viande et de légumes, donc des protéines et des graisses animales, j'ai intérêt à manger des noix le repas suivant, donc des protéines et des graisses végétales. Je suis mon instinct, mais je sais que s'il me donne envie d'un gâteaux il recherche en réalité l'effet assomant des sucreries ou leur énergie trop facile, donc je refuse. C'est un amalgame de règles et d'instinct, qui me réussit à merveille. Il ne faut pas trop essayer d'être logique. Par exemple j'explique qu'il faut éviter les fermentations indésirables dans les intestins et chacun sait que rien ne fermente mieux dans les intestins que les haricots. Un de mes meilleurs repas est pourtant un boîte de thon à l'huile avec un bocal de fèves géantes...

La qualité de chaque aliment compte, c'est particulièrement vrai pour les graisses. Certaines mayonnaises industrielles me rendent malade et d'autres me réussissent très bien. Cela dépend du mélange d'huiles qu'elles contiennent. Certaines margarines chères sont un aliment raffiné, au point que j'en fais parfois une cure. Ce sont ces margarines à l'huile d'olive, aux Oméga 3, anti-cholestérol, bio... J'en achète plusieurs raviers et je les finit en deux semaines. Parfois, une épaisseur d'un centimètre de margarine de qualité sur un toast de riz suffit à résoudre de lourds problèmes psychologiques qui trainaient depuis des jours. Toutes les margarines chères ne sont pas équivalentes... A l'inverse, les margarines bon-marché me sont toutes répugnantes au goût. Mon organisme me dit tout de suite "recrache !"

Comme pour les alcools, l'alimentattion est un peu une question de "bons mélanges" et de "mauvais mélanges". Réciproquement, si on a mangé quelque chose à un repas, on peut avoir tout intérêt à manger une autre chose à un autre repas. Pourtant, mangées en même temps ces deux choses auraient posé problème... Par exemple si je mange de la viande je n'ai pas intérêt à boire du jus de fruit. Mieux vaut manger un peu de légumes cuits. Mais au repas suivant, plusieurs heures après, je vais me saoûler de jus de fruits... avec un peu de fruits secs et des noix pour parfaire.

En résumé, le nutrition peut vous rendre patraque de plusieurs façons :
Mauvaise assimilation de la nourriture, par exemple parce que les intestins sont irrités.
Effet assomant des toxines. Cet effet assomant peut aussi produire son inverse : une personne dont le cerveau n'arrive plus réfléchir à cause des toxines peut devenir violente, parce qu'elle a peur, elle ne comprend plus ce qui se passe autour d'elle.
Effets allergènes, nerveux ou hormonaux de certaines substances naturelles ou artificielles.
Mauvaises associations. Par exemple de la viande et des glucides lents ou des graisses et des glucides.
Manque de certains nutriments. Manque de magnésium, par exemple, ou de vitamine B12...
Tout cela dépend de personne en personne. Il y a aussi un effet boule de neige ou chateau de carte : un seul manquement et c'est un peu tout l'édifice de la digestion qui s'écroule. C'est une machine à tenir en équilibre par un peu tous les côtés.

Il existe des moyens de contre-attaque :
Les antioxydants, qui neutralisent certaines des toxines les plus dangereuses que sont les radicaux libres. Les antioxydants les plus connus sont les vitamines A, C, E et les colorants naturels des fruits et des légumes. (Ne pas abuser de vitamines : cela n'apporte rien et peut être nuisible.)
Sélectionner les "bons" produits industriels. Par exemple ceux qui contiennent des légumes en bocal en verre avec seulement un peu de vitamine C ou de jus de citron ajoutés (acide ascorbique et acide citrique). Eviter ceux qui sont faits à partir de poduits inadéquats (pas murs) ou qui contiennent des additifs douteux : conservateurs ou colorants toxiques, métaux de la boîte de conserve, PCB ou dioxines...
Les dépuratifs, comme le jus de radis noir ou de sureau. Ne pas abuser...
Voir un psychologue, un psychiatre et/ou vous développer culturellement. Beaucoup de personnes sont piégées dans un cercle vicieux entre des problèmes personnel et une alimentation délétère. Elles ont "trouvé instinctivement" comment mal se nourrir pour s'assomer et moins souffrir de leurs problèmes. Réciproquement cela ne fait que renforcer leurs problèmes. Si on essaye d'améliorer le psychologique, le mode de vie et la nutrition empêcheront les progrès. Si on essaye d'améliorer la nutrition, la souffrance causée par le psychologique sera trop intense et la personne trouvera n'importe quelle excuse pour continuer la malbouffe. Il faut jouer sur les deux plans en même temps.
Pour certaines choses le corps a des réserves qui peuvent durer plusieurs mois. C'est par exemple le cas de certaines vitamines. Il est donc inutile de chercher à manger de ces vitamines à tous les repas ni même tous les jours. Pour d'autres choses, par exemple les antioxydants, il n'y a pas de vraiment de réserves et il faut donc se recharger toutes les quelques heures. C'est pour cela qu'on recommande un fruit ou un légume cinq fois par jour.



Eric Brasseur - 17 avril 2006 au 22 avril 2006 [ Accueil | eric.brasseur@gmail.com ]
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La migraine





Le présent texte est une compilation des observations de mes amis sujets aux migraines. Tenez compte du fait que certaines associations de médicaments sont à éviter. Demandez conseil à votre médécin ou à votre pharmacien.

La "vraie" migraine n'est pas un simple mal de tête. C'est une douleur extrême. Elle peut assommer une personne ou justifier une semaine d'invalidité-maladie. Une personne sujette à la migraine a besoin d'un accompagnement médical sérieux.

Il existe plusieurs manifestations très différentes de migraines. Dans un type de migraine seule une moitié de la tête fait atrocement mal. Dans un autre type de migraine c'est la zone autour d'un oeil qui fait horriblement mal, comme un coup de poing virulent. Certaines migraines sont accompagnées de visions déformées, d'autres de vomissements... Je ne suis même pas sûr que toutes ces manifestations sont bien appelées "migraines" par les scientifiques.

La migraine semble être causée par un resserrement des vaisseaux sanguins à la base du crâne. La tête est alors trop peu irriguée en sang donc en oxygène. Des vaisseaux sanguins de la tête (y compris ceux du cerveau ou ceux de la peau) vont se dilater, dans un effort pour améliorer le passage du sang. Cette dilatation s'apparente à une inflammation et s'accompagne d'un phénomène propre aux inflammations : la douleur. L'inflammation cause une sensation de douleur dans les zones enflammées et libère une molécule dans le sang qui augmente la perception de la douleur par le cerveau.

Une autre explication, plus récente, implique un désordre chimique qui se propage à l'intérieur du cerveau. Le resserrement et la dilation des vaisseaux sanguins dans la tête n'en serait qu'une conséquence. Cela explique peut-être pourquoi un des médicaments efficace contre certaines formes de migraines est un antiépileptique. L'épilepsie elle aussi est un désordre neurochimique qui se propage dans le cerveau...

Dans certains cas la migraine ne semble pas se déclencher pour des raisons précises. Dans d'autres cas les facteurs observés sont les suivants :
Boire du lait ou manger des produits qui contiennent du lait ou qui en sont dérivés.
Manger des produits dérivés du blé. Le blé contient une protéine, le "gluten". Chez certaines personnes cette protéine assome le système nerveux qui contrôle les intestins. Elle peut aussi avoir un effet sur le cerveau, un peu comme la morphine. Chez les personnes qui ont ce problème, les suites des effets du gluten peuvent être des maux de tête, des névralgies...
Un temps de pluie.
Boire de l'alcool ou fumer du tabac.
Un temps très froid.
Le stress, la fatigue.
La lumière intense, en particulier quand elle traverse une fine couche de nuages ou quand elle se réverbère sur la neige.
Il y a parfois des signes annonciateurs, comme des zébrures devant les yeux ou un resserrement du champ visuel. D'autres signes sont moins évidents mais un migraineux apprend à les reconnaître.

D'autres douleurs peuvent apparaître en plus du mal de tête. Par exemple des douleurs dentaires ou une forte nausée.

La migraine est un phénomène "divergent". Plus les vaisseaux sanguins se resserrent dans le crâne, plus encore cela les fait se resserrer. Quand une migraine commence, elle tend à s'aggraver elle-même.

Deux amis qui ont des migraines graves me disent que beaucoup de solutions semblent les aider mais la seule vraie solution est d'utiliser plusieurs solutions en même temps. Ils font de la prévention, ils soignent leur hygiène de vie, ils utilisent plusieurs méthodes en même temps quand la migraine commence ; par exemple de la glace sur la zone migraineuse et de la relaxation.

Une solution qui aide une personne n'est pas forcément utile pour une autre... Il faut essayer un peu toutes les approches pour déterminer ce qui a un effet positif.

La migraine peut être un problème héréditaire ; de famille. Renseignez vos antécédents familiaux à votre médecin et partagez vos expériences et découvertes avec les membres de votre famille.

La première approche consiste souvent à combattre la douleur. L'aspirine ou le paracétamol peuvent suffire pour un mal de tête modéré. Attention : à fortes doses ces produits sont toxiques. Ils peuvent être destructeurs voire mortels. Dans les cas de migraines fortes, parfois seuls les opiacés peuvent soulager, par exemple la codéine.

Une deuxième approche consiste à traiter le resserrement des vaisseaux sanguins. J'ai peu de renseignements sur la question. Un ami migraineux me dit que le cannabis est relativement efficace mais avec un désavantage : dans les premières minutes il empire fortement la migraine... Il n'ose pas prendre des vasodilatateurs comme par exemple le ginko biloba. Ce vasodilatateur a comme effet secondaire de faire se resserrer les vaisseaux sanguins une fois son effet terminé... Un autre ami confirme l'effet du cannabis et précise qu'il en faut très peu et qu'il ne faut pas utiliser le cannabis de mauvaise qualité qui circule communément en Europe.

Une troisième approche consiste à augmenter la capacité du sang à transporter de l'oxygène :
En fluidifiant le sang. Par exemple en prenant une petite quantité d'aspirine. Le sang passe donc mieux dans les vaisseaux resserrés. Un ami allergique à l'aspirine consomme de la reine des prés. Cette fleur contient de l'acide acétylsalicyliques aussi, comme l'aspirine, mais ne déclenche pas d'allergie chez mon ami et est je suppose moins dangereuse pour l'estomac.
Une amie a pendant longtemps utilisé des bombonnes d'oxygène pur. En respirant cet oxygène le sang est plus chargé en oxygène, ce qui compense le resserrement. De simple exercices respiratoire peuvent suffire. Un ami réussit parfois à arrêter des débuts de crises de migraine par des exercices respiratoires bien appliqués. Les bonbonnes d'oxygène présentent des risques. L'oxygène pur peut abîmer les poumons et fausser les réflexes respiratoires. Il faut absolument respecter les doses et les durées prescrites par le médecin.
S'hydrater. Si je suis déshydraté je peux faire une légère migraine, accompagnée de douleurs dentaires. Un ami migraineux me confirme qu'une déshydratation déclenche une migraine chez lui. La solution est à priori simple : boire. Cela ne fonctionne pas forcément, à cause de la vidange gastrique. Imaginons que vous êtes déjà un peu déshydraté à midi. Cela ne porte pas encore à conséquence. Vous mangez, ce qui ferme le fond de votre estomac. Pendant le repas vous buvez mais cette eau va rester dans l'estomac. Si votre digestion dans l'estomac se termine six heures plus tard, vous allez passer six heures pendant lesquelles votre corps perd de l'eau et ne bénéficie que lentement de l'eau contenue dans l'estomac. Pire encore : plus vous buvez d'eau, plus vous retardez la vidange gastrique (ceci n'est pas sûr)... Il faut donc boire une bonne quantité d'eau avant le repas. Je ne sais pas combien de temps exactement avant le repas. Je suppose qu'une heure avant le repas doit être parfait. Et boire peu pendant le repas lui-même. Quelques heures plus tard, quand la digestion est terminée, il est bon de se remettre à boire.
La prévention. Une fois la migraine déclarée elle peut être inexpugnable. Le mieux est de l'éviter. Les exercices respiratoires augmentent la quantité d'oxygène dans le sang mais ils ont d'autres effets aussi, sur le système nerveux. Ils sont calmants, régulateurs. Tout au moins s'ils sont bien faits... cela s'apprend. Dans certains cas, on peut apprendre à contrôler les débuts de migraine sous hypnose. Le yoga quant à lui est une sorte d'intermédiaire entre les exercices respiratoires et l'hypnose. C'est apprendre le contrôle de soi, pour des choses que l'on ne comprend pas bien. Cela donne des résultats. Les exercices de relaxation sont efficaces.

Un élément semble efficace : les omega 3, ces huiles spéciales que l'on trouve maintenant à profusion dans certains aliments de luxe. Je ne sais pas si ce sont les oméga 3 qui sont efficaces contre la migraine ou d'autres acides gras qui les accompagnent généralement. Je ne sais pas non plus quel est leur mode d'action. Est-ce que cela fluidifie le sang ? Est-ce que cela nourrit les vaisseaux sanguins ? Est-ce que cela stabilise le système nerveux ou le système hormonal ? Mystère. Mais les effets sont nets. Un ami ne peut pas avoir de migraines graves s'il a mangé du saumon. Je sais que je peux arrêter une rage de dents en mangeant une bonne quantité de margarine riche en oméga 3. L'huile d'onagre est réputée contre la migraine des femmes qui ont leurs règles. Peut-être grâce aux oméga 3 qu'elle contient ? Un ami me dit qu'elle est efficace contre la migraine. Son impression est qu'il faut suivre la même posologie que pour les règles : il faut en prendre un peu tous les jours. C'est un traitement de fond. Pour revenir aux margarines : il faut éviter les margarines bas de gamme. Elles me sont toxiques au goût. Il faut plutôt prendre les raviers de margarines de qualité. Elles sont plus chères mais elles ne contiennent que du bon. Ma préférée est la margarine Bio de la marque Delhaize. Un ami me dit qu'il est bon de changer régulièrement de marque de margarine. Un autre ami se fait de la mayonnaise avec de l'huile de tournesol, de l'huile de colza, de l'huile d'olive... Il se fait un repas d'une grosse quantité de cette mayonnaise sur une salade. Après cela il ne peut plus rien lui arriver...

Quand une crise devenait horrible au point de le faire penser sérieusement au suicide, un ami téléphonait à un taxi et se faisait conduire le plus doucement possible à l'hopital le plus proche, au service des urgences. Là on lui injectait aussitôt un produit dérivé de l'ergot du seigle (un "ergoté"). L'effet est immédiat. On le laissait se reposer dans un coin, avant de le laisser repartir chez lui avec des cachets à prendre. C'est miraculeux malheureusement les effets secondaires sont lourds. On est comme assommé pendant plusieurs jours et les reins en prennent un coup.

Il existe un médicament malheureusement très cher, de l'ordre de 70 €. Il est efficace pour un ami. Il utilise la variante nommée "Almogran". C'est un "triptan".

Un ami migraineux utilise un ioniseur chez lui. Cela réduit le risque de migraine. Attention : un ioniseur doit être adapté au volume de la pièce. Sinon il peut devenir toxique. Une hypothèse est que le temps de pluie produit des ions +. Tandis qu'un ioniseur produit des ions -.

Une amie a résolu définitivement son problème de migraine en renonçant aux produits contenant du lait ou des dérivés du lait.

Pour diminuer le risque de migraine il faut avoir une bonne hygiène de vie : ne pas fumer, dormir à heures régulières, dormir assez, avoir une alimentation de qualité, savoir décompresser après le travail... Un ami me dit que dormir trop augmente aussi le risque de migraine chez lui.

Un ami applique une grande masse glacée sur la partie de sa tête où commence la migraine. Il utilise ces réservoirs de froid pour glacières portatives. Cela fonctionne bien pour arrêter la migraine, surtout si c'est fait tout au début, quand elle ne fait que commencer. C'est inconfortable : appliquer une grande masse glacée sur le visage est un peu douloureux et il y a de l'eau de condensation qui dégouline. Mais cela fonctionne. Attention : n'appliquez pas un conteneur qui sort tout juste d'un surgélateur. Il peut coller à votre peau à cause du froid extrême et vous causer des brûlures. Utilisez un conteneur dont la température est de 0 °C, celle de la glace fondante. Si un conteneur est trop froid, passez-le sous l'eau pour le "rechauffer" un peu. Je suppose que vider un ou deux bacs de glaçons dans un grand sachet solide, ajouter de l'eau puis appliquer bien largement le sachet sur la zone de la migraine est une bonne solution d'urgence. Eventuellement préparez à l'avance tout le nécessaire pour pouvoir intervenir rapidement à chaque fois.

Il existe un traitement contre la migraine qui dure un mois, à base de "tiapride". Il améliore la situation mais les effets secondaires du traitement sont durs à supporter.

En cas de migraine une amie applique sur ses tempes une huile chinoise. Elle en avale aussi une goute sur un sucre. L'effet est rapide et radical. Cette huile est vendue dans les magasins ésotériques.

Un ami apprécie l'effet du chocolat contre la migraine.

Se placer dans l'obscurité absolue aide certaines personnes.

Un ami attribue la quasi disparition de ses migraines à son usage quotidien du millepertuis. Il absorbe quelques comprimés par jour, au fil de la journée. Attention : le millepertuis est en vente libre mais il a de petites contre-indications et ne peut pas être associé avec certains médicaments. Demandez conseil à votre médecin.

Un ami constate une baisse franche de la douleur de ses migraines en buvant des quantités modérées de "Coca-cola light". Pendant ses périodes de migraine il en boit de petites doses au fil de la journée. Le café ne lui convient pas parce que cela lui dérange le transit intestinal et l'affaiblit. Il évite le Coca-cola normal à cause du sucre, pour éviter de prendre du poids bêtement. La caféine est un antimigraineux reconnu depuis longtemps mais faites attention. Si on absorbe beaucoup de caféine en une fois (surtout à jeun), le contrecoup quelques heures plus tard peut être douloureux. Soyez prudents. Le fait que la caféine donne de bons résultats dans certains cas ne veut pas dire qu'elle est bonne dans tous les cas.

Les alpinistes qui arrivent à de très hautes altitudes rencontrent des problèmes respiratoires qui peuvent parfois être mortels : oedème pulmonaire, saignements, maux de tête, vomissements... C'est dû à la raréfaction de l'air donc de l'oxygène. Certains alpinistes ne présentent pas ou peu ces problèmes tandis que d'autres en souffrent rapidement et très fort. Il est alors impératif pour ces derniers de redescendre à plus basse altitude ou d'entrer dans un caisson hyperbare. Une étude scientifique a montré ce qui semble faire la différence entre ceux qui tiennent le coup et ceux qui doivent arrêter de monter : le someil. Ceux qui respirent bien pendant leur someil, qui sont bien oxygénés, résistent mieux. Je me demande si cette observation ne serait pas utile aux personnes qui souffrent de migraine. Pour mieux s'oxygéner en dormant il faut par exemple moins manger le soir, dormir sur le ventre, avoir une chambre correctement aérée, etc... Les personnes qui ronflent voire qui font des crises d'apnée manquent d'oxygène pendant leur someil. A tel point que certaines sont obligées de se reposer pendant la journée pour récupérer. Elles ne deviennent actives que les soir.

Voici des problèmes qui peuvent causer des maux de tête vifs mais qui ne sont pas à priori des migraines :
Les douleurs exophtalmiques. Elles sont causées par les yeux. Par exemple si vous portez des lunettes qui ne vous conviennent pas. Certains opticiens font des erreurs en plaçant les verres dans les lunettes. En quelques minutes, quelques heures ou même parfois quelques jours, cela peut vous causer des douleurs insupportables sans que vous compreniez vraiment pourquoi. Le mieux à faire est de retourner chez l'opticien pour qu'il ajuste la monture. Une autre source de douleurs exophtalmiques sont les rayons UV. En plein soleil je n'ai pas de problème, je n'ai besoin d'aucune protection. Par contre s'il y a une fine couverture nuageuse, la proportion d'UV augmente. Je dois alors impérativement porter des appliques solaires anti-UV. Sinon j'attrape un fort mal de tête persistant, des nausées... Un ami me décrit le même problème si le sol est couvert de neige.
Un accident vasculaire. C'est à dire un vaisseau sanguin qui éclate dans le cerveau ou qui se bouche. C'est relativement rare mais cela requiert une hospitalisation en urgence. Cet accident est souvent dû à un mode de vie sédentaire. Il peut simplement être déclenché en restant assis devant la télé pendant des heures. Le sang ne circule plus dans les veines des jambes, on se déshydrate... le sang coagule et forme des caillots. Plusieurs heures plus tard un caillot arrive dans le cerveau...
Une tumeur. En grossisant elle exerce une pression sur le cerveau. On procède donc parfois à des examens en ce sens en cas de migraines anormales. Avec à ce propos un cas extrême : des personnes auxquelles on fait un toucher rectal parce qu'elles ont des migraines. Cela semble complètement idiot et criminellement humiliant si on ne vous a pas expliqué le pourquoi : un cancer de la prostate peut engendrer des métastases au cerveau. En diagnostiquant la tumeur au niveau de la prostate, par un toucher rectal, on évite bien des problèmes par la suite.
La gueule de bois. Le lendemain d'une beuverie à l'acool... Plusieurs solutions existent. Tout d'abord la prévention. Si on boit des alcools de bonne qualité et si on évite de faire des mélanges, le risque de gueule de bois diminue. Un bon truc semble être de boire beaucoup d'eau avant d'aller dormir le soit-même de la beuverie. Le mal de tête est en effet en partie dû à une déshydratation. Le lendemain, quand la gueule de bois est installée, boire une petite quantité d'alcool peut soulager. Le jus de radis noir est très efficace. Cela se vend en ampoules, en pharmacie. C'est un dépuratif, ce qui veut dire que cela nettoye le foie et l'organisme de ses toxines. En Angleterre sont vendus des comprimés "Recover" qui seraient efficaces mais qui sont interdits sur le continent.
Des problèmes dentaires. Consulter un bon dentiste peut résoudre vos problèmes de migraine. Attention : certains charlatans profitent de votre détresse pour vous aracher ou dévitaliser des dents inutilement et/ou vous facturer des travaux inutiles et hors de prix.
Des problèmes de l'ossature du corps, voire des problèmes de marche ou de choix des souliers. Consultez un spécialiste. Tout est lié dans le corps. Une amie avait des maux de dos causés par une mauvaise disposition de la mâchoire.
Une page en anglais intéressante : http://en.wikipedia.org/wiki/Migraine

Un produit a un effet radical sur les migraines de trois amis : l'orotate de manganèse. Pour l'un d'eux, c'est le deuxième produit capable de couper complètement ses migraines. Depuis qu'il prend de l'orotate de manganèse tous les jours, il n'a plus de migraines. Un miracle... Pour le deuxième ami, qui a des migraines pour une raison tout à fait différente, l'orotate de manganèse ne coupe pas ses migraines en cours. Par contre s'il en prend préventivement les migraines n'apparaissent pas. L'effet est très graduel, ce qui est une raison supplémentaire pour en prendre à titre préventif. Stricto sensu, l'orotate de manganèse n'est pas un médicament. C'est un complément alimentaire, en vente en pharmacie (sur prescription en France). Il faut toutefois être prudent. Autant le manganèse est nécessaire à la vie (comme le fer, le calcium, le magnésium...), autant il peut avoir des effets toxiques graves et irréversibles s'il est pris en trop grandes quantités. Demandez donc impérativement une prescription à votre médecin et des explications précises. L'idéal est de demander à un pharmacien de fabriquer des gélules, contenant chacune 2 mg (deux millièmes de grammes) d'orotate de manganèse dihydrate. Ensuite, prendre une gélule à chaque repas, soit trois par jour. Cela fait une dose journalière de manganèse d'un peu plus de 1 mg. La dose journalière recommandée de manganèse est entre 2,5 et 5 mg. La dose journalière maximale préconisée est de 10 mg. En prenant ces trois gélules on ne court donc en théorie pas de risque. On peut même ajouter une ou deux gélules par jour si le besoin s'en fait sentir... Je ne comprends pas pourquoi une dose aussi faible de manganèse a un effet aussi énorme sur les migraines. Ces deux amis mangent sainement et absorbent par la nourriture une quantité de manganèse plus élevée. Plus fort : ils ont essayé des comprimés multivitamines & minéraux & oligo-élements, qui contiennent 3,5 mg de manganèse. Trois fois plus que les trois gélules ! Ces comprimés du commerce n'ont aucun effet sur leurs migraines... C'est mystérieux. (Un léger excès de gélules entraîne de légers problèmes nerveux.) Le rôle de l'orotate est de permettre au manganèse d'être bien assimilé. Peut-être cette action de l'orotate est-elle essentielle... Le rôle du manganèse dans l'organisme est de servir de précurseur d'enzyme et de co-enzyme. En particulier il joue un rôle clé dans le métabolisme de l'énergie. Je suppose que la présence efficace du manganèse permet au cellules de mieux gérer ce qui se passe, d'être "plus musclées", donc de pouvoir s'organiser pour éviter la migraine. D'une façon générale, la prise d'orotate de manganèse résout beaucoup de petits problèmes du corps, j'en ai fait l'expérience. Un de ces amis préfère diluer les gélules dans une gourde, qu'il boit au fil de la journée, en sentant approximativement le nombre de gorgées qu'il lui faut. Deux personnes ont encore eu une forte migraine après avoir commencé à prendre de l'orotate de manganèse et cessé graduellement leurs autres médications. Ensuite elles n'ont plus eu de migraine...

Le lithium est utilisé à titre préventif contre certains types de migraines.

Certains médicaments contre l'épilepsie sont efficaces contre certaines formes de migraine. Deux connaissances en ont pris, avec succès :
La Carbamazépine (vendue entre autres sous le nom de Tegretol) a comme effet secondaire une prise de poids.
Le Topiramate (vendu entre autres sous le nom de Topamax) a comme effet secondaire un engourdissement de la mémoire pour les mots peu utilisés.
Un lecteur me signale le remède suivant :

"C'est un professeur d'un hôpital, migraineux lui-même, qui me l'a affecté la première fois. Depuis lorsque j'ai une grosse migraine (nausée, vertige, sautes d'humeur, aiguilles qui s'enfoncent dans mes tempes, côté droit ou gauche du visage insensible...), je me rends dans un hôpital (urgences) et très calmement je leur dit que je suis migraineux, je décline mon identité (si j'y arrive car plusieurs fois il m'a été impossible de me souvenir de mes propres noms et prénoms) et je leur donne la recette :

En Intraveineuse (goutte à goutte) :
Primperan ou équivalent.
Vitamine C
Paracétamol liquide (ne se trouve qu'en milieu hospitalier, d'où l'obligation de se rendre à l'hôpital).
Quelques fois les soignants sont dubitatifs, argumentez et croyez-moi, dès les premières gouttes du goutte à goutte, vous vous endormez pour vous réveiller quelques 30 minutes plus tard. Il vous suffit d'attendre la fin du goutte à goutte (environ 1 heure) et vous repartez sur vos jambes complètement remis avec simplement un Tricosteril dans le coude."

Ma pharmacienne me signale un vieux remède : un comprimé de 400 mg de vitamine B2 par jour, à titre préventif. Cela fait s'espacer les migraines jusqu'à les faire disparaître. En toute généralité, de fortes doses de vitamines B peuvent être efficaces contre les douleurs chroniques. Voyez votre médecin. Les vitamines B sont peu dangereuses mais n'exagérez pas. Renseignez-vous sur la dose journalière recommandée pour chaque vitamine B. En général, si vous prenez de 10 à 100 fois cette dose, vous ne risquez rien de grave, tout au plus un peu de fatigue. A partir de 1.000 fois la dose tous les jours pendant des semaines, certaines vitamines B vous exposent à des risques graves : destructions d'organes, problèmes neurologiques...

Le mercure serait à envisager comme facteur déclencheur ou aggravateur de maux de tête : Le mercure : un tueur du 21ème siècle

Une amie s'est vue prescrire un bêta-bloquant par son médecin. Je n'en connais pas encore les résultats.

Une lectrice me signale le médicament Lamaline. Il contient du paracétamol, de la caféine mais aussi de l'opium et doit donc être réservé aux épisodes de migraines intenses.



Eric Brasseur - 4 août 2005 au 20 février 2008 [ Accueil | eric.brasseur@gmail.com ]
Signez la petition pour soutenir le Dalai Lama chez Avaaz
LE MONDE
L’homme est en vie et il est au monde ; il naît au monde par le langage. Il n’y a pas de monde pour l’animal qui n’est pas humain, pour l’animal qui n’est pas débrayé, pour l’animal(ité) sans oralité. L’animal parlant ou le parlêtre est l’être-au-monde et l’être-à-la-mort. Le monde (de l’ennui) de l’homme n’est pas le milieu (de la stupeur) de l’animal. Le monde est le poids de la vie, soit sa surface et son volume, en même temps que sa vitesse ou sa trajectoire, son pouvoir : son importance ou son influence, sa volonté ; mais c’est la vie qui est la puissance du monde. Ou bien l’homme change le monde, ou bien le monde change l’homme…
LES CONCEPTIONS DU MONDE
Encore mythologique, la théologie est une conception ou une compréhension surnaturelle du monde : le monde a été créé par un dieu ou des dieux, que ce soit le Dieu de l’Ancien testament , le (Fils de) Dieu du Nouveau Testament, le premier moteur immobile d’Aristote ou quelque autre divinité. Pour la cosmologie, le monde n’est qu’une infime partie de l’Univers, qui n’est lui-même qu’une partie du cosmos : nous ne sommes rien dans l’infinité cosmologique des astres et des planètes, qui tournent sans nous, avant et après nous, jusqu’à l’extinction du Big Bang ! Autant alors chercher la vie sur Mars…
Selon la physique, le monde est gouverné par des lois physiques (relativité, gravité, quanta, vitesse de la lumière, etc.) qui sont d’essence mathématique : algébriques ou géométriques dans le pire des cas, topologiques dans le meilleur des cas. La physis y est synonyme de nature. Pour la chimie, le monde est le produit de la matière inerte ou inorganique ; c’est un monde de particules qui peut être résumé par le tableau de la classification périodique des éléments de Mendeleïev. Avec la biochimie, le monde est le produit de la matière vivante ou organique ; mais on ignore tout du passage de l’inorganique à l’organique et de l’apparition de la vie sur la Terre (ou ailleurs) : on parle d’une « soupe prébiotique » qui aurait assuré la continuité du règne minéral au règne végétal, parce que l’on croit ou pense que s’il y a discontinuité entre les deux, cela impliquerait une intervention divine et donnerait raison au fondamentalisme : Dieu, qui n’est qu’un nom propre ou un non-concept, est une très mauvaise réponse à la meilleure des questions – la question de l’origine, qui est l’origine de la question !
La biologie est capable de penser le règne végétal, par la botanique, et le règne animal, par la zoologie ; elle a justement montré et démontré que l’humain appartient au règne animal et qu’il ne s’en distingue pas par l’âme (l’animé) ou par l’esprit (déjà présent chez d’autres primates). Cependant, pour la biologie, l’homme n’est qu’un maillon de la chaîne de la vie, qui est souvent réduite au code génétique, au génome : l’espèce humaine appartient au genre humain et elle ne se distingue en rien des autres espèces et des autres genres. La vie est donc d’essence génétique (et non généalogique) et on cherche encore « le chaînon manquant », même en sociobiologie…
L’idéologie réduit le monde à la culture (conscience, esprit, éducation, formation, imitation, tradition, etc.). Elle peut être religieuse, morale, folklorique (superstition, sens commun, bon sens), littéraire ou autrement artistique ; en plus d’être culturelle, elle peut aussi être cultuelle et avoir quelque chose de liturgique et de fiduciaire, la liturgie étant affaire de croyance et la fiducie, de confiance.
Avec l’économie, qui est l’aménagement ou le traitement de la nature par la culture et du temps par l’espace, apparaissent les conceptions sociales ou historiques, socio-historiques, du monde. L’économie se voudrait une science naturelle, pure et dure, exacte et appliquée ; selon un ancien directeur du département d’Économie à l’Université Memorial, on devrait l’enseigner comme un langage, comme une langue seconde. Or, l’économie est une langue étrangère à la vie et à l’homme [cf. Henry] : de l’échange ou de la libre circulation des biens, tout lui échappe, parce qu’elle ignore l’échange des personnes et l’échange des paroles et l’échange en tant que don. Comme l’écologie, elle ne comprend pas que l’échange – même quand il y a parasitisme – n’est pas affaire de besoin, mais de demande et de désir. Marx a réglé le cas de l’économie politique il y a 150 ans ! La mondialisation et la globalisation n’y changent strictement rien [cf. Debord dans La société du spectacle (en 1967, 100 ans après Le Capital), JML dans La signature du spectacle (en 1983) et Agamben dans Moyens sans fins (en 2002), ces deux derniers ouvrages ayant en commun d’être dédiés à l’auteur du premier].
La politique est la continuation de la guerre par d’autres moyens. Elle a raison de réduire les rapports sociaux à des rapports de force ou de pouvoir, à des rapports polémiques de contrats et de conflits, de contacts et de contraintes ; mais elle a tort de limiter le pouvoir à la lutte des pères : à la lutte entre les classes sociales, entre les générations, entre les États ou les pays. Lui échappe la lutte des mères, c’est-à-dire la lutte entre les sexes et entre les langues ; la lutte des religions, comme la lutte des races, se situe entre la lutte des pères et la lutte des mères ou à la jonction des deux… Pour la politique, le monde est la société, qui est un problème dont elle a la solution ou une question dont elle a la réponse. La politique n’est pas une science, mais la biopolitique ou la bioéthique d’un biopouvoir : c’est le schéma et l’usage de la décision…
Le droit est une entreprise ou une tentative de légiférer sur le monde et de le légitimer ; c’est le monde de la loi, des lois et des règles : aux lois du monde de la physique, le droit cherche à substituer le monde des lois ; il tâche de régir l’univers individuel par l’univers collectif et d’ainsi gérer la liberté et la propriété (privée ou non) et de remplacer avec raison la vengeance par la justice. Mais le monde de (par) la justice n’est pas la justice du (pour le) monde.
Comme la grammaire, l’histoire est à la fois un objet (les événements : ce qui se passe et passe) et un sujet, une discipline, un point de vue sur les événements : ce qui ne passe pas et ne se passe pas. Dans la langue allemande, on distingue ainsi l’histoire comme ‘’Geschichte’’ et l’histoire comme ‘’Historie’’. L’histoire est l’écriture du (par le) monde et le monde de (pour) l’écriture. Avec l’histoire et surtout la préhistoire, apparaît le temps et donc la mort : l’anticipation de la mort par la faculté de présentation qu’est l’imagination. L’histoire monumentale (monument, édifice, statue), selon Nietzsche et Foucault, se distingue de l’histoire documentaire (document, archive, statut) : l’histoire monumentale, c’est l’histoire des mouvements et des changements ; l’histoire documentaire, c’est l’histoire des annales et des manuels – comme l’histoire littéraire…
Anticipée au XVIIIe siècle par Jean-Jacques Rousseau et fondée au XIXe siècle par un écrivain comme Honoré de Balzac et par Auguste Comte, puis refondée au XXe siècle par Émile Durkheim et Max Weber, la sociologie est, selon Mario Tronti, l’idéologie de l’économie ; c’est la philosophie spontanée du journalisme. Au mieux, c’est la science des règles et des institutions sociales, le problème étant toujours de définir ce qu’est une règle ou une institution et ce qu’est le social : quelle est la nature ou l’essence du lien social, quel en est le ciment ? La sociologie ne peut concevoir le langage que comme un moyen ou un instrument de communication entre les humains et entre l’homme et le monde : le langage y est un effet, un reflet, une image, de la société ; le monde de (par) la sociologie n’est jamais que la sociologie du (pour le) monde : un monde sociologique bien plus que social ou socio-historique, un monde d’enquêtes et de sondages.
La psychologie est l’envers de la sociologie : plutôt que d’expliquer l’individu par la société, elle explique la société par l’individu, la personne, le moi, la conscience, la motivation, la volonté, la personnalité, le caractère, le comportement, etc. Pour elle, l’être du sujet se définit par la conscience du moi ou par l’instinct du soi (« ego psychology », « psychology of the self », « psychologie évolutionniste » de la sociobiologie). La psychologie est le monde de (par) l’individualisation et l’individualisation du (pour le) monde. C’est possiblement la conception ou la vision du monde la plus courante ou la plus commune, le bon sens du sens commun : c’est la conception biographique du monde. Les psychologues sont des biographes !
La géographie a l’avantage scientifique de la géologie et de la géométrie ; c’est-à-dire qu’elle est autant une science naturelle qu’une science sociale ; c’est la science de l’espace humain, de l’espace mondain. Doublée ou couplée, avec la démographie, elle peut justement rendre compte non seulement de l’espace statique mais de l’espace dynamique : des mouvements des populations, des migrations et du peuplement en général. C’est donc dire qu’elle est en mesure de voir comment le temps envahit l’espace, comment le temps est spatialisé et comment l’espace est temporalisé, le temps étant à l’espace ce que le travail est au capital : le travail est le devenir-espace du temps ou espacement des marchandises, tandis que le capital est le devenir-temps de l’espace ou temporalisation, temporisation (le temps, c’est de l’argent ; l’argent, c’est du temps acheté, accumulé). Le tourisme est devenir-espace du capital, de la nature à la culture, du paysage de la contrée au visage du musée par l’image de la photographie ; mais il est aussi devenir-temps du travail à travers le voyage qui donne du « bon temps »…
L’ethnologie est l’étude des sociétés dites primitives ; sa méthode est l’ethnographie, c’est-à-dire la discipline des enquêtes sur le terrain et non pas de simples sondages d’opinion à des fins économiques ou politiques, mercantiles ou parlementaires. Les premiers ethnologues, ce sont les explorateurs et les découvreurs, les colonisateurs aussi (comme les Jésuites en Nouvelle-France au XVIIe siècle) ; ils ont souvent été coupables d’ethnocentrisme, d’européocentrisme et d’anthropocentrisme ; mais l’ethnologie a le grand mérite de la nuance : le monde est multiple ou divers, autrement diversifié, diversement peuplé et occupé ou préoccupé, même s’il est structuré : le monde est une structure ; ce n’est pas comme « tout le monde » !
L’anthropologie est la science de l’être humain, de l’évolution de l’être humain ; mais c’est une science particulière et singulière et non générale et fondamentale ou radicale. Elle devrait pourtant au moins inclure ou comprendre l’ethnologie et la sociologie, ainsi que la préhistoire (ou la paléoanthropologie) ; et, si on considère que l’être humain est aussi un animal, elle devrait elle-même faire partie de l’éthologie humaine comme science ou étude des mœurs des animaux – ce que ne font même pas les médecins et les vétérinaires. Pour l’anthropologie, le monde est culture et structure plus que nature.
Avec Platon et Aristote, la philosophie se veut être la science des sciences, la science première à base mathématique (géométrique ou logique). De la métaphysique à l’éthique, en passant par l’esthétique et la politique, la philosophie est la science du logos (raison ou esprit, pensée ou langage). Elle se présente comme la conception ou la vision du monde par excellence. Elle cherche à être une gnoséologie, soit une théorie de la connaissance, et une épistémologie, soit une théorie de la science. De l’ontologie (de Platon et d’Aristote), qui est une théorie de l’être, à la phénoménologie (de Husserl et Cie), qui est une théorie du phénomène (comme apparaître de l’être), la philosophie est la définition même du Discours maître à la Hegel, du Discours du Maître, que celui-ci se (con)fonde ou non avec le Discours de l’Universitaire – autrement dit, que le philosophe soit ou non un politicien et un professeur ou que l’intellectuel devienne ou non un (intellectuel) professionnel…
LA PSYCHANALYSE
Au Discours de Maître, la psychanalyse appose – et non oppose – le Discours de l’Analyste. La psychanalyse n’est pas une conception ou une vision du monde, que ce soit une science ou une « contre-science » [Foucault] ; c’est une ‘’abscience’’ : c’est une théorie du monde, un récit théorique ou scientifique du monde individuel et du monde collectif, du monde naturel et du langage naturel, et donc aussi de tout le monde : de la sexualité du monde et du monde la sexualité – mais ce n’est pas une sexologie ! Sigmund Freud en est l’inventeur à Vienne au tournant du XXe siècle ; il a été suivi par Sandor Ferenczi, Ernest Jones, Karl Abraham, Melanie Klein et Donald Winnicott et surtout par Jacques Lacan et Françoise Dolto en France dans la seconde moitié du XXe siècle.
La psychanalyse est la science de l’inconscient, que l’on appelle parfois « psychologie des profondeurs » ; c’est-à-dire que pour elle le sujet ne se définit pas par la conscience ou le seul moi (imaginaire), mais par l’inconscient, du ça (réel) au surmoi (symbolique). Le matériel ou le matériau qui a servi à Freud et qui lui a permis de découvrir l’inconscient – il ne l’a pas inventé – est le suivant : le rêve (qui est la « voie royale de connaissance de l’inconscient », les lapsus et les mots d’esprit, les légendes et les mythes, la littérature et l’art en général, la folie (surtout les névroses, les psychonévroses ou les « grandes névroses » que sont l’hystérie et l’obsession) et la sexualité infantile. La psychanalyse est une clinique ou une thérapeutique, une thérapie, où la cure est fondée sur le transfert ; ce n’est pas seulement une théorie du monde, mais un récit théorique ou scientifique qui (re)lie l’homme, le langage et le monde.
Selon la psychanalyse, « trois blessures narcissiques » ont été infligées à l’humanité :
1°) la physique (Copernic, Kepler, Galilée) a démontré que le monde, c’est-à-dire la Terre, n’est pas le centre de l’Univers ;
2°) La biologie (Darwin, Mendel) a (dé)montré que l’homme n’est pas le centre du monde ;
3°) la métapsychologie (Freud) a montré que le moi, c’est-à-dire la conscience ou la raison, n’est pas le centre du sujet : le sujet est décentré et divisé.
Le décentrement ou la division du sujet en fait un dispositif inséparable de l’objet en son projet et son trajet, en la trajectoire de la subjectivité et surtout de l’affectivité. Ces trois blessures sont des débrayages énonciatifs initiaux - et pleins d’initiations et d’initiatives !… Pour l’éthologie de Lestel, il y aurait une quatrième blessure narcissique : l’homme n’est pas le seul sujet […]
La psychanalyse est une métapsychologie (comme l’ontologie et la phénoménologie), une métaphilosophie (ou une non-philosophie) et une métabiologie.
La métapsychologie
La métapsychologie est le triple point de vue de la psychanalyse : économique, dynamique et topique.
L’économique
Au point de vue économique, il y a une énergétique des zones érogènes et une mécanique des stades ou des phases : stade oral (ou cannibale et respiratoire), stade anal (ou sadique), stade phallique (ou urétrale) et stade génital ; il y a de multiples combinaisons et recombinaisons entre les phases. L’énergétique et la mécanique conditionnent la sexualité humaine, de l’enfant à l’adulte, et elles sont conditionnées par la bisexualité psychique plutôt que biologique. Dès le jeune âge ou la prime enfance, le petit de l’homme est aux prises avec la libido et avec les pulsions et les fantasmes : c’est un « pervers polymorphe ».
La pulsion est un concept limite entre le somatique et le psychique, entre le corps et l’âme ; elle est économiquement psychosomatique. La pulsion a une poussée (force, énergie, impulsion), une source (zone du corps), un objet et un but (satisfaction). La pulsion est la cause du sujet, la cause de la division du sujet en sujet de (ou « subjectum ») et en sujet à (ou « subjectus »), entre l’individuation et la désindividuation, entre l’individu et le ‘’dividu’. Les destins des pulsions sont le renversement dans le contraire, le retournement sur la personne propre, le refoulement (inhibition, frustration, privation, régression, répression, réparation, restauration, somatisation), qui est à la source de la névrose (hystérie, obsession, phobie), la scotomisation ou la forclusion (du Nom-du-Père), qui est à la source de la psychose (paranoïa, schizophrénie, manie dépressive), et la sublimation (qui n’est pas l’idéalisation de l’objet mais le détournement ou le retournement de la pulsion quant au but, alors que la perversion est le détournement de la pulsion quant à l’objet). Les ‘’enclins’’ de la pulsion sont l’ancrage et le frayage qui mène à l’étayage ou au clivage.
Grâce à son étude du narcissisme (fondamental ou primordial) et du masochisme (originaire ou primaire), Freud est passé d’une première théorie des pulsions à une seconde. Il avait d’abord distingué les pulsions du moi ou d’auto-conservation (sans objet) et les pulsions sexuelles (avec objet pour la libido) ; puis il a distingué les pulsions de vie et la pulsion de mort. Les pulsions de vie ne correspondent pas aux pulsions sexuelles. La pulsion de mort est la pulsion de retour à l’animal ou à l’inorganique et à l’inertie (le repos, le sommeil) ; elle est aussi sexuelle (agressive : active dans le sadisme ou passive dans le masochisme) que les pulsions de vie : elle conditionne donc la vie sexuelle. C’est la pulsion de mort qui fait de la psychanalyse une métabiologie : sans pulsion de mort, il n’y aurait pas de vie humaine !
La compulsion de répétition est inséparable de la pulsion de mort ; elle est automatisme de répétition (rites, rituels, cultes, passages à l’acte, actes manqués, oublis, tics, etc.) et compulsion d’aveu (confession, quête de la punition, épreuve de la peine). La (com)pulsion de mort (ou de meurtre), comme impulsion et répulsion, est la source objective du sentiment de culpabilité, qui est lui-même la source subjective de l’angoisse.
Le fantasme est le substitut de ou le résidu de l’angoisse et il est le « représentant psychique » de la pulsion. Se distinguent les fantasmes conscients (ou les fantaisies et les rêveries), les fantasmes inconscients (où dominent les scénarios sexuels) et les fantasmes originaires, les deux principaux étant la scène primitive (où l’enfant fantasme le coït des parents comme un acte sadomasochiste) et le mythe du meurtre du père de la horde primitive.
La dynamique
La dynamique de la métapsychologie comprend les processus et les principes, ainsi que le désir. Les processus primaires sont des processus de transposition, les deux principaux étant la condensation conduisant à la métaphore et le déplacement conduisant à la métonymie ; les processus secondaires sont des processus de position : mécanismes de défense et formations psychiques (réactionnelles) ou formations de substitut, de compromis ou de symptôme, à la suite du refoulement et du retour du refoulé. Les processus primaires sont formateurs d’images par la condensation et le déplacement et les processus secondaires sont formateurs de symboles par la comparaison et l’association… Le principe de réalité est le principe de l’effectivité, de la soumission du moi au surmoi et de l’univers individuel à l’univers collectif ; le principe de plaisir, dont la pulsion de mort est « l’au-delà », est le principe de l’affectivité, de soumission du moi au ça et de l’univers collectif à l’univers individuel.
Il existe trois principales théories du désir :
1°) La théorie machinique ou mécanique du désir (Spinoza, Schopenhauer, Nietzsche, Lyotard, Deleuze-Guattari, Adler) postule que le désir est tout-puissant, omnipotent : le désir est réel et il se confond donc plus ou moins avec la libido ; c’est une force, une énergie, une volonté de puissance : c’est un instinct ; c’est le désir du (par le) sujet, avec ou sans objet.
2°) La théorie mimétique ou métaphysique du désir (Aristote, Girard) (Jung ?) considère que le désir est faible : parce que l’homme est un animal mimétique et politique, le désir est triangulaire et imaginaire ; c’est une médiation entre le sujet et l’objet : c’est un apprentissage par le mimétisme (qui fonde la psychologie et la pédagogie du comportement) ; c’est le désir selon le désir de l’autre sujet (à l’objet).
3°) La théorie dialectique ou dynamique du désir (Platon, Hegel, Freud, Lacan) conçoit le désir comme loi du désir (force, énergie) et comme désir de la loi (interdit, tabou) : le désir est symbolique, le signifiant du désir ou le symbole des symboles étant le phallus ; c’est une force comme libido, mais une faiblesse comme pulsion : c’est un dispositif antagonique et agonique, une lutte conduisant à la division ou au décentrement du sujet ; c’est le désir du (par et pour le) désir de l’Autre, le sujet (énonciatif, génitif, proprioceptif) étant sujet de l’objet et sujet à l’objet : c’est la « croix agonique » ou agonistique S-O-S…
Le rêve, qui est le gardien du sommeil, est un récit ; c’est le récit du désir, qui est essentiellement sexuel ; le travail du rêve consiste à transformer les restes diurnes de la veille ou de l’avant-veille en pensées nocturnes du sommeil à partir de souvenirs oubliés ou refoulés, tandis que le travail du récit consiste à transformer de la même manière un contenu latent (profond, inconscient) en une expression manifeste (superficielle, consciente) partir de rêves et de fantasmes. Dans le rêve, comme dans le récit, le rêveur est un narrateur – c’est le regard(ant) symbolique – et il peut s’identifier avec l’acteur qu’il est et qui voit et parle – c’est le narrateur homodiégétique ou autodiégétique – ou il peut s’identifier avec l’acteur qu’il voit et qui parle – c’est le regard(é) imaginaire par le narrateur hétérodiégétique. Le travail du rêve et le travail du récit sont le travail du désir.
Le rêve et le récit sont une question ou un problème d’identification. L’identification peut être secondaire ou consciente : c’est l’identification de ; elle peut être primaire ou inconsciente : c’est l’identification à. C’est par l’identification et donc par le désir qu’il y a les processus primaires et secondaires et les deux principes. Dans l’identification, il y a projection imaginaire du sujet (moi idéal) ou introjection symbolique de l’objet (idéal du moi) dans l’ambivalence du moi… L’identification est le moteur du brayage et du repérage, de l’embrayage et du débrayage et ainsi des états d’âme et des états de chose, des états du moi et des états du monde. Aussi y a-t-il des états d’âme plutôt embrayés : l’amour, l’envie, l’angoisse, l’ennui (l’ennui de personne, l’ennui tout court), l’enthousiasme, l’espoir (du je émergé), la solitude (du je immergé), la mélancolie, l’égoïsme, la timidité et le narcissisme, et des états d’âme davantage débrayés : la haine, la jalousie, l’anxiété ou la peur, la fatigue ou le stress, l’ennui (l’ennui de quelqu’un, les ennuis), l’étonnement, le désespoir (du je submergé), la compagnie (du je ‘’rémergé’’), la nostalgie, la générosité, la curiosité et l’altruisme.
La topique
Dans l’évolution de la métapsychologie, il y trois topiques des instances du sujet. La première topique proposée par Freud est celle de l’inconscient, du préconscient et du conscient : l’inconscient est le lieu du refoulement sexuel et des représentations de choses ; le préconscient est le (mi)lieu de la mémoire, des souvenirs et des oublis ; le conscient est le milieu de la perception et des représentations de mots. La deuxième topique, aussi proposée par Freud, est celle du ça, du moi et du surmoi : le ça est le réservoir ou la réserve des pulsions ; le moi est la caserne de la conscience individuelle ou personnelle ; le surmoi est l’instance de la conscience morale ou collective. La troisième topique, qui ne correspond pas nécessairement à celles de Freud, est celle de Lacan : réel (impossible), imaginaire (spéculaire) et symbolique (spectaculaire). Le neurologue Damasio y substitue, consciemment ou inconsciemment : le « proto-Soi », le « Soi-central » et le « Soi-autobiographique » ou l’émotion, la motivation et la cognition.
Ce qui suit peut être associé avec les correspondances de l’introduction et celles de la conclusion :
FREUD / LACAN
Trois instances du sujet
préconscient ----– conscient
­
inconscient
moi –---- surmoi
­
ça
imaginaire ----- symbolique
­
réel
[Pour toute la métapsychologie, cf. JML : Le sujet ; Première partie : « Le sujet de l’inconscient » (p. 7-76)].
La métaphilosophie
« L’envers de la psychanalyse », ou sa sémantique telle que définie dans le Livre XVII du Séminaire de Lacan (en 1969-1970), est sa métaphilosophie ou sa non-philosophie, sinon son « anti-philosophie ». C’est la théorie des quatre Discours (ou archidiscours) : le Discours du Maître, qui est lié à la politique, à la religion et à l’obsession ; le Discours de l’Hystérique, qui est lié à l’art, à l’art de la grammaire qu’est la littérature et à l’amour ; le Discours de l’Universitaire, qui est lié à la philosophie, à la science et à la paranoïa ; le Discours de l’Analyste, qui est évidemment lié à la psychanalyse et à la sublimation [cf. JML : Le sujet (p. 71-74 et p. 179, note 63] :
DISCOURS MAÎTRE DISCOURS UNIVERSITAIRE
(gouverner) (éduquer)
X
DISCOURS ANALYSTE DISCOURS HYSTÉRIQUE
(analyser) (aimer)
Métabiologie
Selon la métabiologie psychanalytique, le fondement du lien social est l’interdit de l’infeste qui, au niveau de la phylogenèse, est le tabou du sang (l’idéologie et le pacte du sang selon Testart), et, au niveau de l’ontogenèse, le complexe de castration. Qui dit interdit veut dire interdiction et castration (symbolique). Le petit de l’homme passe par une série de castrations, dès sa naissance et aux divers stades de développement de sa sexualité (sevrage, dressage, élevage, apprentissage, etc.) ; la castration orale précède, accompagne ou succède à la descente du larynx et la castration génitale procède aussi de la chute des dents de lait. Le complexe de castration est l’angoisse de castration (par le père ou son représentant) chez le garçon et l’envie de pénis chez la fille ; cette envie peut être centripète : avoir un pénis à elle, ou être centrifuge : recevoir un pénis pour elle [cf. Dolto]…
Le tabou du sang et le complexe de castration incluent ou impliquent l’interdit de l’inceste et l’interdit du meurtre, celui-ci ayant sans doute précédé celui-là. L’interdit de l’inceste (ou le tabou du sang maternel dans la prédation sexuelle), c’est-à-dire l’interdit du sang que l’on partage (le sang du totem, de la tribu, du clan ou de la famille), est l’interdit ou le tabou, la loi ou la règle, de l’univers collectif et il conduit à l’exogamie ; c’est l’aspect collectif de l’interdit de l’infeste. L’interdit du meurtre (ou le tabou du sang criminel dans la prédation alimentaire), c’est-à-dire l’interdit du sang que l’on verse ou qui coule (de la chasse à la guerre), est l’interdit ou le tabou, la loi ou la règle de l’univers individuel et il conduit au totémisme, qui est un pré-art, un pré-droit et une pré-religion et qui peut inclure ou intégrer l’animisme et le shamanisme ; c’est l’aspect individuel de l’interdit de l’infeste. Le totem est au tabou ce que le rite est au mythe, ce que le totémisme est à l’exogamie et ce que la sexualité est à la parenté […]
Le tabou du sang menstruel (maternel, matriciel), qui frappe les sociétés primitives et les sociétés modernes, est à la fois un aspect du tabou du sang et un aspect du complexe de castration (de la virginité et de la puberté à la maternité) ; ce tabou est donc le lien entre l’univers collectif et l’univers individuel et entre la phylogenèse et l’ontogenèse. C’est ainsi que ou pourquoi les menstruations de beaucoup de femmes sont vécues dans une extrême douleur ; c’est-à-dire qu’elles sont vécues inconsciemment comme un avortement, dans le sentiment de culpabilité d’un crime contre l’espèce (la phylogenèse) et d’un crime contre l’individu (l’ontogenèse). Il faudrait aussi voir s’il y a un lien ou un rapport entre les menstruations (qui sont synonymes de travail, d’ordre et de propreté) et la perte de l’oestrus (qui, lui, est synonyme de loisir, de désordre et de malpropreté). Enfin, alors qu’il y a la perte de l’oestrus en amont des menstruations, il y a la ménopause en aval, les deux pouvant être signifiées ou relayées par la parure (vêtements, ornements, bijoux, tatouages ou peintures corporelles) comme signal, signe ou symbole d’ethnicité acquise ou conquise par l’Homme de Cro-Magnon au détriment de l’Homme de Néandertal [cf. Arsuaga] – ce qui pourrait expliquer de manière évolutive (ou évolutionniste) le très grand succès de la mode (vestimentaire ou autre) et de la haute couture…
L’interdit de l’inceste concerne en outre les relations duelles de la parenté, les « structures élémentaires de la parenté » selon Lévi-Strauss, alors que l’interdit du meurtre concerne aussi la division sexuelle du travail ; il s’agit donc de la différence sociale et de la différence sexuelle, qui conditionnent le partage sexuel d’un sexe à l’autre et le partage alimentaire d’un groupe à l’autre.
Il est invraisemblable, ou tout au moins très peu vraisemblable, que la connaissance du rôle de la copulation dans la fécondation ait été connue avant le langage et donc avant l’homme ; surtout qu’il y a encore des aborigènes qui l’ignorent ou le dénient et qui vont jusqu’à nier le rôle de la mère ; en outre, il y a toutes sortes de mythes et de légendes entourant « les mystères de la vie » qui renient le sens commun ; enfin, il faut à l’enfant l’apprendre des adolescents que sont ses frères, ses sœurs ou ses camarades, ou des parents pour qu’il cesse d’imaginer toutes sortes de scénarios avant d’en arriver à imaginer le coït : il faut donc un véritable coup de force de l’imagination pour relier l’accouplement et l’accouchement et passer d’un solo ou d’un duo (avec la mère) à un trio (avec le père) ou à un quatuor (avec le phallus).
Le meurtre du père de la horde primitive, par le meurtre du chef par la bande de frères et pour la troupe de sœurs – que ce soit un événement historique, un mythe social ou un fantasme psychique importe peu ; ce qui importe, c’est qu’il y ait (eu) répétition et donc récit d’un meurtre –, est la fondation de la paternité : le père devient père en mourant ; le père mort est le père symbolique (du désir) : ce que Lacan appelle le Nom-du-Père et que d’autres appellent (le nom de) Dieu (de Moïse au Christ, le Messie ne pouvant être que le fils confirmant le meurtre du père)… Le père réel (du besoin) n’est jamais que le géniteur (inconnu, impossible à l’origine), tandis que le père imaginaire (de la demande), c’est bien souvent la mère (génitrice ou non)… La fondation de la paternité, la présomption de paternité » [Legendre], est inséparable de l’interdit de l’infeste et donc de l’interdit de l’inceste et de l’interdit du meurtre : c’est l’origine (l’émergence, l’apparition, la naissance) de l’homme, du langage et du monde ; c’est le mythe de l’origine à l’origine du mythe. Le père parle par le fils ; peut-être qu’il ne parlait pas ou qu’il a été tué parce qu’il parlait et qu’il savait, lui, ce qu’il en était de la paternité – à moins que ce ne soit le meurtre lui-même qui donne la parole aux meurtriers, qui ne sont donc pas des transgresseurs mais des fondateurs d’interdits…
Le meurtre (pré)historique, mythique ou fantasmatique du père, suivi du « festin totémique » (la ‘’dévoration’’ cannibale de son cadavre), est l’occasion ou le lieu de l’ambivalence entre l’amour et la haine pour le père mort (qui est un modèle et un rival), entre le bien et le mal et il conduit au sentiment de culpabilité, qui est le « péché originel de l’humanité » et la source de l’angoisse [voir plus haut : Métapsychologie/Économique] !
[Pour la métabiologie, voir le site de JML : Autres études : « Psychanalyse, sciences humaines et biologie ou Des grands récits » (2002) et « Darwin and Freud : Sociobiology or Metabiology ? » (2003)].
LA PRAGRAMMATIQUE
La pragrammatique est la pragmatique du regard et la grammatique de la voix comme récit et comme rythme, la grammatique étant donc une narratique (et non une narratologie) et une rythmique (et non une stylistique). La pragrammatique concilie ou réconcilie la grammaire (linguistique et sémiotique) et la psychanalyse ; c’est ainsi qu’elle fait de la valence (la valeur de la valeur, l’investissement thymique de la deixis) l’équivalent grammatical, l’étalon, de la pulsion ; la valence est la proprioceptivité, l’extéroceptivité et l’intéroceptivité et il n’y a pas d’actance sans valence. En (ré)conciliant la grammaire (du texte) et la psychanalyse, la sémiotique du récit et l’analyse textuelle, l’analyse et la synthèse, la pragrammatique est la science générale (fondamentale et radicale) de l’homme et la science subjective du sens (de la vie); elle implique une théorie du sujet et donc de l’actance. Enfin, c’est une théorie impersonnelle de la ponctuation de la personne, de l’espace, du temps et de la vitesse ou une théorie de la ponctuation de la deixis (ou du « Dasein »)…
- Mais la pragrammatique n’est pas un archirécit !
JML/4 février 2004

Qui gouverne le crime?

Qui gouverne le crime? Certainement ce n'est pas la police. Le crime n'est pas quelque chose nouveau, mais ce que est nouveau c'est la concentration de l'activité criminelle répandue partout aux mains d'un groupe spécifique.
Depuis des années avant les Rothschilds jusqu'à aujourd'hui tous les fortunes des Juifs ont été basées sur le crime d'une sorte ou d'autre.
L'homme d'affaires Juif, Joseph Seligman, occasiona l'infâme "Vendredi Noir", le jour de la faillite de la Bourse au fin des années 1800.
En 1885 le projet basé en la France à construire le Canal de Panama s'écroula et encore Seligman était impliqué avec un financier Juif basé à Paris, Jacques de Reinach.
Leon Weiss était engagé dans la machine corrompue politique de Huey Long en les États Unis dans les premier jours du vingtième siècle.
Selon le "Jerusalem Post" en 1908 "Vingt-cinq pourcent des quatre millions des habitants du Nouveau York étaient Juifs mais ils étaient cinquante pourcent des occupants des prisons."
Quelques unes des fortunes "respectables" des Juifs étaient fondées sur des liens avec le monde criminel pendant le temps de la Prohibition. La fortune de la famille Bronfman de l'alcool du Seagram était basée sur une "arrangement" de la distribution du liqueur avec le malfaiteur Meyer Lansky.
La famille Pritzker de Chicago aussi avaient les liens avec le crime organisé.
En 1999 le journal anglais, le "Daily Mail" publia un récit sur les jumeaux Kray, Ronnie et Reggie , qui gouvernèrent le monde criminel à Londres par leur réseau des brigands et des voleurs jusqu'a leur détention pendant 1960.
L'israelien Nachum Ben David rapporte 91 assassinats commis par les Juifs en Palestine/Israel de 1882 à 1988.
Sans rendu compte des meutres occassionés par les malfaiteurs judaiques sous les auspices du communisme russe.
C'était les Juifs et non pas les italiens qui ont creé ce qu'on a appelé plus tard le "Mafia". Pendant les années 1920 les italiens ont commencé à remplacer les Juifs dans l'industrie du crime organisé à Nouveau York mais même en 1940 le Lepke Buchalter , aussi connu comme "Le Meutre Incorporé", encore tenait une position saillante.
Les Juifs étaient les premières qui réalisaient le lien entre le crime organisé et la polítique organisée. Ils ont mené le chemin à corrompre la police et les conseils municipal des villes. Ils ont reconnu le valeur d'un sindicat criminal et ils étaient des monopoleurs du premier ordre.
À Londres les Juifs ont été engagés toujours dans les activités criminelles de toute sorte. Ils ont commis des vols, la falsification et la distillation illicite de la liqueur. Quelques uns d'eux sont allés à l'Europe d'orient et ils ont convaincu les jeunes filles que pour elles à l'Angleterre il y avait du travail et les célibataires et ensuite ils les ont envoyées à l'Inde ou à l'Argentine aux marchés des esclaves blanches.
La loi"Jackson Vanick", un projet de loi pressait fortement dans les vestibules du Congrès par les Juifs americains, a permis que les immigrants "Russes" pouvaient entrer facilement dans les États Unis. qui a donné au KGB l'opportunité à déposer les malfaiteurs plus difficiles aux États Unis. Parmi eux, Marat Balagula, qui agit comme un fonctionaire des organisations criminelles pour le KGB qui l'a installé comme le chef de la plus grande coopérative de la nourriture en l'Ukraine.
Il a devenu le plus important criminel Juif et il a operé en collusion avec les agences sionistes et le groupe des femmes, Hadassah. Il a acheté un restaurant à Brooklyn à Nouveau York, que a devenue le vrai centre du pouvoir dans aquel endroit.
Cette operation criminelle était multi-nationale. Ils tenaient une flotte des bateaux énormes pour transporter de l'essence. Tous possedaient par les Juifs fidèles aux malfaiteurs. Balagula a fondé un empire criminel redoutable, étendrant de l'Áfrique du nord à l'Arabie Saoudite à la Venezuela à Brooklyn. Ils ont construis une infrastructure dedans le commerce de l'essence que les faisaient invincibles.
Yuri Brokhin était un autre criminel Juif del USSR. Les deux, Brokhin et Balangula, pouvaient transférer leur richesse à l'Amerique par voie des sionistes et les organisations "charitables" judaiques.
Une importante connexion entre la politique americaines et le "Mafia" juif est le rabbin, Ronald Greenwald, qui jouait un important rôle dans la campagne de Richard Nixon en 1972, et on l'a donné la position du conseiller à Nixon sur le programme de "l'indigence judaique". Sans doute Nixon était redevable à Greenwald.
Aussi Greenwald a protegé Marc Rich, un billionaire spéculateur judaique con les liens au "Mafia" qui avait un importante position dans l'administration de Clinton.
Quant à Las Vegas - les spéculateurs judaiques se chargeaient d'elle.
Le conseiller de George W. Bush, Natan Charansky, tient les liens profonds avec le crime organisé. Le Congrès, le département d'État et le CIA, tous ont les dossiers étendus sur Charansky qui jouait le rôle du pont entre le parti republicain et les malfaiteurs judaiques.
Charansky, connaissant son pouvoir, a refusé couper ses liens avec le crime organisé, infusant le Mafia Judaique dans les échelons plus hauts de l'administration de Bush.
L'influence du Mafia judaique joue une part essentielle sur le prix de l'essence par lequel le Mafia fait un accord entre Mossad et le royaume Arabe.
Le 28 avril 2002 un helicoptère militaire a brisé en el sur de la région de Krasnoyarsk de Siberie. Un important dignítaire russe, el general Lebed, le gouverneur de la région, était tué dans la chute. Immediatement le Media international (Judaique) a blâmé "brouillard pesant".
Néanmoins, chaque membre de l'armée russe connait que la mort de Lebed n'était pas un accident mais un autre assassinat par le Mafia international des Juifs, une organisation que a pris empire sur beaucoup de l'économie de Russie.
Le fait que le Mafia judaique, souvent nommé improprement le "Mafia russe", pouvait cacher complètement ses traces pendant que tout le monde (en Russie) fusse convaincu de leur complicité, est une preuve de sa puissance.
Ce Mafia est sans exception judaique. La situation unique en l'ancien USSR et le fait que les Juifs prédominés dans la bureaucratie sovietique donne l'indice au avancement du Mafia judaique.
L'homme-clé dans ce marais est un Juif ukrainien, né en 1946, nommé Semion Mogilevich qui trafique dans les materiels nucléaires, les drogues, les bijoux precieuses et les beaux-arts volés et qui domine tout qu'arrive et que parte de l'aéroporte international de Moscou.
Il a acheté une compagnie aerienne en faillite d'une passée asiatique republique sovietique pour quelques millions de dollars, payé en éspeces de sorte qu'il pouvait tirer héroine du "Triangle d'or".
Ses premières operations étaient basées en Israel, où il a écorché les réfugiés judaiques de Russie. Ensuite il a obtenu la citoyenneté hongroise. Il domine les bordels en Israel, où les filles ukrainiennes et russes sont forcées à l'esclavage. C'est legal en Israel si les filles ne soient pas juives.
Mogilevich domine le commerce de vodka en Russie et en l'Europe central, mais en dépit de tout cela son nom est presque inconnu et jamais il apparaît dans les récits de la Presse ou de la television en Israel, en Ukraine ou en les États Unis. Une preuve du pouvoir du Media controllé par les Sionistes et de leurs efforts incessants supprimir toute investigation du crime judaique.
Il a fabriqué un réseau énorme des communications globaux et il emploie beaucoup de gens pour faire marcher son empire financier. Il a penetré chaqu'un des Bourses et il gouverne beaucoup de négoces là-dedans.
Il était aussi l'ésprit superieure d'un plan du lavage de l'argent le plus grand dans l'histoire de les États Unis, où sept billion de dollars étaient "lavés" par la Banque de New York, qui est une succursale importante de la Réserve Federale et sa banque preferée.
Il domine l'équipement militaire qu'on fabrique en la Hongrie. Il a sa propre armée. NATO a dit qu'il est une menace à la stabilité de l'Europe bien que son nom ne soit pas bien connu.
Il a des agentes dans tous les agences d'information de tous les pays européens, que signifie qu'on jamais peut le poursuivre. La television allemande a rapporté que la Service allemande de l'information, le BND, avait entré dans des negotiations sécrétes avec Mogilevich, par lesquelles ils le donneraient de l'information sur ses rivaux en Russie. Il a un arrangement semblable avec l'Agence de l'information française. Il a les liens bien fermés avec Mossad, qui a detruit son dossier criminel, que le fait immun de la poursuite et que le permet voyager sans restriction.
Il domine le marché noir de l'Europe central jusqu'a Russie. Il a une liaison avec les Rockfellers. Son conseilleur économique en chef, Igor Fisherman, était un consultant de Chase Manhattan.
L'état d'Israel est un facteur très important dans l'avancement du pouvoir du Mafia judaique, les pourvoyeurs des drogues, les entrepreneurs de la pornographie des enfants et les commercants des esclaves. Le CIA a dit qu'il n'y a pas d'un membre important du Mafia "Russe" qui ne possède pas un passeporte Israelien mais l'État d'Israel refuse à prendre aucune action contre les malfaiteurs. Le pouvoir des bandes criminels des Juifs est plus impitoyable que les autres bandes criminels. Tous sont libres de la poursuite en Israel. Israel ne pense pas que ces activités soient criminelles si les victimes ne soient pas Juifs et l'État d'Israel n'extradera ses citoyens aux pays non-Juif.
Qui gouverne le monde?
Je me suis permis de copier le ce message du blog de Guy Sorman.

J'avoue que le juridisme onusien à la française promu par le duo villepino-chiraquien m'inspire honte et dépit. Et le fait qu'il semble soutenu par une majorité de Français accroit mon désarroi.

C'est donc avec joie que j'ai accueilli ce texte, dont je me suis contenté de mettre en évidence les passages les plus significatifs pour les pressés et pour les paresseux.

J'avoue éprouver un plaisir certain à savoir que je suis du bon coté du manche, je veux dire, du bon coté de la morale. Car, si il m'arrive de douter de bien des choses, il y a du moins une chose dont je suis sûr : je me sens plus près de Bush et de Blair que de Ahmadinejad, de Poutine, de Khadafi et de Hu Jintao.

Que ceux qui font objectivement le jeu de ces derniers y réfléchissent à deux fois : rien ne nous sera épargné au nom de je ne sais quelle complaisance pour tel ou tel dictateur, aucune compromission n'éloignera de nous le calice quand viendra l'épreuve.

Car l'épreuve viendra, l'histoire est tragique, faut-il que nous l'ayons oublié ?

Bien trop tard, les artisans du désastre regretteront-ils de s'être rués à la servitude, suivant l'expression de Tacite ?

Car, il faut être bien naïf ou bien lâche pour ne pas comprendre que tous ces gestes onusiens que nous croyons si raisonnables, si intelligents (mais nous tromponns nous vraiment nous-mêmes ?) sont interprétés par ceux qui se considèrent comme nos ennemis comme autant d'aveux de faiblesse, de symptomes de soumission.

Qui gouverne le monde?

Le gouvernement mondial n’est pas pour demain, Dieu merci. Assemblée générale annuelle de l’ONU: me trouvant à New York, aux premières loges, pour écouter tous les chefs d’Etat pérorer à la tribune, je me réjouis du peu de pouvoir de cette assemblée.

Mon regard serait-il superficiel? Certains, dans la diplomatie française en particulier, pratiquent une vision transcendantale de l’ONU: oui, ces chefs d’Etat sont pour la plupart des tyrans et des kleptocrates, mais tous ensemble, leurs vices particuliers se métamorphoseraient en une sagesse générale.

En ce moment, à New York, les vices sont tout de même plus évidents que la sagesse: en profitent directement les hôtels, restaurants, boîtes de nuit et services d’escorte payés par les impôts , les razzias et la confiscation de l’aide internationale. Ces exactions sont infligées par les kleptocrates aux peuples les plus pauvres; le président de la Banque mondiale a dénoncé la facture d’hôtel d’un million de dollars du président du Congo, pays qui ne parvient pas à rembourser ses dettes. Mais il y a pire que la corruption.

À la tribune de l’ONU, la Palme de la clownerie et du mensonge aura cette année été fort disputée. On s’attendait à ce que le président iranien l’emporte ; mais, malgré un regard quelque peu allumé, sa dénonciation lancinante, répétitive de l’injustice de l’ordre mondial, anesthésia la salle et la presse. La surprise vint donc de Chavez, le Vénézuélien, qui, grimaces à l’appui, dénonça l’odeur de soufre qui planait encore sur l’estrade où le diable Bush avait parlé la veille. On sait aussi que converti en agent littéraire, il brandit un livre de Noam Chomsky qui, selon Chavez, révélait bien le complot de l’Amérique contre le monde. Les ouvrages délirants de Chomsky sont à peu près aussi scientifiques que le fut en son temps le Protocole des sages de Sion, qui dénonce l’emprise juive sur la planète. Mais Chomsky étant juif lui-même, c’est à l’Iranien Ahmadinejad que revient le prix spécial de l’antisémitisme.

S’étonnant de l’importance excessive que l’on accorde à l’extermination des Juifs d’Europe, Ahmadinejad a demandé la création d’une instance indépendante pour vérifier l’existence ou non de l’Holocauste! S’il est prouvé qu’elle a eu lieu, ajoute le Président iranien, les Européens en sont responsables et il convient que les Israéliens s’en retournent en Europe, où ils seront logés et nourris. Inutile de se demander pourquoi le gouvernement iranien cherche à se doter d’une bombe atomique? Sinon pour rayer Israël de la carte du Proche-Orient: nul d’ailleurs dans les couloirs de l’ONU ne doute de ce projet iranien. Comme l’a observé l’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, l’Iran disposant de quatre siècles de réserve de pétrole et de gaz, n’a aucun besoin de centrales nucléaires pour produire de l’énergie.

Face au délire et plus grave, face à la détermination de ce gouvernement iranien, Jacques Chirac aura aussi créé une surprise qui mérite une mention spéciale du jury. Alors que la France, jusque-là, était d’accord avec les Etats-Unis pour sanctionner l’Iran et bloquer, si faire se peut, son programme nucléaire, le Président français annonça à la tribune qu’il ne croyait pas aux sanctions ; si le Conseil de sécurité en adoptait, précisa Chirac , il fallait qu’elles soient douces.

Les Américains , apparemment pas prévenus de ce volte-face, ont fait bonne figure, considérant sans doute que Chirac, en fin de parcours, était « irrelevant » et les Français de vrais faux alliés.

La presse américaine en conclut que des entreprises françaises, soutenues par Jacques Chirac, devaient réaliser de bonnes affaires en Iran: une interprétation quelque peu superficielle – à mon sens – qui sous-estime le désir véritable de Jacques Chirac de se poser en leader des pays non alignés et en défenseur des grandes civilisations menacées par l’américanisation culturelle. Chirac fut d’ailleurs, pour son ultime prestation à l’ONU, aussi chaleureusement applaudi que Chavez et Ahmadinejad.

La réception la plus glaciale, on le devine, fut réservée au Président des Etats-Unis.

Les Etats-Unis ont tout pour déplaire à l’assemblée des kleptocrates. Tout d’abord, le contribuable américain paye l’essentiel des frais de fonctionnement de l’ONU et de la réception à New York. Nul invité n’a le désir de remercier son hôte. Ensuite, les Américains n’ont que le mot démocratie à la bouche, une insulte permanente pour les trois quarts des délégués. Enfin, George W. Bush a fait appel à l’ONU pour une mission concrète et urgente: stopper le génocide au Darfour . Un massacre qui bouleverse actuellement l’opinion publique américaine mais a laissé l’Assemblée générale des Nations Unies totalement indifférente. Les représentants russes et chinois au Conseil de sécurité s’opposent d’ailleurs à une intervention au Darfour; perpétuant leurs propres massacres contre les Tchétchènes, les Tibétains et les Ouïgours, ils ne veulent pas créer de précédent humanitaire. Chacun ne doit-il pas rester boucher chez lui?

Cette passivité de l’ONU face au Darfour ou à l’Iran se drape dans les deux alibis majeurs de la communauté internationale : souveraineté nationale et respect des civilisations. La plupart des génocides sont conduits sous couvert de la souveraineté nationale, exercée par des tyrans, à l’abri des frontières arbitraires. Mais ces tyrans sont maintenant confrontés au droit d’ingérence humanitaire qui conteste la souveraineté nationale.

C’est là qu’intervient la Civilisation. Cet alibi, plus chic, a pris le relais de la souveraineté. Au nom de la Civilisation ( en général définie , proclamée et incarnée par des personnages peu civilisés eux-même), on va refuser la liberté d’expression (Chine) ou la liberté religieuse (Arabie, Soudan ) . Paradoxe des paradoxes: l’ONU, qui est en principe l’assemblée de l’humanité, dénie aux peuples leur appartenance à la nature humaine. Vu de l’ONU , un Chinois est chinois avant d’être un homme doté de droits naturels.

Les Américains sont à peu près les seuls, en compagnie de quelques Anglo-saxons, à estimer qu’il existe, par-delà les frontières et les civilisations, une humanité qui a droit – entre autres – à la liberté. Mais, par chance, l’ONU n’est pas le gouvernement du monde : dans la mesure où ce gouvernement existe, il est américain.

C’est un fait , que l’on aime ou non... Même Chavez, Ahmadinejad, les Chinois, les Russes et les Français sont – de fait – des sujets involontaires de la Pax Americana.Chavez ? Il traite les Américains de fascistes mais à qui vend-il le pétrole du Venezuela ,sinon aux Etats-Unis ? Les Chinois ? Si la flotte américaine disparaissait de l’Océan Pacifique, combien de containers d’exportations chinoise atteindraient-ils, sans être piratés, les côtes de Californie et les consommateurs américains ? Et combien de tankers pétroliers navigueraient-ils sans obstacle des côtes iraniennes aux ports chinois ? Tout le système mondial de communication et d’échanges est, en réalité, garanti par la présence physique des forces américaines sur l’ensemble de la planète.

Ce qui vaut pour les communications physiques est tout aussi vérifiable pour la circulation de la monnaie , le Dollar ( géré par le Federal Board ), des capitaux (régulés par Wall Street) ou des informations (Internet géré aux Etats-Unis ).Mais une lourde menace pèse sur la Pax americana : Chavez ? Non. Ahmadinejad ? Pas plus. La menace véritable vient du contribuable américain. Imaginons que celui-ci fasse ses comptes et en déduise que la Pax americana lui coûte plus qu’elle ne rapporte aux Etats-Unis : il apparaîtrait alors que pire que la Pax Americana, bien pire que l’impérialisme américain, serait leur disparition. Imaginez un monde dirigé depuis l’ONU!

Guy Sorman, New York 25 septembre 2006

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